28. Dans le ghetto français ça vend de la mort et ça rapporte
L'appel il était même pas intéressant en faite, c'était un yenclar* qu'avait besoin d'sa dose. J'ai du le rappeler avec un autre téléphone, j'suis sur écoute... J'ai pas envie qu'on me réveille à six heures du sbah* j'suis loin d'être matinal. Il a passé sa commande, si on peut dire ça comme ça, et j'lui ai envoyé quelqu'un pour le livrer.
J'sais pas ou il a eu mon numéro, obligé c'est un mec du quartier qui lui a donné. J'vais le buter, mon numéro on le passe pas à n'importe qui, je m'entête à leur dire mais ils comprennent que dalle ces cons. J'vais devoir changer de numéro maintenant.
Le lendemain on était posé au quartier entre nous, j'pense que vous avez dû remarquer qu'on s'mélange pas trop nous... On parlait jusqu'à ce qu'une meuf en jogging vienne vers nous. On aurait pu dire que c'était une pute, mais son style vestimentaire poussait à dire le contraire. Elle était en jogging, capuche sur la tête. C'est peut-être une toxico finalement, on est à l'abri de rien hein.
« Adama : J'crois savoir qui c'est elle... Elle s'appelle pas Melissa ?
Mohsîn : Ah si, si c'est elle !
Melissa : Heu... Heu... J'voulais... J'voulais juste... -en bégayant-
Nadjib : Déstresse cousine, on va pas t'graille* aussi.
Adama : Tu vois pas c'est moi qui l'intimide ? Tu voulais mon numéro c'est ça ?
Melissa : Quoi ?! Nan !
Adnane : Oh la bâtarde, elle t'a remballé sans pitié. -rires-
Adama : Je m'en fou, t'façon t'es pas mon style. -à Melissa-
- Bon, laisse la jacter. Tu veux quoi petite ?
Melissa : J'veux du travail. -un peu plus sûre d'elle-
- Ah... Je vois. Sur ma tête y a écrit pôle-emploi belek* ?
Melissa : Non, mais j'sais ce que vous faîtes donc voilà...
Adama : Vous avez entendu ça ? Mademoiselle sait ce qu'on fait.
Nadjib : Va jouer à la barbie c'est mieux.
Melissa : J'suis sérieuse, j'veux vendre.
Nadjib : Calme ta crise d'ados.
Adnane : Rentres chez toi, sinon j'vais te faire manger tes chicots.
Melissa : Putain... -en soufflant- »
Elle retourne sur ses pas, et s'en va. Elle est culottée la petite. Elle a trop regardée la télé miskina. Qu'elle aille se trouver un travail correcte. Ce qu'on fait nous, c'est pas fait pour elle. J'aurais vraiment tout vu ici, les gens manquent pas de cran. Je la connaîtrais je lui aurais mis ma main à la gueule !
Nous on s'contente de reprendre notre discussion sans plus prêter attention à cette gamine.
« Mohsîn : Quelqu'un a des nouvelles d'Anas ? -rires-
- Même pas.
Adama : En tout cas on le voit plus trop. Il se fait discret.
Nadjib : Il a comprit la leçon, tant mieux.
Adnane : Il a même disparu là, c'est même plus de la discrétion.
- Chelou le type ! »
C'est vrai qu'Anas avait disparu depuis la dernière fois. C'est bizarre, j'pensais pas que notre petit kidnapping lui aurait fait tant d'effet jusqu'à tout quitter. En tout cas moi ça m'va, au moins on l'aura plus dans les pattes et lui il aura plus affaire à nous. Comme ça tout le monde est gagnant, tout le monde est content.
J'laisse les gadjos* entre eux et je rentre chez moi. J'devais prévenir ma femme que j'bougeais bientôt, fallait pas que je lui dise à la dernière minute elle m'aurait pris la tête. Par la même occasion, j'vais rendre visite à ma madré pour la mettre au courant aussi, et j'appellerai Souhayl au téléphone. Au moins, ils pourront pas dire que j'suis partis comme un voleur.
J'avais pas trouver mieux à dire que j'faisais un petit voyage en Amérique Latine pour les cours, zerma on allait voir comment se déroulait le commerce là-bas... Alors qu'en faite, j'y vais même plus. C'est passé crème, sauf qu'Amira a rechigné un peu parce que je la prévenais que maintenant. Ce qu'elle sait pas c'est que moi même j'savais pas que j'allais y aller y a à peine deux jours.
[...]
On était arrivé à la veille du départ. Comme on partait durant la nuit, Amira c'était déjà endormi depuis un bon moment déjà, je lui fais quand même un bisou sur le front et j'bouge rejoindre Adnane. Il était avec mes pirates, faut bien qu'on se dise au revoir entre frères non ?
Ils étaient devenus ma famille, pas ma famille d'sang certes, mais ma famille d'la street.
« - Bon les frères, j'vous confie ma mra, faîtes attention à ce que personne l'approche.
Nadjib : T'inquiètes ma gueule, tu la retrouveras comme tu l'as laissé.
- Saha, vous gérez.
Mohsîn : Comme d'habitude j'dirais.
Adama : Bon partez vous allez être coincés dans les bouchons après.
Adnane : Dis juste tu veux qu'on parte vite.
Adama : Mais non bébé, t'sais très bien sans toi j'deviens dingue. -voix de zemel-
- Soignez le bien en notre absence. -rires-
Adama : Bâtard. -rires- »
[...]
10h51 - Le soleil de Marbella brille comme un lingot. On arrive bientôt à la villa de Carlos. Comme on est ses « favoris » il a tenu à nous accueillir en personne. Normalement on aurait dû partir à Cuba dans la soirée, mais pour une raison qu'il n'a pas cité, ça a été décalé à demain soir. Ça m'arrange, j'ai envie de dormir.
Alors qu'une femme de chambre allait nous accompagner dans nos suites, j'ai croisé Maria. Elle m'a longuement regardé avant de détourner le regard. Elle s'attendait à ce que j'lui saute dans les bras ? J'crois bien qu'elle a oublié qu'on s'est quitté dans de mauvais termes la dernière fois, et puis t'façon c'est même pas ma pote, j'en ai rien à cirer !
Adnane lui il avait pas l'air fatigué, au contraire. En plus, j'avais l'impression qu'il cherchait quelqu'un du regard. C'était peut-être Maria qu'il voulait voir, j'avais bien vu qu'elle l'avait dévisager avant d'me fixer. Ça s'trouve que tout les deux ils s'étaient fréquentés hein. Adnane il s'la joue mystérieux zerma... Même pas il déclare ses bails, saha !
Après avoir piqué une bonne sieste, mon estomac m'envoyait des alertes. J'fais comme chez moi, je descend à la cuisine. Y avait un cuisinier, c'était parfait, je lui demande de me préparer un petit quelque chose. Il m'dit de repasser tout à l'heure quand ça sera prêt.
Alors que j'allais retourner dans ma chambre j'sens qu'on pose sa main sur mon dos. Je me retourne, et comme vous l'avez deviné je pense, c'était Maria. Je la regarde de façon neutre.
« - Quoi ?
Maria : Suis-moi.
- Pourquoi ?
Maria : J'veux pas qu'on nous entende.
- C'est pas mon problème.
Maria : Aller viens, s'il-te-plaît.
- Ouais. -soupire- »
Je la suis et on part dans un endroit plus calme.
« - Bon déclare maintenant, tu voulais me dire quoi ?
Maria : T'as vraiment aucune idée de ce dont j'veux parler ?
- Pas du tout.
Maria : Pourtant tout pousse à croire que ce que je vais te dire tu le sais mieux que moi... Etant donné que t'as été un des acteurs principaux dans l'histoire.
- Arrêtes tes sous-entendus, j'ai pas le temps pour les devinettes.
Maria : Tu te souviens quand j'avais dis que je te trouvais particulier ? Que t'étais pas comme les autres ?
- Ouais et ?
Maria : Bah oublie ! J'ai eu tout faux, t'es le pire des crétins !
- Qu'est-ce-que tu racontes toi ? Parle moi bien aussi.
Maria : Tellement que c'est dans tes habitudes, ce n'est plus qu'un détail pour toi. C'est à peine si tu t'en souviens...
- Tu me reproches quoi au juste ? Va droit au but, parce que tu vas m'énerver là.
Maria : Fais un effort, parce que j'suis sûre que tu vois très bien de quoi je parle.
- T'es jnouné toi en faite ?
Maria : Jnouné ?
- Possédée.
Maria : Haha, très drôle !
- Bon ta gueule, et déclare les bails maintenant. J'ai pas le temps. »
Je comprenais pas ce qu'elle me reprochait. Elle est vraiment paro cette meuf. J'avais envie de la gifler tellement qu'elle m'agaçait à faire la meuf qui tourne autour du pot à la place de s'exprimer clairement comme tous les humains. Mais j'me retenais parce que j'voulais savoir de quoi elle parlait, malgré mes efforts j'crois que ça va vite me faner. En plus c'est quoi ces crises de merde ? J'sais pas pour qu'il elle se prend, mais on est pas shab* elle ferait mieux d'se calmer la petite.
Dans ma tête, j'étais en train de lui faire la coiffure à Rihanna. ( Quand elle avait les cheveux hyper court là, en gros coupe garçon, t'as capté ou pas ? )
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yenclar* : client
sbah* : matin
t'graille* : te manger
belek* : dans ce sens ça veut dire peut-être
gadjos* : mecs
shab* : amis
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