113. Depuis que t'es là je ne sens plus mes blessures

Ma peine est terminée, ça y est c'est fini.

Comme on dit la prison c'est dur mais la sortie c'est sûr.

J'attends qu'on vienne me chercher.

Je met mes chaussures sous les yeux de Noah. Ça me fait de la peine pour lui aussi de voir qu'il doit encore attendre un an avant d'être libérable.

« Noah : T'as pas préparé tes affaires ? T'es un malade moi j'aurais fais ma valise une semaine à l'avance.

- Non, je te laisse tout. T'en feras meilleur usage que moi.

Noah : Orh cimer frérot, tu gères ! »

Il se lève pour me faire une accolade. Ce grand fou va me manquer, on rigolait bien ensemble.

J'entends des pas dans l'allée. Ce sont sûrement ceux des surveillants qui sont venus me chercher.

« - Fais attention à toi et t'inquiètes, je t'oublie pas. Je viendrais t'voir et tout. »

Il me tchèque et je m'en vais.

Je récupère mon téléphone et je signe une décharge avant de sortir.

J'appelle directement Souhayl pour qu'il vienne me chercher.

[...]

J'ai reconnu sa voiture, de loin j'vois qu'il y a un passager à coter de lui et lorsqu'il arrive à ma hauteur je vois que c'est Mohsîn.

J'suis grave ferhane de les voir et c'était la même pour eux...

[...]

De retour chez ma mère j'avais trop hâte de tous les revoir, à commencer par elle, mon fils et ma femme. Ils m'avaient tous manqué.

Je les ai pris dans mes bras, les deux femmes de ma vie. Très vite j'ai vu qu'elles étaient émues et je me suis promis de plus jamais leur faire de coup pareil.

Mon fils était en train de dormir dans son berceau alors je suis allé le voir, il fallait que je l'ai près de moi après tout ce temps.

Je l'observais en train de dormir comme un ange. J'osais à peine bouger de peur de faire du bruit et de le réveiller. C'est lui qui dormait pourtant, mais il réussissait à me faire rêver.

[...]

Au soir même j'avais besoin d'me sentir libre, besoin de respirer l'air frais à plein poumon, loin des odeurs de moisissures, celles que j'avais l'habitude de sentir en prison...

Je monte sur le toit de l'immeuble de ma mère. Aucun risque de croiser quelqu'un ici.

Je m'assois et je regarde le ciel.

La liberté on ne se rend pas compte mais c'est ce qui nous fait sentir qu'on est une personne à part entière.

Je suis heureux, ouais c'est le mot, depuis un long moment maintenant je ne l'avais pas été, du moins pas pleinement ou que rarement. Mais aujourd'hui je me sens vivant de nouveau.

J'apprécie la vue qui s'offre à moi comme je ne l'avais jamais apprécié auparavant.

Ce magnifique ciel étoilé me donne des ailes, j'aime la sensation qu'il me procure. J'ai l'impression que maintenant je peux réussir ou autrefois j'ai échoué, j'ai l'impression que tout est possible et que je pourrai avancer désormais.

Je me sens comme libéré, ouais, c'est ça, aujourd'hui j'suis sorti de prison mais c'est bien plus qu'un simple fait physique. C'est comme ci mon âme aussi était libre après qu'elle ai été enfouie tout au fond de mon corps.

Les atrocités que j'ai vu en prison m'ont fait comprendre que j'devais enfouir mon humanité au fond de mon âme sans quoi j'aurai sombré de nouveau.

J'ai un problème, je suis quelqu'un qui réfléchit beaucoup sur les faits parfois j'ai d'abord agit avant de réfléchir certes mais je vous parle de quelque chose de bien plus profond. J'me ressasse chaque chose que j'ai vu et vécu et je l'analyse. Mon esprit voyage à travers mes pensées.

3 mois plus tôt...

18 heures 45 minutes, en tant que détenus nous sommes tous replacés en cellule, comme des animaux dont on a plus besoin après un spectacle au zoo.

Je me retrouve avec Noah, on essaye de s'occuper comme on peut.

Puis environ une demi heure plus tard, une sacré odeur d'incendie se propage dans les locaux, des cris ou plutôt des hurlements se font entendre... À vrai dire, ils résonnent dans toute la prison.

« ... : OUVREZ-MOI ! S'IL-VOUS-PLAIT ! JE... J'AI MAL... ME... ME LAISSEZ PAS MOURRIR... AIDEZ-MOI ! »

Ses hurlements étaient de plus en plus stridents, c'était horrible à écouter.

La fermeture des cellules étant prévue et scellée à 18h45, on a dû écouter contre notre gré les appels au secours de ce pauvre type. Ça m'faisait mal d'être impuissant et qu'on laisse des êtres humains crever comme des chiens pour simple excuse que le règlement reste le règlement en toutes circonstances. Et la non-assistance aux personnes en danger ? Qu'est-ce qu'on en fait ? C'est plus aussi important qu'ils cessent de nous le répéter ? Ironie du sort ou injustice ? Certains se retrouvent ici parce qu'ils n'ont pas respecté les règles tandis qu'ici on applique pas non plus les lois apparemment...

Malheureusement ce genre de situation arrivait souvent et c'était difficile de garder le moral. Les suicides ça faisait froid dans le dos, décider de mourir sur un coup de tête pour regretter ensuite... Les gens souffraient souvent autour de nous, à cause d'une peine trop longue et surtout trop dure à encaisser... On a malheureusement pas tous la même force mentale...

Retour au temps présent.

Je sors de mes pensées avec un petit pincement au cœur.

J'admire de nouveau la vue en me disant qu'aujourd'hui tout va bien. On oublie pas les frères laissés là-bas, leur tour arrivera bientôt...

Le ciel commence doucement à se couvrir et au même moment mon téléphone vibre. Amira me demande où je suis passée.

Je souris à la lecture de son message et je lui réponds simplement que j'arrive.

D'un coup la pluie tombe violemment sur moi.

Qu'est-ce que ça me fait du bien... Je me sens tout simplement vivant. Je souris comme un 3agoune en levant les bras au ciel...

[...]


Je suis resté quelques jours chez ma mère avec Amira et Nahil mais il a fallu que nous rentrions chez nous.

J'ai été surpris de voir que rien n'avez changé, tout était resté comme je l'avais laissé.

Alors que j'étais en train de monter le nouveau lit de mon fils Amira est venue me rejoindre.

« Amira : Imran ?

- Oui ?

Amira : J'ai bien réfléchis et j'aimerai qu'on quitte cette cité, je veux pas que Nahil grandisse ici... »

Ces mots ont été déclencheurs. Durant les jours qui ont suivi j'ai retrouvé Nico et ensembles on a exercé un travail acharné.

Je travaillais très dur parce que j'avais décidé de terminer mes études et donc de les reprendre là où je les avais laissé.

Je m'étais un peu avancé là-dessus en prison. J'avais demandé à Souhayl de m'aider à avoir les cours dont j'avais besoin pour pouvoir passer l'examen à ma sortie.

J'allais devoir travailler avec Nico, travailler mes cours et m'occuper de ma femme et de mon fils.

Mes conneries m'ont fait comprendre la valeur de la famille. J'ai été éloignée d'eux durant une année entière et Dieu seul sait à quel point une année semble longue lorsqu'on est coupé de tout et enfermé entre quatre murs.

Il était plus question pour moi de les mettre de côté, Allah m'a donné une mère et un frère et je devais en prendre soin. Puis il y avait Mohsîn aussi, frère de cœur, il m'a jamais lâché et je lui en serais éternellement reconnaissant. Un mec en or que je considère vraiment comme la famille.

J'oublie pas Nadjib et Noah en prison, je leur ai fais la promesse d'aller les voir souvent et je tiendrai parole.

Ce soir, en rentrant je pense à mon fils. J'ai hâte de rentrer et de le prendre dans mes bras. Il m'a vraiment manqué durant cette longue journée.

Alors que je l'avais dans les bras et que je jouais avec ses petits doigts Amira a fait son apparition dans la chambre.

« Amira : Chéri ?

- Oui ?

Amira : Le repas est prêt.

- On arrive dans deux minutes.

Amira : Ça marche. »

Deux minutes plus tard on l'a rejoint.

Je me suis assis face à elle avec le petit dans les bras.

À ce moment j'étais vraiment heureux, même si j'étais trop fatigué de ma journée entre les cours et le taf. Je me rendais compte que j'étais le plus heureux et que j'avais exactement tout ce qu'il me fallait... Chose que j'aurai dû voir il y a longtemps...

« - Amira je crois que finalement je vais garder que mon taf, je veux pouvoir profiter de vous... Mes études je les ai reprise afin d'avoir au moins un diplôme et maintenant que j'ai mon entreprise et que tout à l'air de fonctionner pour le moment je pense que je pourrai m'en passer.

Amira : Non Imran continue, tu sais on sait jamais de quoi est fait demain, il te reste qu'un an alors termine va au bout de ce que tu as entrepris.

- Mais j'veux avoir du temps à passer avec vous, vous m'manquez trop, le soir je rentre et des fois j'suis explosé je peux pas rester auprès de vous le temps que je souhaiterai !

Amira : On essayera de trouver un équilibre mais n'arrêtes pas...

- Nahil grandit trop vite... Il aura bientôt un an et je veux pas rater plus de chose encore...

Amira : Rappelles-toi quelques années auparavant, lorsque que je voulais faire une pause pour pouvoir t'aider financièrement et que tu as refusé... L'air de rien je t'en suis reconnaissante aujourd'hui parce que tu m'as empêché de faire une erreur. Alors termines ce que tu as commencé et on s'arrangera comme on peut... Tu pourras travailler tes cours ici ou bien faire le travail que tu fais à l'entreprise à distance pendant cette période jusqu'à que tu passes l'examen.

- T'as raison, j'vais appeler Nico pour m'arranger avec lui. »

Comme prévu dans les jours qui ont suivit, je me suis arrangé avec Nicolas et il m'a dit qu'il me laissait gérer quelques trucs de chez moi et qu'il m'appellerai que pour les réunions ou en cas d'urgence.

J'étais content, j'allais pouvoir profiter de ma famille.

Je met sa doudoune à mon fils ainsi que ses chaussures et je préviens Amira qu'on s'en va.

J'arrive devant chez Moha. Je sonne il m'ouvre et on bouge directement dans sa chambre.

Il me calcule à peine et se met à jouer avec mon fils, j'en profite pour passer quelques appels, un à Noah et l'autre à Nadjib.

Je leur annonce que je leur envoie des mandats bientôt et que j'attends encore une réponse pour les visites...

Ils m'disent qu'ils tiennent le coup et c'est ce que je leur souhaite de tout cœur. Après avoir essayé de leur donner de la cefor, j'entends Moha qui pouffe de rire donc je raccroche et je le rejoins.

Je le vois qui se plie de rire au sol pendant que mon fils lui mets des claques avec sa chaussure...

Décidément ce n'est pas un mais deux enfants qui se trouvent face à moi et que j'ai laissé sans surveillance... -rire-

Alors que Nahil jouait de son côté avec les quelques jouets que tonton Moha lui a acheté, on discutait jusqu'à ce que la porte sonne.

Adama s'était à son tour joint à nous.

J'avais revu Adama aussi en sortant d'ici, il était venu me voir quelques fois au parlu également.
Je lui en veux pas de ne pas avoir été aussi présent que Moha. Il a dû être très occupé et avoir eu à gérer des choses aussi de son côté.

On était donc tous les trois en train de discuter, tout en gardant un œil sur Nahil... Puis nous en sommes venus au sujet d'Adnane.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu son prénom, à vrai dire depuis mon entrée en prison je n'avais pas eu de nouvelles.

« Adama : Il est de retour au quartier pour quelques jours...

- C'est bien pour lui...

Adama : Tu lui en veux de ne pas être venu te voir ?

- Même pas, chacun fait sa vie et évolue de son côté maintenant. C'est la vie.

Adama : Dommage pourtant vous aviez bien accrochés dès le début vous deux. »

Il insistait un peu trop, ça m'énervait. J'avais l'impression qu'il voulait qu'il y ait encore plus de tentions qu'il y en a déjà.

« - Comme je t'ai dis, y a rien. Dans la vie tout le monde prends des chemins différents, y a rien de choquant à ça.

Mohsîn : Pas faux.

Adama : Ouais, d'ailleurs j'viens d'apprendre qu'il était de nouveau avec Carmen.

- C'est bien pour lui, tant mieux parce que sans elle il devenait ouf.

Adama : Ouais... Carlos a fini par la laisser tranquille mais apparemment il lui a retiré son héritage. »

Il continuait de m'informer sur la vie d'Adnane et je me contentais d'écouter sans rien dire.

« Adama : Il était avec un petit marmot. »

Mes yeux se sont arrondis, je ne savais pas si c'était ce que je pensais ou pas...

« Adama : Quand il m'a dit que c'était son fils j'étais choqué. Il avait pas arrêté de nous dire que Carlos avait fait avorter Carmen... »

Le choque de cette annonce était partagé, il m'en a voulu de nombreux mois parce qu'il pensait que par ma faute son bébé était mort. Mais finalement il est bien en vie... Comment ça se fait ? Carmen était bien en Espagne alors comment elle a pu éviter ça ?

J'étais quand même content pour lui, il a réussi à avoir tout ce qu'il a toujours voulu finalement.

Nahil commençait à avoir faim, il se fait encore allaiter par Amira donc je décide de rentrer pour qu'il puisse manger.

J'salue les mecs et on rentre à la maison.

Je dépose mon fils dans les bras de sa mère après l'avoir embrassé.

Je pars prendre une douche directement après.

Je me mets à réfléchir, il a retrouvé son fils... Il l'a retrouvé mais malgré ça il n'est jamais venu me voir en prison, j'ai même pas eu le droit à une seule lettre, une seule... Je fais une chute de dix étages, je l'ai beaucoup trop estimé et aujourd'hui je me rend compte qu'il en valait peut-être pas la peine.

J'éteins le jet d'eau et j'enroule une serviette autour de ma taille avant d'aller rejoindre Amira dans le salon. Je la vois qui sourit en regardant Nahil et en jouant avec ses petites mains. Ce magnifique cadre me fait sourire à mon tour, hamdoulilah je suis pleinement heureux.

Je vais dans ma chambre pour m'habiller et je décide d'aller faire quelques courses.

Puis il a fallu que je le croise, après tout ce temps Adnane se trouvait face à moi.

J'ai fais des choses pour lui et il en a fait pour moi, alors c'est difficile de se dire qu'aujourd'hui tout ça était derrière nous et qu'on se sentait comme des étrangers en présence de l'autre.

« Adnane : Salem Aleykoum.

- Aleykoum Salem. Alors c'était bien vrai, t'es de retour...

Adnane : Ouais, j'ai laissé ma mif derrière moi donc il fallait bien que je revienne.

- T'as raison. »

On savait pas trop quoi se dire, j'allais m'en aller mais il a continué à parler.

« Adnane : T'es tombé on m'a dit.

- Ouais.

Adnane : Combien de temps ?

- Un an.

Adnane : Ça aurait pu être pire, ils t'ont chopé pourquoi ?

- On m'a poukave.

Adnane : Ah ouais, Adama m'avait dit. Ils l'ont bien niqué le mec. Il a voulu poser des mains courantes mais ils étaient tous cagoulés... C'était le mec là, celui qui t'as tamponné.

- Ouais on m'a dit. »

Il avait l'air de vouloir discuter plus mais sur le moment j'en ressentais pas le besoin. Je l'avais pris comme un frère, un frère d'une autre mère comme on dit et j'ai été déçu. Mais bon, il l'est peut-être aussi de son côté, c'est la vie.

« Adnane : J'essayerai de passer vous voir tous, vas-y salem.

- Aleykoum Salem. »

Je termine mes courses et je rentre à la maison.

Je me suis peut-être comporté comme un gamin mais ce n'était pas intentionnel, je l'appréciais vraiment c'est pour ça que je réagis comme ça.

En rentrant je prie, je joue avec mon fils et je vais réviser quelques cours...

Quelques jours sont passés et comme prévu on se retrouve chez Adama pour qu'Adnane nous dise ce qu'il avait à nous dire.

« Adnane : J'sais que j'ai disparu assez longtemps et que j'aurais peut-être pas dû... Mais j'avais mes raisons... Je vais tout vous expliquer en détails mais avant ça j'aimerai vous présenter quelqu'un... »

Son petit bonhomme s'avance et entre dans l'appartement d'Adama parce que oui maintenant il a enfin son propre appartement.

« Adnane : Sahel. »

Ils ont le même visage, il a sûrement un an et demi environ...

On sourit tous parce qu'au fond c'est un bien que le petit soit encore en vie aujourd'hui... Après que les présentations aient été faites on se pose tous dans le salon. Adnane procède directement à ses explications, sans perdre plus de temps.

« Adnane : Je sais que j'ai disparu mais comme je vous l'ai dis, j'avais mes raisons... Comme je le pensais et comme je vous l'ai répété, Carmen avait été forcé par son père d'avorter. Ça m'avait vraiment détruit, en plus avec les circonstances on ne se parlait plus donc elle ne m'avait pas dit que ça ne c'était jamais fait finalement... Avec l'aide de Maria, elle c'était arrangée avec le docteur pour faire croire à son père que c'était fait et puis le faire revenir pour l'accouchement... Le soir de la naissance, il est revenu et a fait passer ça pour un "contrôle" et il a prit le bébé et l'a amené chez Maria... Elle en a prit soin jusqu'à ce que je la rejoigne et quelques jours plus tard Carmen nous a rejoint à son tour. Elle a dit à son père qu'elle avait fait son choix et qu'elle me choisissait quelqu'en soit les conséquences... Il a décidé de la déshériter. »

Il leur en est arrivé des péripéties...

On était tous un peu choqué par cette longue histoire mais l'essentiel c'est qu'ils soient heureux à l'heure d'aujourd'hui et qu'ils soient réunis tous les trois.

Les jours passaient j'essayais de gérer vie professionnelle et vie privée.

Mes potes réclamaient souvent mon fils. Limite ils m'appelaient que pour le voir lui, en gros si j'suis pas présent merlich... -rire-

Mon fils jouait souvent avec celui d'Adnane mais nos relations à nous ne c'étaient pas arrangées pour autant. Parfois y a des choses qui sont indélébiles, on ne peut pas les effacer d'un coup de main... Peut-être qu'un jour on passera au dessus de ça. Seul le temps nous le dira.

Une semaine plus tard j'avais passé mes examens et j'avais un bon pressentiment j'pense que ça le fera. J'étais enfin en vacances enfin, en vacances scolaires... J'avais toujours le taff à gérer avec Nicolas.

Amira était contente de ne plus me voir le nez dans les bouquins entre deux câlins à mon fils.

Elle a dit qu'on aura enfin plus de temps à passer tous les deux afin de rattraper le temps perdu... C'est vrai que j'avais fais de mon fils une priorité mais c'est normal non ? Instinct de papa...

En parlant de papa, le sien nous avait invité à dîner au restaurant ce soir...

Sous les ordres d'Amira je me suis apprêté et elle a fait de même.

Je vais pas vous mentir mais j'appréhendais grave... J'imaginais déjà toutes les reproches qu'il allait me faire. Je m'attendais à ce qu'il me fasse des réflexions du genre t'es qu'un taulard et tout ce qui suit...

Mais finalement j'ai été agréablement surpris.

On a passé un bon repas en famille, avec les sœurs et les parents d'Amira... D'ailleurs Wassila avait bien récupérer après les rudes épreuves qu'elle avait dû traverser. J'étais heureux pour elle, elle méritait de souffler maintenant.

Après le dîner alors qu'on se dirigeait tous vers nos voitures respectives, Kader m'avait pris à part pour discuter.

« Kader : Une discussion un peu plus sérieuse s'impose non ?

- Je pense. Vous m'en voulez c'est ça ?

Kader : Tu t'es battu pour être près de ton fils le jour de sa naissance alors non je t'en veux pas, on est des hommes on faute parfois... Mais sache bien qu'une fois n'est pas deux, alors ne refais plus jamais souffrir ma fille. »

Lorsqu'il a prononcé sa dernière phrase les traits de son visage se sont durcis.

J'ai acquiescé, de toutes manières je ne comptais pas la faire souffrir...

« Kader : Restez passer la nuit chez nous ce soir. Papi Kader veut que son petit bonhomme soit plus souvent avec lui. -rire- J'suis papi... Ah... Ça me rajeunis pas. »

J'ai ris puis j'suis allé rejoindre ma femme et mon fils dans ma voiture.

Nahil il est trop fort, il a dompté Kader -rire- juste parce que c'est mon fils j'en tire des bénéfices et il est moins dur avec moi... -rire-

« - Nahil, tchèque mon fils. -rire- »

Il me tape dans la main et Amira nous regarde en souriant et en aillant pas l'air de comprendre mon enthousiasme soudain... Si seulement elle savait que Nahil c'était mon arme secrète... Beau gosse comme son père, il fait craquer tout le monde.

Je lui annonce qu'on dormira chez ses parents ce soir, elle est agréablement surprise et se contente d'embrasser ma joue.

Point de vue d'Amira

J'observe ce magnifique cadre qui s'offre à moi, mon père, Imran et Nahil tous les trois assis près de la cheminée à rire ensemble...

C'est tellement significatif pour moi, on revient de loin... La patience paye. Les trois hommes de ma vie, dans la même pièce, qui rient sincèrement.

Je suis passée par toutes sortes d'épreuves mais aujourd'hui je ne regrette rien.

Imran depuis aussi longtemps que je me souvienne a toujours su faire battre mon cœur, même si parfois on a pas su gérer les choses, je n'ai jamais cessé de l'aimer.

C'est mon âme sœur, ma moitié et même si parfois il a fait pleurer mon cœur, je suis mieux quand je suis à ses côtés. Il est le symptôme et le remède à la fois, il est partie intégrante de moi.

Qu'Allah me préserve ma petite famille... Je les aime tellement.

Mon père nous a annoncé qu'il réserverai dès demain des billets pour que nous allions tous ensemble en vacances cet été, en famille, avec Nahil. Personne ne s'y est opposé, j'ai trouvé que c'était une très bonne idée.

La famille c'est très important pour moi et je veux transmettre ce principe à mon fils.

Retour au point de vue d'Imran

On a récemment fêté l'anniversaire de Nahil. Il vient tout juste d'avoir un an. On lui a organisé une sacré petite fête avec tout nos proches. Il a bien été gâté.

Mon petit bonhomme grandit. J'ai le seum d'avoir raté la grande majorité de la première année de sa vie mais une chose est sûre je me rattraperai, quelques mois contre toute une vie ça vaut le coup ?non ? Je souhaite seulement qu'Allah m'accorde d'avoir le temps de pouvoir tout remettre en ordre.

Maintenant que nous sommes tous réunis, je ne laisserai rien ni personne nous séparer. J'agirai comme un homme.

Je me battrai pour eux, je leur prouverai qu'ils ont eu raison de me faire confiance et de me pardonner.

[...]

Les semaines et les mois défilent...

Adama commence délicatement à quitter toutes ses mauvaises habitudes, la rue ne sera bientôt qu'un lointain souvenir pour lui j'espère... Sarah l'a rendu fou, mais tant qu'elle l'éloigne de toutes ses conneries ça ne peut qu'être bénéfique.

Mohsîn, mon frère, je l'ai recruté dans l'entreprise, si je peux essayer de le faire travailler honnêtement il finira par y prendre goût et avancera lui aussi dans sa vie. Je suis sûr que pour lui aussi tout ça sera un lointain souvenir bientôt, c'est vraiment quelqu'un de bien, il faut juste que quelqu'un lui en fasse prendre conscience. Je lui souhaite tout le meilleur, il le mérite vraiment.

Nadjib a frappé un surveillant en zonz... Sa peine risque de légèrement s'alourdir. J'espère qu'il saura se reprendre parce que je sais que pour lui la rue c'est bien trop profond... Mais un jour in sha Allah, il s'en éloignera.

C'est des bons gars, ils sont peut-être catalogués comme des voyous, des bandits, mais quand on creuse ce ne sont que des êtres humains comme tout le monde. Ils ont un cœur, un grand cœur même.

Adnane et moi, ce sera sûrement jamais comme avant mais sans rancunes, je ne cracherai jamais sur lui. C'est quelqu'un de bien, même si on ne se fréquente plus et qu'il bâtit sa vie de son côté, je lui souhaite que le meilleur.

Qu'Allah nous permettent à tous de nous améliorer et donc de changer en bien.

J'ai l'impression d'avoir appris le plus au cours de ses dernières années que durant toute ma vie passée parce qu'à chaque fois que j'ai fauté, j'en ai tiré une leçon...

L'important c'est pas la chute mais l'atterrissage, comme on dit.

Finalement ce que j'ai choisis c'est une vie rangée, je sais que j'ai fais le bon choix et je ne le regretterai pas. Je souhaite à tous les mecs de cité de trouver cet apaisement, de pouvoir un jour assumer pleinement qu'ils sont bien plus bons qu'ils ne le laissent paraître.

La cité c'est pas que du mauvais... On en tire aussi pleins de valeurs et de principes... J'suis prêt à jurer qu'ils sont presque tous pointés du doigt à tord. La plupart sont des mecs en or. C'est facile de juger des gens qui ne vivent pas dans le même décor, certains vendent et font de l'argent sale parce que maman a une insuffisance cardiaque, ce qu'ils veulent c'est protéger son cœur, ce qui veulent c'est lui éviter la mort, ils font peut-être ça parce que papa a le dos brisé, que bien trop tôt ils ont une famille à assumer. C'est sûrement pas la meilleure solution mais s'ils le font c'est parce qu'ils ont une motivation humaine dernière, alors ouais ils ont tord de s'y prendre de la sorte mais tout le monde ne fait pas ça pour changer de survêt' et acheter de nouvelles baskets, leur but de base était sûrement de retirer quelques soucis de leur tête...

THE END

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