112. Tout le monde m'appelle tonton, t'es le seul qui m'appelle papa

Retour au point de vue d'Imran

Je commence à m'impatienter ici on me manque trop de respect. Les matons se sentent forts, ils abusent du peu de pouvoir qu'ils ont et m'foutent la haine à chaque fois qu'ils le peuvent. J'ai envie de leur faire payer la colère qu'ils me procurent, vraiment j'ai envie de les cogner. C'est difficile pour moi de m'abstenir... Je dois pas laisser sortir la bête qui sommeille en moi sinon j'peux dire au revoir à ma sortie provisoire...

J'ai un bon avocat alors je me dis que je peux me permettre d'y croire et j'espère vraiment qu'ils m'accorderont cette faveur sinon je risque de devenir fou...

Dans quelques jours je vois l'avocat donc j'aurais enfin ma réponse. J'espère ne pas avoir à faire à une deuxième déception.

Mis à part l'avocat et moi personne n'est au courant, j'veux limiter les pots cassés, qu'il y ait moins de déçus en cas de réponses négatives...

[...]

Mon frère, Mohsîn et ma femme continuent de m'envoyer des mandats, ça me fait plaisir de voir qu'ils pensent à moi et de voir que surtout ils ne m'oublient pas...

J'continue de recevoir des visites de mon frère et Mohsîn surtout et des potos parfois, je continue également d'appeler ma femme le plus souvent possible parce qu'on se partage le bigo avec Noah actuellement donc c'est un peu galère.

On est à la veille du rendez-vous avec mon avocat et je dois avouer que ce soir j'ai du mal à trouver le sommeil.

J'crains sûrement d'être déçu parce que je me vois pas attendre que mon fils ait grandi pour le voir.

[...]

L'avocat est déjà installé, je me joins à lui. Je ne vais pas mentir j'suis stressé, je joue beaucoup sur cette sortie...

« ... : Comment tu vas ?

- Ça va et toi ?

... : Moi également.

- Alors on a eu la réponse ?

... : Je vois que tu es pressé et tu as bien raison parce qu'elle a été accepté !

- Al hamdoulilah... »

J'étais plus que ferhane à ce moment là, je me disais que l'espace de quelques heures je pourrai voir ma famille tout en étant loin d'ici.

« ... : Lorsqu'elle sera presque à terme tu auras ton autorisation pour sortir, il suffit qu'un membre de la famille appelle quand le travail commence pour qu'on t'emmène à l'hôpital. Par contre tu seras sous la surveillance des policiers et ils te suivront à l'intérieur... »

On va simplement dire qu'une bonne nouvelle n'arrive jamais seule faut toujours quelque chose pour faire redescendre l'euphorie. Mais d'toutes les façons je m'en doutais alors j'suis pas trop déçu. J'savoure seulement le fait que j'verrai mon fils au moins une fois avant de sortir d'ici.

[...]

Ce soir il a fallut que j'appelle Amira pour lui annoncer la bonne nouvelle, elle était grave heureuse et ça m'a fait kiffé de la sentir bien. L'intonation de sa voix était beaucoup plus joyeuse qu'habituellement.

[...]

Quelques semaines passent, il est cinq heures du matin et j'entends le verrou de la porte qui tourne.

Ayant le sommeil léger depuis que je suis ici, j'ouvre directement les yeux.

Les gardiens entent, apparemment ils viennent me chercher parce que ma femme est sur le point d'accoucher.

Je me passe rapidement de l'eau sur la figure, enfile mon jogging et attrape une veste avant de les suivre hors de ma cellule.

Ils ont voulu me menotter mais wesh c'était pas prévu ça, j'ai réussis à négocier. Il était hors de question que je débarque à l'hôpital dans cet état.

Le trajet se fait dans un grand silence, je me contente de regarder à travers les vitres les paysages qui défilent.

J'aurai aimé subir les coups de pression d'Amira dans la voiture parce qu'elle aurait eu peur qu'on arrive pas à temps à l'hôpital...

On arrive sur place. On accède à l'intérieur. J'suis suivis de très près par les keufs.

Arrivé devant la salle de travail, l'un d'eux a voulu entrer avec moi.

C'était archi mort. Je le regarde l'air de le questionner sur ce qu'il s'apprêtait à foutre, avec une once de noirceur dans le regard.

Il a bien vite compris en soufflant et en parlant dans sa barbe.

« ... : On t'as à l'œil.

- Bsahtek. »

Je retrouve ma mère et mon frère, je les prends dans mes bras. Ma mère pleure, je la serre fort et lui dit à quel point je l'aime.

Elle m'oriente vers l'endroit où je dois aller.

J'enfile une sorte de blouse, je me lave les mains et j'entre...

Je suis heureux de voir que mon fils m'a attendu pour sortir. Amira était en plein travail, elle avait l'air d'être au bout de sa vie mais lorsqu'elle m'a vu son visage s'est illuminé. Elle m'a sourit et je lui ai pris la main avant de lui faire un bisou sur le front.

Je préférais rester près d'elle que d'aller voir ce qui se passait de l'autre côté, je tiens pas à tomber dans les pommes. -rire-

« ... : Aller madame, poussez... C'est bientôt fini, il arrive. »

La sage femme a à peine terminé sa phrase que je l'ai entendu... Les pleurs de mon fils, ces mêmes pleurs qui marquent son arrivée dans ce bas monde. Une des plus belles choses qu'il m'ait été permis d'entendre jusqu'à présent.

Je n'ai même pas eu le temps d'anticiper qu'elle avait placé mon fils sur la poitrine d'Amira et qu'elle me proposait de couper le cordon ombilical.

Je l'ai fais et puis j'ai regardé de nouveau mon fils, je le trouvai magnifique...

J'arrivais pas à réaliser que c'était le mien. J'ai même pas osé le réclamer, je me contentais de le regarder. Il me paraissait tellement fragile.

« ... : Vous avez choisis le prénom ?

Amira et moi : Nahil. »

On s'est regardé et on a sourit.

« Amira : Tiens prends le... »

Je prends mon fils dans mes bras, tout petit, tout frêle, les larmes sont montées, oui un homme peut pleurer.

C'est un sentiment inexplicable qui se propage dans tout mon organisme... Alors c'est ce qu'on ressent lorsqu'on est père ? Dans ce cas je souhaite à tout le monde de l'être un jour. C'est juste magique.

Je regarde Nahil et je m'en veux d'avoir tout gâché et de devoir passer une grande partie de la première année de sa vie loin de lui.

Je prends sa petite main qu'il ne manque pas d'enrouler autour de mon doigt avant d'y déposer un bisou.

Ma mère et mon frère viennent à leur tour voir mon fils.

On a fait quelques photos, pour garder un souvenir de ce grand moment.

Souhayl me chuchote que je devrais bientôt y aller, les keufs commencent à s'impatienter.

J'avais seulement le droit à quelques heures qui sont passées beaucoup trop rapidement, mais bon je me plains pas.

Ma mère prends mon fils dans ses bras et j'vais dire au revoir à Amira.

« - Je vais y aller... Prends soin de toi et de Nahil. Je vous aime, vous êtes ma vie. On se revoit bientôt in sha Allah.

Amira : Je t'aime aussi... »

Je la vois émue et ça m'fait quelque chose... J'embrasse son front et je vais prendre mon frère dans mes bras pour lui dire au revoir.

Ma mère passe Nahil à son oncle et je la prends à son tour dans mes bras. Je lui fais plein de bisou et je lui redis encore une fois que je l'aime.

« - Fais attention à toi Yemma... Nabrik. »

Un dernier bisou sur le front de mon fils puis je disparais laissant toutes les personnes qui représentent tout pour moi dans cette pièce.

En sortant j'aperçois Kader... J'en déduis que lui aussi a l'air de m'avoir vu étant donné le regard noir au quel j'ai eu le droit.

Je quitte l'hôpital escorté par les keufs pour retourner dans le 91, dans ma maudite cellule.

Le retour à la réalité était difficile, mais j'avais quand même de bons moments à raconter à Noah.

[...]

Une fois de plus, ce soir j'ai besoin d'écrire... Surtout avec la journée que j'ai eu.

« Nahil, mon fils la rue m'a donné bien des choses certes mais en retour elle m'a pris beaucoup plus, à commencer par mon âme, ma raison, mes frères, ma liberté, mes convictions. Elle m'a changé, m'a fait saigner, elle m'a fait tomber, mais j'ai réussi à me relever. Chaque jour qui passe j'essaye d'être meilleur, désormais j'fais de mon mieux pour m'faire pardonner. J'ai fais du mal, beaucoup de mal, à mes proches, à des inconnus, à des gens qui n'ont rien demandé et j'en paye les conséquences actuellement. Mes vieux démons refont parfois surface parce que bien-sûr la rue laisse des traces. Parfois ça m'agace mais c'est pas en regrettant que certains feront l'impasse. C'est pour ça qu'on a pas le choix, on assume nos actes. Je ne demanderai jamais grâce à tous ces hypocrites car ce qu'ils ont toujours voulu c'est ma place, voilà pourquoi ça parle quand je passe. J'ai peut-être détruit ma vie tout seul, mais on a souillé mon honneur. J'ai atterri bien bas et on m'a enfoncé sans même chercher à me comprendre ou à m'aider. Je me suis noyé, noyé dans ma haine, dans ma peine, dans mes remords... Mais aujourd'hui tout est différent parce que maintenant tu es là. Lorsque j'ai vu ton visage c'est comme si mon cœur avait recommencé à battre. Depuis que j'ai su que tu étais dans le ventre de ta maman, je me suis beaucoup remis en question. J'ai voulu changer, m'améliorer et ça a quelque peu fonctionné même si le chemin est encore long. Je te remercie parce que t'as beau être un bébé mais tu m'as appris beaucoup de choses. Nahil, j'ai sombré mais tu m'as illuminé... T'as fais de moi quelqu'un de meilleur alors je ferai en sorte que tu sois quelqu'un de bien à ton tour. On continuera d'avancer dans la vie ensemble, en famille avec ta mère, ta grand-mère, ton oncle et si Dieu nous l'accorde tes futurs frères et sœurs. N'oublie jamais, quelques soient les épreuves que tu n'es pas seul et que tu as une famille derrière toi et surtout souviens toi que ton Créateur tu ne devras pas Le décevoir car Allah et ta religion devront être pour toi une priorité. Celle-ci te permettra de bien te comporter. Cependant ne te méprends pas, tu auras beaucoup à apprendre, des erreurs tu en feras malgré que je t'en empêche mais saches que je serai toujours là pour te relever si un jour tu viens à trébucher. J'essayerai de t'inculquer de vrais valeurs, plus tard tu seras un homme bon, un homme fort. Je t'aime d'un amour irrationnel Nahil et je souhaite qu'Allah nous accorde de nombreuses années à passer ensembles. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top