106. J'arrêtes tout ce qui touche au bédo, tout ce qui touche au bendo
« Nadjib : Qu'est-ce que t'as à nous annoncer ?
- J'arrête tout.
Adama : Comment ça t'arrêtes tout ?
- Tout ce qu'on faisait avant. C'est plus pour moi, je peux plus me permettre d'être dans des affaires pareilles. »
Au début je les sentais un peu sceptiques, mais Mohsîn s'est levé rapidement et m'a fait une accolade avant de me faire part de son avis.
« Mohsîn : Tu fais le bon choix.
Nadjib : Mais tu peux pas arrêter maintenant. On a trop de bons plans la, l'argent va couler à flot. Déconnes pas !
Adama : Il a pas tort t'as bien réfléchis ?
- Ouais, j'suis sûr de moi. J'ai assez donné dans ce domaine.
Mohsîn : Moi je suis d'accord avec toi Imran. Si tu penses que c'est la fin, arrêtes tout. Ranges-toi et profites de tes proches et de ta famille. »
Les avis étaient partagés, mais moi j'étais sûr de moi. Aucun de leurs arguments ne pouvait me faire changer d'avis.
Ça me faisait plaisir de voir que j'avais quand même le soutien de Mohsîn.
[...]
Les jours passaient et je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Adnane. Après m'avoir avoué la mort de son enfant il ne m'avait plus parlé, ni même croisé.
Je me questionnai sur sa façon de vivre la chose. J'avais peur qu'il déconne et qu'il sombre chaque jour un peu plus.
Alors que je venais de sortir de la salle de bain Amira m'a demandé de l'emmener acheter des affaires pour le bébé.
Elle voulait commencer à préparer sa chambre.
On est donc parti faire les magasins.
Amira a passé toute l'après-midi à choisir la déco, les meubles et même la peinture de la chambre du bébé.
Au début j'étais au taquet mais elle a fini par me hebel avec toutes ses hésitations.
Alors qu'on passait à la caisse, j'ai senti mon téléphone vibrer.
J'ai d'abord payé, choisis les dates de livraison des meubles et embarqué le reste des achats dans la voiture avant de regarder qui m'avait appelé.
C'était Mohsîn.
Il m'avait laissé un message pour me dire qu'il m'attendait chez Nadjib.
Avec Amira on est retourné à l'appartement. J'ai monté nos courses et je lui ai dis que je sortais.
[...]
« - Quel bail toi ?
Mohsîn : T'as été rapide. -rire- Je galérais, viens on joue à la play ?
- T'es sah ? -rire- Vas-y envoie une manette. »
On a passé une bonne partie du début de soirée à jouer à la play.
Bizarrement j'avais encore Adnane en tête donc j'ai décidé d'en parler à Mohsîn.
« - Il devient quoi Adnane ?
Mohsîn : Il est pas très bien en ce moment, on le voit pas trop...
- À cause de son bébé ?
Mohsîn : Ouais. Il est tout le temps en retrait et sur la défensive. Laisse tomber on a tout essayé pour lui remonter le morale, y a rien qu'a fonctionné.
- Je le comprends, ça doit être dur à encaisser.
Mohsîn : Ouais c'est sûr.
- Le laisse pas solo s'te plait.
Mohsîn : T'es un bon gars. »
Il me sourit puis relance la partie.
[...]
Les semaines défilent à grande vitesse.
Le ventre d'Amira gonfle de plus en plus.
J'essaye d'être un meilleur mari et d'être là pour elle.
Je parle souvent avec son ventre, j'ai même pris pour habitude de réciter quelques sourates au bébé avant qu'on s'endorme.
Je veux qu'il s'habitue à la voix de son père avant de voir le jour.
Tout va pour le mieux dans ma vie de couple puis dans ma vie de famille aussi al hamdoulillah.
J'attends avec impatience de pouvoir enfin voir son visage... J'en suis persuadé ce bébé est la plus belle chose qui aurait pu m'arriver à l'heure actuelle.
Aujourd'hui je dois rejoindre Nico.
On est à quelques semaines de l'ouverture officielle de l'entreprise. On a encore quelques petits détails à régler.
D'ailleurs on a beaucoup travaillé sur le projet dernièrement, j'espère de tout cœur que ça fonctionnera sinon je devrai retourner travailler au garage. Ce serait pour moi un retour à la case départ et j'en ai vraiment pas envie.
J'arrive sur place et je constate qu'il nous reste quelques légers travaux à terminer avant l'ouverture.
Je fais l'état des lieux et à part les petites failles que j'ai pu discerner tout semble bien.
Nicolas et moi étions assez satisfaits.
Après avoir fait de la paperasse on a fini par rentrer chacun de notre côté.
[...]
Les jours passent et se ressemblent, Amira me rend fou dans tous les sens du terme.
Mais bien que parfois elle m'énerve trop, j'accepte tout ça parce que c'est la mère de mon fils.
Je l'aime elle et j'aime déjà le petit bout qui grandit en elle, alors je patiente.
Je prends mon rôle de papa très à cœur.
J'aimerai être à la hauteur du mien, qui nous a malheureusement quitté trop tôt.
À la maison j'essaye de tout faciliter à Amira, on s'aide pour le ménage et pour la cuisine. C'est des choses que ma mère m'a inculqué très tôt donc j'ai pas eu vraiment de mal à m'y mettre. Je la remercie d'avoir fait de moi la personne que je suis aujourd'hui malgré mes erreurs de parcours...
Je sais que mes fautes ne reviennent qu'à moi et je l'assume complètement. J'sais que certains voudront parler d'éducation mais je refuse qu'on mêle mon éducation à cette histoire parce que c'est une affaire de choix, de mauvais choix. Je suis le seul qui a engendré ça donc il n'y a personne d'autre à accuser ou à faire payer.
[...]
J'avance près de la porte pour récupérer les clés de ma voiture parce que je dois aller faire les courses. Mais en les attrapant je vois mon reflet dans le miroir.
Je suis resté scotché devant sans m'en rendre compte. Ça fait plusieurs mois déjà que je me suis plus vu dans une glace. Mon reflet m'insupportait et inconsciemment je ne me regardais plus dans le miroir.
Je scrutais chaque angle de mon visage, ma barbe cachait les cicatrices que j'avais pu avoir au niveau des joues. Seule une marque très visible avait attiré mon attention. Elle commençait au coin de mon œil pour s'allonger jusqu'au début de ma tempe.
Le passé est remonté à la surface. On oublie pas malgré le temps qui passe, les souvenirs sont justes moins douloureux.
Je met les clés dans ma poche et je dévale les escaliers assez pensif.
Terrible parcours, que mon avenir soit meilleur in sha Allah.
Je marche un peu dans les rues de la cité afin de faire passer le sentiment assez pesant et difficile à expliquer.
Au bout d'un quart d'heure je monte quand même dans ma voiture et je roule jusqu'au centre commercial avant qu'il ferme.
Je fais mes courses et fini par rentrer chez moi pour retrouver ma femme.
« - J'suis rentré.
Amira : Ça tombe bien tu vas pouvoir m'accompagner.
- T'accompagner où ?
Amira : Chez ta mère.
- Pourquoi t'y vas ?
Amira : Je vais dormir là-bas.
- Bah vas-y, j'viens aussi alors.
Amira : Non, on reste entre filles.
- Sympa le recalage.
Amira : Il y aura Safia aussi, donc elle sera plus à l'aise si tu n'es pas là c'est pour ça mon cœur. Sinon ça nous aurait pas dérangé que tu sois là. -rire-
- T'as préparé tes affaires ? Tu m'voles ma mère là, j'aime pas. -rire-
Amira : Oui mes affaires sont dans le sac là-bas. Mais non j'te vole pas ta maman. -rire- »
Je prends son sac et on descend dans la voiture.
Je roule jusqu'à chez ma mère et on arrive assez rapidement.
« Amira : Merci omri.
- De rien.
Amira : Je t'aime.
- Moi aussi.
Amira : Dis-le.
- Je t'aime. »
Elle a sourit de son plus grand et de son plus sincère sourire avant de m'embrasser.
C'est vrai que j'avais pas l'habitude de lui dire mais c'est pas parce qu'on le dit pas qu'on le pense pas.
Je descends récupérer le sac dans le coffre et on monte chez ma mère.
Je reste quelques dizaines de minutes puis je finis par retourner chez moi. On m'a limite viré. -rire-
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