104. Paranoïaques, on réfléchit mal
Après avoir déposé le vieillard à l'hôpital, j'attends qu'il soit pris en charge avant de le saluer.
« Le vieillard : Que Dieu te bénisse. Merci jeune homme. »
Je lui souris et reprends ensuite mon chemin en direction de chez ma mère.
Une fois arrivé, je vois qu'elle est seule donc j'en profites pour lui poser des questions indirectes.
Je compte pas lui dire que je parle de moi, j'ai pas envie qu'elle fasse un arrêt cardiaque si elle vient à savoir que son fils était un délinquant.
Je parle au passé ouais, parce que je pense qu'il est temps pour moi de quitter toute cette merde. J'sais que j'aurais du mal à tout plaquer. J'suis engagé dans le mal, la rue m'a menotté alors pour m'en défaire, il faudra que je persévère...
Quelle mère supporterait d'savoir que son fils a fait toutes sortes de conneries, plus déguelasses les unes que les autres.
« - Yemma tu penses que quand on a prit de mauvaises habitudes on peut s'en défaire ?
Yemma : Bien-sûr, ce n'est qu'une question de volonté.
- Mais si c'est encré en nous ? Si on est mauvais de nature est-ce qu'on peut changer ?
Yemma : Mon fils, personne n'est tout bon ou tout mauvais tu sais... On est tous arrivé dans ce monde de la même façon, nos différences sont dues à nos choix, à nos expériences, à notre vécu. Mais saches qu'on ne peut pas être trop mauvais ou trop bon, on est humain avant tout. Pour devenir meilleur, il suffit d'essayer de faire ce qui nous semble le plus juste et de réfléchir avant de commettre quoi que ce soit, parce que la réflexion est une chose qui nous permet de peser le pour et le contre. »
Ma mère fait preuve d'une sagesse que j'admire chez elle... Elle ne juge jamais personne et pense qu'il y a toujours une part de bonté en chacun de nous.
Elle m'a apaisé en quelques phrases, depuis gamin elle trouve les mots à chaque fois que tout va mal pour me réconforter. Lorsqu'elle ne sera plus de ce monde, je ne sais pas comment je pourrai faire pour continuer ma vie sans elle...
Au bout de quelques heures passées près d'elle, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et puis des voix de marmots agités...
J'en conclus que Souhayl est venu avec ses enfants et sa femme.
Je leur dis Salem et je prend la petite Wahiba dans mes bras. Elle a grave grandit depuis le temps.
J'attrape ensuite son petit frère qui lui aussi a bien grandit.
Souhayl me regarde en souriant et me fait un geste de la tête pour que je le suive dans la pièce d'à côté.
Je donne son fils à Safia et je le rejoins à côté.
« Souhayl : J'crois qu'il est temps qu'on ait une conversation sérieuse. »
J'acquiesce même si à ce moment j'aurais préféré l'éviter.
« Souhayl : Tu vas être papa. C'est fini les conneries Imran, c'est une vraie responsabilité un enfant. Tu dois être en mesure de t'occuper de lui, de le nourrir, de lui donner l'exemple et de le protéger. Tu peux plus te permettre de faire ce que tu fais. J'suis pas un hmar, je sais très bien que depuis longtemps tu te fous de notre gueule à maman et moi mais je disais rien pour ne pas la contrarier et parce que je pensais que c'était passager. Maintenant j'peux plus te laisser faire n'importe quoi. Donc rentres-toi bien ça dans la tête, tu dois prendre les bonnes décision et le bon chemin.
- J'sais ce que je fais, je compte me sortir de tout ça. Bientôt in sha Allah ce sera de l'histoire ancienne.
Souhayl : J'espère, par Allah j'espère que tu dis vrai, parce que t'es mon frère et je peux que te souhaiter le meilleur et aujourd'hui t'en es loin donc fallait que je te le dise. La vraie vie c'est pas tout ça Imran. La vraie vie c'est celle où tu satisfais Allah, où tu Lui obéis et où tu Le crains. À partir du moment où justement tu fais tout ça, tu verras que ta vie te paraîtras bien plus douce. »
Il a totalement raison et je le sais, je regrette tout ce que j'ai pu faire. Mes pêchers doivent peser très lourd dans la balance après toutes les fautes que j'ai pu faire. Mais on dit toujours que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir alors j'espère que mon repentir sera accepté.
Je prend mon frère dans mes bras. Ça me fait du bien de le retrouver et qu'il me conseille de nouveau.
Souhayl ça a toujours été mon exemple, depuis petit. Ma sha Allah il a réussit sa vie dans tous les domaines contrairement à moi.
J'espère que pour moi également un jour tout ira mieux.
Je mettrai tout en œuvre pour que ce soit le cas...
[...]
Quelques semaines sont passées, j'essaye tous les jours d'arrêter le hram que je fais quotidiennement mais c'est assez difficile. Une fois qu'on y baigne, on a du mal à tout plaquer.
J'ai arrêté la fumette, du moins je me contente de quelques cigarettes... Que je finirai par arrêter de consommer aussi je l'espère.
J'ai quelques affaires à régler. Il faut que je termine deux/trois choses et j'irai dire aux autres que cette vie là n'est plus pour moi.
J'ai repris la prière, j'essaye de m'y tenir et de ne plus la lâcher... Encore une chose difficile pas parce que je n'en ai pas l'envie mais parce qu'une fois qu'on perd une habitude il est difficile de s'y remettre.
Adnane je l'ai plus revu depuis la dernière fois. Il m'en veut toujours donc je peux rien y faire, j'vais pas le séquestrer pour qu'il m'adresse la parole non plus. Tant pis.
Le petit ventre d'Amira commence à gonfler, on va bientôt pouvoir savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon. J'suis pressé que le verdict tombe. J'vais enfin pouvoir savoir comment je vais appelé cet enfant.
Entre temps j'ai aussi été voir Nicolas, il a bien avancé avec l'entreprise. Il nous reste quelques autorisations à faire valoir et il voulait que je lise un contrat pour qu'on le signe tous les deux parce que nous sommes associés et co-fondateurs.
[...]
Amira commence à me rendre fou avec ses envies de femme enceinte. Elle veut manger tout et n'importe quoi à des heures plus farfelues les unes que les autres. Je me retrouve à courir partout.
J'ai dû aller jusqu'à un restau sur Paris parce qu'elle voulait absolument que son plat vienne de là-bas.
Une fois achetée je lui apporte et je la laisse manger ça.
Je décide d'aller faire un tour dehors, puis vu qu'il faisait assez froid j'ai plutôt opté pour me rendre chez Nadjib. Le QG, depuis le début c'est chez lui. Limite on croirait que c'est un moulin, on y entre et on y sort quand on veut.
Juste en bas du bâtiment j'entends déjà la musique. Je comprends qu'ils sont en train de s'ambiancer et même pas ça invite. -rire-
J'entre dans le salon et à ce moment tous les regards se braquent sur moi.
Une gêne indescriptible baignait dans l'air.
J'étais de trop et ça se ressentait.
C'était vraiment un moment gênant.
Dans mon moment de solitude, Mourad que je n'avais pas encore aperçu, est venu à ma rescousse.
« Mourad : Imran ! Tu dates frère, ça fait trop longtemps wesh !
- Quel bay Mourad ?! Même toi, j'vois que t'as pris des pec' ! -rire-
Mourad : Ouais j'me suis mis au sport tu connais. -rire- Mais sinon on m'a dit que t'allais être daron ! Tu préviens tout le monde, sauf moi ? -rire-
- Je t'avais pas encore vu c'est pour ça. Laisse tomber j'suis trop ferhane. »
Je pensais pas que cette annonce allait faire des ravages.
« Adnane : T'es pas le seul à ne pas être au courant Mourad. Moi aussi on m'en a pas informé. »
Je tourne ma tête vers lui et je remarque que son regard noir me transperçait. Si même pour ce genre de chose il est pas heureux pour moi c'est que je me suis vraiment trompé sur le personnage.
L'mec a refusé de me voir il a cru j'allais lui envoyer une lettre par la poste pour le prévenir ou quoi ?
« Adnane : On fait des choses pour les gens et eux t'oublient quand ça va bien pour eux, hein, dehka. »
J'étais choqué par ce qu'il venait de dire. Il voulait m'faire passer pour un ingrat, un méchant.
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