100. J'ressens ton malaise
« - Pourquoi est-ce qu'il serait parti comme ça ? Y a forcément une raison.
Nadjib : On est comme toi, on en sait pas plus. Il est peut-être parti avec Carmen.
- Non je pense pas. Il nous l'aurait dit.
Adama : Quand on en saura plus on te préviendra. »
Je vois que quelques regards s'échangent, je comprends alors qu'ils sont tous en train de me mentir.
« - wAllah dites moi, j'suis pas un gogole j'ai capté que vous êtes en train de me mentir là ! »
Personne ne se décide à me parler. Ça me rend ouf, je les dévisage un par un et je sors de l'appartement.
J'ai capté qu'il était arrivé un truc à Adnane.
Ces mecs c'est la famille pour moi, alors quand il leur arrive quelque chose ça m'atteint.
Ça m'zehef qu'ils veuillent pas me dire ce qu'il se passe.
Je me fais des scénarios plus chauds les uns que les autres. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de ouf, surtout si une fois de plus c'est ma faute. Et étrangement je me sens bien concerné par tout ça.
Je presse le pas dans la rue. J'sens la colère monter et j'essaye de me calmer. J'arrive plus à gérer mes émotions, elles sont toujours extrêmes. J'ai l'impression d'être bipolaire, d'être bien puis d'me sentir mal ensuite.
J'marche sans destination précise et j'entends que Moha crit pour que je me retourne.
Je m'arrête et me pose contre une barrière en attendant qu'il me rejoigne.
J'espère qu'il s'est décidé à me dire la vérité.
Il arrive vers moi en avançant avec les mains dans ses poches. Ils traînent des pieds. Je sais bien qu'il n'a pas très envie de m'informer de ce qu'il se passe mais je suis déterminé à ce qu'il parle.
« Moha : Pourquoi t'es parti comme ça ?
- Vous m'prenez pour un con sans pression, tu veux que je réagisse comment ?
Moha : C'est pas ça, mais on s'inquiétait un peu de ton état.
- Vous avez pas à l'faire, j'suis assez grand et mon état il regarde que moi.
Moha : T'as vu comment t'es sur la défensive ? On est avec toi nous, pas contre toi, mets-le toi bien dans la tête.
- J'suis pas sur la défensive je veux juste savoir où Adnane est. »
Je le contredisais mais je savais au fond de moi qu'il disait vrai.
« Moha : Suis-moi, on bouge dans le hall. »
Je le suis et on se pose dans le hall.
Je me plaque contre les boîtes aux lettres et lui sort une cigarette pour fumer.
Il tire une taffe et me la tend.
« Moha : J'vais te dire la vérité mais tu me laisse finir avant de dire quoi que ce soit.
- Ouais. »
J'étais prêt à l'écouter attentivement... Même si je savais que ce que j'allais entendre n'allait pas me plaire.
« Moha : Quand t'étais en Italie on a finit par comprendre que c'était pas normal qu'on ait pas de nouvelle. Donc on a mit au point un plan pour te sortir de-là. Moi quelques jours avant j'étais en Espagne. Je suis allé voir Carlos et il ne voulait rien entendre. Il nous a dit qu'il nous suivait pas et qu'il ne laissait aucun de ses hommes venir avec nous. Donc on a dû se débrouiller entre nous. On s'est tous rejoins en Italie et comme on connaissait la maison, Nawid avait voler les plans la dernière fois bah on a pu entrer par effraction sans se faire péter. Mais après comme tu dois t'en souvenir ça a mal tourné. Y a une camionnette qui est arrivée et c'était Adnane avec les hommes de Carlos... »
Je commençais à comprendre mais j'espérais encore que j'avais tout faux.
« Moha : Il a fait un pacte avec lui pour qu'il nous laisse ce renfort...
- Putain... Quel pacte ?
Moha : Il a renoncé à Carmen pour que Carlos puisse t'aider. Maintenant il lui rend aussi des services quand l'autre enflure lui demande.
- Mais... Pourquoi il a fait ça ?
Moha : Il pensait qu'il te le devait. »
J'étais dégoûté. J'avais le seum, il a pourrit sa vie pour la mienne. Je savais qu'il l'avait fait pour moi mais je ne comprenais pas ses choix. Il avait renoncé à tous ces mois de galères pour moi... Carmen c'était loin d'être n'importe qui pour lui... Je m'en voulais.
Cette histoire m'avait plombé le moral.
« - Il est où maintenant ?
Moha : Par contre ça on sait vraiment pas, ça fait assez longtemps maintenant qu'il nous a pas donné de nouvelles. Nous on a pas de moyens pour le joindre, son numéro n'est plus attribué.
- Carmen ! Appelez Carmen ? Je suis sûr qu'elle sait quelque chose ?
Moha : Je pense pas qu'elle ait envie de nous parler...
- Elle m'en veut hein ?
[...]
- J'veux juste savoir si lui il va bien, s'te plait appelle là. Je dois avoir son numéro quelque part attend. »
Je fouille dans mon téléphone et tombe enfin sur son numéro. J'espère qu'elle ne l'a pas changé, je le dicte à Moha qui le compose sur son téléphone en silence.
« - Met le haut-parleur. »
Il acquiesce et on entend les sonneries.
Elle finit par répondre.
« Carmen : Allô ?
Moha : Ouais c'est Mohsîn. Tu vas bien ?
Carmen : Oh, heu on peut dire ça et toi ?
Moha : Pareillement. Je t'appelles pour avoir des nouvelles... d'Adnane.
Carmen : Ce n'est pas à moi que tu devrais le demander...
Moha : Tu ne devrais pas lui en vouloir, il a pas fait ça contre toi. Tu sais très bien que tu comptes pour lui, on l'avait jamais vu comme ça Adnane avant qu'il te connaisse.
Carmen : Je... désolé je vais raccrocher.
Moha : Non, attends ! Est-ce que t'as de ses nouvelles ? S'te plait c'est important.
Carmen : Je ne l'ai pas vu depuis une semaine... Je l'apercevais parfois de loin mais je n'ai pas pu lui parler. »
Je me suis éloigné. Je trouvais ça étrange qu'elle ne l'ait pas vu pendant une semaine.
J'avais besoin d'un joint pour redescendre, ça m'angoissait. Je me disais qu'il lui été peut-être arrivé quelque chose... J'avais fouillé mes poches mais j'avais rien sur moi.
Je suis retourné vers Moha pour écouter le reste de la conversation.
« Carmen : Tout ce que je sais c'est qu'il va mal, très mal... Je... Il me fait de la peine. J'ai l'impression qu'il touche le fond. »
Ascenseur émotionnel, il y a quelques heures j'étais bien maintenant je recommence à culpabiliser.
Je m'en veux, je sais que c'est de ma faute si il est dans cet état. J'ai du mal à accepter qu'on fasse des choses pour moi surtout si c'est une sorte de sacrifice.
Le moral n'y est plus. Entendre ça m'a clairement piqué.
J'sais pas comment je vais réussir à vivre avec la destruction de la vie d'Adnane sur la conscience.
Pris de colère je mets un coup dans les boîtes aux lettres et je me casse sans même prévenir Moha.
J'marche en essayant de me calmer. J'ai du mal à faire redescendre mes nerfs. Une fois de plus je me rend compte que je n'arrive plus à gérer mes émotions. Je prend trop les choses à cœur.
J'ai changé, j'ai sombré et j'ai vraiment du mal à me relever...
Vous savez c'est très difficile de s'en vouloir à soi-même, bien plus difficile que d'en vouloir à quelqu'un. Ça fout encore plus le seum parce qu'on sait qu'on est fautif, qu'on a merdé et qu'on est le seul responsable.
Je rentre à la maison en espérant qu'Amira ne va pas trop insister pour que je lui parle. Clairement là, j'en ai pas envie.
Point de vue d'Amira
Je me retrouvais seule à la maison et je prévoyais de préparer un bon dîner pour Imran et moi.
Cependant mon téléphone a sonné.
Je suis allée décrocher.
« Wassila : Hiba a accouché ! Anas vient de nous appeler. On se rejoint à l'hôpital, bisouuuus ! Ah oui, j'ai faillis oublier, chambre 213. »
J'étais trop contente ! Je suis allée me préparer en vitesse toute excitée à l'idée de voir ce petit bout qui vient tout juste d'arriver dans notre monde. J'attrape le petit cadeau que j'avais préparé pour le jour J et je file.
Dans ma joie et mon empressement j'oublie complètement de prévenir Imran et j'en oublie même mon téléphone.
Tant pis, je suis déjà dans ma voiture et en route pour l'hôpital où ma sœur a fait suivre sa grossesse. J'annoncerai la bonne nouvelle à mon retour.
Toute excitée et souriante je presse le pas pour arriver rapidement et voir le premier né de sa génération.
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