Elle rit avant de reprendre la parole.

« Amira : Tu sais qu'on a des petits problèmes d'argent en ce moment... et... j'me disais qu'on pouvait compter sur... mes... mes parents... T'en pense quoi ? »

Alors là, mon sang a tourné trois fois dans ma tête avant que je puisse réagir à ce qu'elle venait de me dire.

« - Tu t'fou d'ma gueule j'espère là ?

Amira : Non j'suis sérieuse, Imran...

- Putain ! Mais t'es folle où quoi ? Tu vas les chercher où tes putains d'idées de merde ! Tu m'prends pour un pd ? C'est ça ? J'suis un pd moi ? J'demande de l'argent à ma belle famille ?!

Amira : Mais... Pourquoi tu le prends comme ça ? Et puis c'est pas toi qui leur demande, c'est moi... »

J'essaye de reprendre mon calme malgré que j'prenne très mal ce qu'elle essaye de mettre en place.

« - Écoutes moi bien Amira, l'argent d'tes parents j'en veux pas ! J'vais m'débrouiller tout seul, c'est quoi que tu comprends pas ?! J'ai pas besoin qu'on m'aide, PUTAIN !

Amira : T'as un GROS problème Imran ! Ta fierté et ton orgueil te perdront ! »

Sur ces mots, elle a claqué la porte et elle est partie. J'ai pas cherché à la retenir. J'en avais marre qu'elle veuille trouver une solution à tout ! C'est moi qui réglerai cette histoire d'argent, j'ai pas besoin qu'on m'assiste.

On est déjà très avancé dans la soirée, j'ai toujours pas de nouvelles d'Amira, elle a sûrement dû se rendre chez une de ses copines. J'avoue que j'ai merdé, elle voulait bien faire et j'me suis emporté. J'suis trop impulsif, je le sais bien. J'prends mon tel, mes clés et j'sors. Je l'appelle tout en roulant. Premier appel, elle ne répond pas, je la rappelle alors une deuxième fois.

« Amira : Allô ?

- T'es où ?

Amira : Chez une copine.

- Quelle copine ? J'arrive.

Amira : Non j'passe la nuit là bas.

- T'as encore un toit que j'sache, donc non tu rentres avec moi. »

Je l'ai entendu soufflée.

« Amira : J'arrive.

- J'viens te chercher.

Amira : J't'envoie l'adresse par sms.

- Vas-y. »

Une fois qu'elle m'envoie l'adresse je vais la chercher. Elle monte dans la voiture sans dire un mot. Elle boude. Tout le trajet c'est fait en silence.

[...]

Ça fait déjà trois jours que c'est froid entre nous... Elle va mal, mais qu'est-ce-que j'peux y faire ? J'lui demande juste un peu de patience, rien de plus.

• Point de vue d'Amira

Entre Imran et moi ça va très mal, et il a pas l'air de le voir. J'en ai marre, il est têtu, il ne veut pas qu'on l'aide. Il n'accepte l'aide de personne, même pas celle de ses proches ! J'sais qu'il a beaucoup souffert dans sa vie, mais j'comprends pas pourquoi à chaque fois que j'essaye de lui tendre la main il me rejette. J'fais avec depuis le début, mais là j'arrive à un moment où je sature. J'sais plus quoi faire pour l'aider, en ce moment il essaye de tout gérer... J'le vois les yeux cernés, c'est à peine s'il dort la nuit.

Ma soeur m'a appelé hier, j'ai encore dû lui mentir. Elle me demande si tout va bien, j'lui dit que oui... Mais en réalité tout va mal. J'dois mentir à ceux que j'aime pour ne pas faire mauvaise impression. J'ai peur de la réaction que ma famille peut avoir face à la situation. J'veux pas qu'ils aient une mauvaise image d'Imran. J'abuserai si je disais qu'ils ne le portent pas dans leur cœur mais ce n'est pas l'amour fou entre eux non plus.

Ça faisait déjà quelques jours que je ne parlais plus trop avec Imran mis à part pour lui demander le sel. Ça me bouffait de l'intérieur, fallait que j'arrange la situation. Malgré nos différents, c'est ma moitié et bien que physiquement nous soyons proches, j'nous vois nous éloigner.

Il était sur l'ordi à farfouiller je ne sais quoi, moi je l'observais. J'ai souffler un bon coup avant d'aller lui parler, ce n'est pas facile de faire le premier pas.

« - Imran ?

Imran : Hmm...

- Tu fais quoi ?

Imran : Rien j'regardes des petits trucs.

- Ah... et heu, j'ai fini de préparer le dîner.

Imran : J'arrive. »

Je suis allée m'asseoir à table, en attendant qu'il vienne me rejoindre.

• Retour au point de vue d'Imran

J'vais me laver les mains, et j'vais m'asseoir auprès de ma femme. J'mange ce qu'elle a préparé, c'est toujours aussi bon. On parle comme si de rien était malgré que ces trois derniers jours n'étaient pas roses. J'me rend compte de la chance que j'ai. Qui aurait cru qu'Imran serait marié un jour ? Bien que toute ma vie je l'ai partagé avec ma mère et mon frère j'étais plutôt de nature solitaire. Des potes ? J'en ai pas vraiment eu, tous des fils de traître. Mon seul ami c'est mon frère. J'ai pas besoin d'être entouré pour être heureux. Le peu d'personne que j'ai dans ma vie m'suffit.

Quant à Amira, j'aurais jamais cru la marier un jour... J'savais pas que tomber amoureux c'était dans mes capacités. D'ailleurs j'crois que depuis qu'on est marié, j'lui ai jamais encore dit je t'aime. Ces mots là j'ai du mal à les prononcer, allez savoir pourquoi. 'Fin bref, assez parlé d'ça.

Maintenant faut vraiment que j'trouve une solution pour régler tout ça une bonne fois pour toute. C'est vrai que tout à l'heure sur l'ordi j'ai trouvé des bonnes petites annonces pour changer d'appart. J'pense que ce serait un bon début, parce qu'ici le loyer c'est pas donné, même pour un petit studio. J'ai plus qu'à en parler à Amira pour voir ce qu'elle en pense.

Je la voit se lever pour débarrasser la table, j'me lève et je l'aide. J'vais ensuite me doucher. Une fois tout propre, tout frais, j'sors de la douche. J'cherche Amira pour lui parler d'mon idée, mais je la voit endormie sur le canapé. Je la couvre et j'vais aussi me coucher.

Le lendemain elle avait cours, et moi je travaillais du coup j'suis sortie un peu plus tôt qu'elle. J'ai pas voulu la réveiller. Au cours de la journée, il ne s'est rien passé de spécial. Une fois le travail terminé j'suis allé faire quelques courses. Le frigo commence à se vider, et faut le remplir. Juste après j'décide d'aller faire un tour à l'agence immobilière.

J'pousse la porte d'entrée. Y a pas trop de monde et tant mieux, ça m'évitera d'attendre dix ans mon tour. À peine arrivé on m'prend en charge. J'demande un petit appartement en banlieue. On me fait plusieurs propositions. L'une d'entre elles est plutôt pas mal. Il s'agit d'un petit HLM, plus grand que notre studio avec une vraie chambre. J'pense que ça plaira plutôt bien à Amira. En plus ça nous évitera quelques galères, et puis le temps qu'on se stabilise financièrement on pourra même faire quelques économies.

[...]

« - Amira, j'ai bien réfléchit mais va falloir qu'on quitte la capitale. J'ai trouvé un petit HLM aux alentours. On prendra ça le temps que tout reviennes à la normal. Puis même financièrement ce sera mieux.

Amira : Puisque tu n'acceptes pas mon aide, je suppose que je n'ai pas le choix... On part quand ?

- On part dans la semaine.

Amira : D'accord. »

Ça se voyait que ça l'agaçait mais on avait pas le choix. De plus elle n'avait pas encore le permis, alors je lui avais promis que lorsque je le pourrais je l'accompagnerais en cours ou au travail, vu que c'était sur Paris. Dès le lendemain on a commencé à faire nos cartons, bien qu'il n'y avait pas grand chose à transporter avec nous. On les faisait au fur et à mesure le soir. On gardait seulement le nécessaire. On arrive enfin à la veille du déménagement, Amira n'avait pas encore vu l'appartement. J'ai chargé les cartons dans ma petite voiture. J'ai fermé le studio à clé et je suis allée la rendre à la concierge. Cette vipère n'a pas manqué d'me faire des réflexions que j'ai préféré ne pas écouter sinon j'sens que je l'aurais baffé.

J'vois bien que ma femme est triste de quitter ce studio. Après tout, notre début de vie de couple et notre vraie vie à deux a commencé à cet endroit. C'est sûr qu'on en gardera des souvenirs ici.

J'démarre la voiture et c'est parti pour du changement. Après avoir roulé assez longtemps pour que Madame s'endorme, on arrive enfin à destination.