Tw : angoisse, un tout petit peu de dysphorie

J'écris aujourd'hui. Ça résonne en moi et ça me permet de me confier à quelque chose... à défaut d'avoir quelqu'un∙e. Au moins je ne serai jamais un poids pour une feuille de papier comme je le suis pour les autres. Je suis perdu. Genre, vraiment. Mon cerveau est vide, plein de doutes, de craintes, de questions... Je suis qui ? Je suis quoi ? Et puis aussi parfois, il faut que j'arrête de me questionner et que je profite du petit temps que je passe sur Terre pour être cellui que je veux être à fond. Ce serait beau, si seulement j'y arrivais.

Je ferme les yeux encore une fois et je me concentre sur les bruits de la nuit que fait l'appartement. Je m'imagine tel que je suis dans mes rêves. Un garçon qui ressemble un peu à une fille ou une fille qui ressemble un peu à un garçon, je ne sais pas... Mon corps serait mince comme je voudrais qu'il soit et mon esprit vagabonderait sans limite. -Quand en suis-je venu à m'imposer des limites dans mon propre esprit ?-

Pourquoi y a-t-il un tel faussé entre ce que je voudrais être et ce que je suis ? Pourquoi mon cerveau fait-il toutes ces choses ? Je veux tout comprendre sur moi même mais je n'y arrive pas et j'ai peur de ne jamais savoir. Je dis aux autres que je suis lesbienne, je ne sais même pas si c'est vrai. J'ai aimé des filles, des rêvé des filles... mais peut-être est-ce encore pour me rendre intéressant alors que j'ai faux sur toute la ligne ?

Et si je suis une fille, un garçon, ou autre ? On me considère comme une fille et ça me dérange pas... mais ça ne me dérangerais pas d'être autre chose, si je pouvais. C'est pour ça que je parle au masculin de moi, ce soir, en secret.

Je voudrais écrire TOUT. Je ne sais pas vraiment si je le peut. C'est bizarre, j'ai la sensation d'écrire pour les autres alors que je suis le seul qui lira ses lignes qui seront surement brulées dans les secondes qui suivront la rédaction de cette page.

J'ai peur qu'on pense que je suis fou si je découvre que je ne suis pas une fille pour de vrai. Je sais que je veux garder mon corps tel qu'il est... enfin, si seulement il pouvait être plus mince... mais je ne sais pas si j'aimerais qu'on pense que je suis une fille. Je suis peut être en train de céder au mouvement ? Peut être que j'en fais des tonnes et que tout le monde passe par là ? Je me déteste d'être le genre de personne qui a besoin d'une étiquette trop vite.

Non, ça doit juste être une lubie. Je suis taré. Tarée. Taré•e ? Juste une ado en crise de plus comme iels disent quand iels parlent des personnes trans... Je peut pas l'être, moi ? Je suis déjà bien trop de choses. Il faut que je me calme. Je suis qu'une folle. J'adore parler de moi au masculin mais ça doit être l'excitation de la nouveauté. Après tout, le féminin me dérangeait pas tellement. Je peux pas juste faire comme si de rien était ?

Je suis fatiguée d'être le seul à avoir le cerveau plein de questions tout le temps. J'en vois plus le bout. Il n'y a plus d'issues. Peut-être que je m'éloigne des réponses à chaque pas que je fais ? Je suis en train de m'enfoncer encore plus dans des illusions ou dans un délire ? Je cherche à apprivoiser mes malheurs en en faisant des amis ? J'ai déjà une maladie mentale avec la bouffe alors c'est peut-être juste lié ? Mon désir d'avoir un corps d'enfant s'est confondu avec celui d'avoir un corps plus androgyne et mon cerveau détraqué essaye de se retrouver dans un truc « à la mode » pour trouver des réponses ? Je suis malade ?

Je veux juste tester le « il » pour voir si je m'y sens mieux. Ouais, j'aime bien. Le « elle » et le « iel » aussi. Je vois leurs différences mais je ne me sens pas différent quelque soit celui que j'emploie. Est-ce que je suis non-binaire ? C'est ça la question que j'aimerais poser à quelqu'un. Sauf qu'on se foutrait de ma gueule et que je ne connais personne à qui je puisse en parler. C'est ça être non-binaire ou alors c'est encore une autre sensation qu'iels ressentent ? Je suis une cisgenre qui leurs vole leur identité ? Je me détesterais si c'était ça. Est-ce que j'ai le droit de tester, juste ? Est-ce que je peux avoir envie de ne pas le dire... ?

J'ai personne à qui le dire et j'ai pas besoin de ça avec mon poids et ma sexualité en plus.

Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? J'ai pas envie de subir ça, encore des questionnements et des doutes, peut-être toute une vie comme ça ? J'en peut plus que des trucs pareils me tombent dessus. Aidez moi. J'ai dit que je serais une fille cool et détendue cette année. J'en ai assez de me prendre la tête et de devoir pleurer et remplir des pages et des pages en secret...

Je crois que je vais beaucoup mieux parce que je crois que j'ai compris...

Mais je peux pas leurs faire ça. Seigneur, je peux pas leur faire ça.