J'ai toujours été le garçon casse-cou, rentrant tous les jours avec des égratignures sur les genoux, faisant des peurs bleues à ma mère. Je ne faisais rien à l'école, me destinant déjà dans mes rêves les plus forts à une carrière dans le sport. J'avais de la chance d'avoir un meilleur ami beaucoup trop intelligent pour son âge, ce qui me permettait d'avoir de l'aide quand j'étais beaucoup trop à l'ouest et ce, même s'il a deux ans de moins que moi.

Je l'ai vu grandir et même si je n'ai que deux ans d'écart avec lui, je me rappelle encore de sa petite bouille quand il n'avait que deux ans, ses pleurs incessants que je m'évertuais d'arrêter avec des blagues douteuses quand il en avait six, ses grands yeux admiratifs qu'il posait systématiquement sur moi quand je lui ramenais son déjeuner quand il en avait huit.

On se connait depuis la naissance et pourtant aujourd'hui tout est différent. Au début, nous étions les meilleurs amis du monde, je l'initiais au sport, il m'apprenait à lire pour que je passe en CE1, je l'aidais à se débarrasser de ses persécuteurs, il m'aidait en maths. Nous avons toujours été fusionnel et j'ai peur d'avoir tout gâché.

À onze ans, je n'ai pas compris ce qui se passait. Peut-être parce que mon frère m'incluait dans des discussions qui n'étaient pas de mon âge ou que mon père se moquait toujours de ses hommes qui passaient à la télé. Ce que mon frère racontait à ses copains me dégoutait et ce que mon père disait m'horripilait.

Et puis j'ai commencé à faire des rêves bizarres où je ne voyais que lui et son magnifique sourire.

Et tout le monde à découvert qui il était. Je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie ce que mon frère a littéralement réduit à néant. Je l'aimais et pourtant personne n'a jamais su qui j'étais vraiment.

Alors j'ai changé, j'ai commencé à être du côté de ses persécuteurs, j'ai changé de look, de comportement et je n'ai jamais plus sourit vraiment. Je pensais que ce serait plus simple, je me trompais surement.