Epilogue

Une semaine à peine après notre retour à la vie scolaire, Jules nous a appris que l'enterrement de sa sœur aurait lieu dans peu de temps et qu'il ne se voyait pas y aller seul. Je n'ai pas compris pourquoi son enterrement se faisait aussi longtemps après qu'elle soit décédé et sa mère nous a expliqué que Justine avait dû subir une autopsie afin de collecter le plus de preuves possible pour incriminer son père. La cérémonie nous a tous profondément émut.

Au détour d'une conversation, nous avons appris que le père de Jules allait être prochainement jugé pour violence aggravée et meurtre volontaire. De ce que nous avait raconter Jules, ça paraissait justifier.

Deux semaines plus tard, environ, Léa est venue nous voir, Jules et moi entre deux cours pour nous demander notre aide pour confronter son frère en place publique. Jules a grogné avant qu'elle ne lui explique son problème avec son père et sa volonté de mettre les choses au clair avec Jackson pour comprendre comment il en était venu à la haïr à ce point. Nous avons finalement accepté, pour mettre toutes nos histoires derrières nous.

Quelques jours plus tard, nous avions attendu Jackson à la sortie des cours. Le garçon n'a pas vraiment apprécié. Léa et lui se sont expliqué et avec réticence, Jackson lui a finalement avoué qu'il n'avait pas supporté qu'elle soit la convoitise de tout le monde et que sa jalousie s'était transformée en colère.

Le dernier jour des cours, aucun de nous ne sommes allés au bahut. Nous avons passé la matinée chez Jules. J'ai trouvé la maison très lugubre. J'y suis déjà aller quelque fois, j'ai déjà trouvé cette maison flippante mais elle semblait complètement morte à cet instant. C'est peut-être le cas. En tout cas il m'a fallu un moment avant de me décrocher de la vue de la tache laisser par le sang au bas de l'escalier.

Sa mère nous a remercier de les soutenir de la sorte, depuis l'enterrement et en partie Jules, pour qui elle s'inquiétait depuis ce soir tragique. Nous les avons ensuite accompagnés au tribunal pour ce qui devait être la dernière fois qu'il le verrait, le jour où la sentence devait tomber.


Pour fêter la fin des cours, Paul, le garçon qui est resté gentil avec Victor le soir du « Action ou Vérité », avait décidé de faire une fête chez lui le samedi même. Une façon de décompresser avant les révisions totalement bienvenue. Ce que Victor n'a pas vu d'un bon œil et où on a dû le trainer de force.

Nous sommes donc arrivés chez le garçon à la peau d'ébène tous les quatre, même s'il s'est avéré que Jules non plus n'était pas trop d'humeur. Il nous a accueillis tous les quatre avec beaucoup d'entrain et je me suis aussitôt dirigé vers le bar pour profiter de la soirée.

Le reste du temps, j'ai parlé avec les gars de mon ancien groupe de pote à qui je ne n'adressait plus la parole depuis que j'ai fait mon coming out devant tout le bahut. Ça me fait plaisir de voir que malgré mes nouveau penchant et mon retournement envers Victor, il accepte encore de me parler. Mais du coin de l'œil, je surveille les faits et gestes de Louis devant l'une des baie-vitrées de mon ami et Victor de l'autre côté pour être sûr qu'il ne lui arrive rien.

Enfin jusqu'à ce que je vois une tête blonde s'approcher de lui et lui parler. Ça faisait un moment que je n'avais pas entendu parler de lui ni ne l'avoir croisé dans les couloirs du bahut. Je sais que Thomas n'est plus une menace pour moi, mais l'avoir vu s'approcher de Victor dans une soirée où on sert de l'alcool, je me méfis un peu. Victor, lui, semblait surprit de le voir.

Il lui a souri comme il le fait trop souvent, sans le quitter des yeux, puis a porté sa boisson à ses lèvres. J'ai complètement arrêté d'écouter ce que disaient les garçons devant moi, mais ils ne s'en rendaient pas compte. Je ne quittais plus le garçon. Victor m'a regardé et s'est mis à sourire, ce qui m'a fait grimacer. J'ai promis de ne plus faire de crise mais je n'arriverai pas à me débarrasser de ma possessivité.

Thomas a finalement tourné la tête vers moi pour me faire signe et j'ai dévier le regard. A mon avis, ils ont parlé de moi et de ma tendance à ne pas savoir me retenir et m'expliquer. Quand Thomas l'a enfin lâché, je l'ai rattrapé dans la foule avant de l'embrasser comme si ma vie en dépendait.

- Tu m'as manqué.

- Nan, je crois plutôt que tu essaie de marquer ton territoire.

J'ai grimacé, avant de lui sourire, espiègle, en voyant Thomas nous dévisager de l'autre bout de la pièce et de lever mon verre dans sa direction. Le garçon a levé les yeux au ciel avant d'acquiescer.


Nous passons la semaine de révision tous les quatre, tantôt chez l'un tantôt chez l'autre, Jules et moi de plus en plus découragé à l'idée d'avoir notre examen à force de réviser. Plus les jours passent et plus ma tête risque d'exploser.

Le quatrième jour, nous nous sommes tous retrouvés dans la chambre de Victor pour réviser. Léa est très concentrée sur son cours de biologie, assise sur la chaise du bureau pendant que Victor relit ses fiches de littérature que je récupère une fois qu'il les a lus de long en large, tous les deux en tailleur sur son lit. Jules, lui, a éparpillé son cours de mathématiques sur le sol de la chambre et s'efforce de marquer sur une autre feuille, tout ce dont il se rappelle avant de vérifier.

Au bout d'une heure, j'en ai déjà marre, je lâche les fiches de littératures et m'étale de long en large. Je fixe mon petit ami, son visage parfait penché sur son cours, une ride de concentration sur le front, ses lunettes tombant sur son nez. Je préfèrerais faire un exposé sur tous ce que j'aime chez lui plutôt que de bosser la littérature ou quoique ce soit d'autre. Comme il ne fait pas attention à moi, j'arrache ce qu'il dans les mains avant de le faire basculer sur le lit, en dessous de moi.

- Hugo !

J'efface son rire avec des baisers langoureux et lui faire oublier de réviser. Il se débat un peu avant de se laisser aller. Mais c'est sans compter sur la petite voix horripilante de Léa :

- On vous dérange peut-être ?

Je quitte sa bouche pour fixer Léa avec le regard noir.

- A vrai dire, oui.

Victor sourit avant de me repousser et de reprendre ses feuilles.

- Il faut qu'on travail.

Je me mets à bouder et me retourne, dos à Victor. Je ferme les yeux, préférant dormir que de me bourrer le crâne d'information non mémorisable. Une secousse me réveille, m'arrachant un grognement avant d'ouvrir un œil pour voir qui ose me sortir de mes songes. Jules nous regarde tour à tour et énonce :

- Vous voulez boire quelque chose ?

Je me relève en quatrième vitesse, presser de sortir de cette chambre de la torture. Je suis Jules au rez-de-chaussée et me sert une très grande tasse de café et m'assoie sur la table de la salle à manger.

- Tu as une salle tête.

- Toi aussi. Fait gaffe, tes cours risquent de ressortir par tes orifices.

Il me tire la langue avant de s'assoir en face avec la tasse prévue pour Léa.

- Comment tu te sens maintenant que tout est derrière nous ?

- Soulagé, heureux. Je me contre fiche même d'avoir mon bac ou non. Et toi ?

- Libéré d'un poids.

On s'échange un sourire avant de boire tranquillement nos boissons en parlant de tout et de rien. Je remonte quand je remarque l'heure avancée de la journée et me jette en travers du lit alors que Victor se trouve à côté de son bureau. Je tire mon petit copain à moi, le faisant basculer sur le matelas. Je le colle de plus en plus à moi sous le regard de Léa. J'espère la faire fuir.

- Je crois qu'on va vous laissez.

Elle rougit a vu d'œil et j'affiche un sourire amusé.

- Très bonne idée.

Il me frappe gentiment l'épaule et je lui tire la langue. Une fois qu'elle a disparu, je passe aussitôt ma main sous son tee-shirt, traçant les lignes légèrement dessinées de ses abdominaux. Je le sens retenir sa respiration et ses yeux se ferment un instant pour tenter de rester concentré.

- Il faut qu'on travaille.

- Ça va, tu t'es bourré le crâne toute la journée. Il faut savoir faire des pauses.

Alors que je descends mes doigts vers l'élastique de son boxer, il bloque ma main et plonge son regard dans le mien.

- Tu as fait que ça, des pauses. Moi, je veux que tu ais ton BAC.

- S'il te plait... Laisse-toi aller deux minutes.

Il ne me quitte pas des yeux pour me faire plier mais je l'embrasse dans le cou pour le faire perdre toute envie de renoncer à un petit moment de plaisir dont j'ai vraiment besoin. Soudainement, il me pousse violemment sur le dos pour se mettre à califourchon sur moi.

- D'accord, mais après, on bosse.

J'acquiesce, seulement pour lui faire plaisir avant de reprendre le chemin de ses lèvres.


Après la première épreuve du BAC en plein mois de juin, On attend Victor dans la cour, sur un banc à prendre le soleil en parlant de ce que nous avons mis dans nos copies. Quand le blond arrive finalement, Léa se tourne vers lui.

- Alors ? Comment ça s'est passé ?

- Ça va.

- Ne soit pas si modeste, tu l'auras les doigts dans le nez.

Il lève les sourcils à l'intention de sa meilleure amie assise sur le sol en face de nous avant de venir entre Jules et moi sur le banc. Léa nous raconte ce qu'elle a compris de l'annale de Biologie et un groupe de personne passe derrière elle avant que Victor ne se décale de moi. Je fronce les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Rien...

Léa fait volte-face vers le groupe de personne qui s'éloigne de plus en plus de nous maintenant.

- Ne les écoute pas, ils sont simples d'esprit.

- Oui mais ça prouve que les choses ne changeront jamais.

Je passe un bras autour de mon petit copain pour le serrer fort contre moi. Son regard bleu glace vient se confronter aux abîmes du mien.

- On s'en fou tant que nous sommes ensembles.

Il grimace mais acquiesce, se laissant retomber contre moi, pas convaincu par ce que je viens de dire.

- De toute façon les gens comme eux n'iront jamais loin dans la vie. Je les maudis pour qu'ils n'aient pas leur BAC.

Jules lève les yeux au ciel en nous montrant ses belles dans blanches alors que j'éclate de rire. J'aimerais que tout soit aussi léger que ces moments entre nous, qu'on n'ait plus de problème, qu'on vive une vie normale.

- Vous vous rendez compte qu'il a fallu que je sorte avec toi pour que j'ai enfin une vie normale.

- Je me sens puissant.

Il me fait part de son mécontentement en me frappant le torse, accentuant son rire.

- Quelle modestie !

- Je sais.

Je bombe le torse, mon égo remonté à bloc.

- Non, plus sérieusement, je ne me rappelle pas la dernière fois que me suis retrouvé plus d'un jour sans un seul bleu.

- Et si on oubliait une bonne fois pour toute cette partie de notre vie qui ne me semble plus si importante maintenant. Je regrette ce que j'ai fait mais je ne regrette pas les quatre-cinq mois qui viennent de s'écouler.

Ils hochent tous les trois la tête en accord avec ce que je viens de dire et nous reprenons des discussions plus légères sous le soleil d'été, Victor le regard perdu sur le ciel bleu.


Après les épreuves, nous n'avons pas vraiment passé de temps ensemble, tous les quatre. A part cinq jours à la fin du mois de juin pour vider la maison lugubre de mon meilleur ami pour remplir la nouvelle. Je suis plutôt content que tous les deux puissent avoir un nouveau départ. Cette maison était remplie de mauvais souvenir à propos de Juliette, de son père et de Justine. Pendant que Jules et moi sortions les meubles pour les entasser dans le camion de déménagement, Victor et Léa aidait sa mère à remplir les cartons en rigolant. Mais en vrai, ils passaient plus de temps à nous reluquer qu'à bosser.

Quand les résultats du BAC sont tombés, début juillet, nous nous sommes tous les quatre retrouvés devant les grilles du lycée en attendant l'ouverture, comme tous les autres terminales. Jules s'est tourné vers moi, un sourire débile sur les lèvres.

- Tu es prêt pour les rattrapages ?

- Bien sûr...

Léa a levé les yeux au ciel et repoussé son petit ami pour lui remettre les idées en place.

- Vous vous êtes préparés pendant des semaines avant le BAC, essayez un peu de croire en vos capacités.

- Mais bien sûr ma chérie.

Il l'a pris dans ses bras pour la rassurer. Un surveillant est venu nous ouvrir et tout le monde s'est précipité sur les panneaux d'affichage, sauf Jules et moi. Entre nous, on s'en contre fichait et Léa ou Victor nous aurons dit ce qu'il en était. Victor est très vite dépassé et incapable de traverser la marée humaine. Il nous a rejoint en attendant la petite blonde. Quand elle est revenue, elle a souris à son meilleur ami.

- On est admis tous les deux avec mention Très bien !

Elle lui a sauté dans les bras pendant que nous nous faisons à l'idée de redoubler. Jules a pris la parole pour les forcés à se séparer.

- Et nous ?

Léa est redescendu de son nuage puis a retiré des mèches de cheveux de sa bouche avant de fixer son petit ami. Son sourire n'était plus aussi joyeux qu'il y a deux minutes.

- Jules tu es admis avec mention assez bien et Hugo tu es admis sans mention. Comme quoi, le travail paye.

J'ai poussé un long soupir de soulagement avant de répondre à la main levée de Jules, tout sourire.

- Bon et bien fêtons ça.

- Encore ?

J'ai ricané en entendant la question de Victor. Des fois, je me dis qu'il peut être très snobe. Il a baissé les bras quand il a compris que nous n'abandonnerions pas.

Nous nous retrouvons finalement tous et plus encore dans la nouvelle maison de Jules. C'est la première fois qu'il fait une soirée étant donné qu'avant, son père ne l'aurait jamais toléré. Tous les terminales ont répondu à l'appelle et la fête bas très vite son plein. Ça fait du bien de ne plus avoir peur de ne rien réussir et d'enfin pouvoir pleinement me laisser aller.

Au début, quand il n'y a pas trop de monde dans la pièce à vivre, nous restons tous les quatre à rire et profité de la vie. Léa force même Victor à danser alors qu'il déteste ça, autant que les soirées et se laisser aller. C'était à mourir de rire. Mais je ne veux pas le voir se ridiculiser, je reprends donc sa main et le garde contre moi.

Très vite, le rythme de la musique vient accompagner nos pas lent, l'un contre l'autre. J'ai tellement rêvé de ça, pendant tellement de temps, d'année, qu'à cet instant, je pense à tout ce que nous avons traversé et je prends conscience de toute cette histoire.

Je me rendre compte que même si j'ai beau me convaincre du contraire, il était inconcevable que je reste encore loin de lui. Je ne sais pas spécialement ce qui m'a poussé à le recontacter. Peut-être que les paroles de Jules, répétées pendant six ans, ont enfin eu de l'impact sur ma conscience, peut-être que c'est la fin du lycée qui a fait le déclic dans mon esprit. Je voulais me prouver à moi-même qu'une fois sortie avec le BAC, je pourrais tourner la page, mais surement que ce n'était pas vraiment ce que je voulais.

Je l'aime d'un amour inconditionnel, plus que je ne pourrais jamais l'imaginé, mais j'ai compris une chose en étant avec lui : je n'ai pas besoin de me cacher derrière un masque pour être qui je suis, je n'ai plus besoin de me cacher, je peux être moi-même. Beaucoup de gens oublie que l'amour est beau, simple et puissant, qu'il est attirant de si perdre corps et âme mais que malgré tout, il est possible de rester soi-même. Pour moi, il m'a ouvert les yeux.

Personne n'a le droit de nous dire de changer parce que tel ou tel trait de notre personnalité ne leur plait pas, personne n'a le droit de nous poser des ultimatums sur notre façon d'être et l'amour qu'il faudrait leur porter, et pas seulement en amour d'ailleurs.

L'amour est imprévisible, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux et encore moins du caractère de l'autre. Il faut savoir faire avec les défauts et les qualités des autres, sinon, jamais nous ne pourrions vivre de vraies histoires.

Même si vous préférez lire que faire du sport, même si vous préférez attendre plutôt que de vous précipiter en amour, même si vous préférez les filles ou les garçons, même si vous n'êtes pas à l'aise avec le sexe, même si vous n'aimez pas faire la fête, boire de l'alcool ou vous laissez aller. Personne n'a le droit de changer qui on est, et la personne qui nous dit le contraire est un idiot.

Je sais que je ne suis pas parfait, je suis très loin de l'être, mais je sais que Victor verra toujours le bon en moi, ce qui l'a fait tomber amoureux de moi à l'époque et qui lui a fait garder tous ses espoirs pendant toutes ces années. Pour moi il est parfait, même s'il lui arrive de m'énervé parfois, c'est lui qui me fait évoluer, il est ma raison de vivre et de me battre.

Quand je le vois, à cet instant, il me fait penser à un diamant, rare et puissant. Mais, apparemment, il est lui aussi complètement perdu dans ses pensées.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Il lève enfin les yeux vers moi et ses iris brillent sous la lumière tamisée. Il est tellement beau, tellement innocent, tellement plus que je n'aurais jamais pu espérer.

- Je suis tellement heureux, c'est presque irréel.

Je souris, tellement d'accord avec ce qu'il dit.

- Que ça soit réel ou irréel, l'important c'est qu'on soit enfin ensemble, non ?

- Bien sûr, c'est le plus important.

Coincé dans mes bras autour de son torse, il pose sa tête sur ma poitrine et resserre son étreinte.

- Je t'aime au-delà du possible.

Je passe mes doigts sous son menton et relève son visage en face du mien.

- Je t'aime plus que n'importe qui, Victor.

Nos lèvres se rejoignirent pour celer une bonne fois pour toute, notre histoire.

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