6 : Débordement
Les jours passent et rien d'exceptionnel n'arrive ni au lycée, ni à la maison, ni entre Victor et moi. Tout redevient aussi mort et plat qu'avant. Tous mes efforts disparaissent avec le temps, n'existent plus dans les esprits. J'ai fait en sorte que plus personne ne s'en prenne à lui chaque jour, en faisant comprendre aux autres qu'il n'y avait que moi qui est des droits sur lui. Après cette phrase, je me dis que ça peut paraitre bizarre mais les personnes qui m'entourent ont trop peurs de moi pour surpasser mes ordres.
Le vendredi de la même semaine je suis convoqué en salle de colle pour avoir un peu trop souvent séché les cours et pour avoir un peu trop glander au lit depuis le début de l'année. Alors que je traine les pieds pour me rendre pour une heure d'ennui mortel, je croise Julie, la mère de Victor dans le hall. Elle ne semble pas vraiment dans son assiette.
- Julie ?
- Hugo ! Je suis très contente de te voir. Comment tu vas ?
Je lui souris, heureux de voir que malgré tous ce qu'il se passe avec Victor, elle me considère encore comme le petit garçon d'à côté.
- Super et vous ?
Son sourire se fane et ses dents viennent mordillées sa lèvre inférieure peinturlurée. Elle s'approche de moi en regardant tout autour d'elle.
- Que sais-tu de ce qu'il se passe avec Victor depuis quelques temps ?
J'avale ma salive et tente de retenir mon sourire sur mes lèvres.
- Je crois que je ne devrais pas me mêler de ses affaires. On n'est pas vraiment de bons amis depuis un bout de temps.
Elle acquiesce et me salut en s'enfonçant dans les couloirs du lycée. Cette histoire avec Victor m'inquiète. Savoir que sa mère commence à poser de questions devient un problème. Je me suis toujours bien entendu avec ses parents, j'en ai toujours déduit qu'il n'a jamais parler de nos histoires à sa mère, si ça devait changer, je risque de perdre toute la progression que j'ai fait ces derniers temps.
Quand je rentre chez moi, après avoir cogité sur les problèmes de Victor pendant plus d'une heure sans pouvoir faire aucun de mes devoirs, je remarque que ma mère s'affaire dans la cuisine.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle sursaute en m'entendant et je me retiens de rire.
- J'ai invité les voisins ce soir pour le retour de ton frère.
Mon sourire s'évanoui d'un rien et mon taux d'angoisse montre en force. Tout ce qui sort de ma bouche n'est que pure idiotie mais j'ai besoin de cette confirmation.
- Quels voisins ?
- Les Brisson, qui veux-tu que ce soit d'autre.
Ma salive reste bloquée dans ma gorge m'empêchant de respirer. Voyant que je ne fais plus un seul geste, ma mère se tourne vers moi en arrêtant toute action. Son visage se déconfit lui aussi en voyant mon teint surement livide.
- Ça ne va pas ?
- Victor et moi ne sommes pas en très bon terme...
Elle grimace suspicieuse même si c'est la stricte vérité. Je soupçonne ma mère d'avoir toujours sue qu'il y avait bien plus qu'une simple querelle d'enfant.
- Tu es sur qu'il n'y a rien d'autre ? Ça n'a pas de rapport avec les sentiments qu'éprouve Victor ?
Je plisse les yeux, plus perdue que je ne l'ai jamais été. Je sais que Victor est amoureux de moi. Je l'ai toujours sue je crois, j'étais le seul garçon de sa vie et mes dernières tentatives pour le retrancher dans ses pires instincts m'ont prouvé que c'était toujours le cas. Mais ça voudrait dire que ma mère est au courant de la condition de Victor. Croit-elle que je suis moi aussi homosexuel ?
- Non. Il n'y a rien d'autre.
Je tente d'être le plus convaincant possible avant de récupérer mon sac.
- Habille-toi bien, ce soir.
Je grogne avant de disparaitre à l'étage. Pourquoi faire un effort surhumain, ce ne sont que les voisins après tout. Je n'y fais que quelques pas avant qu'un bras musclé vienne enserrer mon cou.
- Alors petit con, comment tu vas ?
Je souris, un peu faux, avant de me dégager pour le repousser. Lucas est à l'université depuis trois ans maintenant et moins je le vois, mieux je me porte. J'aime mon frère, je ne pourrais jamais le haïr avec force, mais ses convictions ne me plaisent pas du tout et l'entendre en parler me met hors de moi.
- Super et toi ? Je ne pensais pas que tu rentrerais avant les vacances d'été ? Plus assez de fille sur le campus ?
- L'hiver elles sont trop collantes et puis mon petit frère me manquait.
Je tire la langue de dégout. C'est tellement faux. Entre nous, jamais nous n'avons été mièvre mais plutôt comme chien et chat avec des trêves. Et puis l'entendre parler des filles comme de simple bout de viande, parce que c'est ce qu'il pense d'elles, m'horripile.
- On en parle du dîner ce soir avec Brisson ?
Je ferme un instant les yeux en sentant la connerie venir. Mon frère est ouvertement homophobe et j'ai toujours dû rentré dans son jeu. Un jeu que j'évite le plus possible depuis huit-neuf ans.
- Ce sont des amis de maman.
J'ouvre ma porte et y jette mon sac avant de ressortir tout en retirant mon tee-shirt pour aller prendre une douche.
- Non mais sérieux, on est vraiment obligé de se taper l'autre pédale pendant toute une soirée.
Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Je ne me moque pas de Victor, au contraire, je me moque de mon frère. Mais pour lui, c'est juste une provocation de plus. Ma réputation dépasse le cadre du lycée et c'est surtout pour Lucas que je l'entretien.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as peur qu'il vienne dans ta chambre pendant la nuit pour faire des choses louches ?
Mon frère ricane en passant sa main dans mes cheveux déjà bien désordonnés.
- Si j'étais toi, je me méfierais, vous êtes quand même dans la même classe.
Il appuie ses dires en levant les sourcils de façon ambigüe et pose sa main sur mon épaule pour descendre mon bras en suivant le lierre qui le parcourt.
- C'est que tu prends du volume. Le sport te fait du bien à ce que je vois.
- Attention mec, on pourrait prendre ça pour de la drague.
Son rire revient à la charge et il me pousse vers la douche pour se débarrassé de moi et de ma répartie.
- Vas te doucher au lieu de dire des conneries.
Je souris jusqu'à m'enfermer dans la petite pièce où je me débarrasse de mon tee-shirt et du reste de mes vêtements. Quand je me glisse sous l'eau chaude, mon visage est dur, j'appréhende cette soirée. Victor se jette dans la gueule du loup avec Lucas présent dans la maison. J'ai peur de ce que mon frère pourrait dire.
A vingt heures, nous sommes tous rassemblés dans le séjour en attendant nos invités. Lucas rumine dans son coin en faisant des aller-retour entre la salle de jeu et le salon, mon père finit de préparer le repas dans la cuisine et ma mère retouche une seconde fois son maquillage et lisse sa robe noire. Elle est magnifique mais elle en fait un peu trop.
Je dis ça mais quand Julie débarque, elle porte une incroyable robe rouge pétante soulignant ses formes. Je décide que mon portable est plus intéressant, évitant par tous les moyens de tomber sur la silhouette de Victor.
- Victor, ça fait longtemps.
- Oui.
Ma mère lui fait la bise avec entrain, une réaction totalement sincère. Je suis maintenant sûr qu'elle est au courant pour lui et que malgré tout elle ne le rejette pas. Cette prise de conscience pourrait surement m'aider à avouer la vérité à ma mère un de ces quatre.
Je remarque que Lucas vient dire bonjour aux trois membres de leur famille, même à Victor. Je ne sais pas à quoi il joue, ou bien il veut faire plaisir à maman pour une soirée. Très vite, nos pères commencent leur discussion puis nos mères, déjà parties dans leurs commérages infinis.
- Les garçons, si vous alliez dans la salle de jeu.
Pire idée du monde, instaurée par les parents qui veulent se débarrasser des enfants. Mais bon, ils veulent parler entre eux sans nous avoir dans les pattes alors je me laisse faire. Je relève donc un regard blasé sur ma mère qui m'ignore complétement, puis me lève avec la lenteur d'un escargot et m'engouffre dans le couloir, direction l'un des fauteuils dans lequel je m'affale sans aucune grâce.
- Tu veux jouer à quoi ?
- Fifa ?
- Oh, non. Il me soul ce jeu.
Lucas ouvre l'une des boîtes où sont rangés les jeux de Playstation pour fouiller à l'intérieur. Chacun des jeux qu'il sort ne me passionne pas particulièrement pour ce soir et je me contente de secouer la tête à chaque fois.
Je vois mon frère changer d'expression entre deux jeux, j'en déduit que Victor est dans la pièce. Mon corps réagit aussitôt à sa présence même si je ne le vois pas encore. Pour lui faire oublier la présence du blond, je secoue de nouveau la tête et son impatience atteignant son paroxysme, il me frappe le crâne avec la pochette du CD de GTA.
Je me retourne finalement vers Victor pour l'inclure dans notre cercle restreint.
- Et toi, Victor, tu veux jouer à quoi ?
- Je ne sais pas jouer.
Ça ne m'étonne pas, Victor est loin du mec geek adepte des jeux vidéo. Il préfère largement les livres aux écrans. Je fais la moue en admirant finalement l'accoutrement qu'il porte. Une éternelle chemise bleue marine, pour une fois, et un jean soft passe partout.
- Dans ce cas je vais t'apprendre.
Victor reste stoïque mais ne quitte pas mon frère des yeux. Il se méfie de lui et il a de quoi. Il finit par hausser les épaules alors que Lucas, que je vois enfin après m'être retourner, ouvre la bouche comme un poisson avant de froncer les sourcils.
- Je peux seulement vous regardez ça ne me dérange pas.
J'hoche la tête à la négative sans le regarder alors que Lucas fronce le nez pour retenir sa joie. Et bien mon cher frère, je ne vais pas te faire ce plaisir.
- Nan, tu vas t'emmerder. Viens.
Je tape la place à côté de moi et il me rejoint en traînant les pieds. Je ne pense pas que ça le dérange, il a juste peur des réactions de Lucas. Mon frère affiche un air blasé en me fusillant du regard.
- Lucas, met Need For Speed.
Je donne la manette posée sur l'accoudoir à mon voisin, assis à côté de moi sur le sofa. Il est tellement étroit qu'on est presque l'un sur l'autre. Je lui indique ce qu'il doit faire avec les différents boutons. Pendant le jeu, je ne regarde que ses doigts sur les touches et le visage de mon frère derrière lui qui fulmine encore, dégouté de partager une partie avec lui. Sa phobie est pire que ce que je pensais, il a un vrai problème. Je ne serais pas surpris qu'il lave la manette après. C'est pire que du racisme.
Dans tout ça, Victor n'est vraiment pas doué, avec une coordination désastreuse de ses doigts ce qui l'envoie régulièrement dans le décor. Tout cela est à mourir de rire. Je ne me gêne pas pour replacer ses doigts régulièrement appréciant ce simple contact qui parait complétement dérisoire. Au bout d'un moment, j'en ai marre que Lucas gagne, je récupère la manette et lui met une raclée.
Victor ne quitte pas l'écran des yeux jusqu'à ce qu'on soit appelé par mes parents pour manger. Nous nous retrouvons autour de la table, Victor en face de moi et Lucas à ma droite. Les grands parlent entre eux, mon ainé très concentré sur leur conversation, nous ignorant totalement.
Je fixe mon téléphone dans le silence, écoutant les ragots sur le quartier que nos mères s'empressent de divulguer. C'est incroyable ce qu'elles peuvent être intrusive dans la vie de nos voisins.
Je reçois une notification, un message de Jules qui me demande comment se passe ma soirée. Il m'a appelé il y a quelques heures pour savoir si je venais à la fête de ce soir et j'ai dû lui expliquer pourquoi j'étais coincé à la maison.
Hugo, 20h35 : TENDUE. J'AI PEUR QUE MON FRÈRE FASSE UNE GAFFE.
Je reçois très vite un deuxième message.
Jules, 20h37 : MERDE ! J'AVAIS OUBLIÉ QUE TON FRÈRE LE DÉTESTAIT. FAIS ATTENTION AUX LANGUES FOURCHUES.
Ces conseils ne m'aident pas vraiment. Je ne peux pas garder ma réputation et prendre la défense de Victor. Tout ça risque de mal finir. Alors que je m'apprête à retourner sur le fil d'actualité de mon compte Facebook, je m'étouffe presque entendant mon frère ouvrir sa gueule.
- Ça ne doit pas être facile pour Victor.
Je relève la tête vers lui, une barre entre les deux sourcils, prêt à le prendre à la gorge. Victor a lui aussi relever la tête et semble complétement abasourdie. Je sens son stress de l'autre côté de la table.
- De quoi parles-tu ?
Jacques, le père de Victor, dévisage Lucas avec beaucoup d'attention alors que sa mère fronce les sourcils. Ils ne sont véritablement pas au courant ou alors ils s'attendent à bien pire, si ça existe dans le monde dans lequel nous vivons. Je tourne la tête vers Victor qui rougit à vue d'œil. Je crois même qu'il ne respire plus depuis que Lucas a ouvert la bouche.
Je décide d'interpeler mon ainé pour que Victor puisse se tranquilliser mais surtout pour qu'il se taise, ce qui ne semble dans ses projets. Tout le monde est pendu à ses lèvres, ma mère à la tête baissée, elle doit avoir honte de ce que son fils s'apprête à faire. Mon père, lui aussi attend patiemment la révélation du siècle.
- Bah... avec ce qu'il est, ce ne doit pas être facile tous les jours. Mais je suis impressionné qu'il assume autant, peu de gens en serait capable.
Il se tourne vers lui en faisant mine d'applaudir. Je prends son bras pour qu'il se confronte à mon regard noir mais son sourire me bloque complètement. Je m'en veux d'être aussi lâche.
- Mais il est quoi ?
Jacques se penche sur la table pour pouvoir voir son fils à l'autre bout de la table.
- Vous ne saviez pas ?
Lucas en rajoute, faussement abasourdie par la nouvelle. Son père semble de plus en plus irrité. Ma tête bourdonne alors que je mords ma lèvre inférieure pour me retenir d'exploser et de faire mon propre coming out et qu'on oublie Victor une minute.
- Mais savoir quoi ?
Victor lève la tête une seconde pour plonger son regard dans celui de son père et finalement ne pas pouvoir dire un mot. Ça ne devait pas se passer comme ça, il devait pouvoir choisir son moment et la façon de le leur dire. Je remarque que sa mère passe sa main sous la table, surement pour prendre la sienne.
Elle le soutient malgré tout, je ne peux pas laisser passer ça, je ne peux pas ne rien faire alors que son monde risque de s'écrouler. Je retente une approche auprès de mon frère mais il m'ignore complétement.
- Il est homosexuel.
Et là, silence de plomb. La boule immense qui se forme dans ma gorge explose et une fureur immense se déverse dans tout mon corps, je ne peux même plus relever la tête pour voir la détresse de Victor. Je ne pourrais pas affronter son regard emplit de tristesse et peut-être même de larmes, je ne pourrais pas voir son corps figé par l'effroi et me dire que je ne pourrais même pas le prendre dans mes bras. Ce serait insupportable pour moi, tout comme ce silence pesant qui a soudainement remplit la maison.
Finalement, le bruit du raclement de la chaise sur le sol me ramène à la réalité. Victor est debout, le regard baissé sur le sol. J'aperçois sa pomme d'Adam faire quelques va et vient avant qu'il ne prenne la parole.
- Je crois que je vais rentrer. Lisa, le repas était très bon, merci de m'avoir invité. Bonne soirée.
Et Il tourne les talons, figeant le reste du monde jusqu'à ce que la porte claque. Ses parents ont le regard dans le vague, perturbés par cette révélation tonitruante dans leur vie. Quand il est enfin dehors, ma mère explose et traite mon frère de tous les noms pendant que mon propre père accuse lui-même le coup. Je crois que le pire dans tout ça, c'est de voir le sourire victorieux de Lucas.
A mon tour je me lève sans un mot, arrêtant net ma mère dans ses insultes, et toujours sans ouvrir la bouche, je sors à mon tour.
- Hugo, où est-ce que tu vas ?
Je ne l'écoute même pas, ni ne lui réponds. Il faut que Victor sache qu'il peut compter sur moi maintenant, quoique ses parents en disent. J'ai besoin de cette place dans sa vie que je m'efforce de reprendre depuis une semaine.
Le froid hivernal me glace, aussitôt le pied mit dehors, mais je m'en contre fiche. Tout ce qui m'intéresse c'est cette silhouette dans la pénombre qui traine les pieds pour rejoindre sa maison.
- Victor.
Il s'arrête mais reste de marbre, ne voulant pas soutenir mon regard. Je prends les devants, espérant qu'il soit réceptif.
- Je suis désolé pour ce que mon frère à fait, il est...
Je me stoppe net en voyant les larmes perler sous ses yeux, ressortant grâce aux lampadaires dans la rue. Mon cœur se serre dans ma poitrine, à m'en faire mal, malgré son sourire qui se veut surement rassurant. Tout ce que je vois c'est la détresse qu'il y a dans son regard, cet effondrement intérieur qui vient aussitôt se répercuter sur mon propre corps. J'ai l'impression de mourir en le voyant aussi anéantie.
- Il a dit ce que je n'ai jamais sue dire. Au moins, c'est fait maintenant.
- Ce n'était pas censé se passer comme ça.
Ce n'est pas censé se passer comme ça. Il avait le droit de choisir à qui il voulait le dire. Lucas lui a enlevé la chance de le faire en douceur et à sa manière. Il hausse les épaules et lève les yeux vers le ciel pollué par l'éclairage lumineux.
- Tant pis. Bonne nuit.
Cette réponse ne me convient pas. Je sais qu'il est déçu et en colère, qu'il est triste et déboussolé. Je veux être un pilier pour lui, une bouée de sauvetage à laquelle il peut se raccrocher mais surtout, l'une des personnes à qui il peut se confier.
Plus il avance et plus ma tête me tourne. Mon cœur me hurle de le rattraper mais ma tête croule sous les interrogations. J'ai besoin de ma spontanéité, celle qui me fait plonger tête baissé sans aucun plan, j'ai besoin que mon cerveau se mette sur Off.
- Victor, attends.
- Hugo, s'il te...
Je ne lui laisse pas le temps de me rembarrer et plaque mes lèvres sur les siennes. La sensation est aussi puissante que celle que j'ai imaginé pendant toutes ses années. On en avait besoin tous les deux et je me perds contre ses lèvres si douce et enivrante.
Je ne veux plus le lâcher, le garder contre moi, quitte à ne plus respirer. Sur ma main posée sur sa joue pour ne pas qu'il s'écarte, je sens ses larmes ruisselées, incapable de les retenir plus longtemps. Mon cœur explose enfin dans ma poitrine, ne supportant plus ce poids immense que je porte depuis tellement de temps.
Je m'écarte finalement comme si je m'étais brûlé, réalisant ce qu'il vient de se passer. La chaleur qui se répand dans mon corps contraste énormément avec la chaleur extérieure. Son regard surprit et ses joues rosies me font prendre conscience de ce qu'il vient d'arriver et je regarde dans tous les sens pour m'assurer que personne ne nous a vu. Mon cœur tambourine fort contre ma cage thoracique, en parfaite harmonie avec sa respiration saccadée.
- Ce n'est pas ce que tu crois. Euh... tu me le devais... après le... l'action ou vérité. Euh... si t'en parles t'es mort.
Ma panique est pire que ce que je pensais, je bégaye comme un con pour finir par déguerpir plus vite que je ne voudrais le montrer. Je ne fais même pas attention à Victor que je laisse en plein milieu du trottoir, dans le froid.
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