32 : Une Soirée En Amoureux

Je me réveille tout doucement, après avoir passé l'une des meilleures nuits de cette année. Chacune des autres, je les ai passé avec Victor. J'émerge dans le lit que j'occupe, dans la pénombre de la petite chambre, reposé et pas trop décidé à sortir du lit. Je prends mon portable pour surfer un peu sur internet et les réseaux sociaux et quand je me rends compte de l'heure qu'il est, je finis par m'assoir sur le bord du lit et me frotte les yeux pour me réveiller pour de bon.

En sortant, je remarque que la porte de Jules est encore fermée, il doit encore dormir et ça ne m'étonne pas. Sans réveil, il pourrait dormir pendant tout une journée. Je descends les escaliers sans trop regarder autour de moi et me dirige directement dans la chambre de Victor qui est grande ouverte. Elle est déserte, mais une tâche rouge sur le lit attire mon attention.

Je prends le pull rouge entre mes mains et un sourire se dessine sur mon visage quand je reconnais mon vêtement. Je suis en train de me demander ce qu'il fait là, mais surtout ce qu'il fait dans son lit, quand je réalise qu'il a surement dormit avec. Je crois qu'il se met des barrières seulement parce qu'il est têtu et obstiné à rester sur ses positions mais je suis sûr qu'au fond de lui il aimerait pouvoir enfin les laisser tomber.

Je l'emmène avec moi dans ma chambre, bien décidé à le porter un de ces quatre pendant notre voyage et quand je redescends, je remarque que Léa et Victor sont dehors sous les rayons du soleil levant et dans le froid printanier. Quand j'arrive sur la terrasse, Léa relève la tête vers moi et me sourit. Je passe à côté de Victor qui me dévisage comme si je ressemblais à un zombie et ça ne m'étonnerait pas que ce soit le cas. On est tous crevés.

Je lui souris avant de m'assoir, la boule au ventre, à l'écart de mes amis pour ne pas les enfumer et sort une clope de mon paquet. Quand je repose les yeux sur Victor, je me confronte à son regard désapprobateur.

- Pas maintenant, s'il te plait.

Il lève les mains en signe d'abandon et propose à Léa d'aller réveiller Jules pour qu'on puisse manger tous ensembles. Quand il a disparu, Léa se retourne vers moi, elle-même désapprobatrice :

- Tu peux arrêter du lui parler aussi mal.

Je pousse un soupir qui expire la fumée de mes poumons en baissant les yeux. Elle a tellement raison, ça me fait mal de l'admettre.

Victor se met à bosser juste après le petit déjeuner et aucun de nous n'a envie de le suivre, juste le troisième jour des vacances. La deuxième semaine est là pour ça. Nous partons donc tous les trois à la plage pour le reste de la journée déjà bien avancé.

Léa ne se risque pas à aller dans l'eau et se laisse bronzer sur le sable frais en ce début de saison. Jules et moi sommes complètement fou et nous sautons à l'eau aussitôt en maillot de bain. Le froid est anesthésiant, très vite je ne sens plus rien. Je ne sens plus mes pieds, ni mes bras et encore moins mes testicules. Il nous faut un certain temps avant de rentrer entièrement dans l'eau.

A vingt heures, le soleil est sur le point de disparaitre et Jules et moi décidons qu'il est temps d'aller se réchauffer sur le sable. Mon meilleur ami se jette sur la jeune fille blonde, encore trempé, ce qui lui vaut tout un flot d'injure bien mérité. Nous rigolons tous les deux pendant de longues minutes et Léa se venge en nous jetant nos tee-shirts à la figure.

Le couché de soleil est éblouissant, les rayons se reflétant sur la surface de l'océan comme des filets d'or. C'est magnifique, cette couleur me rappelle les cheveux du garçon de dix-sept ans.

Léa m'interpelle, me sortant de mes pensées et du bonheur dans lequel je m'étais plongé, pour me demander si je veux aller manger quelque chose avec eux. Sur le point de dire oui, mes yeux se lèvent sur la rambarde en haut de la dune à l'orée de la plage et tombe sur la source de mes rêveries.

- Non, je dois faire autre chose.

Léa suit la direction de mon regard avant d'hocher la tête. Je m'habille avant de leur dire à tout à l'heure et de remonter l'escalier en bois pour rejoindre Victor.

Il ne me remarque pas tout de suite, les yeux rivés sur ses deux mains jointent sur la rambarde. Et puis finalement, sa tête se relève face à l'océan avec un sourire resplendissant. Je ne sais pas à quoi il pensait, mais le voir aussi heureux me fait chaud au cœur.

Je pose ma main sur son épaule pour lui faire part de ma présence et il sursaute en retirant ses écouteurs. Sa joie revient quand il se rend compte que c'est moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je t'ai vu d'en bas. Tu avais l'air en grande réflexion avec toi-même.

- Il faut bien que ce séjour serve à quelque chose.

C'est exact. Je ne me suis pas vraiment remit en cause ces temps-ci, si on oublie mon laïus devant lui hier et les paroles de Léa, mais jamais je ne m'y suis mis tout seul. Il s'assoie sur le banc et je le rejoins.

- Tu as l'air en meilleure forme.

Ça me fait plaisir de le voir sourire.

- J'ai décidé d'arrêter de me prendre la tête.

- Bonne nouvelle.

Il me tire la langue. Un instant, je le vois se perdre à la contemplation des passant dans la rue, puis, il revient vers moi et m'embrasse gentiment. Ses mains se saisissent de ma nuque pour approfondir le baiser. J'attendais ça depuis plus d'une semaine.

- Que me vaut le plaisir ?

- Je n'ai pas le droit ?

Je m'empare de son corps pour le rapprocher de moi et le prendre dans mes bras. C'est agréable.

- C'est tellement rare que tu prennes les devant.

- Je me réinvente.

J'éclate de rire avant de reprendre le chemin de ses lèvres, faisant battre mon cœur encore un peu plus dur pour lui.

Nous avons passé le reste de la semaine ensemble, sans prise de tête. Il a plu pendant deux jours alors nous avons joué aux jeux de société, nous nous sommes expliqués encore une fois, sans alcool pour ne pas que ça parte en vrille et finalement, nous avons regardé des films.

J'ai été heureux de voir Léa et Jules se rabibocher pour que nos relations s'apaisent et que Jules n'en veuille plus à la Terre entière. Cette semaine nous à permit, à Léa et moi, de nous rapprocher et de pouvoir mettre des mots sur mon comportement envers Victor. J'espère que mon copain et Jules ont pu en faire de même. Je dois bien l'avouer, même si ça m'énerve, l'idée de nos mères était plutôt bonne.

Le jeudi, pendant que Léa et Victor font les courses en bas de la rue pour faire le repas, Jules et moi nous prélassons sur le canapé. Je remarque que Jules a le regard perdu dans la pièce, son portable à côté de lui. Sans sa sœur, il n'a plus de raison de le regarder.

- Tu te sens bien ?

Il se redresse en entendant ma voix et pose les yeux sur moi.

- En ce qui concerne Léa, Victor et toi, je pense que tout revient petit à petit à la normale. En ce qui concerne ma sœur... je n'arrive pas à mit faire.

Je baisse les yeux en m'excusant de ne pas avoir été là pour lui et il me certifie avoir sa part de responsabilité dans cette histoire.

- On fait la paix ?

Jules me sourit de toutes ses dents. On n'a jamais trop fait de cérémonie, il fallait seulement qu'on redescende et puis tout repart comme avant.

- On fait la paix.

Pendant le repas, nous avons bien rigolé et finalement nous sommes allés regarder le coucher du soleil sur la plage où Jules n'a pas arrêté d'embêter Léa alors que Victor et moi restions collé l'un contre l'autre dans l'optique de ne plus se quitter. Pour finir, ils se sont tous les deux retrouvés le nez dans le sable, un spectacle à mourir de rire.

Toute la tension des deux dernières semaines s'est tranquillement évaporée alors que nous profitions de nos vacances bien méritées. Allongés sur son lit, je profite de notre séjour, à ma manière, en passant du temps avec Victor, et surtout pour l'embrasser à en perdre haleine.

- Les garçons !

Victor se laisse retomber sur l'oreiller, agacé, une réaction qui m'amuse plus qu'autre chose. C'est drôle de voir que Victor commence à se rendre compte que Léa est insupportable et qu'elle a tendance à nous interrompre dans n'importe qu'elle situation. Elle hurle de nouveau, accentuant mon sourire amusé.

- Quoi ?!

- Faut que je vous parle ! Alors arrêtez de vous tripotez et descendez.

Victor pousse un râle d'énervement et j'éclat de rire en enfonçant mon visage dans son cou. Jamais je n'aurais cru qu'il se plaindrait un jour de ne pas pouvoir approfondir des préliminaires.

- Bon, vu que c'est notre dernière soirée, je pensais qu'on pourrait faire une sortie en amoureux.

- Oh ouais, vous sortez, on a la maison pour nous deux.

Léa grimace de dégoût et me jette un regard qui en dit long sur ce qu'elle pense de moi avant de reprendre ses potins en faisant abstraction de mes remarques.

- Je ne veux même pas savoir ce que tu as en tête. Non, moi je pensais à un resto, un genre de tête à tête, histoire de pas avoir les meilleurs potes sur le dos...

- Et les grimaces dégoutées en prime.

Elle me tire la langue, me faisant apprécier cette complicité naissante. Dans tout ça, tout le monde approuve l'idée, ça nous sortira de notre chambre pour profiter de l'autre.

Quand tout le monde reprend ses activités, je me rends compte que je ne sais pas trop quoi faire ce soir avec Victor et qu'un restaurant me parait à la fois trop banale et un peu trop exposé aux jugements des gens. Je n'ai pas envie de me prendre la tête, je veux juste passer un bon moment.

- Léa !

J'attends une minute avant de la voir réapparaitre. Elle croise les bras contre sa poitrine pour me faire affront, ce qui ne me fait ni chaud ni froid, avant que j'attrape son bras pour l'emmener dans la cuisine à l'abri des oreilles indiscrètes.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Je grimace et un petit sourire en coin s'affiche sur son visage.

- Tu ne sais pas quoi faire, c'est ça ?

Je lui envoie un regard noir qui l'a fait rire. J'attends, m'impatientant, qu'elle se calme. Elle reprend finalement son sérieux et son regard se perd dans la pièce.

- Je suppose que si tu me demande de l'aide, c'est que tu n'as pas envie d'aller dans un endroit bondé. (J'acquiesce) Bon, je m'occupe de la bouffe, pour le reste, je te laisse faire.

J'ouvre de grand yeux surprit avant de prendre ses deux épaules et de lui dire :

- T'es un ange, je te remercie !

Et j'ajoute et partant de la cuisine :

- Je t'adore !

- Laisse-moi en douter !

A dix-neuf heures, Jules sort de sa chambre après avoir enfilé une chemise, loin d'être dans ses habitudes, pendant que j'en fait de même après avoir remplis un sac à dos à ras-bords.

- Stressé ?

- Moi, non jamais.

Je dévisage mon meilleur ami en plantant mon regard abyssal dans l'océan de chocolat du sien pour le faire craquer. Rien qu'au tremblement de ses mains, je sais qu'il ment.

- C'est bon tu as gagné ! Je suis mords de peur.

Je lui lance un petit sourire d'encouragement.

- Ce n'est que Léa, détends-toi. Ce n'est pas comme s'il n'y avait rien entre vous et que tu ne savais pas qu'elle t'aime.

Nous nous retrouvons tous les quatre sur le trottoir devant la maison. Je fixe Jules, ou plutôt ses mains qui tirent frénétiquement sur son pull dans un espoir vain de se tranquilliser. Quand Victor arrive, je reste complètement bouche bée. Je soupçonne Léa d'avoir joué à la poupée pour qu'il se retrouve avec les cheveux rejetés en arrière et maintenue par une couche de cire qui appartient surement à Jules.

J'entends à peine Jules me demander où nous allons ce soir et il me faut toute la raison du monde pour quitter Victor des yeux et lui donner une réponse évasive. J'aime ce que Léa à fait de lui mais je le préfère comme il est d'habitude. Il n'a pas besoin de ça pour que je l'aime. Je l'aime même au réveil quand ses cheveux sont en bataille le matin et qu'il dort la bouche ouverte.

- Bon et bien, bonne soirée.

Jules attrape la jolie blonde par la taille et l'entraine à sa suite pour passer au-dessus de la maison et remonter la dune alors que j'entraine Victor à ma suite, direction la plage.

- Où est-ce qu'on va ?

- Tu verras.

Je lui tends la main, qu'il prend sans hésiter mais toujours un peu méfiant sur notre destination. Dans tous les cas, sentir sa peau contre la mienne me fait l'effet d'une bombe. Explosant mes terminaisons nerveuses et laissant d'agréable sensation remonter mon bras pour venir percuter mon cœur, qui, après un sursaut, se met à battre comme un fou. Des étoiles dans les yeux, Victor me suit sans jamais me quitter des yeux.

Je m'arrête finalement devant la balustrade à quelques pas de la plage et regarde l'océan calme transpercer par les rayons du soleil. Par chance, il n'y a pas trop de vent aujourd'hui, quelque chose de très rare sur la côte atlantique.

Je tourne la tête vers Victor, hypnotisé par le paysage pendant que je me perds dans la contemplation de sa beauté. Le soleil donne à sa peau une couleur ambré et fait scintillé ses cheveux blonds, comme s'il était fait d'or. Le rendant plus beau encore qu'il ne l'est, un joyau que je ne voudrais jamais voir disparaitre. Je remarque ses tremblements de froid malgré la douceur de la soirée. Je passe alors mes bras autour de son corps pour le réchauffer et regarde le ciel coloré d'un certain nombre de nuances d'orange, ainsi que du rose et du violet. Je pose finalement mon menton sur son épaule et lui susurre à l'oreille :

- Tu viens avec moi ?

- Il va faire froid.

J'affiche un sourire qui se veut rassurant et lui reprend la main, nous guidant dans le sable, nous éloignant le plus loin possible de la civilisation mais pas trop, pour ne pas perdre de temps sur le retour. Je sors une couverture que j'ai trouvé à la villa que je donne à Victor et le pique-nique de Léa.

- Tu as chipé le sac d'Hermione Granger ?

- Nan, je n'ai pas trouvé le moyen d'entrer dans l'univers d'Harry Potter donc j'ai bourré comme un con. Léa a préparé tout ça.

- C'est mieux que rien.

Je lui rends son sourire avant de lui tendre un malheureux sandwich. Je prends le mien et m'assoit en regardant l'horizon qui disparait petit à petit, au fur et à mesure que le jour décline. Je ne comprends pas l'appréhension de Jules. Quand on aime vraiment, qu'on soit dans un palais ou tranquille à la maison, c'est simplement le moment qui compte. C'est ce que je ressens, quand je suis avec Victor.

A la fin du repas, Victor se calle contre mon torse et je passe la couverture autour de nous pour garder la chaleur. Les bras autour de lui, dans un geste protecteur, je sens son cœur battre sereinement sous mes paumes et je bénis quel que soit la force qui nous a réunis, de l'avoir ramené jusqu'à moi, bien vivant et en bonne santé. La sérénité du lieu est rafraichissante et le bruit des vagues berce nos respirations alors qu'elles se mettent sur le même diapason. J'ai presque envie que ce moment ne s'arrête jamais et qu'on reste ici tous les deux pour l'éternité.

- Victor ?

- Hum.

J'essaye de prendre mon courage à deux mains. J'ai besoin qu'il l'entende une bonne fois pour toute et qu'il me croit. Il faut que j'arrête d'avoir peur. Et quand son regard se plante dans le mien, je la sens s'envoler.

- Je suis désolé, pour tout. Depuis aussi loin que je peux me rappeler, tu as toujours été le garçon le plus gentil, aimable et serviable que je connaisse. Même après toutes ses années de torture, tu n'as jamais baissé les bras, tu n'as jamais rendu coup pour coup même si le coup de poing que j'ai reçu, je l'ai bien senti. Malgré tout ça, tu m'as quand même donné une chance, et pas seulement une. Jamais je ne pourrais être à la hauteur de qui tu es.

Je regarde nos phalanges entrelacées, comme lui. Je sens une boule d'angoisse se formé dans la gorge en me demandant si je n'ai pas fait une gaffe. Je sens mon visage s'échauffé d'avoir balancé ce que j'avais sur le cœur et je remercie la nuit de cacher mon trouble.

- Je voulais profiter qu'on soit que tous les deux pour te dire ça.

Ma voix me parait moins assuré mais Victor balaye toutes mes craintes avec :

- Je suis content que tu le pense vraiment.

Je ressers mon étreinte, heureux qu'il s'en rende compte.

- J'ai été con et jaloux alors que je savais pertinemment que tu m'aimais du plus profond de ton cœur. J'ai été égoïste.

- C'est bien que tu le reconnaisses.

J'affiche un sourire amusé devant tant d'arrogance. Le silence revient mais il n'est pas pesant. On a mis les choses au clair, je me sens bien en cet instant, il ne me faut rien de plus.

- Tu as pu rentrer chez toi du coup ?

- Ma mère a foutu mon père dehors après qu'il aurait maugréé toute une semaine sur mon compte parce qu'apparemment je la faisais pleurer. Elle a aussi posé un ultimatum à mon frère en lui disant que ce n'était pas la peine de revenir à la maison s'il n'est pas capable de me supporter, même le temps d'un week-end. Ça fait du bien d'avoir quelqu'un de mon côté.

- Je suis heureux pour toi, vraiment. Ta mère est une femme formidable, ça m'aurait fait chier qu'elle ne puisse plus te voir à cause de tout ça.

- Tu avais raison, il fallait simplement que je lui parle.

Il me sourit avant de poser sa tête sur mon cœur et enlaçant à son tour mon buste. C'est tellement agréable de se sentir aimé, désiré. Son souffle de vie est la seule chose que je veux préserver, autant que son amour pour moi. Alors, dans un dernier élan de sincérité, je l'interpelle.

- Victor ?

Malgré le peu de luminosité, son regard de glace reste transcendant et un instant, je me perds dans cette océan bleuté, pétillant et remplit d'amour.

- Je t'aime.

Sur le coup, il reste complètement immobile et je me demande s'il m'a entendue. Une immense gêne s'insinue en moi et une chaleur sourde monte jusqu'à mon visage. Mais très vite, ses yeux se voilent de surprise et la même chaleur atteint son visage si parfait.

- Moi aussi, je t'aime.

Complètement anesthésier par cette échange de promesse, je perds la tête et mon cœur me hurle de combler cette distance affreusement trop grande qu'il reste entre nous. Mais Victor est plus rapide que moi et une fois que nos bouches se rencontrent, une certaine frénésie nous emporte. Le baiser que nous partageons en cette instant et dénué de douceur, il est furieux, pressant, empli d'un désir sans égal, puissant. Quand nous nous détachons enfin, la réponse à la seule question que nous nous posons est lisible sur nos visages à des kilomètres à la ronde.

- On rentre ?

- On rentre.

Je ne sais pas comment on arrive jusqu'à la villa aussi vite, sans avoir déchirer nos vêtements. Ce n'est pas grâce à moi, car si ça n'avait tenue qu'à moi, on serait toujours en bas de la rue, contre un mur, incapable de nous retenir. A peine de seuil franchit, que je soulève la chemise de mon petit copain pour poser mes mains contre sa peau.

Nos bouches se retrouvent irrémédiablement et nos tee-shirts disparaissent très vite du paysage. Une fois dans sa chambre, Victor se laisse tomber sur le matelas sans me lâcher alors que nos langues jouent toujours l'une avec l'autre. Mais un bruit bizarre nous arrête d'un coup dans notre entrain. Alors que le silence revient et que le grincement vient emplir toute la maison, nous éclatons de rire en nous rendons compte de ce qu'il se passe à l'étage.

Je replonge finalement dans son regard qui ne laisse paraitre aucune hésitation, je n'ai aucun doute sur ce qu'il va se passer ce soir. Au diable Jules et Léa qui s'envoie en l'air, au diable les convenances et les codes sociaux, au diable les jugements et la peur de l'échec, tout ce qui m'importe en cette instant est ce garçon qui me dévore du regard comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je viens recouvrir ses lèvres doucement avec les miennes à la minute où la porte claque.

Ce soir je profite de ma chance, ce soir j'oublie ma peur, mes problèmes et toute la haine, ce soir je ne veux que profiter de ce garçon qui m'a sauvé la vie, de nous, de l'amour. Ce soir, je suis moi et personne d'autre.

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