30 : Je n'ai Jamais...

Le lendemain matin, ma mère me secoue dans mon lit pour que je me réveille.

- Hugo ! Lèves-toi avant que Jules arrive.

- Je n'en ai pas envie ! Je suis en vacances, j'ai le droit de dormir !

Elle arrête d'un coup ses assauts et j'en profite pour faire plus qu'un avec le matelas dans l'optique de me rendormir comme un loir. Mais ma couette disparait momentanément et je me relève vivement pour la fusiller du regard.

- Tu as cinq minutes pour t'habiller. Tes amis t'attendent dans la rue.

Je me laisse retomber en rallant.

Arrivé à la voiture, je me débarrasse de mon sac dans le coffre avant de m'affaler sur le siège passager et de me couper de tout ce qui m'entoure. J'ai bien l'intention de dormir pendant les quatre heures à venir et de ne laisser personne m'en empêcher.

- Tu as les clés ?

Jules acquiesce avant de se rattacher et de nous demander si nous sommes prêts. Je marmonne un « oui » peu convainquant sans ouvrir les yeux. La musique à fond dans les oreilles, la capuche sur la tête et mon manteau en guise de coussin, je me perds dans les méandres de ma conscience à la recherche de Morphée.

Quatre heures et des brouettes plus tard, j'émerge alors que je reconnais l'endroit où nous nous trouvons. Nous ne sommes plus qu'à quelques minutes de la station balnéaire. Je suis plutôt heureux quand Jules se gare devant la petite villa et que je puisse enfin me dégourdir les jambes et m'étirer. Les odeurs de sable et de marée emplissent déjà nos narines avec un sentiment de dépaysement plutôt agréable.

- C'est ça que vous appelez une villa ?

- La dénomination « villa » ne veut pas dire grosse maison blanche qui transpire l'opulence mais plutôt maison de vacances. Le plus courant est à la mer.

Jules lève les yeux aux ciel et je tape son épaule. Il n'a pas l'habitude de partir en vacances, il ne connait rien d'autre que ce qu'on peut voir dans les films.

Je suis Victor jusqu'à l'intérieur et le regarde s'émerveiller. Cette maison est comme un échappatoire bienvenue dans notre quotidien. Finalement, on avait vraiment besoin de ça.

- On fait quoi ?

Je lui souris pour rattraper mon humeur de chien de ce matin.

- Ouvrez les volets et les fenêtres pour renouveler l'air.

Je me mets au travail avec les deux autres invités avant de commencer à sortir les sacs du coffre. Je passe plusieurs fois devant Léa et Victor qui parlent tranquillement pendant qu'on s'affaire et je surprends la dernière phrase qu'il lui dit en rigolant :

- J'espère qu'il y a quelque chose de normale à manger.

Puis Victor se concentre sur nous trois et annonce :

- Il y a quatre chambres, choisissez celles que vous voulez.

Je ne me fais pas prier pour courir à l'étage, un sac à la main et le jette dans la chambre à gauche, Jules prends celle de droite. Quand nous sommes enfin tous installés, il est au environ de seize heures et Victor nous propose d'aller visiter la ville si jamais nous voulions nous balader seul.

Nous remontons la dune pour ensuite redescendre la rue jusqu'à des allées piétonnes, désertes en plein mois d'avril. Il y a une dizaine de glacier répartie un peu partout, perdu entre les boutiques de vêtements et de souvenir, toutes fermées en dehors de la saison. Seuls les commerces essentiels sont encore ouverts, tel que les boulangeries ou les magasins de proximité.

Nous descendons jusqu'au front de mer. Victor s'arrête devant l'océan, les avant-bras posés sur la rambarde en bois, pensif. Le soleil baisse en intensité et donne à sa peau une jolie couleur ambrée et augmente la couleur miel de ses cheveux. Il est à tomber.

- C'est apaisant.

- En effet.

- Ça vous dit on prend une photo ?

Je fais comme si je ne l'avais pas entendu et dévore mon voisin des yeux. J'entends pourtant le soupir de Jules qui parle au nom de nous trois.

- Vous êtes chiant. On est là pour nous réconcilier et tout ce que vous arrivé à faire c'est bouder dans votre coin.

Victor se retourne et affiche un air vraiment affligé.

- Je suis désolé, Léa.

Elle se relève et nous fusille tous les trois du regard.

- Je me fou de vos excuses, prenez cette photo avec moi.

Le garçon de dix-sept ans lui assure vouloir faire le bien et se tourne vers nous pour nous encourager à en faire de même. Nous accédons à leur requête. Léa apostrophe une des rares personnes présentent sur le front de mer pour qu'elle nous prenne en photo. La personne accepte et Léa revient entre Jules et Victor, je suis de l'autre côté du jeune blond. Je ne lâche pas Victor des yeux, impressionné par sa force de caractère et sa façon qu'il a de toujours nous rassembler quoi qu'il arrive. Je ne sais pas comment il fait mais je sais que c'est une des qualités que j'aime le plus chez lui.

Je lui souris pour faire disparaitre cet air interrogatif sur son visage qui le rend plus jeune qu'il ne l'est. Des fois, j'ai l'impression qu'il est plus âgé que moi et d'autre où il parait tellement innocent. J'aimerais que tout revienne comme il y a une semaine, ne plus l'avoir près de moi est une torture. Encore plus quand je vois tous ses doutes à travers ses magnifiques yeux bleus ciel.

Nous rentrons aussitôt, Jules et moi nous laissons aller dans le salon, pendu à nos portables, pas très bavards. Léa est la seule à mettre de l'ambiance dans la maison, alors qu'aucun de nous n'ait vraiment doué pour dire ce que nous avons sur le cœur. Victor dépose des assiettes sur la table basse devant la cheminée allumée alors que Léa ramène des verres et deux bouteilles, dont une de vodka.

- Léa, je ne bois pas d'alcool.

- C'est pour ça, que j'ai pris ça.

Elle pose une bouteille de jus d'orange à côté de la bouteille au liquide translucide.

- A quoi tu joues ?

- On est incapable de se dire les choses, alors on va jouer à un jeu.

Je fronce les sourcils en me laissant tomber en arrière contre le siège du canapé. Je ne suis pas sûr que boire de l'alcool va nous aider. Léa remplit les verres en souriant et c'est bien la seule qui trouve ça amusant.

- Un « Je n'ai Jamais... » ça vous va ?

- Ok.

Je prends une grande inspiration en attendant la suite. Au point où on en est, vu que nous ne sommes pas capables d'être honnête, y mettre des règles peut peut-être nous aider. Mais bon, le dernier Action ou Vérité à mal tourné, espérons que ça ne dégénère pas aujourd'hui.

- Je n'ai Jamais... mentis à mes amis.

Jules affiche une expression l'air de dire « totalement faux », car après tout, elle nous a à tous caché quelque chose. Un truc qui a bousillé toutes nos relations. Bon à part celle qui concerne Jules et moi. Même si j'aurais préféré ne pas en être la cause.

- Ce n'est pas beau de mentir.

- Dans ce cas je bois si tu bois.

Je lui souris. Ça devient intéressant.

- Je n'ai jamais menti.

- Pardon ?!

Victor plonge son regard orageux dans le mien pour le soutenir. Je grimace. Ok, je vois ce qu'il veut dire même si je n'appelle pas vraiment ça un mensonge. Ou peut-être que si, je me mentais à moi-même en fait.

- Bon, Jules à toi.

Le garçon de dix-neuf ans avale ce qu'il avait dans la bouche puis prend son verre.

- Je n'ai Jamais... (Jules dévisage son verre vide avant de poser les yeux sur Léa) Embrassé un mec gay.

Je m'exécute, après tout, j'ai même adoré ça puis fronce les sourcils en me rendant compte de la chose. Je le désigne de mon verre et ajoute :

- C'est faux. Tu ne te rappelles pas ce jeu stupide...

- Ça ne compte pas, personne ne savait pour toi.

- Ça ne veut pas dire que je ne l'étais pas.

Jules se met à bouder et boit son verre cul sec. Victor me jette un coup d'œil qui en dit long mais je n'arrive pas à avoir une réponse sarcastique et fini par hausser les épaules. A quoi bon, ça ne sert plus à rien de mentir. Finalement, Léa et Jules me rejoigne pour le fixer en attendant qu'il continue le jeu.

- Je n'ai Jamais... Persécuté quelqu'un.

Jules grimace et attrape son verre de nouveau.

- C'est méchant.

- Désolé mais depuis aussi loin que je m'en souvienne, tu faisais toujours partie de mes persécuteurs.

Je suis plutôt soulagé qu'il ne parle pas de moi.

- Et je m'en veux. Je m'excuse, Victor.

- Au moins, on ne l'a pas volé.

Je lui souris, cette phrase m'ayant échappé et traduisant la stricte vérité. Ça nous retomberait dessus tôt ou tard, mais il est temps que Victor passe à autre chose, une bonne fois pour toute. Je remplis mon verre et cherche un secret.

- Je n'ai Jamais... Couché avec un garçon.

Jules ouvre grand les yeux.

- Quoi ?! Ça fait plus d'un mois que vous êtes ensemble et vous l'avez toujours pas fait ?!

- Nous au moins on prend notre temps. Et puis on s'est tellement de fois engueuler qu'on n'a pas vraiment trouvé de temps pour nous deux.

Jules s'apprête à me répondre mais se tourne vers Léa qui avale sa salive toutes les cinq secondes en dévisageant son verre. Victor et lui semble inquiet de ce qu'il se passe, je me sens à l'écart.

- Toi aussi, alors pourquoi tu veux le boire ?

- Ça ne compte pas Léa, tu n'étais pas consentante.

Une larme s'échappe de son œil et Victor récupère son verre. Je ne comprends rien à toute cette histoire.

- De quoi tu parles ?

Elle essuie la larme traitresse et se tourne vers nous trois.

- Je pense qu'il est temps que je sois honnête et que je te fasse entrer dans la confidence, Hugo. Je me suis fait violer il y a trois ans et bien plus cruellement que ce que je t'ai raconté, Jules. C'est à cause de mon frère et il s'en sert encore pour m'atteindre.

Un silence de plombs vient nous englober. Jules a les yeux exorbités, la mâchoire serrée et les poings fermés. Moi, je suis abasourdie, jamais je n'aurais pensé que nous étions tous les quatre aussi lié.

Entre la discrimination et le harcèlement que subit Victor depuis dix ans au moins, la maltraitance que subit Jules depuis qu'il a cinq ans au moins et mon secret qui m'a toujours pourri la vie sachant dans quelle famille j'ai atterrie, on ajoute à ça, le viol de Léa.

C'est comme si le destin avait réuni quatre personnes brisées depuis l'enfance, qui malgré tout, sont restées en vie par la simple force de leur volonté et qui avait besoin de se reposer sur les autres pour enfin arrêter de survivre. Juste vivre.

Victor passe ma main devant mes yeux pour me ramener sur terre.

- C'est dégueulasse !

Jules se réveille lui aussi, mais Léa essaye de le tempérer.

- C'est du passé et j'aimerais oublier.

- Je suis vraiment désolé pour toi.

Léa me sourit puis tente de calmer Jules qui fulmine toujours dans son coin. Il doit s'imaginer tuer Jackson de tout un tas de façons différentes.

- Je n'ai Jamais... eu d'animaux de compagnie.

Je prends mon verre et Victor aussi. Jules revient peu à peu à lui et se calme, à mon grand soulagement. Heureusement qu'on est à des centaines de kilomètres de Jackson, sinon je suis persuadé qu'il aurait déjà déserté la soirée pour lui refaire le portrait. Il n'a plus rien à me dire à propos de Louis maintenant.

- Je n'ai jamais... tiré avec une arme à feu.

La tentative de Léa pour détendre l'atmosphère vient d'être réduite à néant. Plus personne ne parle ni ne bouge, mais surtout, personne ne boit. Jules est donc obligé de finir son verre.

- Le week-end dernier, mon père est rentré bourré comme presque tous les week-end. Je ne sais plus pourquoi Justine n'était pas dans son lit, mais une violente dispute à éclater entre mes parents. Ma mère ne s'est jamais laissé faire sans se battre avant et c'est peut-être ce qui a donné l'idée à mon père de sortir son pistolet. Je n'ai jamais su pourquoi il en avait un et ça n'a pas vraiment d'importance. Il l'a pointé sur ma mère devant nos yeux, elle était déjà dans un mauvais état, donc j'ai demandé à Justine d'appeler les flics. Je n'aurais pas dû parce que mon père l'a entendu et nous a tiré dessus sans aucun remord. Je me rappelle du cri d'horreur de ma mère et de ma tentative désespéré de protéger ma sœur...

Il soulève son tee-shirt pour nous montrer une blessure recousue chirurgicalement. Elle lui barre tous le flan et je n'étais même pas au courant. Je comprends pourquoi il m'en voulait avec autant de ferveur.

- La balle m'a frôlée et a atteint Justine dans le ventre. Je suis resté figé sur place, les yeux rivés sur le sang qui se répandait sur le sol. Elle était déjà inconsciente et il ne lui faudrait que quelques minutes pour se vider complètement de son sang. Dans un dernier élan, ma mère à fait tomber mon père, qui a lâché l'arme. Elle a atterri à mes pieds. Presque en transe, je l'ai ramassé et l'ai pointé sur mon père sans trembler. Ma mère a tenté de me résonner mais je ne l'ai pas écouté. Mon père était mort de rire devant moi alors que sa fille était presque morte à ses pieds. Je ne sentais pas la douleur, je n'entendais rien à part le rire de ce connard.

Léa lui prend la main et il relève les yeux vers elle. Ça me fait plaisir de voir que même s'il est en colère contre elle, il accepte encore son soutien sans faille. A cause de nos différents, aucun de nous n'a pu être là pour lui et il porte ce fardeau depuis tellement de temps.

- Les flics ont débarqué, alertés par un voisin inquiet. Deux hommes ont ponté leurs armes sur moi et m'ont résonné. J'ai jeté l'arme et ils nous ont emmené à l'hôpital. Il était trop tard pour Justine.

Il nous regarde tour à tour avant de remplir une nouvelle fois son verre et de le boire. Le silence devient pesant et Jules ajoute :

- Je suis désolé d'avoir plombé l'ambiance.

Des rires nerveux sortent de nos gorges. Je remplis nos verres, décidé à dérider mes amis. On n'a jamais eu une discussion aussi sérieuse depuis des mois qu'on s'est rapproché.

- Dans ce cas : Je n'ai Jamais... complétement lu un livre pour l'école.

- Parce que tu en as déjà commencé un ?

J'affiche un sourire cynique et frappe l'épaule de Victor, lui, hilare.

Les défis les plus absurdes s'enchaînent et nous oublions assez vite les tensions, les révélations que nous avons entendues ce soir. Mes sens commencent à être engourdit mais je garde encore la tête sur les épaules. Jules est complètement pompette, guilleret et visiblement amoureux de la jeune blonde. Il reste quand même distant, malgré tout, il ne perd pas le nord.

Ma tête me tourne et malgré mon manque de jugeote actuelle, il faut que je dise ce que j'ai sur le cœur depuis ce samedi abominable où j'ai cru sentir mon cœur se déchirer dans ma poitrine.

- Je n'ai Jamais... dis « je t'aime » à quelqu'un dans cette pièce part erreur.

Je n'arrive pas soutenir son regard, je ne veux pas savoir ce qu'il en pense, mais je veux clairement voir Léa descendre son verre, ce qu'elle fait de son plein gré. Je suis soulagé, et j'espère que Jules va y croire.

- Je n'ai Jamais... Passé de vacances avec des amis avant cette année.

- On est là pour ça.

On boit tous les trois nos verres. Victor se lève et nous propose d'aller dormir. Je suis un peu déçu, j'aimerais rester un peu plus longtemps debout près de lui. Jules et moi finissons la bouteille.

Je ne vois plus très clair et quand Victor revient dans le salon, j'ai une furieuse envie de l'embrasser. Je marche dans sa direction mais c'est difficile et il me récupère avant que je ne m'étale sur le sol.

- Je crois qu'il vaut mieux que tu dormes dans ma chambre ce soir.

C'est une bonne idée ça, mais je suppose que ça veut dire qu'il ne partagera pas mon lit. Son lit. Je ne sais plus trop. Je le sens s'éclipsé et refuse d'en arriver là et attrape sa main. Mon cœur rate un battement.

- Reste dormir avec moi. Tu sais qu'on dort bien mieux l'un avec l'autre.

- Tu n'es pas dans ton état normal.

Ma poitrine se serre. Je suis dégouté qu'il pense que c'est l'alcool qui me fait dire ça.

- Ce que je ressens n'est pas dû à l'alcool.

Je le force à reculer jusqu'à ce qu'il soit coincé contre l'encadrement de la porte. Je le prends dans mes bras, je veux le sentir contre moi, son cœur affolé sous mes paumes.

- Hugo, s'il te plait...

- J'ai tellement mal dormi cette nuit alors que je n'arrêtais pas de penser à toi.

C'est tellement vrai, les cauchemars et les pensées stupides m'ont tenu éveillé. Je le fixe, espérant être convaincant même si je vois aussi bien que lui sans ses lunettes.

- S'il te plait...

Ce simple murmure me coute tout mon air et mon attention dévie vers ses lèvres tellement addictives. J'ai besoin de ma dose, de savoir que tout n'est pas mort. Et je sens, sous mes doigts, contre mon corps qu'il ressent la même chose et même si ça pourrait être suffisant, ça ne l'est pas.

Et avec la plus grande surprise, c'est lui qui m'embrasse, me délivrant de toutes mes peurs, mes doutes et mes secrets, mes mensonges, mes erreurs. La douceur de ses lèvres me surprendra toujours comme la retenue qu'il peut avoir, cette insouciance qui le caractérise. J'approfondis notre étreinte avant qu'il ne devienne rationnel.

Ce qu'il fait aussitôt après. Je grogne, énervé mais obéit, à contre cœur. Son visage est aussi rouge qu'une tomate et il est visiblement troublé, surtout quand il se prend un meuble en voulant m'échapper. C'est, mort de rire, que je le regarde rejoindre ma chambre avant de m'écrouler sur le lit.

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Bonjour mes chers lecteurs !

J'espère que vous allez bien, que vous gardez le moral et que vous n'avez pas perdu la passion de la lecture.

Bon, comme j'en ai prit l'habitude instinctive, je vous annonce qu'il reste plus que trois chapitres et une épilogue avant la fin de notre aventure dans J'ai Le Droit Aussi...

J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai fini l'histoire d'Hugo, donc il nous reste un mois avant d'arriver à la fin.

J'espère que l'histoire vous plaît, n'hésitez pas à me laisser des commentaires, à intéragir, donner vos avis.

On se retrouve donc la semaine prochaine pour le chapitre 31.

Bonne lecture...
Aurore❤️

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