2 : Action ou Vérité ?

Jules arrive à la maison vers dix-sept heures pour m'aider à préparer la maison. J'ai déjà acheter toutes les boissons qu'il faut pour la soirée et toutes les cochonneries qu'on pourra manger. Plus la soirée arrive, et plus je me dis que c'était une connerie de la faire chez moi. Je ne peux plus me rétracter maintenant.

Nous bougeons la table de la salle à manger jusque dans la chambre de mes parents puis nous poussons les canapés contre les baies-vitrées. J'emmène ensuite toutes les plantes de ma mère dans sa chambre pour ne pas me faire engueulé si quelqu'un vomi dedans. La seule chose que je ne peux pas sauver c'est le magnifique piano à queue que je n'ai pas touché depuis six ans.

Je me rappelle certaines journées où je m'asseyais sur le banc en cuir blanc et où un petit garçon blond pleurnichard s'asseyait aussi et me regardait jouer pendant des heures. Je me rappelle qu'il se calmait aussitôt et qu'il ne me quittait pas des yeux. Ça me manque.

Jules m'interpelle avec une pile de cousin dans les bras pour me demander où les poser. Je retire ma main du bois à contre cœur, même si je sais que je n'y retoucherais plus de toute ma vie. Cela fait partie de mon passé, comme Victor. Et pourtant, je n'arrive pas à le sortir de ma tête.

Jules et moi préparons ensuite une playlist qui plaira à tout le monde et pas spécialement à mes oreilles. Nous branchons la stéréo et je commence à faire les réglages sur ma télévision. Jules s'avachie sur le canapé et regarde notre boulot.

- Je trouve qu'on s'en sort bien.

- Hum.

Mon ami tourne la tête vers moi, intrigué par mon comportement.

- Qu'est-ce qui t'arrive en ce moment ?

- J'ai plus trop envie de faire la fête.

Jules se relève et attrape mon visage. Qu'est-ce qu'il peut être bizarre quand il s'y met.

- Tu penses beaucoup à lui en ces temps-ci ?

Je retire sa main de mon visage et reprends ce que j'étais en train de faire. Mais je n'arrive pas à m'enlever ce qu'il vient de me demander de la tête.

- Je fais beaucoup de cauchemar à propos de lui.

- Tu ne crois pas qu'il serait temps de lui dire ?

Un soupire sort de ma bouche et je pose la télécommande sur le canapé. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je risque de lui attirer des ennuis, de lui faire du mal par ma simple présence à ses côtés.

- Arrête de croire que tout est noir. Si ça se trouve, vous serez plus heureux l'un avec l'autre.

Vers vingt-heures, je mets en route la musique quand mes premiers invités arrivent. Puis une grosse vague de personne s'engage dans ma maison et je commence à étouffer. Ce n'était vraiment pas une bonne idée, je ne suis tellement pas d'humeur.

Je fermer la porte du couloir derrière moi et vais m'assoir sur le sol le la salle de jeux, tout seul comme un con. Très vite, des amis viennent me rejoindre dans la pièce alors que je ne leur ai rien demandé, m'étant un peu d'animation dans cette endroit lugubre. Jules rentre à son tour et vient me glisser quelques mots à l'oreille.

- Ils sont là.

Je fronce les sourcils alors qu'il me montre un immense sourire. Et là je comprends. Il est à ma fête avec son amie hyper active. Je n'arrive pas à croire que Victor soit dans ma maison alors qu'il n'y a pas mis les pieds depuis des années. Je me lève aussitôt, suivit de prêt par Jules et je m'arrête à l'entrée du couloir. Je suis tellement pressé de voir sa silhouette que je dois paraitre en manque. Si Jules savait ce qui me passe par la tête, il aurait de quoi se moquer.

Au milieu de tout le monde, je ne vois que lui. Il n'est pas différent de d'habitude et c'est ce qui fait son charme unique. Il ressemble à une souris au milieu de chats prêts à la manger. Je me demande ce qu'il fait là, ce n'est pas dans ses habitudes. Je soupçonne Léa d'en avoir fait tout un pataquès pour qu'il vienne avec elle. Il doit le regretter maintenant.

Je suis obnubilé par la magnifique couleur de ses yeux, par ses bras bien sculpté malgré son manque catégorique de sport, par ses très grandes jambes. Je n'arrive pas à me sortir son image de mon champ de vision comme s'il était le seul présent dans ma maison. Et je crois que je préfèrerais. Je pourrais être vraiment moi-même et lui dire enfin ce que j'ai sur le cœur. Mon dieu, ce garçon me fait bander par sa simple présence et c'est horrible de ne même pas pouvoir lui parler.

Jules, dans l'encadrement de la porte se moque de moi mais il n'est pas mieux. Depuis aussi longtemps que je suis scotché sur Victor, il ne lâche pas la jolie blonde qui se déhanche sur la piste de danse du regard.

Ils vont tous les deux s'asseoir sur l'un de mes canapés et la petite blonde lui parle gentiment. Il se met à rire et là, je fonds comme neige au soleil. Il fait tellement souvent la tronche que les rares moments où il sourit sont presque béni. Il est tellement beau quand ses lèvres s'étirent pour montrer sa joie. Je vais péter un câble si je dois l'épier toute la soirée de la porte de mon couloir.

- Vas leur proposer de passer du temps avec nous.

- Sérieusement ?

Je plisse les yeux les bras croisés. Il n'argumente pas et traverse la salle pendant que je reprends le chemin de la salle de jeux. Il revient à peine deux minutes plus tard avec les deux intrus. Léa suit Jules comme un petit chien alors que Victor se pose sur le sol en face de moi. Je garde mon air impassible sans le quitter des yeux, il en fait de même avec moi. Il semble abattu mais ses yeux montrent une expression sûre de lui.

Je me penche vers mon meilleur ami qui n'arrive pas à détacher son attention de l'insupportable folle qui l'accompagne.

- Jules, propose un jeu.

Le blond plisse les yeux mais s'exécute.

- Bien, et si nous jouions à un jeu.

La fille à la gauche de Victor propose action ou vérité, le jeu cliché qui part très souvent en sucette dans des soirées comme celle-ci. Elle est moitié éméchée mais elle ne perd pas le nord.

- Ok. Je mets une règle. On pose la question chacun notre tour, on peut la poser à qui on veut mais pas deux tours de suite.

Toujours sans le quitté des yeux, je me prononce pour être sûr que les gens ne s'acharnent pas sur lui. Tout le monde acquiesce. Jules commence et à mon plus grand étonnement, il se tourne vers Léa.

- Action ou vérité ?

- Vérité.

- T'es en couple ?

Mais qu'est-ce qu'il est stupide. Si là, elle n'a pas compris les intentions de mon ami, c'est qu'elle est vraiment limitée. Au moins c'est clair, si elle a un copain, il fera tout pour évincé le petit ami et si elle en a pas, il tentera tout ce qu'il peut pour la mettre dans son lit. La colère lisible, que part ceux qui le connaisse bien, sur le visage de Victor me prouve qu'il ne laissera pas la jeune fille dans les mains de n'importe qui.

Vient ensuite mon tour. Mon sourire vient étirer mes lèvres avec beaucoup trop de satisfaction alors que je le vois retenir sa respiration. J'entretiens encore et toujours ma salle réputation de connard homophobe.

- Victor, action ou vérité ?

Il prend un temps considérable pour réfléchir à la question. Le pauvre, il ne sait pas ce qui l'attend, ou il le sait et il n'ose pas se prononcer.

- Vérité.

- T'es encore puceau ?

Tous les regards convergent vers lui. Je nous comparerais à toutes les hyènes du roi lion prêt à manger les lionceaux tout cru. De là où je suis, je le vois transpirer à grosses gouttes et au coin de mon œil, je vois Léa fulminer. Jules essaye de la faire changer de sujet mais ces deux là sont tellement soudés qu'il se soutiennent corps et âme quoi qu'il arrive.

- Oui...

La fille à côté de lui pose sa main sur sa cuisse avec un regard lubrique qui me ferait éclater de rire dans un autre contexte.

- On peut arranger ça...

Une fille près de l'un des garçons de la bande s'étouffe avec son verre et l'incendie aussitôt.

- Mais t'es débile ! Il est gay !

Lucie ouvre de grand yeux puis la bouche comme un poisson et retire sa main. Je vais peut-être retirer ce que j'ai dit tout à l'heure, elle est complètement à l'ouest.

- Merde.

La petite bande rigole, plus de la réaction de la fille que de la condition de Victor et il semble soulagé. Léa lui lève son pouce avec un regard amusé. Pourtant, malgré tout ça, je ne le lâche pas des yeux.

Les questions s'enchainent et je trouve que voir Jules faire le chat était plutôt marrant. Vient le tour de Paul, le black à côté de Victor et il se tourne vers lui.

- Action ou vérité ?

- Vérité.

- Où sont passé tes lunettes ?

C'est vrai que ça fait plusieurs jours qu'il n'en porte plus. J'ai dû bien les amocher pour qu'il ne puisse plus les mettre. Mais ça m'étonne qu'il n'est pas de rechange, vu qu'il est myope comme une taupe.

- Elles sont cassées. Je porte mes lentilles depuis deux jours.

- Ça te va mieux.

Je me tourne vers Clara. Moi je ne trouve pas que ça lui va mieux, en fait, je le trouve beau constamment mais ses lunettes accentuent cet effet intello qui lui va si bien.

- Euh... merci.

Je ne suis pas surpris de voir Victor se tourner vers Léa. C'est sa solution de facilité, je ne lui en veux pas.

- Action ou vérité ?

- Action.

- Parler seulement avec des répliques d'Orgueil et Préjugé pendant un tour.

- C'est méchant.

- C'est le jeu.

Elle lui tire la langue pendant que la fille à côté de lui cherche ses mots. Elle finit par poser sa main sur son bras et de le regarder comme si elle ne l'avait jamais vu de sa vie.

- Action ou vérité ?

Il réfléchit, encore. Je trouve qu'il a pris de l'assurance mais ça risque de se retourner contre lui. Il était déjà embarrassé par ma question et vu l'état dans lequel elle se trouve, ses interrogations risque de tourner au vinaigre.

- Action.

- Embrasse un mec. Autant que tu commences aujourd'hui, il faut que tu sortes de ce cercle des puceaux...

Le regard de Victor se fige et toute vie en sort. J'avale difficilement ma salive parce qu'elle vient de me donner une raison de l'approcher sans qu'on me prenne pour ce que je suis réellement. C'est peut-être monstrueux de profiter de la situation mais j'attends ça depuis huit ans. Un combat intérieur fait rage en moi entre l'envie irrésistible de faire son gage à sa place et de garder mon secret pour moi.

Plus personne ne parle, ne sourit ou ne rigole. La salle devient trop silencieuse si bien que l'explosion de Léa ne reste pas du tout inaperçu.

- Ça ne se fait pas. Un premier baiser ça ne se lâche pas comme ça. C'est dégueulasse. Il a le droit de choisir, moi je ne suis pas d'accord.

Léa continue de fulminer et rougit à vue d'œil. Jules lui caresse le bras pour qu'elle se tranquillise.

- Je suis d'accord avec Léa.

Tout le monde est ébahi par mon intervention et moi-même d'ailleurs. Je le laisse accuser le coup avant d'ajouter :

- Tu dois bien choisir la personne. Si tu veux, embrasse-moi, je m'en fou.

Léa tombe autant des nues que mon voisin. Mais qu'est-ce que je viens de faire ? Il se lève sans dire un mot et disparait dans le couloir.

- Mais t'es trop con ou tu le fais exprès ?

- Bah quoi, un gage, c'est un gage.

Léa tente de se lever mais Jules la retient en lui faisant comprendre qu'il a besoin de temps seul. Léa lui explique qu'être seul, ce n'est pas ce qui lui faut et elle disparait elle aussi. Je me lève à mon tour afin de le retrouver. Je suis toujours plus doué que la blonde pour le chercher dans un bâtiment. Comme si j'étais attiré par lui, un truc de phéromone sans doute.

La jolie blonde sort de la maison alors que moi je tente l'étage de ma maison. Personne n'irait chercher là-haut si on s'attarde à notre altercation. Je monte les escaliers puis arrive dans le couloir. Je tombe sur un tas de couple en train de se tripoter.

- Allez dans un hôtel, c'est dégueulasse.

Bizarrement, je sais que je n'ai pas besoin d'aller plus loin dans le couloir. J'ouvre la porte de ma chambre et le trouve debout sur le point de sortir. Je referme la porte derrière moi ce qui le fait reculer. Mon désir grimpe en flèche, il faut que je me change les idées.

- Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

Il ne répond pas tout de suite et regarde de tous les côtés comme s'il cherchait à s'enfuir. Je lui fais tellement peur qu'il ne veut pas rester seul dans une pièce avec moi. Je me plein qu'il me fait des avances mais c'est moi qui est un problème de retenu.

- J'essaye de comprendre comment tu as pu devenir le monstre que tu es maintenant.

- Peut-être que je l'ai toujours été. Peut-être que tu me dégoutes trop pour que je ne puisse ne serait-ce que passer une seconde à tes côtés.

J'ai du mal à retenir mes émotions et en découle une monté de ressentiment contre moi. Je me rends compte que toutes ses horreurs que je dis constamment sont véritablement dirigées vers moi et non vers lui. Il est mon idole, jamais je ne pourrais lui en vouloir d'assumer ce que moi je n'arrive toujours pas à croire depuis tant d'années.

- Je ne comprends pas ce qui a pu changer chez moi qui te dégoute à ce point !

- Parce que tu es homosexuel !

- Et alors ?! Je n'ai pas changé de comportement, je ne t'ai pas fait d'avance ou je n'ai pas eu de propos ou gestes déplacés envers toi ! Tu étais mon meilleur ami et du jour au lendemain, tu m'insultes et tu ne me parles plus. J'ai le droit de me poser des questions.

Je m'approche de lui ne supportant plus de le voir aussi mal à cause de moi. Il me parle enfin vraiment de ce qu'il ressent et je sais que tout est ma faute. Si je n'avais pas eu aussi peur, nous serions surement encore amis. Et peut-être même plus. Les poings serrés, je hurle.

- Dégage de chez moi !

Il ne se fait pas prier, claquant la porte derrière lui et je m'en veux terriblement.

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Bonjour tout le monde !

J'espère que vous allez bien et que l'histoire vous plaît.

N'hésitez pas à faire des remarques, à poser des questions et me donnez vos avis.

En attendant, je viens vous parlez ici parce qu'il se pourrait que j'ai oublié de parler d'un petit détail.
En effet, les deux livres qui relatent le point de vue de Victor et celui d'Hugo sont très liés et il se pourrait que si vous lisiez les deux, vous trouvez des passages d'en un seul point de vue à la fin des chapitres.
Je n'ai pas spécialement écrit ces histoires indépendamment l'une de l'autre mais j'ai arrangé les chapitres de manière différente d'une histoire à l'autre, donc ne soyez pas surpris.
Ça vaut pour ce chapitre là, et d'autre. Ne vous inquiétez pas, les moments entre Victor et Hugo sont tout le temps analysés des deux points de vue.

Bref, voilà, c'est tout ce que je voulais ajouter.
Bonne lecture...

Aurore😘❤️

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