15 : Prendre Le Large

Le samedi, je décide de prendre le large. Une bonne fois pour toute, il faut que je réfléchisse à toutes ses conneries et que je prenne une décision radicale. Et je sais que pour cela, j'ai besoin de la seule personne qui a toujours été là, pour m'aider, m'orienter vers le meilleur chemin qui soit. Autant pour ma propre personne, que pour Victor et moi, pour nous deux. J'ai besoin de prendre le large, de m'évader et voir autre chose que mon quartier, ou la maison d'à côté, pour pouvoir vraiment réfléchir à ce que j'ai dit à ma mère.

Avant de partir, je vérifié auprès de Jules que son père n'est pas à la maison et qu'il peut sortir de chez lui sans avoir peur des représailles, sans que sa petite sœur soit en danger. Quand il m'affirme que la voie est libre, je descends les escaliers et fais les yeux doux à ma mère qui comprend très vite la ruse.

- Qu'est-ce que tu veux, au juste ?

Mon sourire se crispe devant son regard tranchant.

- La voiture.

Son nez se plisse et je sens tous mes espoirs partir en courant.

- Tu vas où ?

- Sur la côte avec Jules.

Ma mère me renvoie un regard dubitatif, sachant que Jules à sa propre voiture mais malheureusement, c'est plus compliqué que ça.

- Il a une voiture.

- Mais son père lui a confisqué pour une histoire de note pourrie... Je t'en supplie maman, juste pour aujourd'hui.

Elle plonge son regard marron dans son homologue avant de pousser un profond soupire et de sortir les clés de son sac à main. Je pose un baiser sur sa joue en ajoutant :

- Je t'aime.

- Pas une seule égratignure ! Je suis sérieuse Hugo !

Je suis déjà dehors, me précipitant au volant, de peur qu'elle ne change d'avis. Après avoir récupéré Jules, heureux de pouvoir sortir un peu de chez lui ce week-end, je prends la voie rapide, direction l'ouest maximale, pour quarante minutes, voir une heure et quart de route.

- Alors ? Pourquoi on s'échappe ?

Un sourire s'affiche sur mes lèvres pendant que je chausse mes lunettes de soleil sur mon nez.

- J'ai besoin de m'aérer.

- Ça a un rapport avec ce que Léa a vu hier ?

Mon sourire se fane et un air blasé vient le remplacer. Cette fille ne sait vraiment pas tenir sa langue. Il faudrait vraiment que j'ai une discussion avec elle un de ces quatre. Elle a une bonne influence sur mon meilleur ami, mais qu'elle s'occupe un peu plus de son cul et qu'elle arrête de mettre son nez dans les affaires des autres.

- Elle pensait bien faire, je suppose.

- Des fois, il faudrait qu'elle arrête de faire de son mieux. Un coup elle est odieuse et juste après elle essaye d'arranger les choses entre Victor et moi. J'ai un peu de mal à la suivre.

Jules affiche un sourire en coin, les yeux perdus dans la contemplation du paysage qui défile à toute allure devant nous.

Le silence nous entoure pendant un long moment. J'essaye de rester le plus concentré possible sur ma conduite, mais il m'arrive de partir quelques secondes dans mes pensées, me ramenant à hier soir et les mots de Victor qui tourne en boucle dans mon esprit depuis ce moment-là. Ça m'énerve qu'il ose me dire que je ne peux pas faire ce qu'il faut pour qu'on soit heureux tous les deux. Je suis en colère contre moi-même d'être trop faible pour ne pas avoir la force de faire ce qu'il faut. C'est une ligne sans fin, si ce n'est pas lui qui nous empêche d'être enfin ensemble, c'est moi et vis-versa.

Quand je me gare enfin entre deux maisons, sous un pin parasol, à quelques pas seulement du sentier ensablé qui mène à la plage, j'ai eu le temps de me retourner le cerveau. Je reste figé sur l'horizon d'un bleu cristallin et d'un jaune sable brûlant et scintillant, pendant un moment, me répétant que je ne suis même pas sûr d'arriver à une solution et j'ai déjà mal à la tête. Jules se tourne vers moi. Je n'ai pas répondu à sa question et il attend que je le fasse.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, alors ?

- Victor ne veut pas être avec moi parce qu'il a peur de ce qui pourrait arriver si mon frère l'apprenait.

La phrase qu'il a prononcée au milieu de ses sanglots résonne comme un diapason alors même que j'avoue la vérité à Jules : « Hugo... Tu ne peux rien faire. Tu ne peux pas faire ce dont j'ai besoin... Je ne peux pas te laisser faire ça... c'est... trop compliqué. » Même si ce n'était pas très clair, j'ai tout de suite compris à quoi il faisait allusion. Lucas lui a pourri la vie, la complètement détruit, il ne veut pas que ça m'arrive. Ça risque d'être dix fois pire.

Je sors de la voiture sans attendre la réaction de Jules. Je n'ai pas vraiment envie de la voir. Je prends de suite la direction vers la mer. Après cent mètres de marche difficile dans le sable meuble avec mes basquettes, j'atteins enfin la plage déserte en ce mois de Mars. Je me laisse guider par mes jambes jusqu'à la limite du sable humide léché çà et là par des vaguelettes et me laisse tomber sur les fesses, écoutant le bruit du ressac, apaisant.

Jules ne tarde pas à me rejoindre et s'assoie près de moi, le regard vers l'horizon où des bateaux voguent encore un peu à cette heure tardive de la matinée.

- Tu comptes faire quoi ?

- Je n'en sais rien. C'est pour ça que je suis là aujourd'hui, pour prendre une décision.

Jules se laisse tomber sur ses deux mains enfoncées dans le sable derrière lui et me regarde.

- Tu te rends compte que ce n'est pas une chose à prendre à la légère. Victor a peut-être raison de te protéger.

Je pousse un soupir désespéré et m'allonge sur le sable de tout mon long. J'ai presque envie de plonger tête la première dans la mer, me sentant déjà noyé de doute et de ressentiment. Ma vie serait tellement plus simple si Lucas n'existait pas ou tout simplement, qu'il ne soit pas qui il est.

- Tu es censé m'aider, pas m'enfoncer.

Jules ricane avant de se laisser tomber dans la même position que moi, détaillant mon visage à la recherche de je ne sais quoi. Pendant un instant, j'imagine Victor à sa place, ses petites lunettes noires sur le nez et ses magnifiques prunelles bleues plonger dans les miennes, un sourire sur les lèvres. J'imagine un moment dans notre histoire où nous ne sommes pas en froid, que nous partageons réellement notre vie et que je passerais le reste de mon temps dans ce monde à le dévorer des yeux.

Je reviens à la réalité quand Jules reprend la parole :

- La question n'est pas : que fera Lucas ? Ou que pense Victor ? Mais plutôt : de quoi as-tu vraiment envie ? De quoi as-tu vraiment besoin ?

Il se relève sur un coude et ajoute d'un regard insistant :

- Qu'est-ce que tu veux vraiment, Hugo, au plus profond de toi ?

La réponse me parait tellement évidente qu'elle m'échappe dans un murmure :

- Victor...

Mon regard se perd un instant sur l'immensité de l'océan et l'horizon entre le ciel et la mer. Je veux être avec Victor, je le veux depuis neuf ans au moins. J'ai envie de retrouver cette complicité qu'on avait quand nous étions enfant, celle que j'essaye de récupérer depuis un mois au moins.

Le sourire de mon meilleur ami s'impose à moi et je comprends très vite ce que tout cela implique. Je pose mes mains sur mon visage, comme pour essayer de me confronter un peu plus encore à la réalité.

Mais Victor a besoin de quelqu'un qui le fasse passer devant tout le monde, devant tous mes problèmes et mes angoisses. Il a besoin d'amour quand il n'a eu que de la haine pendant tellement d'années. Il a besoin qu'on lui montre qu'on est prêt à tout pour lui, jusqu'à risquer ma propre vie et mon confort social.

- Ne t'inquiète pas, nous serons toujours là pour toi. Quoique cela implique, Victor ne te laissera jamais tomber si tu lui montres que tes sentiments sont sincères.

J'écarte les doigts pour poser les yeux sur lui. Son visage est tourné vers le large avec un sourire sincère sur les lèvres. J'enfonce un peu plus la tête dans le sable avant de me relever et de me concentrer sur le calme de l'océan atlantique, glacial et sombre mais tellement plat, comme si même le vent n'arrivait pas à avoir d'emprise sur lui.

- Bon, tu as fini de déprimer, on peut aller manger, je crève la dalle.

Je retiens mon rire avant de le rattraper dans la dune.

Alors que nous sommes attablés dans un snack pas trop cher avant de reprendre la route dans l'autre sens, je n'arrive pas à retenir mon subconscient de partir dans des élucubrations sur la réalité des choses. Tous un tas de scénarios viennent se confrontés dans mon esprit sur ce qui pourrait se passer si je me révélais au grand jour. Le problème c'est que quoi que je fasse, la fin semble toujours la même : Lucas l'apprend et se jure de faire de ma vie un enfer.

Rien qu'à cette idée, je frissonne de dégout et de peur. Peur que tout cela retombe sur Victor, que les gens s'acharnent sur lui pour me faire souffrir. Mais ma plus grande peur, c'est de souffrir. J'ai vu Victor recevoir des coups depuis six ans, des insultes tous les jours alors qu'il ne fait qu'exister.

Ça peut paraitre égoïste d'avoir peur de vivre la même chose alors que je m'efforce depuis des années à lui faire le plus de mal possible. Mais la vie est tellement plus simple du côté des bourreaux, on s'enferme dans nos idéaux alors qu'on ne supporterait pas, ne serait-ce qu'une seconde, recevoir la même chose. On ose faire des choses aux autres qu'on n'aimerait pas qu'on nous fasse.

Victor a appris à vivre avec, à endurer la souffrance tous les jours sans jamais rendre coup sur coup, sans se plaindre, sans rien laisser paraitre. Il a tellement de force en lui que je ne sais même pas si je pourrais être à sa hauteur un jour dans ma vie. A sa place, je crois que j'aurais déjà baissé les bras.

- Tu sais, Victor a raconté à Léa tout ce qui vous liait quand vous étiez petit. Il était complètement perdu dans ses souvenirs mais elle m'a dit qu'il avait toujours cette étincelle d'admiration dans les yeux. Je me rappelle que vous étiez toujours fourré ensemble, Victor pleurait souvent quand ton frère et ses potes lui volaient ses affaires ou quand Louis et toute notre bande l'embêtions. Tu prenais toujours sa défense. Je me rappelle même d'une fois où tu m'as mis un coup de poing pour mettre moqué de sa tendance à chialer pour un rien.

Un sourire se dessine sur mon visage alors que je me perds moi aussi derrière des années de souvenir d'enfance. Je passais mon temps à me battre, mais à chaque fois que je revenais le voir, il avait ce petit air innocent sur le visage, des larmes maculant ses joues mais un énorme sourire de remerciement.

- C'est vrai qu'après que j'ai arrêté de le fréquenter, je ne l'ai plus jamais vu pleurer. Même quand nous lui mettions une sacrée raclée, jamais il n'a reversé de larmes.

Enfin, jusqu'à ce que je revienne de nouveau dans sa vie. Cette pensée me fait frémir quand je me rends compte qu'au-delà de la souffrance que nous nous infligeons l'un l'autre, je l'ai fait pleurer, et plus d'une fois. Mon cœur se brise dans ma poitrine.

- Il est plus fort que tu ne le penses, Hugo. Même si tu crois qu'il souffre, je suis persuadé que quand vous serez honnête l'un envers l'autre, la souffrance aura complètement disparu. Alors arrête de ressasser tout, tout le temps. Tu n'es pas responsable, les choses auraient pu être différentes si Louis n'avait jamais su la vérité mais aujourd'hui tu as la chance de tout réparer, ne la laisse pas filer.

Je n'ai jamais compris comment Jules arrive à lire en moi aussi facilement, mais il trouve toujours les bons mots pour me faire revenir dans le bon chemin, comme un grand sage sur ma route qui ferait attention à chacun de mes actes et qui me conseillerait en conséquence, me laissant faire des erreurs pour toujours rebondir juste après. J'ai de la chance de l'avoir avec moi, sinon je ne sais pas où j'en serais mais surtout je sais que je serais devenue quelqu'un de bien pire que je suis maintenant.

- Si tu pouvais avoir vraiment raison.

Je finis mon sandwich avant de me diriger mécaniquement jusqu'à la voiture, pressé de rentrer et d'aller courir jusqu'à en perdre haleine.

Il n'est que quinze heures quand je reviens à la maison. Je n'y passe que pour déposer les clés de la voiture, me changer et repartir, les écouteurs dans les oreilles pour faire le tour du quartier. Quand j'en ai marre de voir toujours la même chose, je m'engouffre dans le petit bois qui se trouve un petit peu plus loin en contre bas et suit le léger cour d'eau qui le traverse. Arrivé au bout, j'avise l'heure sur mon portable et fais demi-tour. J'arrive chez moi aux alentours de dix-huit heures trente. Mon père est rentré de je ne sais où il était parti et campe devant la télé comme le gros machiste qu'il est.

- Tu étais où ?

J'avale ma salive. Je commence à en avoir marre de devoir rendre des comptes à tout le monde dans cette maison.

- Je suis allé courir.

- Tu as fait tes devoirs ?

Je retiens mon ricanement mais mon sourire vient barrer mon visage. Heureusement qu'il ne me regarde pas sinon, je me prendrais surement une gifle. Il est tellement puéril à me poser des questions comme si j'avais encore cinq ans.

- Je les ferais demain.

Il n'objecte pas même si je me doute qu'il fulmine dans son coin. Je ne perds pas de temps pour monter à l'étage et me débarrasser de mes vêtements. En sous-vêtements, je pose mon portable sur mon bureau et remarque que Victor est devant la fenêtre, son tee-shirt à la main. Sa peau est blafarde et pourtant ça n'en dénote pas du tout sa beauté naturelle. De très légers abdominaux sont visibles à la lisière de son pantalon et relever par la lumière descendante du soleil à travers la fenêtre. Vu comme ça, il parait bien plus musclé qu'il n'y parait tout habillé et je me surprends à vouloir y passer les doigts.

Quand Léa apparait dans la fenêtre, je me détourne, marque un temps d'arrêt avant d'aller me glisser sous l'eau chaude de la douche. Alors que je me savonne, tout un tas d'idées salaces me traversent, c'est presque insupportable sachant que je ne peux même pas le toucher. Ça m'énerve d'être à la fois si proche et si loin de lui, comme un mirage qu'on peut voir mais ne jamais toucher de ses doigts. Vivement que je me décide : tourner définitivement la page ou sauter dans le vide. Mon cœur à déjà choisi, mais mon cerveau y met toujours quelques réserves.



Je traine les pieds dans les couloirs du bahut, détestant les séances de travaux pratiques. Jules me devance de quelques mètres, les yeux plantés sur son portable. Des fois je me demande comment il fait pour ne pas se prendre les murs. Quand nous arrivons devant la classe, la prof à le nez sur une feuille qui n'augure rien de bon.

- Blanchard avec Delgado, Brisson avec Freigné, ...

J'avale ma salive, mon cœur ratant un battement, et me cache derrière le mur, pesant le pour et le contre à l'idée de me retrouver seul à une paillasse avec Victor. D'un côté, je ne veux pas le pénaliser mais passer plus d'une heure à côté de lui sans pouvoir faire autre chose que bosser sur un sujet de biologie me bloque la trachée. Et puis les paroles de mon père s'imposent à moi et je me rends compte qu'il n'est pas question que je me coltine un zéro pour avoir séché les cours une nouvelle fois.

Je finis par entrer dans la salle et le cherche du regard. Il est assis sur une chaise, sa blouse sur le dos, en train de sortir ses affaires de son sac. Je prends une grande inspiration avant de m'avancer vers lui et de lâcher en posant mon sac sur la table :

- Alors on est ensemble ?

Alors que je sors ma blouse et ma trousse, je remarque du coin de l'œil que Victor a cessé tout mouvement. Quand je le regarde à nouveau, il a la bouche ouverte comme un poisson et me regarde, plein de doute. Je sens aussitôt mes joues surchauffer quand je me rends compte de ce que je viens de dire.

- Nan, euh... je parlais du TP !

J'essaye de garder la face mais j'aimerais me cacher sous la table pour la bourde que je viens de faire. Je ne pensais pas que tout ce que j'allais dire maintenant allait avoir une connotation à double sens. Il va vraiment falloir que je choisisse soigneusement mes mots maintenant qu'une tension bizarre nous enveloppe. Il hoche la tête avant de prendre le protocole et de le parcourir de long en large.

Je fais tout mon possible pour ne pas être un poids. Je n'aime pas vraiment la pratique mais la biologie est une de mes matières préférées, je sais donc parfaitement comment il faut manipuler et aide Victor comme il le faut et dès qu'il le faut. Nous n'échangeons pas énormément de paroles, concentrés sur ce que nous faisons et ce n'est pas plus mal. Ça évite à mon cœur de faire des loopings intempestifs.

À l'autre bout de la pièce, Léa rigole beaucoup et reçoit des regards irrités de la part de notre enseignante. Je remarque que Victor lève la tête chaque fois qu'il l'entends, les mâchoires serrées.

- Ne t'en fais pas, Jules est un bosseur.

- Ce n'est pas son efficacité qui me dérange...

Je continu de remplir le contre rendu en affichant un léger sourire devant son ton protecteur.

- Qu'est-ce qui vous lie autant, pour que tu la protège comme une petite sœur ?

Son regard se pose de nouveau sur la feuille de compte-rendu sur laquelle il dessine l'expérience.

- Quelque chose qui ne te regarde pas.

Je n'ajoute rien et me concentre de nouveau sur ce que j'écris. Je sais qu'ils ont une très grande complicité, mais il y a quelque chose de plus pour qu'il veuille la protéger à ce point. L'heure de la fin approche à grand pas et l'enseignante nous demande de finir le compte rendu chez nous et de le rendre au prochain cour de biologie dans deux jours. Je range mes affaires aussitôt ces paroles dites, enfile ma veste avant de plonger dans l'océan limpide de ses iris. Je les évitais depuis le début, mais là, j'en avait trop envie.

- Tu passes chez moi pour qu'on finisse ?

Il acquiesce et je ne me fais pas prier pour sortir de la salle. Alors que je pousse les portes auto-fermantes, je respire enfin de l'air frais et me dirige directement vers le centre d'entrainement. J'en ai besoin, autant pour extérioriser tout ce que je retenais pendant une heure et demie et pour évacuer toute tension sexuelle avant qu'il n'arrive chez moi.

Je m'efforce de prendre une douche en sortant de la salle pour ne pas faire attendre Victor chez moi avec ma mère et ses questions incessantes. Quand je débarque en claquant la porte, ma mère est dans la cuisine en train de faire à manger.

- Victor est dans ta chambre.

Je me fige, l'espace d'une seconde, avant de monter quatre à quatre les marches de l'escalier pour ne pas lui laisser plus de temps pour fouiller dans mes affaires.

J'avoue que voir Victor dans ma chambre ne me fait pas le même effet qu'à cette satanée fête où je l'ai envoyé chier avant de le prendre dans mes bras. Aujourd'hui, il sait pour moi et le plaquer contre le mur bleu de ma chambre pour l'embrasser fougueusement devient soudainement une idée tentante. Je me sens tout de suite à l'étroit dans mon caleçon. Enfin, jusqu'à ce que je vois ce qu'il a dans les mains et que tout mon désir retombe en flèche, laissant place à une subtile angoisse à l'idée qu'il se rende compte que je l'espionne depuis un temps considérable.

- Touche pas à ça.

Je lâche mon sac de sport et lui arrache mes dessins de lui des mains et les jette au fond d'un tiroir. Je prends mes cours au milieu du bazar qu'est mon bureau et de mon sac de cours au sol. Je reprends la direction du rez-de-chaussée avant que d'autre pensées lubriques passent la barrière de mon subconscient.

- Vient avec moi avant que j'ai envie de te jeter sur mon lit pour faire clairement autre chose que bosser ce foutu de TP.

Je sors finalement de ma chambre mais fais demi-tour quand je n'entends pas ses pas derrière moi. Quand je reviens devant ma chambre, son regard est perdu sur la couverture de mon lit, ses joues aussi rouges que des tomates bien mures.

Un sourire aussi large que mon visage s'affiche dessus et je commence à prendre mes désirs pour des réalités.

- Toi aussi tu en as envie ?

Victor revient vivement à la réalité et s'échappe avec une extrême rapidité de ma chambre sous mon rire, pendant que mes yeux parcourent son dos musclé et ses fesses bien dessinées et très vite je me maudis de ne pas avoir mis mes menaces à exécution. Une vraie torture.

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