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Les remarques fusaient dans la cour du lycée. Et son cœur se brisait à chacune d'elles. Il cherche le regard du garçon au manteau jaune. Il espère y trouver un semblant de soutien. Mais il restait silencieux. Pourtant, il pouvait lire la tristesse et la fureur dans ses pupilles ambrées.

Son cœur se brise quand son meilleur ami prononce les mots qui le détruisent. Il aimerait ne pas les entendre. Il essaie de contenir ses larmes alors qu'elles menacent de lui échapper. Il aimerait courir vers le garçon aux yeux noisette et le serrer fort contre lui. Lui dire que ça allait aller. Qu'il fallait qu'il s'en moque.

Mais il n'ose pas faire tout ça. Il reste silencieux. Il laisse les remarques s'enfoncer au plus profond de son cœur telles des poignards. Chacune d'entre elles lui sont tout autant destinées qu'à celui qu'il appréciait bien trop. Leurs regards s'accrochent quelques secondes et il lui sourit légèrement avant de détourner le regard de ses prunelles tristes.

 Il se demande si ses amis resteraient proches de lui s'ils savaient. S'ils savaient qu'il l'embrassait lui, bien caché à l'abri des regards. S'ils savaient qu'il embrassait les filles et les garçons et que dans les deux cas ça lui plaisait. Pas tous, c'était évident. Il passe en revue sa bande. Et il élimine ceux qui n'ont plus rien à y faire. Ceux qu'il sera ravi de perdre quelques semaines plus tard et à qui il n'adressera plus jamais la parole.

Il fusille du regard le voisin de devant qui se retourne et s'apprête à faire une remarque moqueuse. Les murmures se sont enfin tus. Ses doigts s'emparent de la main de l'autre sous la table, ils s'entrelacent quelques secondes aux autres. Il les presse doucement silencieusement. Ils sont cachés au regard du monde, de la classe, des camarades. Les prunelles attristées de celui aux yeux noisette plongent une seconde dans ses siennes et il lui sourit.

Il dessine pendant la classe. Les doigts se saisissent des crayons colorés. Ils tracent des traits sur la feuille. Il reste silencieux. La latin pénètre dans une oreille et ressort par l'autre. Il n'était pas là pour cette langue. Il était là pour lui. Pour être assis à côté de lui. Pour pouvoir l'observer à la dérobée. Pour pouvoir entrelacer ses doigts aux siens.

Son regard ne quitte pas les doigts de celui au manteau jaune. Il ne s'attendait pas à le voir aussi bien dessiner. Parfois leurs regards se croisent et il lui sourit. Et ses sourires cicatrisent la plaie de son cœur. La sonnerie retentit. Il le regarde alors qu'il se lève et quitte la salle. Mais le garçon au manteau jaune ne dit rien par rapport à la situation. Et il se demande à quel point il en est responsable et surtout à quel point il regrette tout ça.

Le dessin reste sur la table. Il l'attrape. Il observe l'écureuil tenant sa noisette qui s'y étale. Il déchiffre l'inscription en bas de la page. Il range précieusement son bien dans un classeur puis dans son cartable. Il aimerait qu'il soit là. Qu'il regarde méchamment ceux qui lui en voulaient. Mais il savait qu'il se dépêchait toujours après le latin. Il filait aux vestiaires où il avait sport.

La furie blonde se dirige vers lui alors qu'il l'attendait depuis des minutes entières. 

Désolé, je voulais partir en dernier pour te retrouver et les gars trainaient.

Il se retrouve enveloppé dans l'étreinte du garçon au manteau jaune. Il le serre fort contre lui. 

J'ai pas parlé, je te promets. 

Les larmes glissent sur ses joues. Les sanglots brisent le silence. Il sent les bras qui se referment un peu plus fort sur lui à chacun d'entre eux. Il est bien niché dans son cou. Il est aussi heureux qu'il soit là. Et il tombe encore plus amoureux du garçon au manteau jaune. Parce qu'il avait toutes les raisons du monde de le laisser tomber. Parce que si ça se savait pour lui, c'était son rêve qui pouvait partir en fumée.

Les pouces écrasent ses larmes. Il vient le reprendre contre son cœur.

J'ai vraiment pas parlé.

Il n'avait pas envie qu'il le croit capable de ça. Il n'avait pas envie parce qu'il voulait continuer de passer du temps en sa compagnie. Le garçon aux yeux noisette se colle un peu plus contre lui.

Je sais.

Son cœur tambourine anormalement. Il essaie de fermer les yeux sur ce qu'il ressent. Parce que c'était voué à l'échec et il le savait.

Viens, on va ailleurs.

Il se détache du corps. Il glisse sa main dans l'autre. Ils quittent les lieux par l'arrière.

Où est-ce que tu m'emmènes ?

Il lui fait un clin d'œil.

Tu verras bien.

 Il le traine dans la ville.

L'étendue devant eux est calme. Le vent ne vient pas briser la surface plane du lac. Il retire d'un mouvement son T-shirt coloré, envoie valser ses chaussures, et enlève rapidement son bas et ses chaussettes. Et puis il court et se jette dans l'eau fraiche du lieu.

Tu viens elle est trop bonne !

Il secoue sa tête, envoyant des gouttelettes voler dans tous les sens. Il voit qu'il hésite.

Je t'assure qu'elle est bien.

Il observe les chaussures qu'il retire lentement. Les pieds qui plongent sur le bord. Il nage au centre de l'eau, effectue des ronds dans l'eau en l'attendant.

 ─ Ben alors, qu'est-ce que tu fais ?
J'ai peur quand j'ai pas pied.

La réponse le fige. Il se rapproche. Il se redresse une fois à sa portée.

 ─ On restera là où on a pied alors.

 Il détaille son torse dénudé. Et s'il aimait beaucoup trop ses yeux et qu'il aimait son sourire, oui il se devait bien d'admettre que son corps tout entier lui plaisait. Et aussi qu'il l'attirait. Pourtant il était plat, et pour d'autres il lui manquait les courbes d'une poitrine. Mais pas pour lui. Il s'arrache avec difficulté de sa contemplation. L'autre lui sourit, il l'attire dans l'eau. L'eau vole autour d'eux alors qu'ils chahutent.

Est-ce que tu veux que je t'apprennes à nager cet été ?

Leurs pieds battent dans l'eau alors qu'ils reposent au bout d'un ponton de bois. Le soleil réchauffe leurs corps humides. Son regard échoue sur son voisin avant de se reconcentrer sur l'horizon. Il sent ses joues qui le brulent un peu à l'idée d'en être aussi proche. A l'idée qu'il soit aussi dénudé à côté de lui aussi.

Tu ferais ça pour moi ?
Je suis pas sûr que je suis un très bon professeur...

 Il lâche un léger rire. Et puis il se sent être attiré dans ses bras. Leurs torses mouillés entrent en contact. Il sent sa chaleur corporelle grimper. Ses joues sont écarlates. Les lèvres du garçon aux yeux noisette se déposent sur celle-ci. 

Je suis certain que tu seras un très bon professeur, si tu arrives à ne pas être déconcentré par des éléments extérieurs

Et son regard un peu gêné et chamboulé fait face à celui pétillant et rieur.

x x x

J'espère que ça plaît toujours. Suite bientôt je suis en vacs pour une semaine donc...

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