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─ Du latin ? Depuis quand tu veux faire du latin ? 

Il ne répond rien. 

─ Pourquoi pas ? Parce que t'es un cancre et que tout ce que tu fais c'est le bazar en classe.

Un rire échappe au garçon au manteau jaune.

─ Ça me fera gagner des points pour l'année prochaine.

Un sourire flotte sur son visage, ses yeux se perdent dans le vide. Il pense au garçon aux yeux noisette.

Ils ne s'étaient pas revus vraiment depuis qu'ils s'étaient embrassés quelques jours plus tôt. Mais leurs regards s'étaient bien trop souvent croisés. Et ils s'étaient souris. Et à chaque fois, son cœur avait raté quelques battements.


Son cœur s'était arrêté de battre quelques secondes quand le garçon au manteau jaune était apparu à la porte de la classe. Et puis il avait violemment accéléré lorsqu'il avait traversé la classe pour s'installer à sa table. 

─ Y a personne ? 

L'air est nonchalant. 

─ Non. 

Il s'était laissé tomber sur sa chaise. Les lèvres effleurent sa joue, glissent contre son oreille. 

Tant mieux. 

Le souffle de son murmure le fait frissonner une seconde.

Il observe le stylo qui gratte le coin du cahier. Il en saisit les mots inscrits. Cette invitation à se retrouver, encore et encore. Cette invitation à sombrer ensemble, toujours un peu plus. Cette invitation à découvrir un nouvel horizon. Il ne lui laisse que le silence en réponse. Le silence et le sourire qui prend place sur son visage pendant un court instant. Et à côté de lui, celui au manteau jaune sourit aussi.


Le garçon au manteau jaune se laisse tomber à la renverse sur son lit. Il l'observe un instant alors qu'il a le regard fixé sur son plafond. Il laisse ses yeux noisette trainer sur les murs de la pièce, gravant l'univers de celui qui l'attirait, tentant d'en apprendre encore un peu plus sur lui.

─ C'est vraiment parce que tu veux être mis au niveau en latin que tu m'as fait venir ? 

Le corps se redresse. Les iris verts lui font face. 

─ Non. 

Les doigts accrochent le haut de son polo et l'attire à lui. Et il se laisse faire. Dans sa poitrine son cœur s'affole sous les baisers desquels la timidité et la crainte avaient disparu. Et c'était parfait.

Il finit par s'éloigner. En face, les paupières mettent quelques secondes à se rouvrir. Elles brillent doucement face à lui alors qu'il se met à lui sourire. 

─ T'as plus peur ? 

Un haussement d'épaules lui répond. 

─ Si. Mais on est chez moi et j'ai confiance en toi. 

Son organe vital s'ébrèche un peu. Parce que ce qui n'était pas prononcé était plus important que ce qui l'était. Cette histoire, il la voudrait toujours secrète.

Il détaille les lèvres qui s'entrouvrent alors que le latin échappe au garçon aux yeux noisette. Il caresse de son regard son visage, plonge son regard dans l'autre bien trop souvent. Et pour la première fois depuis des mois, il a l'impression d'enfin ressentir quelque chose. Et ça le terrifie. Et pour la première fois depuis des mois, il n'avait pas l'impression d'être utilisé. Il lisait de l'admiration dans son regard à lui aussi. Mais il y avait plus. Il n'était pas un trophée.


─ Tu crois que ça te servira un jour le latin ?
─ C'est toujours utile de connaitre les bases de notre langue.

Le garçon au manteau jaune fait une légère moue alors qu'il restait peu convaincu.

Je suis sûr que t'en fais juste pour avoir le droit d'aller visiter l'Italie !

Il reçoit un léger coup de coude dans les côtes en retour qui lui arrache un rire alors que leurs prunelles sont dirigées vers le plafond qui les surplombe. Leur conversation s'interrompt régulièrement. Il était si bien, à l'abri dans son royaume à lui.


─ Ma maman vient d'appeler, il faut que je rentre. 

La déception s'était installée sur le visage du garçon au manteau jaune. Ses doigts avaient encadré son visage blondinet et il s'était emparé de ses lèvres rosées. Et le garçon au manteau jaune s'était laissé embrasser.

C'était étrange de selaisser embrasser. C'était agréable de se laisser embrasser. Ou peut-être que c'étaitjuste bien de se laisser embrasser parce que c'était lui qui le faisait. Leursvisages finissent par s'éloigner. Il laisse ses doigts trainer dans le cou, dansles cheveux crépus tirant un tout petit peu dessus.

─ A lundi.

La dernière chose qu'il voit avant que la porte ne se refermesont deux yeux noisette qui le fixent avec douceur. Et il n'est pas sûr que c'estsi bien, quand il sent la douce chaleur qui se propage dans son cœur.


x x x

suite tout bientôt. j'espère que ça vous plait toujours. 

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