2 ans plus tard

L'enveloppe jaune traine sur la table. Son regard s'y porte une seconde avant d'être captivé par autre chose. 

─ T'as reçu une lettre. 

C'est glissé dans son oreille alors que des doigts glissent autour de sa taille et des lèvres sur sa joue. Ses doigts ont dû mal à ouvrir le papier. Ils tremblent doucement. Il a reconnu l'écriture sur son adresse et son cœur a un sursaut. Parce que même avec le temps, il en avait toujours quand il pensait à lui. 

Une douce chaleur se propage dans sa poitrine quand un simple merci écrit sur une feuille jaune tombe de l'enveloppe. En bas de celle-ci, il voit nettement le lion griffonné à la va-vite en signature. Il l'attrape vite et cache le mot dans sa poche. Il sort le reste. Les deux billets glissés dans l'enveloppe. 

─ Tu connais quelqu'un là-bas ? 

Il ne répond pas. Parce qu'il y avait une chose de sûre, c'était que le garçon au manteau jaune n'aurait pas aimé voir son secret être dévoilé.

Leurs regards s'étaient croisés. Et il lui souriait. De ce sourire qui lui plaisait tant jadis. Et les yeux clairs avaient dévié. Subitement, le visage du garçon au manteau jaune venait de se décomposer en face de lui. Il avait pu voir la tristesse s'emparer de son regard vert et son sourire disparaître. 

Il l'avait regardé se laisser entrainer par ses amis. Et il avait compris. Il avait compris qu'après toutes ces années, le garçon au manteau jaune ne l'avait pas oublié. Et peut-être même que s'il ne lui avait jamais dit à l'époque, il l'aimait à ce moment-là et qu'il l'aimait encore aujourd'hui. 

─ T'es bizarre aujourd'hui. Ça va ?
─ Ouais, ouais, t'inquiète pas. 

Il rassure son petit ami, l'embrasse une seconde. Ca lui faisait bizarre de l'avoir vu ainsi. Parce qu'il pensait qu'il l'avait oublié, qu'après cinq ans il ne pourrait pas avoir une telle réaction. Mais, il ne fallait plus qu'il pense à lui. Parce que c'était qu'un rêve. Un rêve auquel il ne pourrait appartenir. C'était un souvenir, doux, beau, agréable, mais le temps avait fait son effet. Son cœur ne souffrait plus quand il pensait à lui. Il avait vieilli. Et même si le garçon au manteau jaune l'aimait encore, il n'avait plus envie de se cacher. Et avec lui, même si le garçon au manteau jaune l'aimait, il l'aurait obligé.

Son regard tombe dans celui noisette de son premier amour. Le coin de ses lèvres se relève naturellement. Ses prunelles pétillent un instant. Et puis son cœur se fissure subitement. Ses yeux clairs étaient tombés sur les doigts. Ceux qui entouraient sa taille. Ceux d'un homme. Un autre homme que lui. 

Le choc le prend au corps, les larmes montent sans qu'il ne puisse réellement les combattre. Une main qui s'abat sur son épaule l'entraine au loin sans que personne ne prenne vraiment conscience autour de lui qu'il ne va pas bien.

Le garçon au manteau jaune était anormalement silencieux. Il porte sa bouteille à ses lèvres sans réellement en profiter.

─ Ça va ?

Il reste silencieux un moment. Ne répond pas à cette question dont il n'est pas sûr de connaître pleinement la réponse. Mais le regard posé sur lui ne lui laisse pas d'autre choix que de répondre.

─ J'ai le cœur brisé.

Il y a un regard inquiet, et puis des rires qui s'élèvent à côté de lui. Il soupire. Des blagues sont lancées par une partie de ses camarades de soirée, tandis qu'une main vient doucement presser la sienne en réconfort. Et peut-être qu'il l'avait un peu cherché à ne jamais se caser et à passer son temps à batifoler. Mais il n'y pouvait rien s'il ne ressentait jamais plus rien. Ils ne pouvaient pas comprendre ce que ça lui avait fait de voir le garçon aux yeux noisette heureux. Ça avait brisé quelque chose en lui. Ça avait brisé son espoir de le reconquérir maintenant qu'ils étaient de nouveau au même endroit.

 Il balaye cette idée de son esprit. Elle était idiote. Il méritait bien mieux que de vivre dans le secret. Il ne voulait certainement pas vivre dans le secret. Il l'avait compris à l'époque quand il lui avait dit l'avoir annoncé à ses parents, chose qu'il était encore incapable de faire malgré les années qui avaient passé. Parce que ça faisait désormais des années qu'il savait qu'il aimait les deux. Il l'avait compris une nouvelle fois quand ils les avaient vus proches en public.

 Et lui n'était pas prêt. Il ne serait peut-être jamais prêt à lui donner ce dont il rêvait certainement. Peut-être que c'était mieux ainsi. C'était certainement mieux ainsi. Il n'aurait pas été heureux comme ça, alors ils n'auraient jamais pu l'être à deux. Et alors, ils auraient cassé tout ce qu'il y avait de plus beau entre eux.

Il boit, beaucoup, trop, cesoir-là. Il tente d'oublier ce qu'il avait sacrifié pour voir son rêve seréaliser. Il pleure son cœur détruit dans les bras de son meilleur-ami. Il taitune partie de la réalité.

x x x

suite ce week-end je pense !