Un œdème qui gêne
9 mars
J'ai un rendez-vous chez le médecin de famille. Je commence à éprouver un sentiment de frustration et d'impuissance face aux médecins.
Le gynécologue m'a dit : « Patience ! Ça va passer tout seul ! »
Le médecin de famille demande : « Que dit le gynécologue ? »
Je me sens obligée de répéter : « Il dit que ça va passer tout seul. »
Pourtant, aujourd'hui, le médecin de famille me redonne du courage. Il m'envoie chez une autre physiothérapeute, au moins deux fois par semaine. Mais Sandra - c'est son nom - ne peut pas me prendre avant lundi prochain.
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13 mars
L'œdème avance, arrive au genou. Je fonds en larmes chaque fois qu'on me dit : « Comment ça va ? »
Je suis complètement déprimée. Pourtant, l'œdème se voit à peine.
C'est un handicap invisible qui progresse. J'ai une brique dans le ventre et des pierres dans les jambes.
« Jésus prit courageusement le chemin vers Jérusalem. » Luc 9,51
Moi, je suis complètement découragée.
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19 mars
Cette semaine, 3 séances de drainage lymphatique et une séance de massage thérapeutique, sans compter toutes les fois où Marie-Michèle m'a massé les jambes. Des vacances-thérapie !
Le positif ? j'ai appris comment ramollir l'œdème quand il devient dur et douloureux.
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22 mars
J'ai peur. Demain, je reprends le travail après une semaine de vacances. Je ne vois aucune amélioration. Est-ce que je vais pouvoir assumer le travail, même si ce n'est que 4,5 heures par jour ?
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28 mars
Marie-Michèle masse mes jambes. Elle aimerait que j'aille voir un psy avec qui parler de mes peurs. Elle insiste. En moi montent refus, colère et tristesse. Ce dont j'ai besoin, c'est juste d'être prise au sérieux dans ce que j'exprime. Ce qui pourrait m'aider aussi, c'est de rencontrer quelqu'un qui est passé par là.
Je me ferme et je me tais.
Le soir, je lis pour ne pas penser. Ma sœur Caroline téléphone. Ça me fait du bien. Je sens un intérêt vrai, une écoute attentive, pas de pitié ou d'apitoiement, même pas de la compassion. Juste une présence. La nuit précédente, elle avait veillé près d'une mourante. Le soir, elle avait ses petits-enfants pour le souper. Et elle arrive encore à être présente pour moi au téléphone. Chapeau, ma frangine. Je pense à l'ange venu réconforter Jésus à Gethsémani.
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29 mars
Avant, c'était une gêne. Maintenant, ça fait mal. Cette nuit, la douleur m'a fait peur, j'ai cru que ma peau allait se déchirer. Le haut des jambes a beaucoup augmenté de volume. Les autres ne voient rien. Moi, je le sens. Ce n'est plus mon corps. Je suis étrangère à mon propre corps.
La douleur a différentes formes : picotement, piqûre (peau) ou bien ça tire sur toute la longueur (muscle).
Et que dire ? Dieu, viens à mon aide !
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30 mars
J'envoie une lettre à l'hôpital où j'ai été opérée, dans laquelle je dis ma déception de n'avoir pas été informée sur les problèmes lymphatiques possibles après l'opération. Je leur suggère même d'améliorer l'information avant les opérations.
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4 avril
Samedi-saint. Pour Jésus, la mort a fait son œuvre. Pour ses proches, c'est le temps du vide, de l'absence, du silence. Le temps du deuil. Le grand chagrin. Peut-être même la désespérance ? Aujourd'hui, nous les chrétiens, nous savons et nous croyons en la résurrection. Mais quand c'est arrivé, qui pouvait pressentir qu'allait éclater la résurrection ?
Depuis le 31 mars, je vais un tout petit peu mieux. La brique au fond du ventre a disparu. Je suis encore enflée, mais ce n'est plus si dur.
Je vis un temps de deuil : mon corps ne sera jamais plus comme avant. Je vis aussi un temps d'attente : j'espère quand même qu'un jour j'irai mieux, vraiment mieux.
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7 avril
La jambe gauche ne va pas bien. La thérapeute mesure sa circonférence avec le centimètre : deux centimètres de plus que la jambe droite. Depuis quelques jours, je porte un « panty » de compression depuis la taille jusqu'aux genoux, ou presque. Le matin, c'est supportable. Le soir, je n'en peux plus. Je me sens enfermée dans une armure.
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8 avril
Aujourd'hui, j'ai la surprise d'un téléphone du chirurgien qui m'a opérée, en réponse à ma lettre du 30 mars. Au bout du fil, le chirurgien s'excuse, me dit que rares sont les femmes qui rencontrent ces problèmes lymphatiques. Il n'en parle pas toujours pour ne pas augmenter les peurs avant l'opération, en espérant que cela n'arrivera pas.
Ce téléphone me touche et me fait du bien.
Ce soir, une boule s'est formée dans le creux du genou, que j'essaie de faire disparaître, de faire remonter, mais en vain. Tout est enflé.
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14 avril
J'ai froid. J'ai mal. Je suis mal. Je suis déprimée.
L'enflure descend sous les genoux.
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16 avril
Quatre mois que j'ai été opérée et je ne vois pas d'amélioration.
« Mon Dieu, accorde-moi la grâce de ne pas céder à la tentation du découragement. » A partir d'aujourd'hui, ce sera ma prière de chaque jour.
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22 avril
Je vais à la piscine avec mon amie Rita, ce que je n'ai plus fait depuis 37 ans ! Je reste trois quarts d'heure dans l'eau, en essayant des mouvements avec les jambes. Je nage un peu sur le dos. Je peine avec le genou gauche. Ce soir, je suis très enflée. Je me demande si je vais continuer.
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