Quattro
Valentino
Pendant que Michaela est sous la douche, j'en profite pour sortir discrètement mon arme, restée bien planquée dans mon dos. Le sweat que j'ai volé était suffisamment long pour cacher l'attirail dans les ruelles de Vérone sans éveiller les soupçons. J'extrais ensuite la clé USB de la poche arrière de mon jean et fixe le petit bout de plastique qui tournoie entre mes doigts.
— Demain, je vais essayer de pénétrer dans ton antre ma jolie... Ne me résiste pas...
J'entends tousser. Lorsque je relève les yeux, je découvre ma kidnappeuse immobile devant la porte de la salle de bains.
— Rassurez-moi... vous ne parlez pas de moi, là ? Parce que... enfin, vous êtes pas mal non plus, mais quand même...
Je ne peux m'empêcher de sourire en coin. Cette nana n'est pas comme les autres, je dois bien l'avouer.
— Michaela, je vous arrête tout de suite. Ce n'est définitivement pas de vous que je parlais.
D'un geste, je lui montre la clé USB que je tiens entre mes doigts.
— Mais plutôt de cette beauté-là.
Je me lève du lit et passe devant elle en direction de la salle de bains, sans lui laisser le temps de réagir davantage. Avant de refermer la porte derrière moi, je lâche en riant doucement :
— Dommage, hein ?
Elle est jolie quand elle rougit. Je me déshabille tout en faisant attention aux ecchymoses de ma dernière confrontation. C'était quand nous avons réussi à attraper Vadim, l'un des membres de la Mano Nera.
Hunter n'a cessé de me répéter que je me trompais, que Vadim n'était qu'un novice, un pion sans réelle valeur. Mais pour une fois, il avait tort. Mon instinct me hurlait le contraire. Je l'avais déjà croisé lors de l'une de mes ventes aux enchères. Ce type n'avait même pas levé son panneau pour enchérir, un comportement louche pour un prétendu acheteur.
C'est pourquoi je l'ai tout de suite reconnu quand je l'ai aperçu sortir du club de Luca. Vadim n'était pas là pour acheter de l'art, mais pour autre chose. Probablement espionner pour le compte de Luca. Bien que les membres les plus actifs de son réseau soient souvent difficiles à identifier, j'étais certain que ce mec-là faisait partie des proches.
Je l'ai suivi dans les rues en pleine nuit. Hunter nous a rejoint, pas assez discrètement et nous nous sommes fait repérer. Une bagarre à explosée entre nous. Des coups douloureux on été donnés, et finalement, je l'ai assommé avec la crosse de mon arme.
La séance qui a suivi à était plus...productive. J'ai pris mon temps, comme on le fait avec les enfants. On leur explique ce qui va se passer, étape par étape. Après on a joué... Bon, lui n'avait pas l'air de trouver ça amusant, mais c'est un détail. De quoi se plaint-il, j'y suis allé doucement au début. S'il ne voulait pas trop souffrir, il fallait parler plus vite.
Une promesse a changé le game ; je lui offrait une mort plus rapide, une balle dans la tête, s'il me donnait l'emplacement de la copie de la clé USB. Il a craqué, conscient que si je le rendait à son boss, il subirait bien pire : des mois et des mois de torture jusqu'à ce que son corps lâche, épuisé.
J'ai donc envoyé Hunter la récupérer. Il est revenu bredouille. Je peux reconnaître en Vadim un très bon jeu d'acteur puisque le gars paraissait vraiment surprit de savoir que la clé n'était pas où il l'avait indiqué. Mais je ne suis pas né de la dernière pluie...
Vadim a promis des noms en échange de l'arrêt de la cession des séances de tortures. Hunter a failli lui éclater le cerveau, mais je l'ai arrêté avant. Je savais qu'une autre clé était dans le bureau de Luca.
Il me fallait les codes d'accès et j'ai pu obtenir l'info. Ensuite, Hunter s'est chargé du sale boulot. Un peu trop propre la mort du gars. Hunter a tiré exactement au bon endroit et lui a offert une mort rapide. J'aurais préféré un organe percé parce qu'il avait osé nous mentir une première fois, mais bon. Hunter devait être dans un mauvais jour et n'a pas eu l'air d'avoir envie de profiter du spectacle.
Bref. Une fois que je me suis emparée de la clé, l'alarme a sonné et j'ai dû fuir rapidement. Je me suis retrouvé dans le bar de luxe, j'ai choppé le sweat noir posé sur la chaise d'un gars qui venait de s'engueuler avec sa petite copine avant d'aller aux chiottes puis, une fois le mec disparu, je me suis calé au bar. Une jeune femme à la chevelure blonde m'a offert un verre que je n'ai pas pu refusé. J'en avais vraiment besoin.
Ma tête s'est mise à tourner. J'ai enfilé le sweat, mit la capuche pour dissimuler mon visage, suis sorti et là, trou noir.
Je sors de la cabine de douche et me retrouve rapidement dans une pièce embuée. J'ai oublié de prendre des fringues. Merde. Je noue une serviette autour de mes hanches et retourne dans la chambre.
Michaela s'arrête de pianoter sur son téléphone quand elle me voit débarquer, torse nu. Ses yeux s'attardent, sa bouche s'entrouvre légèrement et je remarque que sa respiration s'accélère. Elle est en train de me mater.
— Beau torse, dit-elle avant de se rattraper. Enfin, je veux dire, les tatouages... La rose est jolie.
Elle pointe vaguement son doigt vers mon pectoral gauche, comme si je ne connaissais pas déjà l'emplacement exact du dessin. Elle se sent obligée de continuer à s'expliquer.
— C'est mon domaine, vous savez... fleuriste. Donc, forcément, ça m'a sauté aux yeux...
— Vous vous enfoncez, Fiorina.
— Ouais... vous n'étiez pas obligé de le souligner, marmonne-t-elle en détournant les yeux, légèrement rouge. Bref, je vais me coucher. Bonne nuit.
Elle pivote sur elle-même, visiblement mal à l'aise, pour rejoindre la banquette. Pour se racheter de m'avoir kidnappé, la fleuriste m'a offert le lit, grande âme qu'elle est.
Après avoir enfilé un caleçon, je me glisse sous les draps. Mais, comme d'habitude, le sommeil ne vient pas. Impossible de baisser ma garde, même au milieu de la nuit et surtout avec ce clébard qui renifle mes pieds.
Mon flingue reste sous l'oreiller, un réflexe acquis avec les années et je me demande si je ne devrais pas exploser la cervelle du toutou. Sa langue râpeuse atteint mon oreille.
— Dégage !
Il tombe du lit quand je le pousse et s'en va retrouver sa maîtresse.
Mes pensées tournent autour de mon plan. D'abord, décrypter la clé. Ensuite, contacter quelques membres du club de Luca et les faire chanter. Des infos sensibles en échange de l'effacement des photos compromettantes que j'ai en ma possession.
Si je fais tomber Luca Gallo, je sauve ma nièce. Une flic qui s'est retrouvée piégée dans son trafic d'êtres humains... c'était dangereux, ils savaient. Pourquoi elle a accepté ?
Maintenant, elle est sur le point d'être mise aux enchères, destinée à devenir l'esclave d'un de ces riches pervers.
Je dois stopper ça, trouver l'heure et le lieu de cette vente et la sortir de là avant qu'il ne soit trop tard.
Un boum me fait sursauter. Je saisis mon arme et m'assieds sur le lit, prêt à tirer. En avançant prudemment pour identifier la source du bruit, je découvre Michaela, étalée par terre.
— Vous êtes tombée ?
— Non, j'ai juste trouvé que le sol était plus confortable que le matelas...
Je soupire, cache mon arme et me recouche. Elle se relève péniblement et retrouve sa place sur la banquette.
— Vous allez me tuer pendant mon sommeil ?
— Je vous ai déjà dit que non...
— Ouais, mais... Je viens de réaliser que je dors dans la même pièce qu'un inconnu que j'ai kidnappé. Et puis, vos tatouages... il n'y a pas que la rose, hein. Oui, j'ai regardé. C'était involontaire, je vous assure. Mais vous êtes sorti de la salle de bains, torse nu, et vos dessins à l'encre ont capté mon attention. Pas que ça, d'ailleurs mais... enfin bref.
Je ferme les yeux et la laisse continuer son monologue. J'ai vite compris que c'était dans sa nature : elle parle beaucoup, s'évade dans ses pensées, se perd dans ses propres phrases. C'est presque amusant de l'entendre se débattre avec ses mots.
— Quoiqu'il en soit, j'ai remarqué le tatouage du pistolet, celui de la tête de mort, mais aussi le couteau, les ronces...
Je rouvre un œil.
— Vous avez eu le temps de remarquer tout ça en si peu de temps ?
— Je suis très observatrice !
— Très observatrice, hein ? Et pourtant, me voilà à la place de votre frère... Bravo, détective ! me moqué-je.
Un long silence s'étire puis... j'entends une respiration plus profonde ; elle est endormie... en pleine discussion.
Je l'envie, moi qui je dors que très peu.
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