Chapitre VIII : Mise en route
Derek
S'il y a un mot qui me vient par suite de cette soirée au Libertà est « réussite ».
Ça n'a pas été très compliqué de croiser « comme par hasard » les deux garçons qui côtoies Nazélie, que ce soit dans leurs boulots respectifs ou même dans la vie de tous les jours. Au contraire même, on peut dire qu'ils étaient repérables au beau milieu de la foule composée des membres de la communauté d'Amérique Latine.
La véritable surprise est de constater que j'ai pu bien m'entendre avec eux dès les premières minutes, a contrario de Connor que j'avais aperçu avec Nazélie et que j'ai trouvé froid et antipathique, sans parler de ses yeux bizarres qui font coller la chair de poule.
Avec Théo et Arthur, nous avons prévus de nous revoir dans un cadre plus intimiste. Loin des ambiances des bars bondés et des nightclubs, nous allons tout simplement nous rejoindre pour un déjeuner non-loin de leurs lieux d'interventions. Enfin, autant l'avouer, j'ai complètement décroché lorsqu'ils m'ont dit dans quoi ils travaillaient, mais je suis persuadé qu'il s'agit de venir en aide aux personnes dans le besoin.
Elle a toujours su s'entourer des gens justes.
Beaucoup de personnes, notamment Darryl, pensait que retrouver Nazélie, surtout dans une ville aussi grande, allait être une mission impossible, mais loin de là.
Il m'a tout simplement fallut trouver son site internet – sûrement fait par Connor l'informaticien – où est noté son adresse professionnelle ainsi que son numéro de téléphone de bureau et le reste fut un jeu d'enfant.
J'ai pris la précaution d'arriver largement avant l'heure d'ouverture des locaux, et c'est là que j'ai vue qu'elle arrivait – quand ils étaient au bureau pour la journée – en même temps qu'eux.
Puis en fin de journée quelques jours plus tard, je les aie suivis, sans aucun remord, trouvant dans le même mouvement, leur adresse de domiciliation.
J'ai continué ce petit manège pendant plusieurs jours pour connaitre à peu près leurs habitudes et ainsi, créer une routine de quand elle est seule ou accompagnée sans parler de ses déplacements à l'extérieur.
Une manière pour moi de parler d'une coïncidence si un jour la tentation se fait trop forte et que je viens à sa rencontre ou si on me demande ce que je fabrique dans le coin.
Bien que l'idée n'ait pas forcément plus à Darryl, de savoir que je suis plus que de raison sa petite sœur, les deux autres étaient clairement hors d'eux lorsque j'ai révélé la suivre tous les deux jours.
Les sentiments qui me sont venues immédiatement en la voyant si proche d'eux sont la colère et surtout la jalousie. Je refusais d'imaginer un seul instant Nazélie dans les bras de l'un d'entre eux, et encore moins dans ceux de Connor, ce mec est beaucoup trop brut de décoffrage pour une personne aussi douce et sensible qu'elle.
Durant ma période où je l'ai suivi, que ce soit pour son travail, ses courses ou un simple footing, je l'imaginais avec moi, dans une maison isolée de toute civilisation, dans un rayon de vingt kilomètres au bas mot, voir même sur une île déserte. Juste elle et moi, sans personne pour me la voler ou m'empêcher de la voir.
Cette pensée s'est faite encore plus insistante depuis cette soirée où je l'ai vue danser avec un inconnu ayant quelques traits en commun avec l'informaticien qui ne mérite même pas que je l'appels par son prénom.
Maintenant, je l'imagine avec moi pour seule compagnie et d'ici peu, un mini nous qui pointerait le bout de son nez. Nos débuts n'auraient pas été laborieux, mais je sais qu'au fur et à mesure du temps, elle m'aimera, comme avant, si ce n'est encore plus fort.
Cette idée traine dans ma tête depuis et refuse d'en sortir. Au point que chaque journée loin d'elle est de plus en plus difficile. J'enchaîne connerie sur connerie sans parler des différentes erreurs au niveau des factures ou des contacts téléphoniques. J'en suis au point de devoir être surveillé sur ce que je fais par les garçons, comme un gosse.
La matinée continue ainsi, je suis dans un tel état d'absence que je ne réponds même plus au téléphone, laissant cela à Darryl ou même Dylan tandis que Tony inspecte ce que je finalise, comme si j'étais capable d'empirer les choses.
C'est pendant notre déjeuner dans le bureau situé à l'étage que Tony pète littéralement les plombs, ne supportant plus l'ambiance dont je suis responsable.
- Bon Derek accouche, qu'est-ce qui t'arrive depuis quelques jours ? Tu es bizarre et tu enchaînes les conneries, si tu as besoin de vacances dis-le nous directement !
Je les regarde tour à tour, hésitant dans un premier temps à révéler mes attentions envers Nazélie, finalement je n'hésite plus, autant aller dans le vif du sujet, advienne que pourra.
- Je vais entrer en contact avec Nazélie. Dis-je en croquant dans mon hamburger provenant d'un fastfood du coin.
- Et tu comptes t'y prendre comment ? En la croisant au détour d'une rue et la collant dans une ruelle du genre « salut Nazélie ça fait longtemps, au fait, je t'ai jamais oublier et je suis venue à ta remise de diplôme où je t'ai stalker comme un putain de taré, tu as vue il fait beau aujourd'hui ! » Lance Tony en reposant ce qu'il avait dans les mains.
Je ne cherche pas à répondre quoi que ce soit, pour le coup, je n'ai pas besoin de son approbation ou même de son avis, c'est ce que je ferais point barre, même si je l'avoue, c'est tout de même tordu de ce pointer comme il l'a dit précédemment, en plus en sachant qu'elle n'est jamais, voir rarement seule, ça risque de mal se passer pour un premier contact.
- Je comptais m'approcher de ses colocataires et de finir par me faire inviter à une de leurs sorties, ainsi je la verrais dans le plus pur des hasards.
- Et comment tu sais qu'elle a des colocs et à quoi ils ressemblent ? Lance cette fois Dylan en plissant les yeux.
Avec Dylan et Tony dans le coin, je préfère mesurer mes paroles et tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de dire quoi que ce soit. Mes deux amis ne sont pas du genre rancunier de bases, mais avec tous les évènements qui se sont déroulés, les bons mais surtout les mauvais, on peut dire qu'ils sont loin d'avoir digérés notre amatie de connerie.
Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Tony comprend tout de suite où je veux en venir, et vue ses yeux, habituellement foncés devenues plus noirs encore, je sens que ce n'est pas bon pour moi.
- Tu vas pas me dire que tu l'as suis !
- Pas elle, ne puis-je m'empêcher de rectifier. Enfin pas uniquement elle, au départ si, mais maintenant que je connais ses habitudes et de vue tous ses contacts je n'aurais pas besoin de continuer, sauf si elle est trop proche d'un gars.
- Mais tu deviens complètement dingue mon pauvre ! Lance Tony limite en hurlant. Avec tout ce qui lui est arrivé il y a six ans, tu vas t'immiscer dans sa vie via le biais de ses amis qui ignorent probablement tout de ce qui lui est arrivé, au risque qu'elle se retrouve seule par la suite ?
- Elle ne sera pas seule puisque je serais là, ne puis-je m'empêcher de grogner. De toute façon je ne m'attendais pas à ce que tu sois pour, je vous expose juste mon idée, je vais faire ce que je veux et vous n'avez rien à dire.
Je sais bien que là-dessus, les avis sont mitigés, entre la peur panique de Nazélie qui est sûrement toujours présente, le vide qu'à créer son absence et l'espoir de son retour, tout cela créer une incertitude et une ambiance toxique.
Alors si en plus de ça, la peur qu'elle ne nous pardonne pas s'ajoute à l'équation, je ne sais pas ce que je pourrais faire ni même comment je pourrais réagir.
Je vois bien dans leurs regards que Dylan tout comme Tony sont contre cette idée, pour Darryl, je dirais que c'est incertain, il n'est pas contre, mais la possibilité que sa sœur parte de nouveau lui tord le bide, un peu comme moi d'ailleurs.
Le repas se fini dans un silence assourdissant, en quelques minutes, nous avons tout débarrassés puis nous nous sommes laver les mains avant de reprendre le travail. Alors que nous sommes sur le point de nous remettre à la tâche, je lâche de but en blanc que je ne rentrerais pas avec eux ce soir, et qu'ils ne devraient pas m'attendre pour le dîner.
Je n'ai pas eu besoin de leurs dire où je serais ni même ce que je ferais car je pense qu'ils ont compris avec cette simple phrase. Pour seule réponse j'ai eu le droit à une tape sur l'épaule de la part de Darryl, un simple regard de la part de Dylan et une phrase de Tony :
- Tu joues à un jeu dangereux, mais bon, tu verras ce que ça donnera. Seulement, prends bien en compte que je ne cautionne pas du tout ce que tu fais !
Sur ses mots, je n'ai presque pas adressé la parole aux gars, me contentant du strict minimum qui soit en rapport avec notre boulot, la fin de journée à peine sonné, je me dirige vers la salle d'eau du garage pour une douche rapide et me changer, enfilant un jeans noir déchiré aux genoux et une veste en cuir de la même couleur sur un tee-shirt blanc serré.
Une fois prêt j'envoie un sms à Arthur pour savoir où ils en sont et où nous devons nous rejoindre, quelques minutes plus tard, alors que ceux que je considère comme mes frères partent, me laissant le plaisir de fermer le local, il m'envoie une adresse qui n'est d'autre que celle de leurs travails, m'annonçant qu'ils ont bientôt fini une réunion de dernières minutes pour leurs dossiers communs et qu'après nous irons directement chez eux.
Après avoir répondu un simple OK, je me dirige vers ma voiture et pars en direction de la rue que je commence maintenant à connaître par cœur. Comme si les esprits étaient d'accord avec moi, une place se libère juste en face de la devanture de leurs bureaux.
Je m'apprête à leurs envoyer un message lorsque je vois une chevelure brune passé le pas de la porte en compagnie d'un grand brun à la carrure athlétique, je n'ai pas besoin de regarder par deux fois pour comprendre qu'il s'agit du même gars que j'ai aperçue lors d'un footing pendant qu'il courait avec Connor, probablement son frère.
Instinctivement, mes poings se serrent, d'autant plus que je les vois se tenir la main et partir à l'opposé du domicile de Nazélie. J'en suis au point de vouloir sortir pour en découdre avec ce mec au moment où Arthur et Théo ouvre en grand ma portière, me faisant sursauter au passage.
- Bah alors tu as vu un fantôme ? Lance Théo en riant à gorge déployée.
- Non... je regardais la fille qui est sortie de vos bureaux, une cliente ?
Je sais que ce n'est pas bien de mentir et que je devrais probablement est fustiger pour ça, mais je tiens absolument à garder cette couverture pour l'approcher par la suite.
- Nazélie ? Non ! C'est notre coloc et aussi une collaboratrice ! Bon, tu laisses ta voiture ici on va y aller à pied c'est pas loin ! Dit Arthur en me tenant la portière, me laissant pas vraiment le choix.
Je ne le fais pas répéter une seconde fois que déjà je sors de ma voiture et les suis comme si je ne connaissais pas le chemin. En quelques minutes nous nous trouvons dans leur appartement qui semble être trop petit pour trois. Profitant qu'ils me laissent visiter tranquillement, je regarde les différentes photos qui jonchent les murs.
Je les repère sans mal le jour de leurs remises de diplôme, j'ai la même sur mon ordinateur mais en plus lointaine. Je vois aussi Nazélie avec d'autres personnes dont Connor dans plusieurs situations, que ce soit sur une plage ou sur des chevaux.
Profitant de la soirée pour m'empiffrer et poser des questions sur tout et n'importe quoi, j'apprends qu'ils se connaissant depuis la fac et que leurs départs étaient même assez chaotiques étant donné la peur qui était bien imprégner dans l'esprit de Nazélie.
Ils ont mis du temps avant d'avoir la confiance de Connor ainsi que de son frère ainé Aaron, l'homme qui est venu chercher Nazélie, sans parler de sa sœur Mia qui est du même tempérament que son frère jumeau. Eh bien qu'ils ne sachent pas tout concernant celle que j'aime, ils ont tout de suite compris qu'elle en a bavée dans un laps de temps plus ou moins court.
Je n'ai pas pu apprendre grand-chose sur les relations qu'elle a pu avoir avec d'autres personnes, après tout ils ne sont pas du genre à tout balancer aux premières venues, mais bien qu'elle soit dotée de nombreuses qualités, ils m'ont certifié qu'elle n'a jamais eu de petit copain durant ses études. Au moins une bonne nouvelle.
C'est tard dans la soirée que je rentre chez Darryl, je me gare tout juste dans l'allée que les lumières s'allument, dévoilant Darryl sur le porche de la maison. Je ne tarde pas à éteindre le moteur puis à sortir de ma voiture avant de le rejoindre. Sans un mot, nous nous dirigeons vers le salon où deux cafés fumants nous attends. A peine assis, Darryl me pose une question qui signifie tout et rien à la fois.
- Alors ?
Je prends le temps de boire une gorgée de café avant de lui répondre, je sais bien que le fait d'avoir vue sa sœur et qu'elle lui a donné aucun signe favorable – ce que je peux comprendre – lui déchire le cœur, je suis exactement dans le même état que lui.
Sans lui laisser le temps d'imaginer mille et un scénario, je lui raconte tout ce que je sais, que ce soit la rencontre hors du commun avec ceux que je fréquente comme les nombreuses vacances qu'elle a fait avec une famille qui nous est totalement inconnue. Je garde sous silence sa vie sentimentale qui est apparemment inexistante, mais n'omet pas le fait qu'elle semblait heureuse sur les photos. De but en blanc, il me demande la suite des évènements, à ces mots je me mets à hausser les épaules, ne sachant pas vraiment ce que je devrais faire.
C'est quelques jours plus tard qu'une ampoule semble s'être allumé dans ma tête, et pour cela, je n'ai eu qu'à avoir un message d'un des gars.
Avec Théo on va au Town, le nouveau bar qui ouvre d'ici peu, il est tenu par une amie à nous, tu y seras ?
Inutile de dire que si c'est tenu par leur amie, Nazélie y sera forcément, ni une ni deux, je réponds un seul mot lourd de sens.
Evidemment.
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