Mutilation


Pour la plupart des gens qui ne me connaissent pas très bien, je suis une fille ordinaire, qui travaille pour avoir de bons points, qui veut se faire des amis, qui se fait facilement des copains,...

Les gens qui ne me connaissent pas ne me comprennent pas, même mes proches en qui j'ai confiance ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre ce que je suis vraiment.

Pour une fille de 15 ans, je ne me porte pas trop mal. Je n'ai jamais eu de copain, j'ai trois meilleures amies, j'ai une sœur et un frère. J'ai de bons points, une vie qui a l'air paisible aux yeux de tout ces gens. Mais ils ne voient pas ma douleur.

Un, deux, trois et la lame ouvre ma peau de quelques millimètres. Ca ne sert à rien mais ça me soulage. Entre les problèmes de familles, une meilleure amie absente, les gens qui me prennent pour un fantôme, et le pire de tous, mon petit ami imaginaire. Je m'en veux quand le sang coule mais c'est le seul moyen pour faire ressortir la tristesse qui est en moi. Et les larmes coulent comme le sang coule, mais évidemment personne le sais. On a beau tout dire à ses proches, il y a des choses qui ne sortent pas.

Assise sur mon lit, je ne cesse de pleurer. Couteau en main posé sur mon poignet, je repense à la vie que j'avais avant. Lorsque j'étais bébé, je ne me souciais pas de ma différence d'aujourd'hui. Je ne m'en suis rendue compte que quand je suis arrivée dans une nouvelle école en 1 ère primaire. Cette gêne est toujours présente dans mon corps et personne ne peut comprendre ma souffrance. Je me souviens, enfin on me l'a dit, à mon baptême, je ne parlais toujours pas mais j'observais et écoutais. Lorsque j'ai commencé à dire mes premiers mots quelques mois plus tard, je parlais correctement. Pour moi, quand je fais quelque chose, il faut que je le fasse parfaitement. J'observe la scène qui est en train de se dérouler et j'analyse.

Je m'adapte facilement à tous types de personne, tout en changeant de personnalité pour m'adapter à eux. C'est en quelque sorte un rôle que je joue dans un film. Jouer pour que le spectateur aime le personnage qui lui ressemble. Je suis l'actrice que tout le monde aime.

Un, deux, trois et la lame s'enfonce un peu plus. Le réflexe est immédiat, je retire la lame déjà bien enfoncée dans ma peau parfaitement lisse. Mais mes larmes ne cessent de couler encore et encore, je ne savais pas que mon corps pouvait sortir autant d'eau en une seul soirée. Parfois, on se sent tellement nulle qu'on pourrait faire n'importe quoi pour se sentir mieux, je veux même parler de la mort.

J'ai déjà songé à me suicider, et pourtant je suis toujours là, assise sur mon lit, au point de départ, lame sur mon poignet comme à chaque fois. Je ne sais pas combien de mouchoir j'ai du utiliser cette semaine mais je crois que j'ai bien vidée deux boites.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top