J'essaie de crier, mais c'est impossible avec le bâillon. Je suis incapable de nager avec mes liens. Mon corps s'enfonce donc dans les profondeurs du lac et j'avale de plus en plus de liquide. Mon coeur bat à un rythme dangereux et ma tête subit des pulsions extrêmes. L'eau tout à l'heure translucide est désormais teintée écarlate. Le lac est rouge de sang, de mon sang !

Dans un hurlement muet, je vois Isilia sur son navire qui caresse son ventre en souriant. Ses yeux pourtant sont tristes. Je tente de me propulser vers le haut pour la rejoindre, mais il est déjà trop tard. Un halo blanc couvre mes yeux. Izanagi m'attend auprès d'elle.

Je commence à ne plus sentir mon corps. À cet instant, tout me semble au ralenti, le visage souriant de ma mère et sévère de mon père apparaissent d'un flou estompable. Les verrais-je un jour ? Mes toiles, mes oeuvres, ma maison ?

Je pensais que seuls les mots faisaient mal, mais non, c'est l'amour qui m'a tué !

À mon dernier souffle; ma vue presque ruinée se retourne vers la silhouette de la belle Isilia et mes pensées voguent vers elle.

Isilia, pardonne-moi, je n'ai plus la force pour que la nature m'aime de nouveau, j'ai cru trouver ma muse éternelle, mon cœur s'éteint maintenant loin de ta douceur.

Tu es apparues aux regards innocents jusqu'à posséder mon être.

Isilia, ton au revoir me suffit !