Au milieu du lac, nous cessons d'avancer. Je remarque au loin une autre barge plus grosse qui s'approche de nous. Plusieurs femmes vêtues de voiles blancs entourent une magnifique et grande dame à la chevelure ondulée et de couleur blé. Sa robe dorée laisse apparaître ses généreuses courbes.

Celle-ci se met debout alors qu'une légère brise vient caresser notre peau. Je ne peux que l'écouter pour essayer de comprendre ce qui se passe. Je jette tout de même un œil vers Isilia, qui me regarde aussi, froidement. Avait-elle toujours ce regard auparavant ? Le lien électrique qui nous unissait semble disparu. Mon cœur s'étiole.

— Je suis Isha-sama, Mère des elfes. Épouse de Kurnous le seigneur des bêtes et de la forêt. Depuis des générations notre peuple s'unit et vénère la déesse qui nous protège tous Izanagi. Je veille avec Izanagi à nous garder loin des humains.

Les femmes autour d'elle entament alors une danse lente et sensuelle qui réveille la forêt endormie. Je suis subjugué par tant de beauté. Je n'ose pas bouger d'un pouce de peur de perdre une minute de ce spectacle.

— Isilia, ma fille. Ton devoir.

Sa voix ferme et satisfaite commence à me hérisser.

La belle Isilia se redresse, sa robe de voile bleue semble flotter dans l'air, elle me regarde maintenant d'un air compatissant et reconnaissant. Ses yeux me fixent, toutefois, ses paroles ne me sont plus destinées.

— Roy, tu as fait un don de vie dans mon ventre. Son enfant et les générations à venir seront offerts à Izanagi. Nous n'aurons plus besoin de traverser la frontière séparant nos peuples.

— Vive Izanagi, notre déesse !, louent les gardes avec fierté.

Elle me regarde, immuable.

— Au revoir, Roy.

Sa voix tendre m'a donné un effet déplaisant et poignardant. Implorant, je voudrais lui demander pourquoi.

— Izanagi réclame un être à immoler afin de préserver notre monde du leur. Pour que la paix perdure, lance Isha-sama.

— Pour que la paix perdure ! Vive Izanagi !, hurlent les assistants à l'unisson.