XXIII . Oni ronflant
[Image média by @miyoruu_ on twitter]
Sara se sentait particulièrement mal, comme si elle venait de se prendre une montagne en pleine tête. Complètement assomée par la fatigue, Sara papillona des paupières avant de finalement ouvrir les yeux à moitié et d'observer la pièce dans laquelle elle se trouvait.
Elle reconnaissait cette pièce.
Le plafond rampant indiquait qu'elle était dans une des pièces sous les toits d'un bâtiment. Ce plafond elle le voyait chaque fois qu'elle se réveillait dans l'hôpital de la commission administrative, il était caractéristique de leurs chambres et elle le reconnaissait à chaque fois. En se demandant la raison pour laquelle elle était ici encore une fois, elle soupira.
"C'est vrai..." Se dit-elle en se rappelant des événements de la nuit dernière.
Elle tourna le regard vers la fenêtre et vit qu'il faisait désormais jour, elle avait donc sûrement dormi le reste de la nuit après tous ces événements. La fatigue de la veille l'avait désormais rattrapée, et ces quelques heures de sommeil n'ont alors pas suffi à complètement la reposer.
Elle ferma doucement ses yeux en soupirant.
Cette nuit de cauchemar était enfin finie.
Elle ne pouvait cependant pas chasser de son esprit ce moment où elle s'était réveillée, devant la mare de sang dans laquelle Itto était allongé. Le sang sur ses mains, sur son visage... Elle leva la main pour vérifier qu'il n'y était plus. Heureusement la peau de sa main était aussi claire que d'habitude. Elle referma à nouveau les yeux, refusant de se rappeler de ce moment.
Elle essaya de bouger sur le côté, mais quelque chose la bloquait. Elle regarda son autre main et ouvrit les yeux, voyant que son poignet était bloqué par une autre main. Elle suivit le bras du regard et vit finalement au bout de celui-ci un Oni ronflant aussi fort qu'un sanglier.
"Itto.." pensa-t-elle avec un mélange de soulagement et d'exaspération.
Elle l'inspecta du regard rapidement, et ne vit pour séquelles de ses blessures qu'un bandage sur le cou.
Elle sourit alors avec soulagement. Il avait donc la vie sauve.
Elle entendit quelqu'un ouvrir la porte, elle se redressa alors un minimum pour s'appuyer sur ses coudes, ne pouvant aller plus loin à cause de la main de Itto qui la retenait fermement malgré son sommeil.
Elle vit entrer un homme dans un costume traditionnel portant le signe de la commission administrative, avec dans ses mains des nouveaux bandages et des produits pharmaceutiques. Il vit Sara réveillée et sourit alors à cette dernière.
- Ah! Vous êtes réveillée, Générale.
Sara regarda l'infirmier venir s'assoir à côté d'elle sur ses genoux.
- Comment vous sentez-vous ? Demanda-t-il finalement en lui faisant signe de lui montrer son bras.
- Hmm... Je ne sais pas, plutôt fatiguée. Je pense que j'ai une rechute de fatigue.
"Ça m'ennuie, ça me mettra en retard sur mon travail." Pensa-t-elle à regrets en présentant son épaule à l'infirmier en arrivant finalement à faire lâcher la prise de Itto, qui lâcha un grognement fatigué de désaccord.
L'infirmier sourit légèrement en commençant à défaire le bandage.
- Oui c'est assez normal. Vous avez mal quelque part ?
Sara secoua la tête pendant qu'il remplaçait le bandage de la blessure. Elle inspecta ses autres blessures et remarqua du coin de l'œil un bandage vers son autre bras, celui que Itto tenait tout à l'heure. Elle ne se rappelait pas avoir été blessée par ici, mais après tout avec cette assomante fatigue il lui semblait qu'elle avait oublié beaucoup de choses pour le moment. Elle ne se posa alors pas de questions.
Elle regarda alors à nouveau l'infirmier avec un air préoccupé.
- Est-ce qu'il va bien ? Demanda-t-elle en désignant son compagnon de chambre.
L'homme avait le regard fixé sur son activité mais prit tout de même le temps de lui répondre patiemment.
- Oui, son état est stable maintenant, rassurez-vous.
Sara soupira de soulagement.
- Cependant il y a quelque chose dont je préfère vous prévenir.
La Générale regarda alors l'homme, qui finit de rebander sa blessure et qui posa donc son regard sur elle.
- Qu'y a-t-il ?
- Hier soir votre ami était vraiment dans un état déplorable, reprit-il pour lui expliquer. Sa blessure au cou avait coupé une veine importante, et le temps qu'on arrive trop de sang avait déjà coulé. Il était certain qu'il allait mourir.
Sara cligna des yeux un instant.
C'était comme si elle venait de se prendre une douche froide rien qu'à l'idée qu'elle aurait pu se réveiller à côte de son cadavre. Pourtant Itto est vivant, il ne ronflerait pas sinon, et cette idée la rassura.
- Pour le sauver, il fallait absolument du sang, il en avait trop perdu. Mais du sang d'Oni. Or c'est le type de sang qui a peu de chance d'être compatible avec la plupart des autres sangs humains. Il nous fallait du sang qui soit assez proche du sien pour pouvoir être compatible. Du sang de Yokai.
Sara s'arrêta un instant en réfléchissant.
- .. Vous avez utilisé mon sang n'est-ce pas ?
L'infirmier hocha la tête en ne regardant plus directement la Générale dans les yeux comme s'il se sentait coupable. Ce genre de prises de décisions demande toujours l'accord officiel du donneur, pourtant ici Sara ne pouvait pas accepter dans son état. Sara le savait, ayant déjà assisté plusieurs fois à ce genre d'opérations pour en connaître les exigences.
- Nous n'avions pas d'autres choix, dit-il finalement en s'occupant désormais de la blessure inconnue de Sara, ayant sûrement servi d'intermediaire au transfert de sang.
Il redressa la tête vers elle et fut rassuré de voir Sara fermer les yeux, adoptant un visage détendu.
- .. Merci infiniment de lui avoir sauvé la vie.
"Parfois il est nécessaire de prendre des décisions de soi-même pour sauver les autres." Pensa-t-elle en étant rassurée par l'idée qu'elle ait pu contribuer à sauver la vie de l'Oni ronflant.
Elle comprenait cette prise de décisions mieux que personne, en tant que soldate et générale.
- LAISSEZ-NOUS LE VOIR!!!
- Mais arrêtez, je vous dis qu'il n'est pas-
La porte coulissante s'ouvrit en grand et très subitement, faisant sursauter la Générale et l'infirmier, mais pourtant pas Itto qui continuait de ronfler bruyamment.
À la porte, il y avait Genta, Akira et Menma qui passèrent chacun leur tête par la porte. Derrière eux on voyait l'infirmière qui essayait de les empêcher d'entrer se tenir la tête avec un regard désespéré, suivie par Shinobu les mains sur les hanches.
- Les garçons revenez là ! Leur cria-t-elle en voulant les tirer d'ici.
Cependant à la vue de Itto allongé les trois hommes s'engouffrèrent à l'intérieur en panique et se mirent a genoux à côté de lui.
- PATROOOOOON
- NON NE PARTEZ PAS DÉJA! VOUS ÊTES TROP JEUNE ET GÉNIAL POUR MOURIR
- PITIÉ PATRON, NE SOYEZ PAS LE NUMÉRO UNO DU GROUPE À MOURIR
Sara soupira en se tenant vivement la tête à cause du bruit causé par les trois hommes en larmes qui accentuait son mal de tête. Shinobu entra à son tour et frappa chacune de leur tête avec sévérité.
- L'infirmière vous a dit qu'il se portait bien, alors sortez de là! Leur ordonna-t-elle. Il faut le laisser se reposer. Vous allez vraiment finir par le tuer en faisant autant de boucan.
Elle tourna la tête vers les deux autres personnes présente mais détourna le regard en croisant celui de Sara.
Le trio se releva piteusement en regardant le sol, trainant des pieds vers la sortie.
Sara les regarda faire non sans soupirer avant de se tourner vers l'infirmier.
- J'ai besoin de leur parler.
- Vous êtes sûr ? Demanda-t-il en haussant un sourcil, l'air perplexe.
Sara acquiesça et se leva, non sans tituber un instant et regarder Itto rapidement avec un air coupable. Elle baissa le regard et arrêta le dernier membre du gang à sortir par le poignet.
- Attendez.
Akira se tourna et regarda la Générale avec surprise avant de croiser les bras.
Les autres membres du gang dont Shinobu se tournèrent quand Akira s'est arrêté. Shinobu ne cacha pas sa contrariété bien qu'elle ne dit rien pour le moment. Sara lâcha alors le poignet de Akira et se courba en avant respectueusement.
- Je voudrais m'excuser, commença-t-elle sincèrement et très sérieusement, même si jamais le trio et Shinobu ne l'avaient vu s'excuser de la sorte - en particulier à propos de Itto. J'ai eu une attitude immature, bête et irresponsable et c'est à cause de moi que votre ami se retrouve dans cet état. J'ai manqué à mon devoir.
Elle baissa d'autant plus la tête.
- Il.. Il a caché sa douleur pendant tout le reste du combat, pour éviter que je m'inquiète. Mais j'aurais dû me rendre compte bien plus tôt de la gravité de la situation, et encore plus tôt que Itto n'aurait pas dû être mêlé à tout cela. J'ai agi à la légère alors que sa vie dépendait de mon jugement.
Un petit silence s'ensuivit, sûrement en partie à cause de la surprise qui prit le groupe. De son côté Sara était honteuse de ses actes et n'osait dire plus de mots, de peur d'empirer son cas comme elle l'avait fait hier soir. Ce que lui avait dit Shinobu avait directement remis en question sa responsabilité en tant que Générale, un rôle qu'elle tient énormément à cœur.
Finalement, un soupir fut poussé par Genta, qui se grattait le front.
- Et ben si je savais qu'on allait recevoir vos excuses...
Akira rit un petit peu.
- Je me serais préparé mentalement aussi !
Sara releva le regard avec une certaine incompréhension. Elle avait cru ses excuses solennelles, pourtant leur réponse contredisait ce fait.
- Je le pense vraiment pourtant. Je ne me suis pas comportée comme quelqu'un de responsable.
Mamoru sourit de bon cœur.
- P't'être. Mais bon on connaît aussi le boss, vous savez hein! Et puis il aurait pas tenu en place s'il était pas allé vous rejoindre.
Sara pencha la tête sur le côté, ne comprenant pas cette dernière phrase. Shinobu se plaça alors entre le groupe et elle, soupirant un temps.
- On devrait y aller. On va les laisser se reposer le temps que le patron se réveille.
Elle tourna un regard menaçant sur le groupe.
- Et le premier qui redérange les infirmiers ira se manger un arbre. J'espère que c'est assez clair.
Les trois hommes se raidirent.
- O-OUI SHINOBU
L'infirmier qui s'occupait de Sara les rejoint et regarda cette dernière.
- Vous devrez rester encore le reste de la journée pour vous reposer, vous reprendrez le travail demain, affirma-t-il en se courbant ensuite en avant respectueusement.
Sara acquiesça alors docilement non sans regarder en arrière. Shinobu n'avait pas exprimé son pardon, elle déduit donc qu'elle était encore énervée par son comportement, quelque chose qu'elle comprenait totalement. Elle avait besoin de temps. Elle décida de penser à autre chose. Et en dehors des affaires personnelles, qu'y avait-il toujours dans l'esprit de Sara ?
Le travail.
En suivant l'infirmier à la chambre, elle pouvait déjà imaginer les dossiers s'accumuler sur son bureau en attendant son retour.
"J'aurai beaucoup de choses à régler quand je serai rentrée." Pensa-t-elle en soupirant.
Pendant que le groupe se mettait en route pour repartir, Sara retourna à l'intérieur de la chambre et se rallongea. Elle mit ses mains derrière sa tête en regardant le plafond un instant.
"Je crois que je ferais mieux de demander à des assistants de m'apporter du travail quotidient."
Elle soupira un instant et tourna son regard vers Itto, pris en charge par le même infirmier qui changeait le bandage. Sara regarda un instant le bras de Itto encore allongé dans sa direction. La Générale regarda un instant la main que Itto avait saisi pendant tout leur sommeil et rougit avec embarras.
"Tu m'attires beaucoup de problèmes." Soupira Sara dans son fort intérieur.
Elle plaça ensuite soigneusement sa main près de la sienne, et se sentit directement attrapé par la poigne de Itto, ronflant toujours aussi bruyamment. Sara le fixa un instant avant de sourire un peu et se réinstaller correctement.
"Quel cas celui-là.."
[By @MrNg31836 on twitter]
Déjà réveillé, Heizou était assis sur le rebord de sa fenêtre, laissant une de ses jambes dans le vide, la deuxième appuyée sur le cadre de la fenêtre. Heizou était dans sa posture de réflexion fétiche.
"Il y a beaucoup de choses à tirer au clair dans cette affaire."
Il entendit un toquement à sa porte et se tourna.
- Hm, entrez.
- C'est moi, fit une voix qu'il reconnut directement, le faisant se redresser et redescendre de la fenêtre.
Shinobu ouvrit la porte coulissante et se permit d'entrer, les bras croisés.
- Comment vous sentez-vous ? Demanda-t-elle en s'appuyant contre le mur près de sa porte.
- Hm pas mal pas mal. Je devrais pouvoir sortir bientôt. Par contre toi, tu es sortie encore plus tôt!
Heizou lâcha un léger rire en allant dans sa direction, pour finalement s'assoir sur son lit.
- Bref, reprit-il en appuyant ses mains sur ses genoux. Ça m'étonnerait que tu viennes juste pour vérifier mon état, alors pose-moi ta question.
Shinobu soupira avec exaspération. Ses intentions avaient été découvertes avant même qu'elle ne puisse demander quoique ce soit - une situation digne du Détective de renommée qu'il était, c'était certain. Elle passa une main dans ses cheveux en appuyant son front contre sa paume.
- C'est cette histoire de Fatui, commença-t-elle en faisant alors sourire Heizou, comme s'il avait déjà deviné de quoi elle allait parler. Comment est-ce que cette femme a pu entrer en Inazuma sans qu'on ne remarque rien ? Même si on ne dépend plus du décret de saisie, les contrôles sont fréquents et sans défaut.
Elle tourna son regard vers le Détective, attendant une explication de sa part.
Ce dernier se recula sur son lit et s'y allongea dans une position détendue, arborant un grand sourire plein de malice en fermant les yeux.
- Apportez-moi un œuf frit et peut-être que je vous répondrai.
Shinobu plissa les yeux.
- Sérieusement ? Demanda-t-elle, incrédule à la panache que pouvait avoir ce dernier quand il le voulait.
Heizou rit et la regarda droit dans les yeux.
- Un bisous alors ?
Elle secoua la tête en se décollant du mur.
- Certainement pas, répondit Shinobu avec exaspération. Finalement l'œuf frit n'est pas une si mauvaise idée.
Heizou afficha un sourire joueur en se redressant.
- Allons allons je te fais marcher, Shinobu.
Il passa ses bras autour de ses épaules en ricanant, parlant pourtant étrangement proche de son oreille.
- .. Ou peut-être pas ?
Shinobu ne bougea pas, se contentant de lever son poing pour frapper le visage de Heizou au-dessus de son epaule, avec un un ennui qui se traduisait dans ses yeux mi-clos. Cependant le Détective esquiva son cou en se reculant d'elle.
- Ohoh attention, soupira-t-il en riant. Ne me blesse pas plus que je ne le suis déjà. Ce serait si impoli de faire ça à un patient..
- Vous êtes déjà dans un hôpital, je ne vois pas le problème.
Shinobu se dirigea alors tranquillement vers la porte qu'elle referma résoluement pour ne pas inciter le Détective à la suivre. Il soupira alors en revenant dans son lit. Il se décoiffa et coinça son élastique entre ses lèvres en regroupant ses cheveux dans une nouvelle queue de cheval.
"Elle est bien vache..."
Il se mit cependant à ricaner légèrement en finissant de se recoiffer.
Elle croyait vraiment qu'il répondrait à ses questions aussi docilement... Cela dépendra de son humeur.
De son côté Shinobu alla avec un visage étonnamment rouge demander plusieurs œufs frits, hésitant à demander d'y ajouter du poison.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top