9. Bordel je suis perdu

🖤🖤🖤

Peter observa tour à tour les trois ados debout au milieu des feuilles mortes. Il hésitait entre rire et les engueuler, voire les mordre. Lui aussi avait été ado, il y a bien longtemps. La différence était que lui n'avait jamais fini dans cet état. Être un loup garou avait certains avantages plutôt sympas.

Mais ce soir la lune était pleine et l'envie de sang de Peter arrivait à son point culminant. Ses crocs lui chatouillaient les gencives, il tentait de ne pas écouter le sang battre dans le cœur des deux ados. Immédiatement il regretta d'être venu.

Il croisa le regard de son neveu, bien plus calme, et se mordit la joue. Il était là pour lui par pour satisfaire sa soif de sang. Il se reprit.

Peter aida Stiles à se lever car ce dernier refusait toute aide venant de Derek. Sa colère embaumait l'air du sous-bois.

Le vieux loup donna un coup de coude dans l'épaule de son neveu.

- Tu t'occupes de Scott jusqu'à la voiture ? On va les ramener chez eux.

Derek hocha la tête et souleva Scott du sol par les aisselles. Les yeux du basané s'ouvraient gentiment.

- Allez, viens Scott bouge tes pieds bon sang !

Scott marmonna puis tenta de suivre le rythme donné par le pas assuré de Derek. Son regard cherchait quelque chose dans la nuit.

- Il est où Stiles ? demanda-t-il les mâchoires serrées.

- Devant, avec mon oncle.

- Il va bien ?

- Je crois oui.

- Tu sais, je voulais pas qu'il boive moi, mais je crois que ce qui s'est passé entre vous, il le supporte pas. Je l'ai jamais vu comme ça.

Derek serra les dents, soupira.

- Tais-toi Scott. J'ai pas franchement envie d'en parler avec toi.

Scott ne dit plus rien jusqu'à la voiture mais son regard insistant fit remonter la colère de Derek comme un bouchon de champagne sous pression. Derek déposa Scott contre la voiture en grognant. Il retint ses griffes de rayer la carrosserie. Peter l'égorgerait certainement.

Ce dernier l'observa, inquiet.

- Va courir Derek, maintenant !

Derek parti sans demander son reste, son loup lui dictant ses gestes. Savoir qu'il avait blessé Stiles était une chose, le ressentir en pleines narines, c'était violent. Parce que Stiles était un cocktail d'émotions à lui tout seul, une bombe de particules chimiques en ébullition. Derek avait encore l'odeur de sa haine dans le nez lorsqu'il s'arrêta quelques kilomètres plus loin. Il avait couru sans vraiment regarder où il allait, son instinct réfléchissant pour lui.

Il réalisa qu'il était arrivé dans le quartier où habitaient Scott et Stiles. Il était juste en face de chez Stiles. Il était près d'une heure du matin. Il s'assit sur une souche à quelques mètres de l'orée de la forêt, sous le couvert des arbres. Il était invisible pour un œil humain mais lorsque la voiture de son oncle se gara dans l'allée du shérif quelques minutes plus tard, il vit le regard de son oncle le sonder.

Derek s'approcha sans se montrer, monta sur le toit et se blotti sous la fenêtre de Stiles. Il écouta les voix à l'intérieur de la maison. Son cœur se serra.

« Stiles bon sang mais à quoi tu pensais ?! Chaque jour je me dis que tu ne peux pas faire pire et chaque jour je suis déçu, écœuré par ton comportement. Je ne te reconnais plus. Je sais plus comment faire avec toi ! Dégage de ma vue, disparait avant que je m'énerve ! T'es vraiment une cause perdue ! »

« Papa... je suis désolé »

« Je veux plus rien entendre venant de ta bouche. Tu... Fiches le camp Stiles ! »

Des pas dans l'escalier de bois. Une porte qui se claque. Des pleurs étouffés.

Derek resta quelques secondes à entendre Stiles pleurer sur son lit. Son cœur semblait aussi lourd qu'une étoile géante rouge. Derek se releva, observa par la fenêtre, frappa deux coups.

Stiles releva son visage baigné de larmes, son regard implorait du réconfort mais en voulait-il de la part de Derek ?

Stiles s'assit sur son lit, renifla puis se leva en trainant les pieds. Le gris-vert et l'ambré se dévisagèrent à travers la vitre. Après une seconde d'hésitation Stiles la fit glisser vers le haut.

- Qu'est-ce que tu veux Hale ? Constater toi aussi l'ampleur du désastre... en d'autres mots, moi ?

Derek laissa la question en suspens.

- Je peux entrer ? chuchota-t-il.

Stiles secoua la tête.

- Tu t'es barré en courant dans la forêt et maintenant tu t'inquiètes ? demanda Stiles en retournant s'asseoir sur son lit sans répondre à sa question.

Derek passa la fenêtre et s'assit en dessous sur le parquet, les jambes repliées contre son torse.

- D'ailleurs, comment t'as fait pour arriver avant ton oncle ?

Stiles s'assit en tailleur sur son lit, son regard évitant Derek.

- Je cours très vite... Stiles ?

Silence hésitant. Deux regards s'accrochèrent dans la nuit.

- Quoi ?! Fous-moi la paix bordel !

- Je peux pas, je... veux pas.

Stiles soupira.

- Et moi je veux pas te parler, je sais pas pourquoi je te réponds d'ailleurs. Pourquoi je prends la peine de t'ouvrir ma fenêtre alors que je te déteste toujours. Pourquoi je te laisse te rapprocher alors que j'ai une furieuse envie de te frapper.

Derek s'assit sur le lit, Stiles l'observa le regard humide.

- Et je sais pas pourquoi je te laisse me prendre dans tes bras et pourquoi j'en ai soudain envie. Bordel Derek à quoi tu joues ?! râla-t-il sans pour autant se défaire de l'étreinte chaleureuse du loup.

- Tu le fais parce que tu en as besoin et moi parce que je tiens à ne pas te laisser seul alors que tu ne vas pas bien.

Stiles s'accrocha à sa veste en cuir, mouilla le t-shirt de Derek de ses larmes.

- Mon père me déteste. Non, il me hait.

- Non, il est juste perdu et terriblement triste. Il doit aussi faire son deuil tu sais. C'est dur pour lui aussi. Je peux te dire qu'il se sent tout autant mal que toi.

Derek se mordit la langue, soupira.

- Comment tu peux en être aussi sûr ? Peut-être qu'il ne me supporte plus parce que je ressemble trop à ma mère. Peut-être qu'il me déteste vraiment.

Derek caressa la joue de Stiles, ses iris cherchant le contact de ceux de son vis-à-vis. Stiles gardait la tête baissée.

- Il ne te déteste pas, il t'aime, je te le promets.

Stiles releva le visage.

- J'aimerais tellement te croire.

La profonde tristesse de Stiles donna des frissons dans le dos de Derek. La lune jouant avec ses émotions autant que Stiles, il ne contrôlait plus vraiment son loup. Ses yeux luirent sans qu'il ne s'en aperçoive. Stiles se recula, les yeux ronds comme deux pleines lunes.

- Tes yeux... Qu'est-ce que...

Derek secoua la tête, éteignant le feu de ses yeux dorés.

- C'est rien.

Stiles l'observa plus intensément encore.

- C'est pas rien. Dis-moi, chuchota Stiles en lui prenant la main.

Le doré fit une nouvelle apparition.

- Stiles arrête, s'il te plait. Ne me touche pas.

Derek lâcha la main de Stiles et se leva du lit, recula d'un pas. Ses mains tremblaient.

Stiles se leva, fit un pas assuré vers lui.

- J'ai pas peur Derek. Dis-moi la vérité.

Il frôla les doigts de Derek, réveillant le doré de ses yeux. Deux éclairs dorés.

- Stiles, je peux pas te le dire, fit-il en secouant la tête.

- Non, tu ne veux pas me le dire, parce que t'as peur. Moi j'ai pas peur.

Stiles s'approcha d'un pas, posa sa main sur la joue brûlante de Derek. Le loup ferma les yeux.

- Ouvre-les, s'il te plaît. Je les aime tes yeux, quoi qu'ils aient. Ils sont magnifiques.

- C'est pas seulement mes yeux Stiles, dit-il en les rouvrant. Je veux pas que tu me fuies toute ta vie, alors je préfère que tu ne saches pas.

Stiles ricana tristement.

- Derek Hale, t'es vraiment un lâche.

Flash doré.

- Arrête Stiles. Je ne suis pas un lâche.

- Tu caches des choses, je le sais et si tu ne me dis rien, je hurle que tu es dans ma chambre pour que mon père monte voir. Il a des flingues je te rappelle, dit Stiles en souriant fièrement.

La tristesse s'était évaporée, laissant une odeur sucrée dans l'air qui jouait avec les nerfs du loup. De l'excitation peut-être.

- Stiles, si je te dis la vérité tu ne voudras plus jamais me parler.

- C'était déjà le cas il y a cinq minutes, alors ça peut pas être pire. Parle Hale. Je t'accorde un répit, parce que je veux comprendre. J'aime pas ne pas savoir.

Derek roula des yeux, l'attira sur le lit. Ils s'assirent l'un en face de l'autre. Un silence se glissa entre leurs regards ancrés.

Derek fit luire ses yeux, observant le sourire discret de Stiles. Ce dernier n'avait pas peur.

- J'ai une vue hyperdéveloppée, je te vois comme si tu étais en plein soleil.

Stiles rougit sans s'en rendre compte.

- Ok... mais encore.

Derek fit sortir ses crocs. Stiles frissonna mais ne bougea pas.

- A la pleine lune, je dois contrôler une partie de moi pour... ne pas mordre tout et n'importe quoi.

Stiles caressa sa joue. Derek baissa les yeux, rangea ses crocs.

- Il y a encore d'autres choses mais je ne veux pas que tu me vois comme un monstre Stiles, soupira Derek.

- Non, tu ne l'es pas. T'es une sorte de créature fantastique et mystérieuse en fait.

Derek l'observa. Aucune peur ne se dégageait de Stiles, à sa plus grande surprise mais son cœur frisait des records de vitesse.

- Je suis... un loup garou Stiles.

Le cœur de ce dernier rata un battement. Il soupira.

- Et tu es enfin honnête avec moi. Tu vois, c'est pas si compliqué.

Derek se gratta la nuque.

- Je suis désolé, pour tout ce qui s'est passé.

- Je t'en veux encore mais je suis prêt à essayer de te pardonner si tu continues à être honnête avec moi. Plus de mensonge, ok ?

- Je te le promets... T'as pas... peur de moi ? demanda-t-il timidement.

Stiles y réfléchis quelques instants.

- Non. Je crois que tu ne me feras jamais de mal.

Sourire de loup garou. Flash doré. Secouage de tête.

- Je ferai tout pour ne plus t'en faire. Stiles je sais que j'ai vraiment été très con et je ferai tout ce que je peux pour me rattraper. Parce que je tiens à toi.

Stiles mordit sa lèvre inférieure.

- Moi aussi je tiens à toi mais je t'en veux toujours et j'ai besoin de temps pour te pardonner. D'ailleurs tu devrais rentrer.

- Ouais, t'as raison, j'y vais.

Derek se leva du lit et fit quelques pas en direction de la fenêtre. Il se retourna.

- Merci de m'accepter comme je suis.

Stiles sourit puis Derek disparut de sa chambre.

Stiles se laissa tomber de tout son long sur son lit, son regard observant le plafond. Il soupira longuement. Ses doigts cherchèrent à tâtons le tiroir de sa table de chevet, le carnet, l'interrupteur de sa lampe.

« Ma chère maman,

Bon sang, je ne sais pas par où commencer...

J'ai fini la bouteille de Whiskey de papa. Oui je sais c'était pas une bonne idée mais tu me connais, les bonnes idées c'est pas toujours ce qui me viens en premier. Foutue impulsivité !

J'ai vomi sur des baskets qui n'étaient pas à moi. Pas le meilleur de mes souvenirs de ce soir quand j'y repense.

Oh ! Papa m'a encore engueulé !

Papa... Je crois qu'il souffre autant que moi. Tu lui manques autant qu'à moi, peut-être même plus. Perdre sa moitié, ça doit être horrible. Il a déchargé toute sa colère sur moi. Putain ça m'a fait mal. J'ai cru que mon cœur allait imploser. J'ai pleuré et ça ne m'a même pas fait de bien, peut-être parce que je ne l'ai pas fait dans tes bras ?

Tu me manques tellement maman... Tu nous manques.

J'ai fait une découverte... Je sais pas encore si j'y crois vraiment, l'alcool ne m'aide pas à avoir les idées claires.

Mon petit... (gribouillage nerveux)

Le garçon que j'ai embrassé... J'ai découvert que c'était un loup garou. Il a des yeux dorés magnifiques et des crocs. Et moi...bordel je suis perdu.

D'un côté je lui en veux parce qu'il m'a menti et d'un autre côté, je peux plus m'empêcher de penser à lui.

Est-ce que je suis normal maman ?

Ça torture mon cerveau et mon cœur n'est pas mieux.

Je vais essayer d'aller dormir mais je pense que je vais plutôt refaire dix fois le film de ma vie, repenser à tout ce qui s'est passé ce soir, réfléchir à pourquoi je n'ai pas foutu dehors ce loup garou quand j'en avais l'occasion et pourquoi, bordel, il hante encore mes pensées...

Bref, je vais pas dormir. Je penserai à toi maman. Je t'aime à l'infini.

Ta petite galaxie perdue dans l'immensité de l'univers. »

Stiles ferma les yeux, pas convaincu d'avoir réellement vécu toute cette étrange soirée. Il ne dormit qu'à l'apparition des premiers rayons du soleil. Son réveil devait sonner d'ici une heure.

🖤🖤🖤

Hello...

Un petit chapitre tout frais de ce matin... J'espère qu'il vous a plu ?

Je vous préviens, j'ai aucun plan de prévu pour cette histoire donc, on verra comment tout ça évolue.

Je vous retrouve bientôt pour la suite !

Des bisous (づ ̄3 ̄)づ╭❤~

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