5. De l'air, vite !
🖤🖤🖤
Depuis une semaine Stiles ignorait Derek volontairement. Leur petite escapade sur le toit de la bibliothèque n'avait pas aidé Stiles à calmer la douleur qui lui broyait le cœur. Derek l'agaçait toujours autant et sa mère lui manquait toujours aussi horriblement.
Si Stiles ne pouvait plus parler à cette dernière ni lui écrire par message, il avait décidé de le faire à l'ancienne. Il avait trouvé un vieux cahier jauni dans un tiroir de son bureau et depuis quelques jours, il y tenait ses états d'âmes. Ça lui faisait du bien de retrouver une sorte d'échange avec sa mère bien que celle-ci ne puisse lui répondre. Coucher les mots sur le papier l'aidait à moins souffrir.
Dans la pénombre rassurante de sa chambre, assit à son bureau, Stiles se sentait en sécurité. Au lycée, il y avait trop de monde, trop de bruits, trop de choses à faire et bien trop de questions indiscrètes venant de personnes qui ne tenaient même pas à lui. Avec son père il oscillait entre silence gênant et cris insupportable. Stiles se sentait perdu, submergé, il lui semblait que tout allait bien trop vite pour lui, que le monde autour de lui gravitait à un autre rythme que le sien.
La vie courait alors qu'il tentait de marcher le plus vite possible sans pouvoir garder le rythme.
- Stilinski ? Vous êtes avec nous ou sur Mars ?
La voix presque moqueuse du professeur Harris le ramena à la réalité. Il se rassit correctement sur sa chaise et croisa le regard noir de son professeur.
- Excusez-moi, vous disiez ?
Debout devant son bureau Harris le dévisageait.
- Qu'il ne vous restait qu'une semaine avant de me rendre votre devoir messieurs ! Bref, passons à la suite...
Stiles n'écoutait déjà plus. Messieurs, évidemment. Lui et Hale !
Ce dernier l'observait, comme chaque heure de chaque jour qu'ils passaient dans ce lycée dans la même classe. Ça devenait carrément malsain. Stiles commençait à avoir des complexes sur son corps à force qu'on le regarde de cette manière.
- Tu peux pas m'ignorer Hale ?! Faire comme si j'étais transparent ?!
- Non !
Derek tourna la tête sur le moment mais Stiles n'eut pas beaucoup de répit jusqu'à ce que son regard ne s'accroche à nouveau sur lui. Qu'est-ce qu'il avait à toujours être sur son dos ?
Stiles marmonna pour lui-même et lorsque la cloche retentit enfin, il fut le premier à sortir de la classe, suivi de près par son binôme de chimie.
- Eh Stilin... Stiles ? Tu te souviens que tu viens chez moi pour le devoir de chimie ?
Stiles s'arrêta net au milieu du couloir. Derek l'évita de justesse.
Merde ! Il avait complètement oublié et aurait préféré s'enterrer dans un trou plutôt que de subir Hale pendant plusieurs heures d'affilées.
- On est obligés de faire ça aujourd'hui ? Ça ne peut pas attendre quelques jours ?
- T'as entendu Harris, il nous reste une semaine et on n'a pas beaucoup avancé. Je t'attends d'ici une heure ok ?
Derek lui fit un clin d'œil agaçant auquel Stiles répondit par une grimace. Ses épaules s'affaissèrent de dépit.
- Ok, à plus Hale.
Le noiraud disparut dans le couloir alors que Stiles marmonnait encore pour lui-même. Une main se posa doucement sur son épaule.
- Il n'est pas trop mignon ?
Sursaut incontrôlé.
Stiles tourna vivement la tête vers Lydia qui était là, tout sourire à le dévisager.
- Mais... Non ! Il est monstrueusement agaçant ! Et trop sûr de lui et insupportable et aussi chiant qu'un caillou dans ta basket préférée ! Et est-ce que je t'ai dit qu'il était foutrement agaçant ? Pis j'en sais rien, je préfère l'ignorer la plupart du temps !
- T'en parle avec beaucoup de vivacité pour quelqu'un qui l'ignore...
Lydia lui colla un bisou sur la joue avant de rejoindre Erica qui lui tendait la main tout sourire quelques mètres plus loin.
Stiles s'arrêta à nouveau au milieu du couloir en observant les deux jeunes femmes partir main dans la main. Décidément il ne comprenait rien à l'amour et encore moins aux sentiments. Hier encore Erica et Lydia se battaient à la cantine pour la dernière part de tarte aux pommes. Peut-être bien qu'elles se l'étaient partagée au final. Elles devaient partager plus que de la tarte aux pommes selon lui.
Stiles se rendit compte en sortant de ses réflexions qu'il était seul dans les couloirs. Il secoua la tête et rejoignit sa Jeep sans attendre. Il roula jusqu'à chez lui, monta dans sa chambre et pris le carnet jauni pour y laisser quelques mots. Il relu d'abord les derniers qu'il avait écrit.
« Ma chère maman,
Aujourd'hui j'ai failli faire une énorme bêtise. Je me suis fâché avec papa, il ne voulait pas m'écouter, pas comprendre ce qui me ronge depuis que tu n'es plus là. Il sait que je souffre mais il n'imagine pas tout ce que ça implique. Il ne voit pas à quel point je sui seul. A quel point je suis triste et perdu. Je ne sais plus à quoi me raccrocher, à qui parler.
Papa est si triste lui aussi qu'il ne peut entendre ma peine. Ma tristesse lui donne la nausée. La sienne me pousse à faire n'importe quoi pour qu'il me remarque. Mais tout ce que j'ai en retour c'est sa colère. Je sais plus quoi faire. Tu me manques tellement maman.
Au fait, j'ai failli sauter du toit de la bibliothèque...
Je t'entends déjà me dire que ce n'est pas très malin. Je suis bête quand t'es pas là. Je ne réfléchis pas, je laisse juste la colère dicter mes actes et j'ai bien failli te rejoindre parce que je n'en pouvais plus de tout ça.
Heureusement, quelqu'un s'est rendu compte que j'étais un putain d'idiot !
Dis comme ça, ça n'est pas très flatteur je sais. N'empêche, il m'a sauvé la vie. Je l'ai engueulé. Je ne sais pas qui est le plus con dans l'histoire.
Bref, je suis toujours vivant mais ça fait toujours aussi mal.
Je t'aime maman.
Ta petite galaxie. »
Stiles sourit en s'imaginant la réponse de sa mère. Il attrapa un stylo sur sa table de chevet lorsque ses yeux croisèrent l'heure affichée sur son réveil.
Merde ! Il allait être en retard s'il ne se bougeait pas les fesses immédiatement. Il laissa le carnet sur son lit et fourra ses affaires de chimie dans son sac à dos. Il dévala les marches d'escaliers, manquant de se gaufrer, ouvrit la porte à toute vitesse et sauta dans sa Jeep. Il arriva avec cinq minutes de retard en bas du loft des Hales.
Depuis sa chambre, Derek entendit Stiles arriver avant même qu'il ne soit sur le pas de la porte. Le cœur de celui-ci battait vite et fort. Il sauta de son lit et sorti de sa chambre en évitant Cora qui se rendait dans la sienne.
Elle arborait un fier sourire.
- C'est pour lui que tu cours comme ça ?
Derek ralenti immédiatement en l'ignorant sciemment puis reparti en courant dans l'escalier en colimaçon quand elle disparut dans sa chambre. Il s'arrêta un instant devant la porte du loft pour reprendre son souffle lorsqu'on sonna.
Sourire ? Ne pas sourire ? Trop tard, il avait ouvert et Stiles le dévisageait bizarrement.
- T'en tires une tronche, t'as oublié qu'on avait ce fichu devoir de chimie à faire ? demanda Stiles en suivant Derek dans le salon du loft.
- J'ai pas oublié c'est... laisse tomber. Tu veux boire quelque chose avant qu'on s'attaque au supplice d'Harris ?
Stiles acquiesça. Derek revint de la cuisine avec deux sodas à la main et ils s'installèrent sur la table basse du salon. Ils sortirent leurs affaires de cours et commencèrent sans grande motivation.
- Bon, petit génie on commence par quoi ?
- Par ne pas m'appeler petit génie ça pourrait être un bon début, je ne suis pas si intelligent que ça, râla Stiles en mordillant son crayon.
- Moi je trouve que tu l'es mais ok. Tu préfères que je t'appelle Stilinski ?
- Tu peux pas juste la fermer ?!
Derek se retint de grogner mais il sentait derrière ses yeux comme des aiguilles s'enfoncer telles des épées. Il souffla pour se calmer. C'était peut-être le moment de mettre fin à cette guerre inutile. Stiles n'était pas son ennemi et il avait envie que les choses changent entre eux.
Il prit une longue inspiration et aussi nerveux qu'un louveteau à l'approche de la lune il souffla :
- Je suis désolé, ok. Est-ce qu'on peut faire la paix ?
Stiles gardait ses distances et son regard sur leur devoir.
- C'est toi qui as commencé je te ferais remarquer.
Derek roula des yeux en soupirant.
- Ok, je m'excuse sincèrement pour tout ce que je t'ai dit depuis qu'on se connait, je suis vraiment désolé si je t'ai blessé.
Il sentit Stiles se radoucir, son parfum se teinta d'une saveur plus sucrée. Derek tenta un sourire timide.
Stiles releva les yeux de sa feuille.
- T'avise plus de m'appeler Stilinski et de te comporter comme un con et peut-être que je ferais la paix avec toi.
- Je te le promets. On se serre la main et on est quitte ?
Stiles se mordit la lèvre et tendit la main entre eux deux.
Derek la serra et sentit comme une envolée sauvage dans son estomac. Stiles détourna le regard puis il se lâchèrent la main.
- On est quitte je crois, marmonna Stiles en reprenant son crayon sur la table.
Ils reprirent ensuite leur devoir dans un silence troublé uniquement par des discussions au sujet de chimie et du professeur Harris-le-tortionnaire. Deux heures plutôt productives plus tard, Peter rentra du restaurant qu'il tenait depuis peu avec son associée, les bras chargés de paquets en tous genres.
- Salut les gars ! Vous avez faim ? Je rapporte du mexicain.
Derek salivait déjà mais Stiles semblait soudain obnubilé par l'heure affichée sur son portable.
- Je devrais rentrer, mon père doit m'attendre.
Derek ne savait pas si c'était une excuse pour partir ou s'il cachait quelque chose mais tout à coup son odeur s'acidifia. Il ne pouvait pas le laisser partir comme ça sans en savoir plus.
- Tu peux l'appeler et le prévenir. Mon oncle fait les meilleurs Tacos de Beacon Hills, tu devrais vraiment les gouter.
Stiles fronça les sourcils.
- Ton oncle ? Je pensais que c'était ton père, chuchota-t-il lorsque ce dernier arriva dans la cuisine.
Le visage de Derek se décomposa. Il sentit tout le sang de son corps se liquéfier. Garder des secrets n'était pas son fort et à l'instant, Stiles l'avait peut-être bien grillé.
- Mon père... est mort, avoua-t-il tristement.
Une partie de la vérité.
Juste pour noyer le poisson.
Rester calme et ne pas sourciller.
Il fut sauvé par l'arrivée de Peter dans le salon. Mais Stiles l'observait toujours, silencieux.
- Alors ? Faim ou pas faim ? Au fait ta sœur est là ? demanda Peter tout en sachant qu'elle était dans sa chambre.
- En haut...marmonna Derek en levant le doigt.
Ses yeux ne lâchaient pas ceux de Stiles. Peter les observait tour à tour.
- Bon, bin c'est quand vous voulez les gars. Moi je vais chercher Cora.
Peter leva les yeux au ciel en marmonnant dans sa barbe et parti à la recherche de la cadette.
Derek se sentit pris au piège, il était certain que Stiles allait la lui poser cette foutue question. Celle sur sa mère. Celle qui apportait ensuite la pitié des gens. Celle qu'il détestait au plus haut point. Il dégluti difficilement. Il avait les mains moites.
Le portable de Stiles sonna.
Sauvé pour l'instant.
Stiles y répondit nerveusement. Pour que son père l'appelle à une heure de la fin de sa journée c'est qu'il devait être pris par une urgence.
Dans le mile.
Stiles soupira avant de raccrocher.
- Mon père a une urgence au boulot, apparemment il en a pour la nuit.
- Tacos dans ce cas ? Moi j'ai la dalle !
Les épaules de Stiles s'affaissèrent et comme pour le narguer, son estomac se mit à gargouiller furieusement.
- Je crois que je n'ai même pas besoin de te répondre.
Derek sourit. Stiles aussi.
Peter leur offrit ses meilleurs tacos et en fin de soirée, en tant qu'adulte responsable, il insista pour ramener Stiles chez lui. Enfin pas exactement. Derek insista pour accompagner Stiles dans sa Jeep, Peter les suivant avec sa Camaro.
- Ton oncle est vraiment sympa, avoua Stiles une fois garé devant chez lui.
Derek tortillait ses doigts nerveusement sur le siège passager.
- Ouais c'est un bon gars. Bon et bin, à demain Stiles.
Leurs regards s'accrochèrent. Le gris-vert dans l'ambré. Derek était au bord de l'implosion, son palpitant suivait le rythme effréné de son vis-à-vis sans qu'il ne puisse rien y faire.
- A demain, lança-t-il comme si ces mots lui brulaient la langue.
Derek sauta presque en dehors de la Jeep bleue.
De l'air, vite !
Il s'engouffra malgré ses difficultés à respirer dans l'habitacle de la Camaro de son oncle.
Ce dernier leva les yeux au ciel puis démarra le moteur vrombissant du monstre et quitta la zone résidentielle.
Stiles retrouva sa chambre, son cahier jauni, son crayon, ses pensées et ses dragons.
Ses papillons ?
Des dragons ?
Quelque chose d'inconnu jusqu'ici qui lui retournait l'estomac.
🖤🖤🖤
Hello...
Un petit chapitre encore assez tranquille pour l'instant. Mais les secrets et les non-dits ne restent pas cachés bien longtemps...
Je vous dit à tout bientôt pour la suite ;)
Des bisous (* ̄3 ̄)╭❤
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