3. Merci d'être là

🖤🖤🖤

Cora atterrit durement contre le mur de l'entrée, le bras de son aîné plaqué contre ses clavicules.

- Lâche moi bordel ! dit-elle en envoyant violemment son pied dans le tibia de son frère qui ne bougea pas.

- Je te lâcherai quand tu avoueras ce que t'as fait !

Une main ferme tira Derek en arrière, le faisant lâcher sa prise sur sa sœur.

- Arrêtez d'hurler tous les deux ou je vous égorge !

Peter avait sorti ses griffes et ses yeux luisaient d'un bleu électrique, signe qu'il avait atteint les limites de sa patience.

- Bon sang ces ados ! Si votre mère était encore là vous n'oseriez même pas hausser la voix. Pourquoi vous vous bagarrer encore ?!

- T'es pas notre père Peter et c'est pas tes affaires, râla Derek en montant rageusement dans sa chambre.

- On dit ; ce ne sont pas tes affaires ! Si tu ne veux pas ME parler ça me va mais parle au moins correctement ! siffla Peter entre ses dents.

Six mois qu'il avait deux ados sous sa responsabilité, six mois qu'il avait enterré sa sœur et qu'il galerait à éduquer ses deux derniers louveteaux. Laura du haut de ses vingt ans, était restée à Seattle sur l'ancien territoire des Hales, là où elle se sentait chez elle.

Préférant s'éloigner du lieu du drame qui avait couté la vie à une partie de sa famille, Peter avait pris sous son aile les deux orphelins de sa sœur et avait déménagé à Beacon Hills dans le but de se reconstruire et de leur offrir une vie plus douce.

Peter était maintenant seul pour soutenir les enfants de Thalia dans ce loft qu'il venait d'acheter et bon sang qu'ils étaient ingérables depuis le drame. Derek et Cora se battaient depuis une heure maintenant pour une raison qu'il ne saisissait toujours pas.

A bout de nerfs il rentra néanmoins ses griffes et tenta de se calmer en respirant.

- Et toi, file dans ta chambre ! J'en peux plus de vos cris ! dit-il à l'attention de la cadette.

Tonton Peter avait visiblement encore du mal avec le cocktail d'émotions qui régnait parfois dans le loft.

- Alors arrête de crier toi aussi ! hurla Cora en claquant la porte de sa chambre violemment.

Peter leva les yeux au ciel en soupirant et retourna à la cuisine pour y finir la vaisselle. Grâce à son ouïe lupine il entendit Cora pleurer comme bien souvent depuis ces six derniers mois. Si la tristesse de sa nièce de quinze ans prenait le chemin des larmes et des cris, pour son neveu en revanche il en était tout autre.

Derek ne s'était autorisé qu'une seule et unique larme lors de l'enterrement des siens et depuis, il se murait dans son silence et intériorisait son chagrin, ne parlant uniquement si c'était vraiment nécessaire et surtout pas à son oncle.

Là où Cora laissait éclater son chagrin par des pleurs, Derek beaucoup plus secret, ne montrait rien. Aujourd'hui pourtant quelque chose l'avait fait sortir de son silence, ce qui intriguait Peter.

Dans la pièce située à côté de celle de sa sœur, Derek s'était couché sur son lit, son portable posé sur son torse. Le regard rivé au plafond il avait envie de hurler, de crier sa peine et de pleurer mais personne avec qui le faire, personne pour le comprendre alors il garda le silence en mordant dans son poing.

Il ferma les yeux quelques instants en espérant que ses cauchemars le laissent tranquille juste un moment avant qu'il ne doive partir.

A peine avait-il clos ses paupières sur ses iris vert-gris que les images de l'incendie s'imposèrent à lui.

Il se releva en soupirant longuement et prépara son sac de cours, même s'il avait encore une heure avant de devoir partir au lycée, il voulait quitter cet endroit et qu'on l'oublie quelques heures.

Il descendit l'escalier en colimaçon et ignora son oncle lorsqu'il l'interpella et se rua dehors. Dans l'escalier extérieur il huma l'air frais qui faisait voltiger ses cheveux. Il gonfla ses poumons en espérant qu'ils soient moins douloureux, en espérant faire ressortir cette peine qui lui étreignait les entrailles depuis six mois. Il parti à pieds ce matin, sachant qu'il en aurait pour une demi-heure de marche jusqu'au lycée. Il avait besoin d'évacuer ses émotions, de faire sortir cette colère et ce chagrin bien trop envahissant avant d'affronter ses camarades.

En arrivant au lycée, Derek se dirigea sans attendre vers le gymnase où il avait entrainement de basketball. Dans le vestiaire il croisa ses coéquipiers ainsi que d'autres élèves sportifs mais les ignora. Il n'avait pas envie de parler, pas envie de prendre part à leur discussion futile sur tel ou tel sujet.

Il ne se sentait jamais vraiment à sa place parmi ces humains, lui loup garou, avait l'habitude de se fondre dans la masse mais c'était parfois chose difficile quand on avait un odorat surdéveloppé dans un vestiaire rempli d'hormones et de phéromones. Derek mit son masque de neutralité, comme sa mère le lui avait appris, pour disparaitre aux yeux des humains et il y arrivait plutôt bien.

Assit sur le banc, en tenue et prêt à commencer son entrainement, il sentit une fragrance différente de celles des autres, emplie d'un profond chagrin teinté de colère, d'une peine aussi profonde que l'océan. Il releva la tête mais fut incapable de savoir parmi les ados présents, de qui provenait toutes ces émotions négatives, il se demanda même si cela ne venait pas de lui. Il n'eut pas l'occasion d'en savoir plus car le coach les appelait mais une chose se grava dans son cerveau ; il n'était peut-être pas le seul au lycée à souffrir en silence.

De l'autre côté du vestiaire, Stiles partait sur le terrain de Lacrosse en compagnie de Scott et Isaac. Il allait certainement passer l'heure assit sur le banc à regarder les autres mais au moins il aurait pris l'air et personne ne viendrait l'embêter à lui poser des questions ou le prendre en pitié.

Scott avait beau être son meilleur ami depuis plusieurs années, il ne comprenait toujours pas quand Stiles voulait un peu de calme, un moment pour lui, juste du silence. Scott était parfois plus hyperactif que lui et malgré tous ses efforts pour le soutenir, ses tentatives pour lui changer les idées commençaient à rendre Stiles très nerveux. C'était pire encore quand toute la bande s'y mettait.

Stiles voulait juste qu'on lui fiche la paix, qu'on le laisse souffrir comme il en avait envie sans qu'on lui demande toutes les deux minutes s'il allait bien mais sa bande avait plutôt tendance à l'étouffer de bonnes intentions. Stiles se sentait submergé par toutes ces effusions venant de tous. Il en avait marre qu'on fasse attention à lui de cette manière.

Assit sur le banc des remplaçants, portable en main il relisait le message qu'il avait reçu la veille venant de l'inconnu.

« Rien de ce que je pourrais te dire n'effacera la douleur que tu ressens mais les souvenirs heureux que tu as vécu avec ta mère sont comme des éclaircies dans la tempête que tu subis et crois-moi, il faut profiter de chaque petit rayon de soleil que tu peux apercevoir. »

Comme pour faire écho aux propos de l'inconnu, le soleil se leva sur le terrain de Lacrosse, faisant briller une larme sur la joue de Stiles.

Le coach Finstock siffla et Scott rejoignit le banc à côté de lui.

- Eh Stiles, ça va bro' ?

C'était déjà la question de trop pour aujourd'hui et l'heure du déjeuner n'était même pas encore en vue.

- Tu peux, s'il te plaît, arrêter de me poser cette putain de question tout le temps !? dit-il sèchement en se levant du banc précipitamment.

Stiles s'éloigna d'un pas décidé, Finstock le siffla pour qu'il revienne mais Stiles n'écouta pas et parti se réfugier dans les vestiaires. Il ouvrit une des cabines de douches et s'y engouffra en claquant la porte. La boule qu'il avait dans la gorge depuis ce matin le brûlait, il sentait qu'il allait craquer lorsqu'il entendit des élèves entrer dans le vestiaire.

Il s'essuya les yeux en reniflant et resta caché jusqu'à ce qu'il n'entende plus de bruit. Il sorti alors de la cabine et remarqua qu'il y avait encore un élève dans le fond du vestiaire. Il se fit aussi discret que possible mais maladroit comme il était, se prit les pieds dans un bâton de Lacrosse, celui d'Isaac évidemment, et tomba en jurant sur le sol froid et humide du vestiaire.

Il entendit un rire devant lui.

- Comment le coach peut te faire jouer ? Tu ne sais même pas marcher Stilinski !

Il releva la tête en grimaçant. Hale ! Pourquoi fallait-il qu'il soit toujours sur son dos celui-là ?

- Lâche-moi Hale et va faire mumuse avec ton ballon ! répliqua Stiles en se relevant la rage au ventre.

- Moi au moins je suis utile à mon équipe, à quoi tu sers toi ? Tu distribues les gourdes c'est ça ?

Stiles détestait son air arrogant et son sourire lui donnait la chair de poule. Il fallait qu'il disparaisse du vestiaire et vite mais il était encore en tenue de Lacrosse et ne pouvait pas partir comme ça. Il se fit violence pour ignorer Derek et son air insupportable et se dirigea vers son casier, en sorti ses vêtements et enleva précipitamment son maillot rouge.

Il serra les dents et s'attendit à une réaction de Derek qui depuis qu'il avait débarqué au lycée ne perdait jamais une occasion de l'emmerder. Mais contre toute attente, rien ne vint.

- T'as rien à dire sur mon physique ? Pas de remarque désobligeante ? Tu te ramollis Hale ! cracha Stiles la tête baissée sur son short rouge et ce fichu nœud qui le retenait et qu'il n'arrivait pas à défaire.

Derrière-lui, Derek s'était retourné et serrait les poings. Sentant ses yeux piquoter, il s'en alla précipitamment sans même lui répondre.

- Sale con ! Qu'est-ce qu'il m'énerve bon sang ! Et gna gna gna... tu distribues les gourdes ? Je t'emmerde Hale ! siffla Stiles en lançant de rage son short dans son casier.

Il se rhabilla en bougonnant puis se précipita à l'extérieur du lycée et s'engouffra dans sa Jeep bleue, roulant aussi vite que les limites le lui permettaient jusqu'à chez lui. Heureusement son père n'était pas là pour lui demander pourquoi sa journée se terminait avant même l'heure du déjeuner. Il n'avait aucune envie de retourner au lycée cet après-midi et décida de rester dans sa chambre tout en sachant que ça ne plairait pas à son père.

Il prit son portable et ouvrit la discussion avec l'inconnu. Il laissa ses doigts se défouler sur l'écran comme il en avait maintenant l'habitude depuis plusieurs semaines, se sentant mieux à chaque lettre apparaissant devant ses yeux.

« J'en ai marre de tout et de tout le monde. Je voudrais disparaitre et qu'on m'oublie juste quelques heures. Où sont les rayons de soleil dont tu me parles ? Je ne vois que le gris et la pluie, la tempête m'écrase, je me noie et personne ne le voit à part toi et je ne sais même pas si tu es réel. Je ne sais même pas si tu existes vraiment ou si c'est mon imagination qui me joue des tours. Est-ce que je suis fou au point d'imaginer du réconfort là où ma mère m'en donnait ? Dis-moi que je ne suis pas seul s'il te plaît. »

Stiles posa son portable sur sa table de chevet et attendit la boule au ventre en regardant par la fenêtre de sa chambre. Quelques minutes passèrent puis un message apparut enfin.

« Crois-moi tu n'es pas le seul à souffrir. Chaque jour le chagrin me rappelle que j'ai perdu mon mentor, celle qui m'a tout appris, celle qui m'aimait malgré mes défauts, malgré mes sautes d'humeurs et mes trop nombreuses erreurs. Je ne suis pas parfait, j'en suis même très loin, ni très doué pour parler aux gens, si ce n'est par message et encore, j'en suis pas sûr. En face à face la tristesse des autres me fait peur parce qu'elle me rappelle atrocement la mienne. Mais tu n'es pas seul et tout ce que tu me diras restera secret, promis. »

Les paroles de l'inconnu faisaient écho à sa souffrance. Sa mère aussi était une personne compréhensive, c'était elle qui venait souvent le soir pour lui assurer que les erreurs étaient faites pour apprendre. C'était elle qui le canalisait quand ses émotions prenaient le dessus sur son corps. C'était elle qui lui avait appris à aimer ses différences, à aimer son intelligence parfois surprenante, ses idées qui bien souvent, partaient dans toutes les directions sans pouvoir en choisir une.

C'était elle qui lui montrait chaque jour qu'il méritait d'être aimé comme tous les enfants ont le droit d'être aimé.

Sa mère l'aimait inconditionnellement et Stiles savait que personne à part un parent ne pourrait l'aimer ainsi et bien que son père fît tout pour lui montrer qu'il l'aimait de tout son cœur depuis le décès de sa mère, ce n'était pas pareil.

Stiles voulait savoir qui était le fils de cette mère disparue qui pensait comme la sienne, à nouveau Stiles eut envie de lui demander son prénom mais il se ravisa. Il était sûr d'une chose, il parlait à un garçon et d'un côté ça le rassurait. Les filles... Il avait vraiment du mal à les comprendre, le contraire était tout aussi vrai.

Stiles réalisa que l'inconnu était bien le seul à comprendre réellement sa situation. Il le sentait sincère, compréhensif et jamais dans le jugement. Il lui avait prouvé au fur et à mesure de leurs discussions que Stiles pouvait être lui-même sans craindre de se montrer sous son vrai visage, celui de la tristesse, de la peine mais aussi celui du soulagement et parfois de la joie.

Il se dit que d'un côté, se cacher derrière l'anonymat c'était aussi une façon pour lui de se protéger, de ne pas être obligé d'assumer ses faiblesses même si elles semblaient être acceptées.

Stiles écrivit un autre message lorsqu'il entendit son père rentrer.

« Merci d'être là et de me comprendre. J'ai l'impression que tu es le seul à pouvoir le faire en ce moment. Surtout, ne m'abandonne pas, parce que j'aurai certainement besoin de parler à quelqu'un après avoir vu mon père. Je suis parti du lycée sans prévenir et il ne va certainement pas apprécier. »

La réponse ne tarda pas, faisant sourire Stiles jusqu'à ce qu'il entende son père l'appeler d'une voix qui transpirait la colère. 

🖤🖤🖤

Hello,

Oui il est tard mais ce n'est jamais trop tard pour un chapitre...

J'espère qu'il vous a plu ? Dans tous les cas moi j'aime beaucoup écrire cette version de Stiles et Derek...

A tout bientôt pour la suite, des bisous ;)

(* ̄3 ̄)╭❤

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