11. Un électrochoc

🖤🖤🖤

La première heure de cours de la journée se terminait et Stiles n'avait pas encore vu Derek. Il n'avait pas eu de ses nouvelles non plus. Bizarrement, Scott manquait aussi à l'appel.

Mais qu'est-ce qui se passait bon sang ?

Stiles se rongeait le pouce, le regard loin au dehors.

- Même sans vos acolytes vous n'êtes pas fichu d'écouter Stilinski ?

Stiles releva la tête, manquant de peu de se faire un torticolis. Harris l'observait, le regard noir.

- Désolée, c'est que je... laisser tomber.

Stiles se tut. A quoi bon expliquer ses inquiétudes à Harris ? Ce prof n'avait de toute manière aucun cœur, aucune empathie. Particulièrement envers lui.

- Reprenez-vous Stilinski ou j'ajoute une heure à votre longue journée !

Soupir d'ado. Mépris d'adulte.

Le professeur Harris reprit son cours normalement jusqu'à ce que la porte s'ouvre quelques minutes plus tard sur Scott. Tous les visages se tournèrent vers lui. Des regards s'échangèrent, des bouches s'ouvrirent mais aucun son ne se fit entendre dans la salle de classe, jusqu'à ce qu'Harris lui demande d'aller s'asseoir.

- Bougez-vous McCall, vous n'allez pas prendre racine devant mon bureau, vous me gâchez la vue !

Scott se glissa lentement entre les tables, vingt paires d'yeux le dévisageant. Il s'assit juste devant Stiles qui lui aussi avait la bouche grande ouverte.

Le visage du basané avait un œil au beurre noir et son nez était violet, aussi voyant qu'un phare en pleine tempête. Sa main gauche était quant à elle bandée contre son torse.

- Bro, qu'est-ce qui t'est arrivé ?! chuchota Stiles le plus discrètement possible.

Scott se retourna. Regard noir.

- Je t'expliquerai, grogna-t-il.

Il se retourna en ignorant Stiles.

Levant les sourcils, ce dernier insista et lui reposa la question. Stiles vit les épaules de son voisin se tendre et un léger grognement sortir de sa bouche. Scott se tourna à nouveau vers lui, le visage rouge de colère.

- Derek.

Yeux ronds indignés.

- Quoi ? Non...Tu... C'est pas possible, marmonna Stiles en baissant la tête.

- C'est lui qui m'a cassé la gueule et bien comme il faut !

Stiles fronça les sourcils mais n'eut pas le temps de répliquer. La porte s'ouvrit à nouveau sur une personne que Stiles ne s'attendait pas du tout à voir ici.

Harris leva les yeux au ciel en se tournant vers le nouveau venu.

- Qu'est-ce qui se passe encore ?! Et qui êtes-vous ?

- Un ami de Madame McCall, je suis médecin et je dois venir chercher son fils.

Scott se crispa sur sa chaise. Stiles posa une main sur son épaule, le regard sur l'intrus.

Harris tenta de dire à l'homme qu'il ne pouvait pas venir chercher des élèves en plein cours, ce dernier se ficha complètement des injonctions du professeur.

Scott fut soulevé de sa chaise et si personne ne le remarqua, Stiles vit très clairement les griffes de Peter Hale plantées dans son bras.

- Suis-moi et ne fais pas le malin, murmura le loup à Scott.

Stiles se leva à son tour mais Harris s'interposa.

- Stilinski si vous bougez d'ici je vous colle jusqu'à la fin du semestre !

Stiles se rassit, croisa ses bras sur son torse. Regard noir.

Peter et Scott quittèrent la salle dans un claquement de porte. Harris soupira longuement et reprit son cours comme si rien d'anormal ne venait de se passer. Stiles criait intérieurement, son cerveau faisait des loopings pour tenter de comprendre ce qu'il venait de voir. Rongeant son pouce, il se leva finalement de sa chaise et prétexta un besoin urgent.

Harris le traita de petite vessie mais Stiles l'ignora, longea le couloir principal et courut jusqu'à sa Jeep. Objectif ; le loft.

Le moteur de la Jeep ronronnait de concert avec les rouages du cerveau de Stiles. Bon sang mais qu'est-ce qui se passait depuis hier dans sa vie ?! Cora qui s'était fait attaquer, Scott blessé par... Non, il ne voulait pas y penser. Pourtant il allait devoir affronter la réalité car il était arrivé devant le loft.

Il se gara à la hâte, monta les marches et tambourina contre la porte coulissante. Des cris se faisaient entendre de l'autre côté. On l'ignora pourtant. Il frappa encore.

- Je sais que vous êtes là, ouvrez-moi ! cria Stiles à bout de nerfs.

La porte coulissa quelques secondes plus tard, deux yeux dorés sur un visage d'ange le dévisagèrent.

- Stiles pourquoi t'es là ?

Soupir exaspéré de ce celui-ci. Visage tendu.

- T'as pas une petite idée Derek ?! Je peux savoir ce qui se passe ici nom d'un chien ?! Et pourquoi Scott est ici ?!

Un grognement se fit entendre depuis l'intérieur du loft. Derek pinça les lèvres et ferma les yeux le temps de relâcher la pression.

- Ne parle pas de chien ici, mon oncle déteste ça !

- Rien à foutre de ton oncle, dis-moi ce qui se passe ! J'attendais de tes nouvelles moi !

Derek l'attrapa par le col et le plaqua contre le mur intérieur du loft. Son visage à quelques centimètres de celui du brun.

- On a un petit problème...

Derek le fit entrer et l'installa sur le canapé. Il lui expliqua la situation et plus il en savait, moins Stiles avait envie de connaitre la suite. A la fin de son récit, Derek qui était resté debout, s'assit sur la table basse en face de Stiles. Il fuyait son regard.

- Je comprendrais si t'avais envie de partir, avoua-t-il à voix basse.

Stiles renifla, se leva et partit en courant du loft. Il abandonna les deux Hales et Scott sans un regard, c'était trop pour lui. Il n'avait pas peur mais cette situation le dépassait, il avait besoin de se refaire le film des derniers évènements pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire.

Il roula sans pouvoir réfléchir jusqu'à chez lui, se rendit compte qu'il avait abandonné ses affaires de cours au lycée. Son père allait apprécier. Il sauta sur son lit et fixa le blanc du plafond pendant un moment.

Pourquoi est-ce que le destin s'acharnait-il toujours sur lui ? Pourquoi on ne le laissait pas vivre sa vie tranquillement ?

Le vieux carnet fut sorti de la table de chevet, les mots encrèrent quelques pages.

« Maman,

Pourquoi est-ce que je ne suis jamais à l'abri de toutes les choses impensables qui se passent à Beacon Hills ? Est-ce que j'ai une sorte de démon qui m'aurait planté une flèche dans les fesses comme cupidon mais en version démoniaque ?

Mon meilleur ami n'est plus lui-même. Je risque peut-être ma vie en continuant de le voir mais je ne peux pas l'abandonner. D'un autre côté, je ne sais pas quoi faire pour lui.

J'en peux plus, je ne sais plus comment gérer tout ça. Je ne sais pas comment faire face à cette situation. Je suis perdu maman et je sais pas si j'ai la force d'affronter tout ça, sans toi. Tu me manques.

Ta petite galaxie. »

Stiles ferma le cahier, le posa sur la table de chevet et s'enroula dans sa couette, histoire de se couper du monde. Ce fut de courte durée malheureusement. Du bruit lui parvint de la fenêtre. Derek frappait aux carreaux.

- Fous-moi la paix Hale !

Nouveaux coups. Soupir de frustration.

Stiles se démêla de sa couette, manquant tomber de son lit. Assit, il observait Derek.

Stiles lut sur ses lèvres.

- Ouvre-moi s'il te plaît, supplia ce dernier.

- Pourquoi ?

Cette-fois-ci il ne comprit pas. Il se leva et ouvrit la fenêtre en râlant.

- Pourquoi ? répéta-t-il.

- On peut se parler ?

- Je sais pas si j'en ai envie. J'en veux à ton oncle. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça bon sang ?

Derek enjamba la fenêtre. Stiles recula jusqu'à son lit. Ils s'assirent l'un en face de l'autre sans oser se regarder. Derek se sentait mal pour ce que Peter avait fait. Stiles se sentait trahi. Chacun était gêné pour l'autre. Derek combla finalement le silence.

- C'était un accident. Scott était complètement paniqué, il avait peur pour toi. Son odeur a rendu fou mon oncle, la lune était pleine, il n'a pas pu se contrôler. Je suis désolé pour Scott, vraiment.

Stiles ouvrit grand les yeux.

- Tu veux dire que mon odeur peut te faire perdre le contrôle ? Je ne risque rien là maintenant ? Rassure-moi.

Derek sourit.

- Ça pourrait arriver mais là, non. A moins que tu aies peur que je t'embrasse ?

Stiles déglutit.

- C'est ça que mon odeur te dit, que j'ai peur ?

Derek glissa sur la couette, sa main caressa la joue de Stiles.

- Pas que... murmura-t-il à son oreille.

Stiles se recula, le poussa par les épaules.

- Pas touche ! J'ai pas envie de ta morsure, je veux rester humain moi, le petit humain agaçant et hyperactif que tout le monde évite en général.

- Je ne parlais pas de morsure et j'aime ton côté agaçant, aussi bizarre que ça puisse paraître.

Stiles pencha la tête sur le côté, se gratta l'intérieur du poignet.

- Je... de quoi tu parles alors ?

Derek se mordit la lèvre, ferma les yeux.

- Je vais te laisser Stiles. Je crois pas que ce soit le moment ni l'endroit pour te parler de ça. Excuse-moi.

Derek se leva du lit, Stiles enferma son poignet entre ses doigts avant qu'il ne puisse faire un pas.

Leurs regards s'ancrèrent.

- De quoi tu parles ? insista Stiles avec douceur.

Derek déglutit bruyamment.

- De ton... de notre désir commun.

Sourire, soupir.

- De notre... répéta Stiles avant de se stopper net.

Il ferma la bouche, lâcha le poignet de Derek et cacha son visage rougissant dans ses mains, remontant ses jambes contre son torse.

- Ok, je vois. C'est bon.

Rire de loup. Gêne d'ado.

- Je reviendrai et encore désolé pour Scott mais ne t'inquiète pas, Peter s'en charge. Tu ne risques rien promis. J'y veillerai personnellement. Oh et Cora va bien, ajouta Derek.

Le jeune loup vola un baiser furtif à Stiles et disparut par la fenêtre. Stiles souffla longuement tout l'air de ses poumons, s'étala de tout son long sur son lit. Bon sang, les loups garous pouvaient lire en lui comme dans un livre ouvert. Il était fichu. Parce que Stiles était comme un énorme réservoir à émotions et surtout, il ne les contrôlait pas.

Son corps faisait sa vie sans son consentement, sans filtre et sans réserve et son meilleur ami était maintenant dans le clan des loups garous lui aussi. Il avait agressé Cora et selon Peter, il était costaud comme nouveau loup. Stiles s'inquiéta, cette ville était un nid à créatures surnaturelles et lui, petit humain fragile, il n'était franchement pas très rassuré.

Lorsque son père rentra du commissariat, Stiles se sentit soulagé de ne pas avoir à faire à un loup garou. Mais le shérif avait eu vent de son absence à l'école – Stiles détestait cette application en ligne signalant les moindres faits et gestes des élèves – et évidemment il eut droit à une remontée de bretelle en règle.

Son père était fou de rage qu'il ait encore manqué des cours. Dans le salon, les mots fusaient comme des couteaux aiguisés. Son père hurlait en faisant les cent pas autour de la table basse, le visage rouge.

- Tu te rends compte du nombre d'absence que tu as Stiles ?! Tu penses finir ton année collé toutes les semaines ?! Tu penses à ton avenir parfois ?!

Stiles tenta de se justifier mais Noah semblait incontrôlable, jusqu'à ce que son fils l'abandonne dans le salon.

Noah l'observa monter les marches de l'escalier la mort dans l'âme.

- Stiles, attends, soupira-t-il. Je suis désolé. Je sais que ta mère te manque.

Stiles s'arrêta sur la dernière marche, se retourna. Ses yeux embués dévisageaient ceux bleu glacier de son père.

- On dirait que tu oublies qu'elle nous aimait, qu'elle m'aimait. Et toi papa ? Est-ce que tu m'aimes ? demanda-t-il en s'essuyant rageusement les yeux.

Cette question provoqua un électrochoc chez Noah. D'abord figé, il fit un pas en avant puis courut prendre son fils dans ses bras.

- Bien sûr que je t'aime Stiles. Je t'aime tellement si tu savais.

Il resserra son étreinte, humant les cheveux de son fils. Il murmura.

- Je suis désolé Stiles, je sais que tu souffres autant que moi. Je m'excuse pour tout ce que je t'ai dit et tout ce que je ne t'ai pas dit.

Stiles se détendit, la colère fit place à une joie immense et du soulagement. Il se sentit plus léger.

- Moi aussi je t'aime papa. Tu sais, on devrait se soutenir, maman détesterait nous voir comme ça.

Noah le relâcha doucement, essuya une larme sur la joue de son fils. Sourit.

- Oui, elle nous engueulerait sûrement. Tu as raison fiston, on a besoin l'un de l'autre et de se soutenir, je vais faire un effort et être présent pour toi mais tu dois me promettre d'aller en cours, ok ?

Stiles hocha la tête, enfouit son visage dans la chemise de son père.

- Ça veut dire que je ne suis pas puni ? tenta Stiles.

Noah sourit.

- Bien essayé. Tu feras la vaisselle tous les soirs de cette semaine et tu iras à tous les cours, surtout ceux d'Harris. Je déteste avoir affaire à son mépris. Il est détestable.

- Je confirme.

Un rire commun réchauffa la maison des Stilinskis.

- Je suis content de te retrouver papa.

- Moi aussi Stiles, je suis désolé de t'avoir abandonné, ça n'arrivera plus.

Une longue étreinte emprunte d'amour mit un terme à leurs nombreuses disputes et Stiles espérait vivement qu'ils n'en auraient plus. Il était heureux de retrouver son paternel, son unique famille.

🖤🖤🖤

Hello...

Onzième chapitre ce matin, j'espère qu'il vous a plu ?

La suite tout bientôt ;)

Merci pour vos votes, vos petits mots d'encouragement, ça me touche beaucoup !

Bonne journée à vous et des bisous  (* ̄3 ̄)╭🖤

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top