Chapitre 6:
Corrigé ✅
Gabriel :
Emma roule depuis à peine cinq minutes, lorsqu'elle se décide enfin à se tourner vers moi, pour me poser la question qui la démange.
- Hayden hein ? Vous parliez de quoi ?
- Rien de particulier, je réponds vaguement.
- C'est pour ça que tu souris comme un idiot depuis tout à l'heure, m'accuse-t-elle.
- Je ne souris pas comme un idiot, je me défends en boudant.
Elle explose de rire, ce qui fait râler Arthur à l'arrière. C'est vrai que mon sourire ne m'a pas quitté depuis tout à l'heure. Je me sens comme sur un nuage. J'ai eu une première vraie conversation avec Hayden. Les deux verres que j'ai bu m'ont surement aidé à me décoincer. J'ai cru rêver en le voyant arriver pour se mettre devant moi et me défendre contre Simon. Je me suis senti important, j'ai vraiment été touché.
Je le revois, à tomber par terre dans sa chemise blanche, qui faisait encore plus ressortir ses yeux bleus. Je ne voyais qu'eux, son sourire était éclatant. Je ne l'avais jamais entendu rire. Il était vraiment magnifique. Mon cœur battait tellement vite que j'avais peur qu'il l'entende.
- Gabriel ! T'es encore avec moi ou tu plane toujours ? m'appelle Emma en se moquant ouvertement de moi.
- Je suis avec toi.
- Il s'est passé quoi pour que tu sois dans cette état-là ? me questionne-t-elle la voix pleine de malice.
- Il a fait partir Simon qui était en train de me gonfler et c'était tellement chevaleresque la façon dont il lui parlé, genre possessif un peu tu vois. Il l'a menacé, mon Dieu que c'était sexy ! Après je ne voulais absolument pas partir donc j'ai engagé la conversation avec lui, tu l'aurais vu sourire, il était beau...
- Wahou Gaby arrête s'te-plait. Tu me donne encore plus mal à la tête, se plaint Arthur en me coupant la parole.
Je me renfrogne dans mon siège boudeur. Je me suis fait couper dans l'extase de mes souvenirs. Je me suis peut-être un peu trop emballé en les racontant. Emma continue de rigoler.
- C'était quoi d'ailleurs ce discours de fan girl que tu viens de nous faire Gaby ? m'interroge mon meilleur ami.
- Tu n'étais pas en train de dormir ou de vomir toi ? je lui réplique en retour.
- Me parle pas de vomi, j'ai encore envie.
Il prend une mine dégoûtée et cale sa tête contre la vitre. Est-ce que Hayden est parti de la soirée ? C'est la première fois qu'il venait à une fête. Je l'ai observé de loin, il a passé son temps assis sur le canapé. Est-ce que c'est le destin, si il est passé au même moment pendant que je m'expliquais avec Simon ? J'espère qu'il n'a pas entendu toute la conversation. Surtout que j'ai quand même laissé sous-entendre que je suis encore vierge et que je n'ai aucune expérience sexuelle.
- C'est vrai que tu as de la bave qui coule, me taquine Emma en posant un doigt au coin de mes lèvres.
- Concentre-toi sur la route, je réplique.
- Oh je crois qu'on a vexé le petit Gabriel, rigole Arthur.
Je ne lui réponds pas. J'ai conscience de me comporter comme un gamin mais actuellement je m'en fou. Je ne pense qu'à Hayden. J'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière et de me retrouver au collège. Je veux déjà être lundi pour le revoir. Notre petit moment a changé quelque chose, je le sens. De toute façon après ça, je ne peux plus l'ignorer ou l'éviter.
Je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à lui parler de ces anciennes fréquentations mais sa réponse m'a fait chaud au cœur. J'ai eu l'espoir qu'il parlait de ce qu'ils m'ont fait, quand il a dit ne pas aimer leurs comportements. Il ne faut pas que je me berce d'illusions. Pourquoi ça aurait un rapport ?
- Donc on en parle ou pas, du fait que tu as l'air d'être un amoureux transi ? me demande Emma plus sérieusement.
- Houla ! Je n'ai jamais dit être amoureux, je me défends, il ne faut pas abuser non plus.
- Mon pauvre Gaby, tu es si aveugle, me dit Arthur.
- Je suis d'accord avec lui, renchérit Emma.
Je souffle en guise de réponse. Je ne veux pas mettre de mots sur ce que je ressens pour Hayden, tant que je n'ai moi-même pas compris leurs sens. Je garde le silence le reste du trajet. Je veux profiter de l'euphorie de la soirée tant que je le peux encore.
******
Je me lève en sursaut de mon lit. Ma respiration est saccadée et je transpire à grosses gouttes. Je frotte mon visage avec mes mains tremblantes. C'est le même cauchemar que je fais depuis le collège mais cette fois la fin a changé. Quelqu'un est venu me sauver.
C'était au collège. J'attendais tranquillement mon bus mais j'ai reçu un message d'un ami me disant qu'il voulait parler avec moi-pour s'excuser de son comportement qu'il a eu en apprenant que j'étais gay. Naïf comme je l'étais, je m'étais rendu au lieu de rendez-vous mais Connor ne voulait pas s'excuser. Je me suis retrouvé entouré de plusieurs élèves. Certains étaient d'anciens amis qui m'avaient tourné le dos et d'autres des homophobes. Jack, un des collégiens s'était approché de moi et avait commencé à m'insulter de « sale pédé », de « déchet de la nature ». Il me répétait à quel point je ne devrais pas faire partit de ce monde, que j'étais une honte.
Ce qui devait arriver, arriva enfin. Il envoya le premier coup de poing dans mon visage. J'avais senti le sang coulé le long de mon menton. Fière de lui, Jack avait continué de me frapper, dans le ventre, dans le dos. J'ai fini recroquevillé sur le sol. Tout c'était arrêté d'un seul coup, j'avais réussi tant bien que mal à relever la tête. Hayden était devant moi en train de repousser Jack et de le frapper à son tour. Les autres commençaient à partir.
J'essuie les larmes qui ont coulé sur mes joues. Ce n'est pas un simple cauchemar, ça a été la réalité. Seulement ce jour-là, Hayden n'a pas été présent pour repousser Jack. J'ai fini seul, allongé sur le goudron. Je ne suis réveillé le lendemain matin, à l'hôpital sans aucun souvenir de la façon dont j'y ai été conduis.
Je regarde l'heure sur mon téléphone, 7h30. Je me rallonge sous ma couverture. Je tente de calmer mes pleurs pour ne pas réveiller ma mère. Je n'arriverais pas à me rendormir et pourtant je suis exténué. Comment gâcher une soirée parfaite en deux minutes ? En rêvant du jour le plus horrible de ma vie.
Je suis resté une semaine à l'hôpital après mon agression. Mon nez était cassé ainsi que deux côtes. J'avais hérité de plusieurs hématomes sur le ventre et sur le visage. En rentrant chez moi, j'avais refusé de retourner en cours tant que les bleues se voyaient. Ma mère, ainsi que la police ont tenté de savoir qui m'avait fait ça mais j'ai refusé de parler. Jack et sa bande n'ont pas mérité mon silence mais j'avais bien trop peur des représailles. Je me rappelle de sa dernière phrase :
- Si tu en parle à qui que ce soit, ce sera encore pire pour toi.
Alors j'ai gardé le silence. Ma mère en a été malheureuse. Heureusement, mon père était en mission à ce moment-là. Emma a pleuré en voyant mon état et Arthur est parti dans une colère noir, comme je ne l'ai jamais vu.
Lorsque je suis retourné au collège, presqu'un mois plus tard- la boule au ventre-, mes deux meilleurs amis ne me lâchaient pas. Ils me suivaient de partout, même aux toilettes. Ils attendaient le bus avec moi. Contre toute attente, ni Jack ni aucun de ces amis ne m'ont refait quoi que ce soit. Ils ne m'ont plus jamais adressé la parole, ni frappé à nouveau. Je ne sais pas ce qui s'est passé en mon absence mais Jack avait un plâtre au bras lors de mon retour.
Dieu merci, ni Connor, ni Jack ou aucun autre de cette bande sont dans le même lycée que moi.
Sachant très bien qu'il est inutile de rester dans mon lit, je me lève. En descendant les escaliers, je sens une bonne odeur de bacon. Maman est déjà levée. Je frotte mes yeux et essuie mes joues pour effacer toutes traces de larmes.
- Bonjours maman, je lui dis en arrivant dans la cuisine.
Elle sursaute en se tournant vers moi. Elle me sourit de toutes ces dents, je me sens tout de suite mieux en voyant la femme qui m'a mis au monde.
- Tu es déjà réveillé mon chéri ?
- Oui, je n'arrivais pas à me rendormir.
- C'est l'appel du bacon ça ! rigole-t-elle.
- Oui surement, je ne peux pas lui dire la vérité, elle s'inquièterait trop.
Je rigole avec elle et m'installe à table. Elle me prépare une assiette de bacon et d'œufs brouillés. Maman est une excellente cuisinière. Elle s'assoie en face moi. Cela fait longtemps que nous n'avons pas pris notre petit déjeuner tous les deux.
- Ta soirée était bien ? me demande-t-elle curieuse.
- Plus que ce que j'espérais.
- Y'aurait-il un garçon derrière tout ça ? sourit-t-elle.
- Maman ! je m'exclame, parler de ça avec elle est gênant.
- Quoi ? J'ai le droit de savoir où en est mon fils dans sa vie amoureuse.
- Ton fils n'en est nulle part, je réponds en baissant la tête pour ne pas qu'elle voit mes rougeurs sur mes joues.
- D'accord, tu as raison prends ton temps, tu es jeune.
Je lève les yeux au ciel, c'est toujours le même refrain avec elle. Tous les autres ont le droit à la phrase : « La vie est courte, vivez-la à fond et ne perdez pas de temps » mais moi, son fils, j'ai le droit à tout le contraire.
- Surtout après Simon...
- Maman...
Je la coupe avant qu'elle ne puisse continuer. Ma mère déteste Simon. Je ne l'avais jamais vu aussi heureuse que le jour où je lui ai annoncé notre séparation. Depuis le début de notre relation, elle n'arrêtait pas de me dire que ce n'était pas le garçon fait pour moi, qu'elle ne le sentait pas. C'est tout naturellement que je ne lui ai pas dit la raison de la rupture. J'aurais eu droit au « Je te l'avais dit Gabriel, écoute toujours ta mère ».
- Il ne t'embête plus j'espère ? s'intéresse-t-elle sérieusement.
Hier soir, ce n'était pas la première fois que Simon essayait de me récupérer. Il a tenté d'appeler sur mon fixe un jour -je ne lui répondais plus sur mon portable- et c'est ma mère qui a répondu. Il a été très bien reçu, ironie bien sûr.
- Il a essayé mais quelqu'un l'a fait fuir, je finis par lui avouer.
- Qui ça ? Que je pense à le remercier, je rigole à sa réponse, ma douce maman je t'aime.
- Hayden, tu sais le voisin d'en face.
- Mais oui bien sûr ! Le fils d'Amanda et de John, un garçon charmant d'ailleurs.
- Maman je te vois venir avec ta voix et tes yeux malicieux.
Elle lève les mains devant elle pour se donner un air innocent. Hayden est plus que charmant mais je ne lui dirais pas. Je sais que ma mère et Mme Spence se parlent de temps en temps. Surtout pour les évènements proposés par la base militaire mais nous n'avons jamais fait de soirée ou de repas entre voisin. Elles sont toutes les deux trop occupés par leurs travails et leurs vies de famille.
- Je dis ça, je ne dis rien, elle me fait un clin d'œil. Je ne sais pas si je me suis trahi en parlant de lui ou pas, mais je pense qu'elle a compris qu'il y avait quelque chose.
- Alors ne dis rien, je lui réponds en souriant, à croire que dès que je parle de ce mec, je suis obligé de sourire.
- Vous êtes amis maintenant ?
- Non maman, on se parle à peine. C'est juste qu'il passait par là et qu'il nous a entendu, je lui explique, elle fait une petite moue d'incompréhension.
- Nous sommes voisins depuis que vous avez 3 ans. Vous êtes dans la même école et malgré tout, vous ne vous êtes jamais parlé. Je ne comprends pas pourquoi, c'est même dommage, dit-elle.
La question à un million maman. Je n'arrête pas de me la poser mais je n'ai toujours pas trouvé de réponse. Je soupire doucement.
- Moi non plus maman, je ne comprends pas mais j'ai envie que ça change, je lui dis en baissant la tête, je sais que je rougis encore.
- C'est une excellente idée, si un jour tu veux l'inviter pour ne pas être seul, tu peux.
Cette fois c'est sûr je dois être rouge tomate. Je n'en suis pas encore au stade où j'invite Hayden pour me tenir compagnie les jours où ma mère est à l'hôpital. Je hoche la tête en guise de réponse, si je parle je pense que ma voix déraillerait.
J'aide ma mère à débarrasser la table. On passe notre dimanche à regarder la télé en mangeant des chamallow. J'aime ces journées avec elle, alors j'en profite à fond, parce que je sais que la semaine prochaine elle sera encore moins présente. Même carrément absente tout le week-end.
MlleLovegood
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top