Chapitre 32:

Corrigé

Hayden:

            Gabriel a beau me dire qu'il a bien dormi, je ne le crois pas. Ses yeux me fuis constamment depuis que nous nous sommes retrouvés ce matin. Je devine sans mal qu'il a fait un cauchemar cette nuit et j'ai le pressentiment d'en avoir fait partit. Quand nous nous sommes eu au téléphone hier soir, il avait l'air euphorique du retour de son père et là il en parle à peine. Je commence à sérieusement m'inquiéter.

            J'essaye de lui montrer ma présence en lui prenant la main dès que je peux. En le serrant dans mes bras à la moindre occasion mais je ne le sens pas réceptif. À le voir, on pourrait facilement dire qu'il n'y a pas à s'inquiéter, qu'il a l'air d'aller bien. Justement c'est ça mon problème, il en a juste l'air. Je sais, je suis même persuadé, que quelque chose le tracasse mais je ne veux pas le forcer à me parler.

            Juste avant le repas de midi, Emma est venue me voir parce qu'elle aussi, a l'impression que Gaby cache un truc. Malgré ses sourires, nous ne sommes pas dupes. J'ai besoin de savoir si j'étais dans son cauchemar et je dois également lui faire comprendre que peu importe ce qu'il a rêvé, ce n'est pas la réalité.

            La fin du dernier cours sonne enfin. Je range mes affaires en vitesse pour rejoindre mon petit-ami qui est déjà sorti. Je suis presque obligé de courir pour le rattraper. Qu'est-ce qu'il lui arrive bon sang ? J'agrippe sa main en arrivant à sa hauteur, il sursaute de surprise mais se reprend en me voyant.

- Tu veux venir avec moi à la boxe où on rentre directement ? je lui propose en caressant le dos de sa main.

- La boxe c'est bien, me répond-t-il simplement.

            J'ai un pincement au coeur de le voir aussi loin dans ses pensées. Je continue de prétendre de ne pas remarquer son humeur morose et lui parle comme si de rien n'était. Nous nous installons dans ma voiture et le regard de Gaby est automatiquement rivé sur le paysage. Il ne réagit pas lorsque je pose ma main sur cuisse. Le trajet se fait en silence et je regrette de ne pas être capable de combler les vides parce que je ne sais pas quoi dire.

            Je me gare sur le parking et attend que Gaby sorte pour en faire de même. Son expression est toujours lointaine et ses yeux s'obstinent à regarder tout sauf moi. Je soupire d'exaspération avant de récupérer mon sac dans le coffre. En marchant j'entrecroise mes doigts avec ceux de mon petit-ami. Je persiste mais j'ai l'impression que pour le moment mes efforts sont vains et ça me paralyse de peur.

            Au contraire de la première fois où il est venu, Gaby reste sur un banc pendant que je m'entraine. Il ne vient pas jusqu'au ring pour m'observer combattre et il décline même quand mon coach lui propose de venir. Je tape plus fort que ce que je devrais, mon corps entier est crispé.

            Plus je frappe et plus je cogite. Hier soir Gaby m'a dit qu'il m'aimait et bordel cet instant est gravé dans ma mémoire. Sa façon de me le dire, la voix qu'il avait, tout était tellement sincère et pourtant aujourd'hui j'ai la désagréable sensation que ce n'est plus le cas. Peut-être qu'il a réfléchi, que cette nuit sans moi lui a ouvert les yeux et qu'il ne veut plus sortir avec moi.

- Hay. Tout va bien ? finis par me demander mon coach.

            Je serre les dents et continue de massacrer mes mains sur le sac. Je peux dire merci aux protections. Mike attrape le sac entre ses bras, signal pour moi d'arrêter tout de suite. Je sautille sur place le temps de calmer mes nerfs et reprendre doucement mon souffle.

- Je te repose la question, tout va bien ? Tu es encore plus en colère que d'habitude et je croyais qu'on avait dépassé ce stade, reprend Mike d'un ton accusateur.

- Rien j'ai juste des trucs en tête, je réponds en expirant.

- Des trucs ?

            Je hoche la tête sans parler. J'aime bien Mike, il m'apporte beaucoup mais je n'ai pas envie de parler de mes problèmes de couple avec lui. Comme il connait mes réactions et le langage de mon corps, il m'annonce que l'entrainement est terminé aujourd'hui, puisqu'il n'apportera rien de bon.

            Gaby est toujours à la même place, la tête baissée. Il ne la relève pas quand j'arrive à ses côtés. J'attrape ma serviette pour m'essuyer le visage et la nuque.

- J'ai finis, je lui annonce.

            J'aurais voulu pouvoir contrôlé ma voix pour qu'elle ne paraisse pas si sèche mais impossible. Je bois de l'eau tout en marchant vers les vestiaires. Je ne sais même pas si Gabriel me suis et je ne me retourne pas pour vérifier.

            Bordel je n'ai rien fait de mal entre hier soir et ce matin ! Je ne peux pas l'aider s'il ne me parle pas et je ne peux pas deviner non plus. Je ne sais même plus le comportement que je dois adopter avec lui. Si je l'ignore comme il le fait, est-ce que ça va le faire réagir ? Si je continue à trop insister, est-ce que au contraire il va s'énerve et me fuir ? C'est la première fois que je ne comprends pas quelque chose et surtout que je ne trouve pas de solution et putain que c'est en train de me mettre hors de moi.

            J'ouvre mon casier avec rage et récupère mes vêtements propres. Toujours sans un regard en arrière, je pars m'enfermer dans une cabine. Mon poing part tout seul, frapper le carrelage de la douche. Je prends le temps de complètement me calmer sous l'eau avant de me laver.

            Et merde ! Dans la précipitation j'ai oublié de prendre mon tee-shirt, c'est torse nu que je sors de la cabine. Mon coeur loupe un battement de frayeur en voyant Liam accoudé contre son casier.

- Salut, me lance-t-il le sourire aux lèvres.

- Salut, je réponds sur la réserve.

            Je me tourne dos à lui pour récupérer mon haut mais je sens son regard me scruter et c'est très gênant. Gaby n'est pas dans les vestiaires et je soupire une fois de plus.

- Je suis arrivé pile poil au bon moment dit donc, rigole Liam.

            Je me crispe en sachant très bien de quoi il parle. Je mets mon tee-shirt en vitesse pour lui cacher toute vu possible. Je déteste le savoir en train de me mater. Depuis l'année dernière, dès qu'il me voit il me fait des allusions sexuelles. Déjà qu'avant, ça me mettais mal à l'aise mais aujourd'hui encore plus. Finalement, heureusement que Gaby n'est pas dans les vestiaires. J'entends des pas se rapprocher, Liam se place à côté de moi.

- Tu sais on pourrait reprendre là où on s'est arrêté la dernière fois, me propose-t-il avec une voix qui se veut séductrice.

            D'un seul coup je lui fait face et lui jette un regard noir. Mes poings se serrent automatiquement. Ce qui me surprends le plus ce n'est pas le sourire charmeur de Liam mais Gaby qui se trouve derrière lui, les yeux exorbités de surprise.

- Parce que bon te revoir torse nu réveille de vieux souvenir, que j'aimerais beaucoup revivre et approfondir, continue Liam sans s'imaginer la présence de Gaby derrière lui.

            Je regarde mon petit-ami horrifié. Je ne veux pas qu'il croit des choses qui n'ont jamais eu lieu. L'expression de Gabriel passe de choquée, à en colère en l'espace de deux secondes. Et c'est la première fois que je vois une émotion sur son visage depuis ce matin.

            Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit, que Gaby arrive pour se mettre entre Liam et moi et le repousse avec une force que je ne lui connaissais pas.

- T'approche pas de mon copain, connard ! s'exclame Gaby la voix pleine de rage.

            Je ne sais pas comment je dois le prendre. Bien évidement je suis ravis qu'il soit venu s'interposer et qu'il me qualifie de son copain. J'angoissait un peu qu'il ne le pense plus. Liam recule de lui même en levant les bras pour tenter de calmer mon petit-ami.

- Pardon, je ne savais pas que vous sortiez ensemble, se justifie Liam.

- Et alors ? Je m'en fou ! Tu n'as pas à mater mon mec et lui faire des avances comme ça bordel ! cri Gaby en guise de réponse.

- Désolé je...

- La ferme ! se met à hurler mon copain.

            C'est à mon tour d'être surpris. Jamais je n'avais entendu Gaby parler avec une voix aussi froide et tranchante. Son corps tout entier tremble. Je vois ses épaules tressauter constamment. Je passe mes bras autour de lui et colle son dos à mon torse.

- Calme-toi Gaby, je lui demande le plus gentiment possible.

            Liam sort précipitamment en s'excusant une dernière fois. Gabriel se débat dans mes bras pour en sortir, je finis par le lâcher. Je suis très blessé par son refus. Il se place face à moi, le visage rouge de colère. Je ne sais pas si je ne préférais pas le Gabriel inexpressif plutôt.

- C'est une blague ? Est-ce que tu te fou de ma gueule ? Parce que dès que j'ai le dos tourné un mec te fais des avances et tu ne dis rien ! m'accuse Gaby en criant et pleurant en même temps.

            Je tente une manœuvre pour lui prendre la main mais il tape mon bras pour m'en empêcher. Il frotte ses joues pour essuyer ses larmes et le voir comme ça me brise le coeur. Je sais que j'aurais du demander à Liam d'arrêter et lui dire que j'avais un petit-ami. Je ne sais même pas pourquoi je ne l'ai pas fais.

- Gaby s'il-te-plait, ne fais pas ça, je l'implore la gorge nouée.

- Et faire quoi ? Je n'ai rien fait, comme toi quand ce connard t'a proposé de coucher avec lui ! D'ailleurs, je suis absolument ravis d'apprendre que vous avez eu une relation tous les deux, alors que quand je te l'ai demandé, tu as dis non ! déclare-t-il en criant.

            Je ferme les yeux et baisse la tête honteux. À ce moment-là, je voudrais être un garçon normal qui sache quoi faire et quoi dire dans cette situation. En rouvrant les paupières je croise le regard de mon petit-ami, des yeux complètement brisés. D'une manière ou d'une autre je l'ai fait beaucoup souffrir. 

            Sans lui laisser le temps de réagir ou de me repousser, j'attrape son poignet et le tire pour qu'il me suive. Il tente de se débattre mais je ne le lâche pas, en faisant attention de ne pas lui faire mal. Je refuse que nous rentrons chacun chez soit fâchés et je ne veux pas que quelqu'un arrive au moment où nous nous s'engueulons. Je l'emmène jusqu'aux anciens vestiaires et referme la porte à clé derrière nous.

- Gabriel calme-toi et écoute-moi, je lui demande en libérant ma prise autour de son bras.

            Il ne dit rien et plante son regard dans le mien en croisant ses bras sur sa poitrine. Il ne desserre pas la mâchoire, je sens que je vais ramer pour arranger la situation. Je lui dois la vérité alors je vais tout lui raconter.

- Je ne suis jamais sorti avec Liam et tu veux la vérité Gaby, très bien tu vas l'avoir, je commence en m'avançant vers lui pour le bloquer contre la porte. Lui et moi on s'est juste embrassé avant les vacances d'été, le plus loin qu'on est aller, c'est juste sa main qui a à peine eu le temps d'effleuré mon ventre parce que je l'ai repoussé.

- Pourquoi ? me demande-t-il simplement la voix légèrement tremblante.

- Parce que c'est toi que je voulais et que ça a toujours été toi, je lui réponds sincèrement sans réfléchir.

            Gabriel fond en larmes dans mes bras, il s'accroche à moi comme si sa vie en dépendait. J'encercle sans corps et caresse son dos pour le calmer. Il est submergé par des sanglots et je me fais violence pour ne pas pleurer à mon tour. Le voir dans cet état est insupportable.

- Tu sais que tu es le garçon dont je parlais à Louis, lorsque je racontais la découverte de mon homosexualité, pas vrai ? je l'interroge d'une voix douce.

            Il hoche la tête mais ses pleures redoublent. J'ai dis quelque chose qui ne fallait pas ? Je croyais que justement ça arrangerais la situation. Je suis nul en relation putain. Si je pouvais je demanderais de l'aide à mes amis, eux ils savent quoi faire.

- Gaby aide-moi à comprendre ce qui s'est passé cette nuit, je sais que tu as fais un cauchemar, je t'en pris dis-moi, je le supplie en attrapant son visage en coupe.

            Je passe mes doigts sur ses joues et dépose un baiser appuyé sur son front. Je lui laisse le temps de reprendre ses esprits, il renifle plusieurs fois. Vraiment, je hais le voir pleurer.

- Comment tu le sais ? arrive-t-il à me demander la voix cassée.

- Je l'ai vu à ton visage, je lui apprends en souriant.

- Je ne voulais pas t'inquiéter.

- Raconte-moi Gaby.

            Il semble hésité un moment et baisse les yeux, apparemment ses pieds le fascine à cet instant. Je prends ses doigts entre les mains et trace des cercles sur sa paume pour l'aider à se détendre.

- Je... au début c'était juste le même que d'habitude et puis après..., sa phrase se brise dans ses pleurs qui repartent mais il continue son explication. Tu es apparu et tu as commencé à me dire des choses horribles.

            Ses sanglots reviennent plus fort qu'avant, je prends sa tête que je pose délicatement sur ma poitrine tout en passant mes doigts dans ses cheveux. Tout s'explique maintenant, je comprends mieux pourquoi il me fuyait.

- Gaby, ce n'est pas la réalité. Peu importe ce que le moi de ton cauchemar t'as dis, ce n'est pas vrai d'accord ? Il faut que tu fasse la différence entre tes rêves et la réalité, je lui dis tendrement.

- Je sais mais tu as dis que jamais tu ne pourrais m'aimer et que je n'étais rien dans ta vie et que...

- Stop, je le coupe ne pouvant plus supporter d'en entendre plus. Ce n'est pas vrai Gaby, tu sais que ça ne l'est pas, je tente de le rassurer.

            Je le serre plus fort dans mes bras. J'ai vu l'ampleur de ses cauchemars, l'état dans lequel il est. Je l'ai vu trembler de peur, pleurer et s'accrocher à mes draps pour en sortir. Je sais qu'ils sont violents.

- Tout ce que j'ai pu dire dans ton cauchemar est faux, je t'ai dans la peau depuis que j'ai 14 ans alors tu n'es pas rien pour moi. Tu es tout ce que j'ai toujours désiré, je lui avoue.

            C'est le moment pour me livrer un peu à lui. Je sais qu'il en a besoin et je sens que ça fait son effet parce que Gaby raffermit sa prise dans mon dos. Il respire fort mais j'entends sa respiration se calmer. Je dépose un baiser sur son crâne et pose ma joue contre sa tête, je savoure ce moment plus que jamais.

MlleLovegood

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top