Chapitre 3:
Corrigé ✅
Hayden:
Assis au volant de ma voiture, j'essaye de reprendre une respiration normale. Putain, ce n'est pas bon pour moi de rester autant de temps à côté de Gabriel et encore moins de devoir lui parler. Il voulait ma mort ou quoi ? Il m'a proposé de me raccompagner. C'était tellement gentil, j'ai cru que mon cœur allait exploser, il battait si vite et si fort que j'avais peur que Gabriel l'entende.
Je reprends contenance et démarre ma voiture. Je dois passer chercher Lucy à son centre avant de rentrer, ma mère finit tard le soir. Ce n'est pas facile tous les jours avec son métier, elle est architecte. Le lundi elle commence tôt et rentre en fin d'après-midi, elle nous élève presque seule. Ce n'est pas de la faute de mon père non plus, mais son travail ne laisse pas beaucoup de place pour une vie de famille.
Heureusement que j'ai prévenu le centre de ma sœur que je serais en retard. J'arrive devant l'établissement quinze minutes plus tard. Quelle chance que ma mère ait trouvé un centre spécialisé pas très loin du lycée. Je sors vite de ma voiture et cours pour rentrer à l'intérieur. Je repère vite l'enseignante de ma sœur, Mme Bower.
- Bonjour, excusez-moi je suis en retard ! je m'exclame la respiration saccadée par ma course.
- Ne vous inquiétez pas Hayden, j'ai été prévenu. Lucy est dans la classe.
Elle me conduit dans la salle. Ma petite sœur est assise à une table en train de faire un dessin, c'est sa passion. Elle relève la tête et sourit en me voyant, elle se lève en vitesse et me saute dessus. Je la rattrape de justesse pour la porter et la serrer dans mes bras.
- Ça va ma chérie ? je lui demande en lui embrassant la joue.
Elle hoche la tête. Lucy ne parle pas encore ou très peu, du moins pas comme une enfant de quatre ans le devrait. Ma petite sœur est trisomique. Plus exactement, elle est atteinte de trisomie 21, c'est pour cela qu'elle va dans un établissement spécialisé pour les enfants handicapés.
Je salue l'enseignante et sort avec Lucy. Je l'attache dans son siège auto et lui souris. Ma sœur est belle, malgré son handicap, je la trouve magnifique. Elle a les cheveux aussi noir que moi, coupés en carré et légèrement bouclés, elle a les yeux bleus, de petites joues gonflées. Je sais la regarder au-delà de sa trisomie et je vois sa réelle beauté.
En rentrant à la maison, Lucy réclame tout de suite un gâteau, des cookies, ses préférés. Pendant qu'elle mange, je regarde mon téléphone qui n'a pas arrêté de vibrer. J'ai plusieurs messages de Dani et Mary, c'est deux-là sont des fouines.
<Dani>
« Alors mon vieux,
comment ça s'est passé ?!!! »
<Mary>
« Alors ce tête à tête avec Gabriel ?
Vous vous êtes parlé ?
Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Ah, un autre d'Aryn vient d'arriver :
<Aryn>
« Je viens au rapport,
comment c'est déroulé
le début de la mission Gabriel ? »
Je soupire, ils sont irrécupérables. Je leurs réponds à tous les trois le même message, sans m'éterniser, ce n'est pas mon style.
<Moi>
« Bien.
Rien de spécial ne s'est produit. »
Je m'installe au salon sur le canapé avec Lucy. Je lui allume la télé, sur son programme favori. Pendant qu'elle regarde son dessin animé, je commence mes devoirs. Je fais mes exercices de maths en quelques minutes seulement, c'est une formalité pour moi ce genre de chose. Je finis le tout en même pas vingt minutes.
Je passe la fin d'après-midi à regarder la télé, avec Lucy calée dans mes bras. Vers 18h, je sursaute en entendant la porte d'entrée s'ouvrir.
- Mes chéris vous êtes là ? hurle la voix de ma mère.
Elle a de la change d'être la femme de ma vie, parce que sinon je n'accepterais pas d'être appelé de cette façon mais je la laisse faire. Je sais qu'elle adore et que c'est sa manière à elle de nous montrer son amour. Bon je suis d'accord pour ma sœur, elle a quatre ans mais j'en ai dix-sept. Ce qui peut être parfois gênant mais ma mère restera pour toujours ma mère, alors je n'ai pas le cœur de lui dire d'arrêter.
- On est là maman ! je lui réponds sans bouger d'un pouce.
Ma mère nous rejoint et s'assoit avec nous sur l'immense canapé, après nous avoir embrassé Lucy et moi. J'observe ma mère, elle est belle. Malgré ces quarante ans, elle reste jeune et pétillante, les épreuves qu'elle a vécu n'apparaissent pas sur son visage. C'est d'elle que nous tenons nos cheveux noirs et nos yeux bleus. J'ai hérité de ses grains de beauté sur le visage, j'ai exactement les mêmes qu'elle, sur la joue et sous l'œil.
- Tout c'est bien passé aujourd'hui ? s'intéresse-t-elle.
- Oui super et c'est pareil pour Lucy, d'après ce que Mme Bower m'a dit. Je croyais que tu devais rentrer tard ?
- Je me suis bien avancer pour pouvoir rentrer plus tôt et être avec mes deux enfants adorés ! s'exclame-t-elle en attaquant Lucy de chatouilles.
Ma sœur explose de rire, la meilleure mélodie à mes oreilles. Tout dérape bien vite, s'en comprendre ce qui m'arrive, je suis assaillis de chatouilles par ma mère et ma soeur. Je les laisse avoir le dessus sur moi et gagner. J'aime ces moments en famille, il manque toujours mon père, c'est difficile sans lui bien sûr mais avec le temps nous avons pris l'habitude.
Maman part aider Lucy à prendre son bain, pendant que je vais préparer la table pour manger. On est très solidaire tous les trois. Ma mère travaille énormément pour que nous puissions avoir tout ce que nous désirons et que nous manquions de rien. Alors en tant qu'ainé et seul homme de la maison (pendant l'absence de mon père), je l'aide autant que je le peux. J'essaye de faire à manger avant que maman rentre du boulot, je m'occupe au maximum de Lucy pour la décharger un peu. Ce n'est pas du tout une corvée, j'adore l'aider.
Nous nous installons tous les trois autour de la table. Je sors les lasagnes de la veille et sers mes deux femmes.
- Alors mon fils, tu as des choses à apprendre à ta mère ? me demande-t-elle.
Je rattrape de justesse les pâtes que j'allais faire tomber sur la nappe. C'est un talent de mère de se douter de nos vies comme ça ? Je ne réponds rien pour le moment et m'assois le plus naturellement possible. Je ne peux rien lui cacher. Elle sait quand je mens ou quand je ne dis pas l'entière vérité. Elle lit en moi comme dans un livre ouvert, alors que j'essaye de paraitre le plus neutre possible à la vue des autres. Mais je suppose qu'on ne peut rien camoufler à sa mère.
Elle m'interroge toujours du regard, elle sait qu'il y a quelque chose. Nous avons la même expression de visage tous les deux, lorsque nous attendons une réponse. Je tiens tout de cette femme. À part ma carrure carré, que je tiens de mon père.
- Heu... Je vais participer au groupe de soutien du lycée pour aider les élèves dans leurs cours, je lui apprends l'air de rien.
- Oh c'est génial ça ! Tes professeurs te l'avaient déjà proposé l'an dernier non ? Pourquoi avoir dit oui cette année ?
Elle veut vraiment me l'attendre dire. C'est vrai que Monsieur Jonhsens m'avait fait la même demande à ma rentrée en première, mais j'avais refusé pour des raisons évidente. Je ne supporte pas les étrangers et les gens en général sauf exception.
- Parce que j'ai réfléchi et que ça me paraît être une bonne idée d'aider les élèves en difficultés.
- Hum hum... marmonne-t-elle en guise de réponse.
Bon elle est septique mais elle se contente de cette réponse pour le moment. Je reste silencieux le reste du repas, si je dis autre chose, je pourrais me trahir.
Je débarrasse la table et fais la vaisselle pendant que Lucy part se brosser les dents et se coucher avec l'aide de ma mère. Un vrai travail d'équipe ! Je commence à essuyer les assiettes lorsque ma génitrice me rejoint pour me donner un coup de main.
- Tu es sûr que tu n'as pas autre chose à me dire chéri ? insiste-t-elle, je savais que je ne serais pas tranquille.
- Maman !
- Quoi ? Désolé de m'intéresser à la vie de mon fils. Aller dis-moi !
Je soupire pour la forme. Elle sait tout de moi, elle me connait par cœur et je n'ai jamais eu le moindre secret pour elle. Je lui ai naturellement avoué être amoureux de Gabriel depuis la quatrième, apparemment elle était déjà au courant. Un autre de ses talents de mère, savoir des choses sur moi avant que je ne les saches moi-même.
- Gabriel fait parti du groupe lui aussi, je finis par lâcher.
Qu'est-ce que je n'ai pas dit, elle pousse un cri digne d'une pré-ado devant son groupe favori. Elle sautille sur place et me sert dans ses bras. Par contre, pour ce trait de caractère, je ne tiens pas du tout de ma mère.
- Ne t'emballe pas maman, on s'est vu vingt minutes avec Mr Jonhsens pour qu'il puisse m'expliquer le fonctionnement.
- Vous vous êtes parlé tous les deux ? Gabriel et toi, je veux dire.
- On s'est échangé trois phrases maman.
- C'est déjà plus que ces quatre dernières années, réplique-t-elle en se moquant.
Je lui lance un regard outré ce qui l'a fait encore plus rire. J'ai toujours eu une énorme complicité avec elle et j'espère qu'elle ne partira pas. Ma mère m'a accepté comme je suis et ne m'a jamais jugé, au contraire, elle me soutient corps et âme.
- Merci maman, vraiment tu es d'une aide sans faille, je la taquine gentiment.
- Mais de rien, je suis là pour ça, elle me donne un léger coup à l'épaule.
- Je ne sais pas comment être quand il est dans les parages.
Je me sens stupide d'avouer ça mais je peux tout dire à ma mère, elle me conseillera. Elle met l'eau à chauffer dans la bouilloire pour nos verveines du soir. Notre rituelle à maman et moi. Elle verse l'eau bouillante dans nos deux tasses et me fait signe de la suivre au salon. Nous nous s'installons sur le canapé.
- Reste toi-même, fait-elle simplement.
- Sérieux c'est ça ton super conseil de maman ? je m'indigne.
- Oui. Tu n'as rien besoin de changer chéri, tu es parfait comme tu es. Reste naturel.
- Maman, on ne peut pas dire que ça m'ai bien aidé, ces quatre dernières années comme tu dis, je réponds peu convaincu.
- Au contraire, tu as changé depuis. Tu ne l'as juste pas remarqué mais tu as évolué, en bien ne t'inquiète pas.
Normal que j'ai changé. J'avais quatorze ans à l'époque, j'en ai dix-sept maintenant. C'est obligé que je ne sois plus le même homme, je suis passé d'un gamin à un ado et surtout ma petite sœur est née.
- Il n'a jamais su que j'existais et je ne sais pas quoi faire pour que cela change, j'avoue honteusement.
- Bien sûr que si, il sait que tu existes ! Vous êtes voisin depuis quinze ans et vos père sont collègues ! s'indigne-t-elle.
- Tu sais ce que j'ai voulu dire maman.
- Arrête de penser une telle chose Hayden, aie quand elle m'appelle par mon prénom c'est qu'elle n'est pas contente. Tu ne te rends pas compte à quel point tu es un garçon génial et Gabriel s'en apercevra aussi. Tu vas juste devoir faire des efforts et ne pas te renfermer sur toi-même.
Elle me prend dans ses bras après sa tirade. J'ai déjà mentionné à quel point je l'aimais ? Ma mère sait toujours trouver les bons mots pour m'aider à aller mieux et reprendre confiance en moi. Je bois une gorgée de ma verveine.
- Fais des efforts pour lui parler sans pour autant ne pas être toi-même, tu vois ce que je veux dire ? m'interroge-t-elle.
Je hoche la tête, je vois très bien. Je peux y arriver, Gabriel est homme comme Dani, Aryn ou Logan et je leur parle normalement. Bon, je ne suis pas amoureux de l'un d'entre eux, aussi.
- Et comment je m'y prends ? je lui demande.
- En commençant par un « bonjour » ou « ça va », ce genre de banalités mais qui s'avèrent être utiles. Essaye de te rapprocher de lui subtilement, sans trop en faire non plus. Tu es un homme intelligent chéri, tu trouveras.
- Je vais essayer maman mais il me terrifie.
- Je sais mais tu mérite d'être heureux, vraiment.
Je lui embrasse la joue, c'est la mère parfaite. Nous finissons nos tasses et maman allume la télé.
- Oh mon Dieu, j'ai oublié de te dire ! je m'exclame me rappelant d'une chose importante, ce qui fait sursauter maman.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Gabriel n'est plus avec son mec, je lui annonce le sourire aux lèvres.
- Et tu me le dis que maintenant ? me reproche-t-elle.
- Je viens juste d'y repenser.
- C'est ton tour mon fils !
Et la voilà repartit en mode ado pré-pubère. Je crois qu'elle est encore plus heureuse que moi. Je la coupe vite dans son extase, pour lui expliquer que je ne pourrais pas aller chercher Lucy à l'école les mardi et jeudi. Maman demandera à Agathe, une femme âgée qui garde Lucy en cas de besoin, lorsque je ne peux pas.
MlleLovegood
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