Chapitre 17:

Corrigé

Hayden : 

            Je tourne en rond dans mon lit depuis plus d'une heure, même la respiration de Gabriel n'arrive pas à me calmer. Trop de chose s'est passé depuis mercredi. Déjà Aryn et Logan ont fait comme si de rien n'était jeudi au lycée, ils se sont comportés comme d'habitude. J'ai juste pu repérer une petite réaction de la part de Logan lorsque j'ai dit à Aryn qu'une fille de notre classe le trouvait mignon. Juste un levage de yeux au ciel, rien de plus, ils cachent bien leur jeu, enfin du mieux qu'ils peuvent puisque je les avais grillé bien avant.

            Ensuite Gaby et moi sommes allés au cinéma hier soir, juste tous les deux et c'était une putain de bonne soirée. Nous avons beaucoup parlé, je suis revenu à la charge pour voir ses dessins, que je n'ai toujours pas eu le plaisir de découvrir. Nous avons mis en place un plan pour la fête de demain, enfin tout à l'heure maintenant et je suis assez fière de ce que nous préparons. Pendant le film nos mains n'ont pas arrêté de s'effleurer, lorsque nous prenions du pop-corn. Gabriel a fini par poser sa tête sur mon épaule le reste de la séance.  

            Depuis quelques jours Gaby est beaucoup plus tactile avec moi, depuis la séance de boxe en fait. D'ailleurs j'ai encore du mal à passer outre la réaction qu'il a eu après Liam. Je ne vais pas mentir, j'ai été plus que ravis de le voir autant jaloux, parce que clairement il l'était. Je me suis beaucoup amusé à le voir ainsi, il avait du mal à le cacher et je ne suis pas sûr qu'il ait cherché à le faire.

            Je finis par me lever du lit en soupirant une énième fois, je le fais le plus discrètement possible pour ne pas réveiller Gabriel. En descendant les escaliers je me prends les pieds dans un sac et bien sûr je le renverse, je croise les doigts pour ne réveiller personne. Je me penche pour ramasser les livres, parmi eux il y a un calepin, c'est le cartable de Gabriel que j'ai fait tomber.

            Je garde le carnet dans mes mains, incapable de le remettre dans le sac. Gaby a ses cours de dessin le vendredi après le lycée. Je ne peux pas le feuilleter sans son autorisation, c'est personnel, ça lui appartient, je n'ai aucun droit de le faire, pourtant la curiosité est vraiment forte.

            Je vais à la cuisine, le calepin toujours sous le bras, je m'assois sur une chaise et le pose sur la table. Non je ne peux pas faire ça, c'est mal d'entrée de sa vie de cette manière et s'il l'apprenait il m'en voudrait surement. C'est privé, c'est son monde à lui. Et merde fait chier ! Je verrais pour les conséquences plus tard, la tentation est trop forte.

            À la seconde où j'ouvre le carnet je me rends compte de mon erreur, regarder les croquis d'un artiste sans son accord c'est comme lire le journal intime de quelqu'un. Il y a des dessins de paysages, d'objets divers, il y a des portait de sa mère et de son père. Gabriel a vraiment du talent, ces dessins sont incroyables et vraiment réalistes, on dirait des photos. Je continue de tourner les pages mais d'un seul coup mes mains sont bloquées, ma respiration s'affole ainsi que mon cœur.

             Sur les dernières pages, il y a des croquis me représentant dans différentes positions, de face, de profil, parfois mon visage, d'autre mon corps entier. Il y a dix dessins de moi, oui je les ai compté, je ne sais pas ce que je dois comprendre. Je referme le cahier en gardant les mains dessus, je n'aurais jamais dû voir ça putain !

            Et là l'information monte à mon cerveau, j'assemble toutes les pièces du puzzle et quelques larmes s'échappent de mes yeux. Je ne voulais pas croire à cette hypothèse et pourtant l'évidence est là, je ne peux pas l'ignorer.

- Chéri, qu'est-ce que tu fais là ? je sursaute au son de la voix de ma mère.

- Je n'arrivais pas à dormir et toi ? je réponds simplement l'esprit toujours confus.

- Pareil.

            Elle arrive à côté de moi et pose une main réconfortante sur mon épaule. Elle a dû entendre ma voix dérailler. Elle me propose une verveine que j'accepte avec plaisir. La tasse entre les mains, ma mère assise en face de moi qui me regarde, attendant que je me livre à elle.

- J'ai fait quelque chose de pas très correcte, je finis par lâcher refusant de la regarder trop honteux pour ça.

- C'est-à-dire ?

- J'ai regardé le carnet à dessin de Gabriel et je ne pense pas qu'il apprécierait, je réponds en glissant le carnet vers elle.

             Je ne peux plus le garder vers moi, je culpabilise comme jamais. Je suis submergé par toutes les émotions qui m'assaillent.  Ma mère ne répond rien pour le moment, elle souhaite que je continue tout seul.

- Il y a des dessins vraiment trop personnels et je pense qu'il serait très mal à l'aise de savoir que je les ai vu.

- Je ne regarderais pas chéri mais apparemment cela t'as perturbé au plus haut point.

- C'est peu de le dire, je souffle.

            J'avale ma salive pour contrôler les larmes qui veulent tomber. Ma mère attrape une de mes mains et caresse mes doigts.  Je la remercie mentalement de ne pas insister pour savoir de quoi il s'agit mais je sais qu'elle ne veut pas s'immiscer dans la vie de Gabriel. Au contraire de moi qui n'a eu presque aucun scrupule à le faire.

- Je vais devoir lui dire la vérité ? je murmure, j'ai besoin des conseils de ma mère.

- Ça dépend de comment tu veux que votre relation soit : honnête ou malhonnête.

- Honnête, je souffle.

- Tout va bien se passer Hayden, il comprendra, commence-t-elle mais je la coupe.

- Maman, il est possible que Gabriel ressente la même chose que moi, je lâche d'une seule traite et même en le disant je continue de trouver cela impossible.

            Ma mère reste silencieuse mais elle se lève et me serre dans ses bras. Elle passe un doigt sur ma joue pour essuyer une larme qui s'est échappée. Je profite de son étreinte, ça me fait du bien.

- Alors pourquoi tu es dans cet état ? me demande-t-elle d'une extrême douceur.

- J'ai beau y avoir pensé et logiquement parlant les preuves sont là mais tu comprends j'attends ce moment depuis des années alors j'ai l'impression que c'est trop beau pour être vrai, que je me fait surement des films parce que soyons réaliste Gabriel ne peux pas être amoureux de moi...

            J'exclame en sanglots dans les bras de ma mère, elle me caresse les cheveux et le dos en me serrant encore plus fort contre elle. Je l'entends me murmurer des paroles réconfortantes, peu à peu mes pleurs cessent. Maman m'embrasse le front.

- Hayden mon ange, bien sûr que si Gabriel peut être amoureux de toi. Arrête de te dénigrer chéri, tu es quelqu'un de merveilleux et il est temps que tu t'en rendes compte, me dit-elle.

- J'ai un blocage avec ça, je lui avoue.

- Laisse une chance à Gabriel pour qu'il puisse te le prouver, me demande-t-elle.

- Je vais essayer.

            Ma mère prend mon visage en coupe et passe ses pouces sur mes joues pour enlever les dernières traces de larmes. Je souffle plusieurs fois de suite pour me calmer, en plus je sais que quand je suis dans cet état je brise le cœur de ma mère.

- Et toi pourquoi est-ce que tu ne dormais pas ? je la questionne une fois mes esprits repris.

- Oh la pleine lune surement, me répond-t-elle en haussant les épaules.

- Maman...

- Pour être honnête, ton père me manque, dit-elle dans un souffle et sa voix est mal assurée.

            À mon tour je la prends dans mes bras pour lui montrer mon soutien, je sais que c'est dur sans lui à la maison. Parfois le soir, je l'entends pleurer discrètement dans sa chambre lorsqu'elle pense que dormons Lucy et moi.

- Il manque à moi aussi, ça devient vraiment difficile de vivre sans lui, même si je sais qu'il reviendra, ses absence deviennent de plus en plus longues, je déclare la gorge serrée.

- J'espère qu'il pourra bientôt rentrer, avoue-t-elle en reniflant.

- Tu as eu des nouvelles ? je lui demande en la serrant contre mon torse.

- Non pas depuis le week-end dernier.

            Mon cœur se serre, déjà que nous ne le voyons pas souvent mais en plus nous ne pouvons pas pas lui parler autant que nous le voudrions. Cela fait plus de deux mois qu'il est parti, généralement il rentre tous les trois mois, après tout dépend de sa mission. C'est assez rare que nous parlions du manque de mon père, nous le gardons pour nous en générale, pour ne pas se faire plus de mal.

            Je trouve ma mère extrêmement forte pour vivre au quotidien sans son mari, passant des fois plusieurs semaines sans nouvelles. Sans savoir s'il va bien, où il est et quand il rentrera. C'est déjà insupportable pour moi alors pour elle, je n'imagine pas, mais même si cette situation est difficile, elle ne laisse jamais rien paraître devant qui que ce soit. Ce soir est une exception.

- Retourne te coucher chéri, tu vas être fatigué demain, me demande-t-elle d'une voix douce.

- Tu es sûr que ça va aller maman ? je m'assure ne voulant pas la laisser seule dans cet état.

- Absolument, je vais aller me recoucher aussi.

            Je remets le carnet de Gabriel dans son sac, je suis toujours aussi plein de remords. Maman et moi montons les escaliers, devant ma porte elle me glisse un dernier mot.

- N'oublie pas ce que je t'ai dit, tu en vaux la peine Hayden, bonne nuit.

- Merci maman, t'es la meilleure, bonne nuit.

            Je lui embrasse le front et la laisse regagner sa chambre. Je rentre dans la mienne, Gabriel à l'air de dormir encore. En le voyant je repense automatiquement aux dessins qu'il a fait de moi, je suis mal à l'aise. Maman a raison, je dois lui avouer, il risque de me détester et de ne plus jamais me faire confiance. J'aurais probablement tout gâché mais je ne peux pas rester avec cette cachotterie entre nous.

Je m'assois au bord du lit, je reste un moment à l'observer. Il est face à moi, il a agrippé mon oreiller et le serre entre ses bras, la tête enfoui dedans. Cette vision me déclenche un sourire et une certaine satisfaction. Je voudrais savoir lire dans les pensées pour être clairement fixé sur ses sentiments pour moi, malheureusement c'est impossible.

- Hayden, je l'entends murmurer d'une voix rauque encore endormie.

- Oui je suis là.

- Reviens te coucher, me souffle-t-il suppliant.

            Il est tellement sexy comme ça. Je le rejoins dans le lit, sous la couverture. Je me mets sur le côté face à lui, je suis à peine installé que Gabriel se colle à moi, entourant ma taille de ses mains et en abandonnant mon coussin, il pousse un soupir de satisfaction. J'ai terriblement chaud, comme toutes les fois où Gabriel se serre contre moi pour dormir. J'essaye tant bien que mal d'avoir une maitrise sur mon corps pour éviter à mon entre-jambe de se réveiller. Honnêtement je suis devenu un pro en la matière.

            Je lui caresse le visage, du bout de mon doigt, sa peau est douce et le fait qu'il sente mon gel douche me mets dans tous mes états, aussi stupide que cela puisse paraître. Je souhaite plus que tout au monde pouvoir passer le reste de ma vie avec Gabriel.

- Je suis désolé Gaby, pardonne-moi, je murmure.

            Je sais qu'il ne m'entend pas mais j'avais besoin de lui dire. Parce que lorsque je lui avouerais ce que j'ai fait, il a de grande chance pour qu'il ne veuille plus me voir et encore moins dormir avec moi. Je passe mes bras autour de son corps pour le rapprocher de moi, je compte bien profiter de notre dernière nuit ensemble.

            Je ferme les yeux et pose ma tête contre la sienne. Je me redresse brusquement en l'entendant marmonner quelque chose qui ressemble à un « je t'aime » mais j'ai dû halluciner. C'est mon esprit qui me joue des tours, ce n'est pas possible autrement, j'ai  dû mal entendre. Je reprends ma position contre lui et finis par m'endormir.

MlleLovegood

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