Chapitre 12:
Corrigé ✅
Hayden :
Les choses ont pas mal évolué entre Gabriel et moi pendant quinze jours. Les soirs où sa mère travaille, il vient à la maison et nous dormons ensemble dans mon lit. Je ne veux pas qu'il soit seul au cas où il referait un cauchemar, il n'en a pas eu depuis la dernière fois mais s'est-ont jamais. Nous faisons tous nos trajets ensemble. Nous avons pris tous les deux nos habitudes : nous déposons Lucy et ensuite, nous nous arrêtons prendre des cafés à emporter.
Au lycée aussi nous sommes plus proche, nous mangeons de plus en plus souvent ensemble le midi, avec nos groupes d'amis respectifs. Tout le monde à l'air de bien s'entendre donc c'est l'essentiel. Je n'ai jamais été aussi heureux, depuis très longtemps et j'ai l'impression que Gabriel est rayonnant, je ne l'ai jamais vu comme ça.
Nous sommes aussi plus proche physiquement, le soir dans mon lit nous avons pris l'habitude de dormir l'un contre l'autre. J'ai besoin de l'avoir prêt de moi, de m'endormir en sentant son odeur et de l'avoir dans mes bras. Les nuits où il est chez lui, je dors très mal.
Nous ne sommes jamais allés plus loin, je ne veux pas que nous allions trop vite. Je veux prendre mon temps avec Gabriel, que nous faisions les choses bien. J'attends ça depuis des années, alors je ne veux pas que nous nous précipitions sans réellement se connaître et sans savoir tout l'un de l'autre. Je ne veux pas que nous ayons de mauvaises surprises, autant lui que moi.
Contre toute attente Simon n'a plus rien tenté, il s'est fait tout petit. Il est toujours persuadé que Gabriel et moi sortons ensemble et aucun de nous deux n'a vraiment cherché à démentir. Bien au contraire, nous prenons un vrai plaisir à agrémenter la rumeur.
Un jour où nous allions être en retard, Gabriel m'a pris la main pour me tirer à sa suite et nous conduire en classe. Tous les gens que nous avons croisé, nous ont regardé curieux. Gabriel n'en a pas fait cas et m'a fait un clin d'œil.
Plus les jours passent et plus je tombe amoureux de lui, je ne pensais pas cela possible et pourtant... À chaque fois qu'il me parle, je me noie dans ses yeux gris. Dès qu'il pose sa main sur moi ou que nos corps se touchent, je frissonne et j'ai l'impression de ressentir une brûlure, de garder sa marque sur moi.
Je sens un coup dans mon bras, m'interrompant dans mes pensées. Je sursaute et me tourne vers Louis, l'élève que j'aide pendant le tutorat. Il me lance un regard suspicieux.
- Désolé, tu disais ?
- Heu... tu n'étais plus...heu...j'ai... tente-t-il de dire.
- Louis on en a déjà parlé, respire avant de parler, je le rassure en posant ma main sur son épaule.
Il souffle plusieurs fois et reprend sa respiration. Il tapote son cahier de math, il a fini son exercice et attend que je le corrige. Aujourd'hui je n'ai pas la tête à ça.
- En fait... ton heu... copain nous regarde d'un drôle d'œil, murmure Louis.
J'enlève d'un seul coup ma main et me fait violence pour ne pas me retourner vers Gabriel. Je sais que c'est de lui dont parle Louis, il m'a déjà questionné à ce propos. La rumeur est allée jusqu'à chez les premières.
- Tu vois quand tu veux tu peux parler sans bégayer, je réplique.
Il me lance un regard noir, je lui souris amusé. J'aime bien ce gars, il est très timide, voir trop, et je veux l'aider à prendre confiance en lui. Je le secoue un peu trop certes mais c'est pour son propre bien. De ce qu'il m'a dit, il a très peu d'amis et a beaucoup de mal avec les autres. Je me suis reconnue en lui.
- Je pense que j'aime les hommes, me balance-t-il le plus naturellement au monde.
Je m'étouffe avec ma salive. Il ne peut pas me sortir ça comme ça, sans prévenir. Ce gosse est irrécupérable. Je tousse plusieurs fois pour me remettre de ma surprise.
- Je te demande pardon ? je finis par m'exclamer la surprise passée.
- J'ai dit « je pense être gay ».
- Oui j'avais entendu la première fois, je dis en marmonnant.
- C'est toi qui m'as demandé de répéter, râle-t-il.
Finalement je lui ai peut-être appris à avoir trop confiance. Malgré son air détaché, je sens qu'il est perturbé. Il a besoin d'en parler et comme il pense que je sors avec Gabriel, il s'est dit que j'étais la personne la mieux placée avec qui partager ses doutes.
- Tu penses où tu en es sûr ? je reprends et il baisse la tête.
- J'en suis sûr, murmure-t-il d'une toute petite voix mais je parviens tout de même à l'entendre.
- Et tu du mal à l'assumer ou tu es Ok avec ça ?
Il hausse les épaules, il est perdu et a besoin d'être aidé. Je le sais parce que je suis passé par là également et le fait qu'il m'en parle n'est pas anodin. Une idée me traverse l'esprit. Je sors mon téléphone et envoie un message à Gabriel. En quinze jours, nous avons enfin échangé nos numéros.
<Moi>
« J'ai besoin de ton aide
pour une nouvelle mission.»
Je crois que « les missions » deviennent notre truc à nous. D'ailleurs, celle d'Aryn et Logan avance pas mal. Mon téléphone vibre, Gabriel m'a répondu.
<Gabriel >
« Bien sûr !
Il s'agit de quoi ? »
<Moi>
« Reste après le tutorat,
Louis mon élève
a besoin de conseil
et ton aide me
serait précieuse. »
Il me répond par l'affirmatif et je range mon portable. Louis me glisse sa feuille devant les yeux, je regarde son travail et corrige les erreurs puis lui explique.
La fin du tutorat sonne, je retiens Louis qui s'apprêtait à se lever. Docile, il se rassoit et me lance un regard interrogateur et légèrement apeuré.
- Hey ! lance Gabriel en arrivant devant nous tout sourire.
- Louis voici Gabriel, Gaby-Louis, je les présente.
J'ai pris l'habitude d'appeler Gabriel par son surnom, parce que j'adore voir l'effet que cela lui produit. Ses joues prennent une jolie couleur rouge, son regard me fui, il triture ses mains pour ne pas que je les vois trembler et ses lèvres s'étirent dans un sourire discret.
Louis me regarde affolé, j'ai trouvé plus taciturne que moi. Je fais signe à Gabriel de venir plus vers nous, il s'assoit sur le bureau et se met face à Louis. J'approche ma chaise pour être à côté de l'homme qui fait battre mon cœur.
- Heu... pourquoi tu..., bégaye Louis.
- Louis, calme-toi. Si j'ai demandé à Gabriel de venir c'est pour que tu nous parle de ce que tu m'as dit tout à l'heure, je m'empresse d'ajouter en le voyant paniqué. On est tous les deux passé par là tu sais.
Gabriel me jette un coup d'œil et je peux facilement deviner sa question muette. Louis a la tête baissé et il rougit. C'est encore un sujet sensible mais s'il veut que nous l'aidions, il va devoir parler.
- Désolé Louis, tu m'en voudras plus tard, je me tourne vers Gabriel et lâche le secret, il est gay.
Louis relève la tête en ouvrant la bouche, pour ma défense je hausse les épaules. Gaby se contente de lui faire un sourire rassurant.
- Tu n'as pas à avoir honte, surtout pas avec nous, lui dit Gabriel d'une voix douce qui me fait craquer.
- C'est... Louis se racle la gorge avant de continuer. Vous sortez ensemble et tout le lycée est au courant mais ce n'est pas aussi facile pour tout le monde.
Automatiquement je pivote ma tête vers Gabriel, qui écarquille les yeux choqués. Il ne semble pas être au courant que la rumeur est fait autant le tour. Peut-être que nous devrions mettre un terme à cette mascarade mais Gabriel ne dit rien et je ne suis pas sûr de ce que je devrais faire.
- Ok... je vais te raconter une petite histoire et après tu me reparleras de facilité à s'assumer, déclare Gabriel avant de prendre une grande inspiration. Pour ma part, j'ai toujours suspecté d'avoir une attirance pour les hommes. Je n'ai jamais regardé les filles comme un garçon le devrait. Je me rappelle qu'en primaire je disais à ma mère que j'avais un amoureux, Gabriel sourit à cette pensée. Bref, quand je l'ai enfin compris et accepté, ça n'a pas été le plus dur, c'est le après, le dire aux autres. Mes deux meilleurs amis ont été les premiers à le savoir, puis mes parents et comme ils m'acceptaient tous je me suis senti pousser des ailes et j'ai fini par le dire à tout le monde parce que je n'avais pas honte de qui j'étais mais...
Gabriel s'arrête dans son récit et ferme les yeux, je pose une main sur son avant-bras pour lui montrer mon soutien. Il rouvre les yeux et croise mon regard, il me sourit légèrement pour me rassurer. Il pose sa main sur la mienne et la serre entre ses doigts. Il reprend la parole sans me lâcher. Louis l'écoute attentivement.
- Tout le monde n'était pas d'accord avec mes choix. La plus part de mes amis m'ont tourné le dos. Certains élèves s'amusaient à mettre des souris mortes dans mon casier. Si je t'assure, c'est arrivé trois fois pour être exacte, se justifie-t-il en voyant l'air outré de Louis. J'ai subi d'autres humiliations aussi. Je te passe les insultes que je recevais à longueur de journée, bien sûr. J'ai souvent été frappé surtout un soir où j'attendais le bus.
Inconsciemment je serre ses doigts un peu plus fort, sa voix commence à trembler. Mes yeux me piquent et s'il continue de parler je ne suis pas sûr d'arriver à me maitriser.
- Alors non Louis ce n'est pas facile, enchaine Gabriel. S'assumer demande du courage mais rester au fond du placard c'est encore pire, parce que tu n'y seras jamais heureux. Du moment où ta famille et tes amis les plus importants t'acceptent, plus rien d'autre n'a d'importance.
- Et... ils t'ont accepté ? demande timidement Louis.
- Oui, mes parents m'ont certifié que cela ne changeais rien et qu'ils s'en doutaient de toute façon et mes deux meilleurs amis aussi, lui répond Gaby en souriant.
Louis sèche une larme qui a commencé à couler sur sa joue et se racle la gorge.
- Je n'ai pas d'amis, à part deux ou trois et encore, il n'y a qu'Anna que j'apprécie vraiment, avoue-t-il.
- Ce n'est pas le nombre qui compte mais le lien qui vous unis, je le rassure.
Il hoche la tête et me regarde avant de me demander de lui raconter comme j'ai compris que j'étais gay. Je lance un coup d'œil à Gabriel, qui a les yeux fixés sur moi attendant ma réponse. Je suis très gêné là.
- Heu... je commence peu sûr de moi. Pour être honnête je ne m'étais jamais posé la question parce que personne ne m'intéressait. Puis j'ai eu une petite sœur, il y a quatre ans, et elle m'a ouverte au monde, en quelque sorte. Je devais me préoccuper de quelqu'un d'autre que moi et j'ai commencé à voir les gens qui m'entoure. Les voir réellement, pas juste être au milieu d'eux sans prendre part au reste. J'ai finalement repéré une personne dans toute celle foule, un garçon en particulier et il a fait naitre en moi des sentiments que je ne soupçonnais même pas d'exister.
Gabriel et Louis me regardent tous les deux avec insistance, mon étudiant me fait un signe de tête pour que je continue mon histoire, elle est terminée, ça ne va pas plus loin.
- Et la suite ? finit par me questionner Gaby.
- Bah voilà c'est tout, c'est de cette façon que j'ai su que j'étais gay, je déclare simplement.
- Et tu l'as pris comment d'avoir des sentiments pour un garçon ? s'intéresse Louis.
C'est une question bizarre que je ne me suis jamais posé. Quand j'ai compris tout ce que me faisait ressentir Gabriel, j'en ai parlé à ma mère parce que je ne comprenais pas les symptômes et c'est elle qui a mis un diagnostic dessus : l'amour.
- Bien et de toute façon je pars du principe que c'est ma vie et que j'en fais ce que je veux. Je m'en tape des autres et de leur avis, je finis par répondre.
- Ton entourage le sait ? enchaine Louis, où est passé son bégaiement ?
- Oui et ils sont tous Ok avec ça, de toute façon ils n'ont pas bien le choix, je ne peux pas changer.
- Tu es toujours amoureux de ce gars ? me demande tout d'un coup Gabriel.
Je m'étouffe avec ma salive et le regarde surpris de sa question. Lui au contraire, il est tout à fait sérieux et ne se doute pas un seul instant de l'état dans lequel il vient de me mettre. Je suis partagé entre mentir ou dire la vérité. Je ne veux pas le braquer en lui disant que c'est trop personnel comme question. Je détourne les yeux de Gabriel et fixe mes mains qui me paraissent très intéressante là tout de suite.
- Heu...je... oui.
- C'est qui ? poursuis Louis.
- Ça c'est trop personnel, je réplique.
Louis soupire, je n'ose toujours pas regarder Gabriel qui n'a rien dit après ma confession.
- Tout ça pour te dire que tu n'as pas à avoir peur Louis et tu n'es pas obligé de le crier sur tous les toits, juste les gens dont tu es sûr qu'ils t'accepteront, je lui dis.
- Si tu as besoin de conseil, d'aide ou de soutien, tu sais où nous trouver, renchérit Gabriel.
Louis nous remercie, nous finissons par nous lever tous les trois et partir en direction du parking mais avant de monter dans nous quitter, Louis se tourne vers Gabriel et moi.
- Je trouve que vous allez vraiment bien ensemble et c'est absolument merveilleux d'être avec la personne que l'on aime depuis des années, dit-il en souriant.
Et là je me rends compte de la gaffe que je viens de faire et je me gifle mentalement. Je sens le regard de Gabriel fixé sur moi, je dois rester calme. Louis pense que nous sortons ensemble, alors il en a déduit que c'est Gabriel, le mec dont je suis amoureux depuis toutes ces années. Bon c'est le cas mais personne n'a à le savoir.
MlleLovegood
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