Corrigé ✅

Gabriel :

            J'aide Hayden à préparer le repas, au menu ce soir: gratin de courgette et poulet. Je suis tellement heureux d'être avec lui, j'ai l'impression que nous sommes un couple. Il y a moyen que mon plan marche à la perfection. Il m'a confié être gay, je ne le soupçonnais même pas. Je me sens vraiment bête d'être sorti avec Simon par jalousie envers Aryn, alors qu'il n'y a jamais rien eu entre eux.

            La mère et la sœur de Hayden reviennent dans la cuisine, Mme Spence installe Lucy sur une des chaises. À les voir tous les trois, je sais qu'ils sont proches, je me sens à ma place au milieu d'eux, comme si c'était normale que je sois là.

            La minuterie du four sonne et Hayden sort les plats et les déposent au centre de la table, nous avions déjà mis le couvert. Nous nous assoyons tous et Mme Spence nous sert chacun notre tour.

-  C'est toujours Hayden qui fait à manger, m'apprend-t-elle.

            Je tourne la tête vers l'intéressé, il est gêné, je le trouve très mignon. Après avoir goûté une bouchée, je suis obligé de le complimenter.

-  C'est vraiment très bon.

-  Tu m'as aidé, me répond-t-il.

-  J'ai juste coupé les courgettes.

            Il est trop modeste et je sens qu'il n'a pas l'habitude de recevoir des compliments. Sa mère me pose plusieurs questions auxquelles je réponds avec plaisir, cette femme est très gentille.

-  Maman arrête avec tes questions, lui demande Hayden en soufflant.

-  Oh, ça ne me dérange pas, je réponds en souriant à sa mère.

-  Tu vois chéri, je me retiens de rigoler face à la tête que fait son fils au surnom. Donc Gabriel tu disais que ta mère travaille ce soir ?

-  Oui, cette semaine est très chargée pour elle.

-  Donc tu es seul quand elle n'est pas là ?

-  Oui mais j'ai l'habitude et elle n'a pas le choix.

            Elle acquiesce et le reste du repas se passe sous la bonne ambiance. Hayden est très complice avec sa mère et sa sœur, son masque de mauvais garçon tombe peu à peu. J'ai l'impression de réellement le découvrir et j'apprécie vraiment ça.

            Mme Spence ou Amanda comme elle me demande de l'appeler, me propose de rester dormir, vu que ma mère est de garde à l'hôpital cette nuit. Je ne peux pas refuser surtout en voyant Hayden aussi rouge de gêne.

            J'aide Amanda à débarrasser la table pendant que Hayden couche sa petite sœur. Il s'en occupe tellement bien.

-  Hayden et moi, buvons toujours une verveine le soir, c'est un peu comme notre tradition. Tu en veux une ? me propose-t-elle.

-  C'est très gentil mais si c'est votre moment à vous, je ne veux pas vous déranger. Je me suis assez imposé pour ce soir.

-  Enfin Gabriel, pas du tout, je te l'ai proposé. Si tu veux mon avis ça ne dérangera pas Hayden que tu partages ce moment avec nous, au contraire.

            Elle me fait un immense sourire, qu'est-ce qu'elle veut dire par là ? Je réfléchis au sens de sa phrase pendant qu'elle fait chauffer de l'eau. Lorsque Hayden revient, nous sommes déjà assis sur le canapé, tasse à la main. Il s'installe à ma gauche, sa mère qui est à ma droite, lui tend sa tasse.

            J'ai encore beaucoup de mal à réaliser que j'ai passé la fin d'après-midi chez lui et que nous ayons énormément parlé. D'ailleurs, en repensant aux confidences que nous nous sommes faites, j'aurais une conversation avec Simon. Il n'avait pas à laisser un mot à Hayden pour lui interdire de m'approcher. Ça m'a réellement mis dans une fureur folle d'apprendre ça.

-  On a une chambre d'ami avec une salle de bain juste en face, m'informe Amanda.

-  Super, c'est vraiment très gentil de me laisser passer la nuit chez vous.

-  Je préfère te savoir chez nous que seul chez toi, pas vrai Hayden ?

-  Oui.

            Il est encore gêné, il regarde partout sauf moi. Je vais devoir partir plus tôt demain matin pour me changer et prendre mes affaires de cours mais je ne regrette pas d'être chez lui. Il a une aura rassurante, je me sens bien à ses côtés et je voudrais y rester pour toujours.

-  Je vais aller me coucher les garçons, je suis fatiguée à demain. Gabriel tu fais comme chez toi, nous dit-elle avant de partir.

-  Merci beaucoup et bonne nuit, je la salue.

-  Bonne nuit maman, Hayden se lève pour embrasser sa mère et je fonds devant une telle scène.

            Je bois une gorgée de verveine. Je sirote ma tasse tout doucement pour repousser au maximum le moment où je vais devoir aller me coucher et donc quitter Hayden. Provisoirement jusqu'à demain matin. Il reprend place sur le canapé à côté de moi, je peux sentir son odeur.

-  Tu veux regarder un film ou tu préfères aller te coucher ? me demande-t-il.

-  Un film c'est parfait.

-  D'accord, ça te dérange qu'on le regarde dans ma chambre ?

-  Non pas du tout, je réponds un peu trop précipitamment et joyeusement.

            Ma réponse semble lui faire plaisir et moi je suis aux anges, alors j'essaie de ne pas paraître trop excité. Hayden récupère nos tasses et les ramènes à la cuisine pour les mettre dans le lave-vaisselle. Je le suis à l'étage, où il nous conduit jusqu'à sa chambre, il ouvre la porte et me fait signe de rentrer.

            Je suis assez étonné par ce que je vois, je n'imaginais pas cette pièce comme ça. Certes, elle est à son image très neutre, les murs sont gris clair. Un lit deux places est installé contre le mur tout à gauche, une table de chevet à côté. En face, se trouve un meuble où est posé une télé. À droite, il y a son bureau avec un ordinateur portable, ainsi qu'une porte. Plusieurs étagères avec une tonne de livres occupent tout un pan de mur, entre son bureau et son lit. 

-  Tu veux un pyjama pour la nuit ? me propose-t-il visiblement mal à l'aise que je sois dans son espace.

-  Je veux bien oui.

-  Je vais te chercher ça et j'en profite pour prendre une douche, me prévient-il.

-  D'accord.

            Il ouvre la porte qui est dans sa chambre, où doit se trouver sa salle de bain. Après quelques minutes j'entends l'eau couler. J'en profite pour observer un peu mieux la pièce. Je m'approche du bureau et constate que plusieurs photos sont accrochées au mur. Il en a beaucoup de sa sœur, de bébé à maintenant, de ses amis, de ses parents, un cliché en particulier attire mon regard. Une photo coupée, où deux enfants se tiennent côte à côte. Il s'agit de nous deux, je nous reconnais, nous devions avoir dix ans. Je n'ai pas le temps de m'y attarder plus longtemps parce que j'entends la porte se déverrouillée, je recule vite du bureau. Hayden sort en survêtement et tee-shirt large, les cheveux mouillés. Il est sexy bordel et je sais que je rougis.

-  Tiens, je t'ai pris un jogging et un sweat, me dit-il en me donnant les vêtements. Tu peux aller dans la salle de bain et prendre une douche si tu veux.

            Il me fait un signe en direction de la pièce et je rentre vite. Je souffle un bon coup en me déshabillant et je vais me doucher. L'eau permet de me détendre un peu.

            Respire Gabriel, vous allez juste regarder un film tous les deux dans le même lit. Il n'y a pas de quoi faire un drame. Tu l'a déjà fait avec Arthur, tout va bien.

            Je repense au cliché et je me demande pourquoi Hayden l'a sur son mur. J'ai reconnu le cadre, c'est notre photo de classe en primaire mais pourquoi l'avoir coupé et surtout ne garder que nous ?

            Je ne prends pas trop de temps sous la douche, je ne veux pas abuser. Je me lave en vitesse. Je sors et me sèche rapidement avant de mettre les vêtements que Hayden m'a donné. Je suis comme un hystérique de porter ses fringues, ceux qu'il a déjà mis. Je me sens carrément bien dedans, ils sont confortables et ils ont son odeur. Ils sont beaucoup trop grand pour moi, bien sûr, je nage dedans. 

            Je sors de la salle de bain. Hayden est accroupi devant sa télé, il tourne la tête vers moi et je jurais voir quelque chose dans ses yeux mais je n'arrive pas à le déchiffrer. Je me sens rougir sous son regard, il se racle la gorge et se relève.

-  Qu'est-ce que tu veux regarder ? me demande-t-il.

-  Tout ce que tu veux, sauf un film d'horreur, je n'aime pas ça.

-  Très bien, fais ton choix.

            Il me montre tous ces dvd, je m'approche de lui. Sur le meuble il y en a pas mal. Je jette un coup d'œil à ses choix, de ce que je vois, nous avons presque les même goûts. Ce constat me ravis. Mon regard s'arrête sur mon film préféré.

-  Celui-là, je lève le cd dans sa direction.

-  Love actually ?

-  C'est mon film favori, j'avoue gêné qu'il puisse trouver ça stupide.

-  Parfait, je l'aime beaucoup aussi.

            Hayden me prend la boîte des mains et met le disque dans le lecteur. On s'installe dans son lit. Je stresse à mort d'être dans ses draps. Je me cale contre le mur, en position assise, les jambes tendues devant moi.

-  Mets-toi à l'aise, me souffle-t-il.

            Je prends un coussin et le place dans mon dos, le film démarre. Nous sommes tellement proche que je sens sa main effleurer la mienne. Après ce soir je ne sais pas comment je vais pouvoir passer mes soirées seul dans mon lit.

-  Pour le coup, là  on est en plein dans le stéréotype gay, me dit-il en rigolant.

-  Promis, ça restera entre nous, je lui réponds en souriant.

-  Ouf, tu me rassure.

            Je lui donne une tape sur l'épaule pour la forme mais en vérité j'ai l'impression de devenir complice avec lui. J'ai vu ce film au moins une centaine de fois mais je ne m'en lasse toujours pas. Je regarde Hayden et lui aussi à l'air de passer un bon moment.

            Vers le milieu du film, je m'allonge carrément dans le lit. Ma tête repose sur le coussin et je peux respirer à plein poumon l'odeur de Hayden. C'est un mélange de parfum naturel et de pomme. Il fait partit de ces gens qui sentent toujours bon, en toutes circonstances.

            Je me sens partir petit à petit, tellement je suis rempli de bien-être. Je distingue à peine Hayden se lever et éteindre la télé. Je sens quelque chose de chaud me recouvrir. Je suis sur un nuage, je me laisse emporter dans les bras de Morphée.

Hayden :

            Je n'arrive pas à dormir, la proximité de Gabriel m'en empêche. Je n'ai pas eu le courage de lui proposer d'aller dans la chambre d'ami, il est tellement adorable lorsqu'il dort. Ça doit faire une heure que je suis allongé sans bouger, je sursaute en sentant Gabriel s'agiter.

-  Arrêtez, je l'entends murmurer.

            Je me tourne vers lui. Il dort encore mais il bouge et tremble, sa voix est brisée comme s'il pleurait. Je n'approche de lui et pose ma main en douceur sur son épaule pour ne pas le réveiller, en lui faisant peur.

-  Gabriel ?

-  Non arrêtez, il pleure vraiment cette fois.

             Il fait un cauchemar et je ne sais pas quoi faire pour l'aider, il me brise le cœur.

-  Gabriel chut, calme-toi, je lui murmure mais en vain.

-  Arrêtez ! Ne me frapper plus, je vous en pris.

            Je stoppe tout mouvement. J'ai peur de comprendre son cauchemar mais je le sais malheureusement. J'ai été assez idiot pour penser qu'il avait traversé toutes ces épreuves et que c'était derrière lui. Je me suis bien planté.

            Je ne réfléchis pas plus et je le serre dans mes bras, sa tête repose sur mon torse. Je caresse ces cheveux pour le rassurer, il tremble et je sens ses larmes mouillées mon haut. Je resserre l'étreinte autour de lui.

-  Je suis là Gabriel et plus personne ne te fera de mal, je lui souffle.

-  Hayden, sa voix est brisée par les larmes et je me fais violence pour ne pas pleurer à mon tour.

-  Oui, tu n'as plus rien à craindre Gabriel, je te protégerai.

              Gabriel tire mon tee-shirt entre ses doigts. Il décale sa tête sur mon cœur et tente de calmer sa respiration, il pleure toujours silencieusement. Je ne desserre pas ma prise autour de son corps.

            J'ai beau serrer les dents, je n'arrive plus à retenir mes larmes, elles finissent par couler. J'étais vraiment loin de me douter que Gabriel avait ce genre de cauchemar. Ça me donne envie de péter une nouvelle fois le bras de Jack et tous ses autres membres. En fait, j'ai envie de tuer tous ceux qui ont un jour fait du mal à Gabriel.

            Je lui embrasse tendrement les cheveux sur le dessus de sa tête. Je continue de lui murmurer des phrases réconfortantes. Peu à peu je le sens se calmer, sa respiration reprend un rythme normale.

            On reste dans cette position, il n'y a rien de sexuel. J'ai juste besoin de l'avoir près de moi pour m'assurer qu'il va mieux, je ne veux pas qu'il pleure dans son coin. Il s'est rendormi. Apaisé de l'avoir dans mes bras, je finis par le rejoindre.

MlleLovegood