Chapitre quatre-vingt-quinze.

Bonsoir, comment allez-vous ?

Pfiou ! Ça fait 87876765 fois que j'essaie de poster ce chapitre, mais à chaque fois il se passe quelque chose ! Si c'est pas internet qui bug à mort, c'est ma famille. Et si c'est pas ma famille, c'est mes potes ! *désespérée*

Mille pardon :'(

Sur ceux, je ne vous fais pas attendre plus longtemps !

____________

Je termine de rédiger la dernière phrase de mes notes en italien. Je la relis, pour être sûr qu'il n'y aucune faute d'étourdissement. Une fois satisfait, je pose mon stylo à côté de mon cahier, étirant mes bras et mon cou. Je plaque ma main contre ma bouche, pour camoufler un bâillement, calant correctement mon dos contre mon siège.

Je frotte mes paupières, plaçant mon coude droit contre l'accoudoir. Je suis fier d'avoir enfin fini de rédiger mes fiches de chaque matière, en commençant de la première année jusqu'à maintenant. Certes, ça m'a pris quatre jours et trois nuits, mais je n'ai pas perdu une seule fois la motivation, sachant que mes notes vont être lu par mon italienne.

Je plonge mes doigts dans mes cheveux. Ma tête s'incline à ma droite pour que ma mâchoire se presse contre ma paume. Ma main libre tapote vivement mon genou, alors que mes prunelles glacés se perdent, sur la vue de ma fenêtre qui donne sur la rue. Je me penche de mon bureau pour l'ouvrir et rapidement les cris des étudiants vinrent me briser les tympans.

Je me redresse de mon siège pour mieux observer ce qui se passe. Un sourcil s'arque, en voyant trois étudiants de ma fraternité, se cacher derrière les buissons, près de la boîte aux lettres. C'est une fois, qu'ils s'amusent à arroser les passants - en particulier, les filles - que je comprends, qu'ils essayent de tuer leur ennui.

« Sérieusement ? » Soupirai-je, en levant les yeux au ciel. « Ils ont quel âge ? » Je secoue la tête, désespéré. « Cinq ans ? » Je sens une petite main tirer l'ourlet de mon t-shirt.

« Regarde ! » Isaac, le neveu de Nathan, essaie d'attirer mon attention. « Regarde ! » Répète-t-il jusqu'à ce que je l'écoute.

Une fois qu'il a gagné, il me montre joyeusement son dessin. Dans un battement de cils, je saisis la feuille qu'il me tend et la tourne dans tous les sens. Même en l'examinant, j'ignore s'il s'agit d'un animal ou bien d'une maison. Isaac profite du maigre espace qui sépare mon corps du bureau, pour grimper sur le siège et s'asseoir sur mes genoux.

Je ne dis rien et le laisse faire.

« C'est une grotte. » M'informe-t-il.

« Oh. » Je racle légèrement ma gorge.

Eh bah dis donc !

Il faut aller le chercher loin celui-là !

Je pose son dessin sur mon bureau, il se penche pour récupérer son livre de coloriage. Isaac ouvre la première page, fouillant dans ma trousse pour sortir plusieurs surligneurs. Une fois qu'il a sélectionné tous les couleurs qui lui convient, il débute son coloriage, en prenant soin de ne pas dépasser les lignes gras.

Habitué à sa présence, je ne me pose même plus la question, sur le pourquoi il tient tant à rester à mes côtés. Depuis qu'il me connait, il ne souhaite plus me quitter. Chose qui semble bien arranger Nathan, puisque avec moi, il n'ose pas effectuer la moindre bêtise. Il faut croire que mes histoires de monstres et de fantômes, l'a assez effrayé pour qu'il se tienne à carreaux.

J'éloigne mes cahiers en les déplaçant à ma gauche, pour éviter qu'Isaac marque n'importe quoi dessus. Je jette un oeil sur mon réveil digital : il est déjà quatre heures de l'après-midi. Adriana doit avoir fini le travail. En entendant toquer à deux reprises, je pivote face à la porte, maintenant d'une main l'enfant pour ne pas qu'il tombe.

La silhouette de mon garde du corps apparaît à l'encadrement de la porte. Il maintient contre son torse un plateau, où je peux voir, une fois qu'il s'est approché d'un peu plus près : deux bols de salade de fruits, deux bouteilles d'eau et des serviettes. Je me lève, pose délicatement Isaac sur la chaise. Je me dirige jusqu'à Tony pour récupérer l'eau sur le plateau.

« Surveille-le. » Je glisse la bouteille et les cahiers dans mon sac à dos.

« Où tu vas ? » S'empresse-t-il de me questionner.

« Pas loin. » J'enfile mes chaussettes, me chausse et récupère mon sac au pied de mon lit.

« Hé ! Lou... » Je claque la porte de ma chambre.

En dévalant les marches de la cage d'escalier, j'entends des cris, des plaintes et des jurons, de plusieurs garçons s'emmêlaient, comme si leur vie en dépendait. Je passe à côté du salon, observant curieusement deux équipes de quatre prêts à se taper dessus.

Lorsqu'ils se poussent sur le côté, je peux voir sur l'écran du téléviseur, qu'un des deux équipes a gagné le match de soccer. Je roule des yeux, trouvant ça ridicule, qu'ils ce sont tous mis dans cet état pour un jeu. En sortant de la fraternité, c'est à des enfants de bas âge que j'ai à faire.

Enfin, presque.

Ils me font honte.

Ils courent de partout, crient, hurlent et rient, à chaque fois qu'ils arrosent quelqu'un. C'est en m'approchant de plus près, que je réalise, qu'ils n'arrosent pas les gens avec de l'eau, mais avec une mixture bizarre, puante, à vomir.

J'ignore si c'est encore pire que ceux qui sont en train de se disputer à Fifa.

Oh, bon sang !

Je ne peux plus rien faire pour eux.

Je m'éclipse avant de finir tremper, en direction des logements étudiants. Après vingt-cinq minutes de marche, j'arrive jusqu'au bâtiment de Tyler. Je cours juste à temps jusqu'à la porte avant qu'elle ne se ferme. En montant les escaliers, j'évite certains étudiants qui occupent  le centre, répétant comme si ne rien était une pièce de théâtre.

Leur préparation n'est pas commun.

Je ne comprends pas l'intérêt de s'entraîner dans les escaliers, alors qu'il y a des amphithéâtres qui ont été créé spécialement pour cette occasion.

Je baisse la tête, avant de me prendre en pleine face un arbre en carton, qu'ils ont - je suppose ? - soigneusement confectionnés pour la pièce. Je grogne de mécontentement lorsque, par mégarde, une étudiante déguisée en patate en carton me heurte. J'ignore ces plates excuses, entrant rapidement dans le couloir souhaité.

Jouant avec les bretelles de mon sac à dos, j'avance. Le couloir est vide, ce qui m'étonne énormément. Avec ce qui se passe dans les escaliers, je m'attendais à ce qu'il soit plus festif. Face à la porte de la chambre de Tyler, j'inspire profondément, avant de toquer à deux reprises : aucune réponse.

Sachant que je suis de nature impatient, je me calme, avant d'effectuer une nouvelle tentative. Je toque une nouvelle fois : toujours rien. Je me gratte derrière l'oreille dans une grimace. Je vérifie qu'il n'y a personne sur ma gauche et ma droite et me penche, l'oreille collé contre la porte : je n'entends rien.

« Elle n'est pas encore arrivée. » J'eus un hoquet de surprise, reconnaissant instantanément le timbre de voix de Tyler. « Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'elle ne souhaite pas volontairement t'ouvrir, c'est ça ? » Il farfouille ces poches, à la recherche de ces clés.

Je lui accorde aucune réponse, me contentant de m'éloigner de la porte. Il plonge ses doigts dans ses cheveux ébènes et se gratte brièvement le cuir chevelu. Je remarque qu'il tient d'une main des sachets blancs et transparents et de l'autre la bretelle de son sac à dos. 

« Elle n'est pas comme ça. » Il extirpe son trousseau, insérant une clé de couleur bordeaux dans la serrure. « Tu pourrais lui faire les pires crasses du monde, qu'elle serait capable de te pardonner. » Mes doigts tripotent distraitement les bretelles de mon sac.

« Mindy... » Le souvenir de son 'amie' me revient aussitôt.

« Ce n'est pas pareil. » Me coupe-t-il en tournant la serrure. « C'est de toi dont-elle est amoureuse, pas d'elle. » Il ouvre la porte.

Cette minuscule phrase a suffit, pour créer une agréable sensation de chaleur dans ma poitrine. Je camoufle mon sourire béat par un froncement du bout de mon nez, puis me mets bêtement à le fixer, comme si je me trouvais face à un extraterrestre.

« Huh ? » Il esquisse un maigre sourire.

« C'est fou, comme jouer les imbéciles ne te va absolument pas. Entre nous ?Je pense que tu sais parfaitement bien de quoi je parle. » Il marque une courte pause. « Au fait ?! » Il me pointe d'un doigt accusateur. « C'est la première et la dernière fois que tu me réveilles à quatre heures du matin. » Prévient-il, l'air menaçant. « Je n'ai pas eu l'occasion de te le dire plus tôt, donc je profite que tu sois là pour te le dire en face : ne viens plus JAMAIS toquer à ma porte à quatre heures du mat, compris ? Je n'hésiterai pas à te défigurer si tu recommences. »

« Comme si ça allait m'arrêter. » Il secoue la tête, pouffant amèrement.

« C'est le problème avec cette société justement. » Il se tourne vers moi. « Tu ne peux pas faire tous que tu veux et quand tu veux. T'imagine dans quel genre de monde nous vivrons, sinon ? »

« C'est pas mon prob... »

« Forcément ! C'est pas ton problème ! » Gronda-t-il. « Pour les personnes qui peuvent tous se permettre, rien est jamais leur problème, puisqu'ils paient un larbin pour le faire à leur place ! » Poursuit-il furieusement.

« Je ne vois pas le rapport avec Adriana. » Dis-je calmement.

« Elle a besoin d'espace. » Cracha-t-il.

Elle a besoin de...

QUOI ?!

Qu'est-ce qu'il vient de dire là ?

C'est comme si le dernier mot m'a échappé, alors qu'en réalité, je l'ai parfaitement bien entendu.

« Mais ça ? Jamais elle n'osera te l'avouer, puisque ce n'est pas ton problème. » Il m'invite d'un geste de la main à entrer, quand il ne me voit pas réagir. « Je suppose que tu veux rentrer pour l'attendre à l'intérieur ? »

« Pourquoi tu m'invites alors que tu ne peux pas me voir en peinture ? »

Ce gars n'est pas logique.

Quand on aime pas quelqu'un, on le tient éloigné le plus possible, non ?

« Qui a dit ça ? » Je hausse mes épaules.

« Je ne suis pas idiot. Tu n'as pas besoin de me le dire pour que je m'en rend compte. » Il lève ses yeux au plafond.

« Disons que je te supporte 'pour l'instant'. » C'est à mon tour de lever mes yeux.

« Je ne compte pas rester de toute manière. » Déclarai-je, je sors mes cahiers de mon sac.

« Dommage pour toi, j'ai des chips au barbecue. » Commence-t-il. « Bon ok, il reste la moitié du paquet, mais j'ai fais les provisions. » Se rattrape-t-il, en agitant deux sacs en plastique pleines sous mes yeux, je l'ignore. « Qu'est-ce que c'est ? » Il s'empresse de me questionner à la vue de mes cahiers.

« Mes notes. » Répondis-je simplement, il les saisit. « Tel que je connais Adriana, je sûr qu'elle aura la flemme de chercher certains mots dans le dictionnaire anglais/italien, alors je les aient traduis pour elle. » Il tapote les cahiers contre sa paume, laissant quelques laps de secondes s'écoulaient. « Mes notes débutent de la première année jusqu'à maintenant. » Ses yeux s'arrondissent.

« Tu es vraiment amoureux d'elle, n'est-ce pas ? » Je ferme correctement mon sac. « Mais quel genre de taré perdrait son temps à faire ça ? » Se susurre-t-il, le plus discrètement possible.

Raté.

J'ai tout entendu.

« C'est si étonnant que ça ? » Je décide de ne pas faire attention à son commentaire.

« Venant de toi ? » Il hausse ses épaules. « Oui ! Il faut admettre que ta réputation d'enfant gâté, froid, inexpressif et capricieux te précède. »

« Elle n'est pas un caprice, si c'est ce que tu veux savoir. » M'empressais-je de me défendre.

« Il vaut mieux pour toi. » Il acquiesce. « Bon. Je t'évite le discours type du meilleur ami, qui souhaite protéger sa meilleure amie - qu'il considère comme sa soeur - et qui n'a pas froid aux yeux, face à un riche héritier, qui peut mettre un terme à sa carrière de journaliste à tout moment, sans même avoir le temps de le commencer. » Il émet des mouvements circulaires à l'aide de sa main. « Et bla-bla-bla. »

J'observe distraitement les sacs transparents, que Tyler a posé au pied de l'encadrement de sa porte. Quand il entendait par provision, je ne m'attendais pas à ce que ce soit, en fait, uniquement que de la mal bouffe, tels que : des chips, de la charcuteries, des bonbons, du chocolat, de l'alcool et des boissons gazeux.

Je pivote ma tête en direction de la chambre en désordre. Une grimace se forme à mon minois, rien qu'à la vue des vêtements 'triés' en boule au pied de la commode. Je dévie rapidement mon visage ailleurs. Moi, qui n'aime pas la désorganisation, si je continue à examiner cette chambre, je risque d'obliger Adriana de force à rentrer avec moi.

Sérieusement ?

Comment arrive-t-elle à vivre dans ce taudis ?

« Tu tiens vraiment à elle, n'est-ce pas ? » Le questionnai-je d'une voix las.

« Évidemment ! C'est quoi cette question ridicule ? » Rétorque-t-il par une autre, choqué.

« Alors, fais-en sorte qu'elle me revienne. » Mes orbes bleus se reportent sur sa personne. « Et tout ira bien. » Je lui tourne le dos, prêt partir.

« Hé ! Et en quel honneur je devrais faire ç... » Mes pas se stoppent.

« Je vais lui laisser tout l'espace qu'il lui faudra. » L'interrompis-je sans lui laisser le temps d'achever sa phrase. « Peux-tu l'aider à se concentrer sur ces révisions ? » Je le scrute du coin de l'oeil. « Je ne voudrais pas qu'elle rate ces examens, uniquement parce qu'elle a été assez stupide pour se laisser distraire par des futilités. » Ses lèvres se clos en une ligne droite, pour finalement lâcher un rire sans humour.

« Parce que pour toi les relations humaines sont futiles ? » 

« Complètement. » Confirmais-je sans hésitation.

« Je l'aiderais du mieux que je peux. » Il promet. « Pas parce que tu me l'as demandé, mais parce qu'elle mérite de réussir. » Je hausse mes épaules.

« Peu importe tes raisons tous qui compte c'est elle. » Il lâche un nouveau rire.

« Louis Tomlinson, tu es vraiment quelque chose. »



**

Une semaine plus tard.

12h30.

Un poison est une substance qui s'introduit dans l'organisme à dose suffisante, qui détruit ou altère les fonctions vitales. Il peut causer des graves structures organiques ou entraîner la mort, selon la dose, le mode de pénétration et de l'état de l'individu. Les effets peuvent se manifester rapidement, qu'il est capable d'exercer une influence malfaisante, pernicieuse.

Cependant, ils ne sont pas toujours mauvais et peuvent - parfois - s'avérer utiles. À l'époque, où j'aidais Harry à comprendre les significations de ces cours, j'ai lu qu'à faible dose, les poisons peuvent être utilisés dans un cadre thérapeutique. Le mercure, par exemple, a longtemps été utilisé pour lutter contre la syphilis.

La syphilis est une infection sexuellement transmissible due à la bactérie tréponème pâle. Cette infection est extrêmement contagieuse lors des rapports sexuels, qu'il s'agisse de rapports vaginaux, anaux ou oro-génitaux. Elle touche en grande majorité les hommes, ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Ils ne sont donc pas tous nocifs.

« Aujourd'hui, c'est riz complet, saumon et une pomme verte pour dessert. » M'informe Tony, en déposant la nourriture sur la table de pique-nique.

« Je mange comment ? Avec mes doigts ? » Il s'empresse de me tendre une fourchette et un couteau, je les prends. « Et qu'est-ce que je bois ? » Lui fis-je instantanément remarqué, en voyant aucune bouteille d'eau présente. « Ma salive ? » 

« Ah, merde ! Je savais bien que j'avais oublié quelque chose ! » Il lâche un petit rire. « Je reviens, patron ! » 

Je fronce le bout de mon nez, saisit ma fourchette que je plante dans mon saumon. Je le découpe, glisse le morceau dans ma bouche. Mes iris azurés balayent distraitement la cour. Les élèves qui viennent de finir, sortent de différents bâtiments, pour se diriger droit vers la cafétéria.

En voyant, la porte d'entrée du bâtiment de Lettres s'ouvrir, je fis mentalement le décompte à partir de quinze secondes. Et comme prévu - et pas une seconde de plus ou de moins - la silhouette de mon italienne sort du bâtiment accompagné de Tyler. Adriana écoute son ami lui conté ces péripéties, enlaçant son trieur contre sa poitrine.

Les mouvements de ces pas se stoppent, lorsque nos prunelles se rencontrent. Le corps immobile, elle me fixe, comme si elle attendait une réaction de ma part. Ou peut-être qu'elle hésite elle-même à réagir de son côté, qui sait ? Je ne fais rien, continue de manger et de la regarder, l'air de rien, sans ciller une seule fois. 

« Hum, capitaine ? » La voix hésitante de Jackson m'extirpe de mes songes.

« Quoi ? » Je brise le contact visuel avec mon italienne, orientant ma tête vers sa direction.

Ce dernier est accompagné avec trois de mes camarades d'Omega et deux autres élèves que je ne connais pas. Tripotant la pulpe de ses doigts, son regard me fuit, au moment où mes yeux se plongent dans les siens.

« Si tu n'as rien à me dire, et b-bien... »

« Est-ce qu'on peut manger avec toi ? » Jeta-t-il brusquement d'une traite.

« Quoi ? » Je fronce mes sourcils de surprise.

Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

Il s'est cogné la tête ?

« C'est qu-que... » Il racle exagérément la gorge.

« Ne croit surtout pas qu'on fait ça pour t'embêter ! » S'exclame Julian, un de mes camarade d'Omega. 

« C'est juste qu'il n'y a plus aucune place nulle part. » Conclu finalement Jackson, je jette un oeil autour de moi. 

Oh.

C'était donc ça ?

Donc, en fait, ils ne veulent pas manger avec moi ?

Ils le font parce qu'ils n'ont pas le choix.

« Et alors ? » Je constate qu'effectivement, les autres tables de pique-nique sont complets.

« Alors, on voudrait savoir si ça te dérange qu'on s'assoit ici ? » Questionne-t-il, comme un enfant, qui a besoin d'une autorisation parentale.

« Pas vraiment, non. » Répondis-je nonchalant dans un haussement d'épaules.

« Sérieux ?! » S'étonne-t-il, soulagé par ma réponse, il place précipitamment son sac à dos sur la table dans un large sourire.

« Parterre. » Le coupai-je dans son élan, lorsqu'il s'apprête à poser son postérieur sur le banc.

Son visage se décompose.

Qu'est-ce qu'il croyait ?

Imbécile.

Je le fixe longuement, sans émotion, attendant patiemment qu'il réagisse à mes dires. Sans protester, Jackson retire délicatement son sac de la table. Il émet deux pas à reculons, s'installant sur l'herbe à mes pieds. Je reporte mon attention vers la sortie du bâtiment de Lettres, Adriana a disparue de mon champ de vision. Je me gratte la nuque dans un soupir, ignorant les plaintes des garçons. 



14h10.

- à l'écoute - Wild Cub - Magic.

« ... C'est vraiment la merde ! » Entendis-je Adam se plaindre, la tête enfouis dans la conduite d'aération. « Comment c'est possible que ce soit aussi crade ?! » Hurle-t-il scandalisé, je sors de ma chambre en compagnie d'Isaac.

« Vous n'avez qu'à vous en prendre à vous-même. » Lançais-je, gagnant un sursaut de sa part.

« Bon sang ! » Cracha-t-il, en cognant sa tête contre le métal. « Préviens quand tu arrives quand même ! Bientôt, on va devenir cardiaque dans cette maison ! » Gronda-t-il, je ne fais pas attention à sa plainte.

« Je vous ai pourtant dis de le dépoussiérer de temps en temps et de le nettoyer à l'eau savonneuse une fois par mois au moins ! » Je secoue désespérément la tête. « Mais évidemment ! Vous ne voulez jamais rien écouter ! »

« Hé, capitaine ! » M'interpelle Liam, avant que je ne me dirige jusqu'à la cage d'escalier. « De quels façons on doit nettoyer la salle de bain déjà ? » Il sort son cellulaire, qui je suppose, lui servira de bloc-note.

« Contre le tartre : vous mélangez du sel et du vinaigre blanc. » Commençai-je. « Pour les joints noirs : vous vaporisez la vapeur d'un nettoyeur à pleine puissance, comme ça sa décollera la crasse. Et enfin, pour les tâches grasses : frottez un oignon dessus. » Il bat vivement des cils.

« Un oignon ? » Répète-t-il bêtement, mon sourcil s'arque.

« Dois-je me répéter ? Je n'ai pas été assez clair, peut-être ? » Il agite négativement la tête.

« Non, non ! J'ai tous compris ! » S'empressa-t-il d'annoncer, c'est bien ce que je me disais aussi.

« Parfait. » Je claque mes doigts. « Au travail maintenant ! »

« Au travail ! Au travail ! » L'enfant m'imite en claquant à son tour ses doigts.

Nous descendons les marches des escaliers. J'examine les deux garçons qui dépoussièrent la rambarde avec 'amour'. D'autres, grattent les tâches effectués sur les meubles, à l'aide d'un papier de verre, avant de commencer à les laver avec du savon noir dilué à l'eau chaude. En marchant jusqu'au salon, je sens une agréable odeur de citron flotter dans les airs.

Ah, enfin de la propreté !

Il était temps !

On dit que le ménage de printemps résonne souvent avec un nouveau départ. On peut en profiter pour faire pleins de choses, tels que faire des dons, revendre les vêtements ou les meubles dont on n'a plus besoins, jeter ou remettre à neuf les objets usés ou cassés, et enfin s'organiser pour éviter les confusions.

L'organisation n'est pas négligeable.

Il est important.

En particulier, lorsque nous vivons en communauté.

Et avec ces garçons, qui se fichent, de porter une chaussette de chaque couleur au pied, une chemise déchiré, un pull à l'envers ou encore un pantalon au ras de fesse pour sortir, on peut considérer que c'est même devenu vital dans cette maison.

Je m'assois dans le canapé, inspectant un autre groupe, qui ont choisis de s'occuper du plafond. Pendant qu'ils déplacent l'escabeau, mon regard tombe sur Isaac, qui s'apprête à glisser un bonbon au caramel fondant dans la bouche.

Je lui arrache des mains.

« M-mais ! » Il gigote, levant ses petites mains au plafond.

« C'est avec ce genre de cochonnerie que tu finiras malade. » Il essaye de récupérer le bonbon.

Je me penche au niveau de la table basse, pour saisir un bâton de céleri dans une assiette. Je me redresse, jetant un oeil à ma droite sur le petit être, qui fis les gros yeux, avant d'afficher une tête d'enterrement.

Il est dégoûté. 

« Tu me remercieras plus tard. » Déclarai-je, en tendant la plante crue vers sa direction.

« C'est quoi ? » Questionne-t-il, méfiant.

« C'est pas du poison déjà, pour commencer. » Lui expliquai-je. « C'est une plante tendre et croquante à la fois qui a plusieurs bienfaits. En manger, ne peut être que bénéfique pour toi. »

« J'aime pas. » Ronchonne-t-il, les bras croisés contre sa poitrine.

« T'en a déjà mangé ? » Il secoue de gauche à droite sa tête. « Comment tu peux dire que tu n'aimes pas dans ce cas ? » Il hausse ses épaules.

« Laisse tomber, capitaine ! » Rigole bêtement son oncle. « C'est mort au moment où tu as prononcés le mot 'plante' ! »

« Vraiment ? » Nathan acquiesce et je me penche vers l'enfant. « Fais gaffe. » Lui susurrai-je doucement. « N'oublie pas que je suis une personne très impatiente. » Lui rappelai-je, en agitant le légume sous ses yeux.

Il s'en fou et m'ignore.

Tous qu'il veut c'est son fichu bonbon.

« Si tu continues à m'ignorer, je n'hésiterai pas à te donner à manger aux mons... » Il m'arrache le céleri des doigts et fait rapidement un croc dedans.

Une grimace se forme instantanément sur son minois. Tous qu'il souhaite faire, c'est cracher ce légume au goût infect. Je le sait, car il n'arrête pas de loucher vers moi, vérifiant s'il y a moyen de le jeter discrètement quelque part, sans que je m'en aperçoive. Je mords l'intérieur de ma joue, masquant un sourire moqueur. 

« Alors ? » Isaac avale d'une traite la bouchée en toussotant. « C'est bon, hein ? » Il secoue négativement la tête, j'ébouriffe ses cheveux.

Mon attention se reporte sur mes frères d'Omega, qu'on commençait à dépoussiérer le plafond avec une brosse à poil doux. Sachant que je suis maniaque, ils n'essayent pas de tricher, de trouver un échappatoire pour rapidement en finir. Nathan qui semble ne pas avoir manqué la scène d'Isaac et moi, à la bouche grande entrouverte de choc.

« Co-Comment se fait-il qu'il t'a obéit sans broncher ? Sans faire ces crises de larmes ? Sans faire aucun caprice ?! » Il s'empresse de me bombarder de questions.

« Tu n'as qu'à être plus ferme. » Répondis-je simplement.

« M-mais... »

« Met-là en veilleuse, Regan ! Et viens savonner la surface ! » Gronda Harry, plaquant contre son torse un balai-brosse.

Derrière eux, d'autres garçons enchaînent, en passant la serpillère sur le carrelage, juste après avoir terminés de dépoussiérés les murs. J'observe Harry se munir d'une éponge et d'un seau, avant de se diriger à l'extérieur, près des fenêtres qu'il nettoie de haut en bas.

Je donne le  journal d'aujourd'hui à Isaac, l'empêchant ainsi de s'emparer de la télécommande sur la table basse. Il le prend, sauf qu'il le tient à l'envers. Je n'hésite pas à corriger son erreur, le replaçant correctement face à lui. 

« Ne bouge plus. » Lui avertis-je, quand je vois Jackson s'approcher de nous avec l'aspirateur. « Je reviens. » Je me glisse hors du canapé avant qu'il n'arrive. « Instruis-toi en attendant. » Je pointe la télévision. « Et pas de dessin animé, seulement les documentaires. Compris ? » 

« Oui ! » Sa petite voix enfantine se mêle avec les bruissements de la machine.

Je sors de la maison et rejoins Harry qui se tient près de la porte d'entrée. Je me pousse sur le côté, en voyant quatre de mes confrères sortir à tour de rôle les tapis des chambres. Ils les déposent d'abord contre la rambarde du patio, puis saisit la manche d'un balai pour les dépoussiérer. Je m'approche du bouclé qu'est en train de frotter les vitres avec une éponge.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » M'interroge-t-il sèchement. « J'ai fais une connerie, c'est ça ? » 

« Pas pour l'instant. » Répondis-je, glissant mes mains dans mes poches. « Mais si tu continues à être distrait ça va arriver. » Il se tut. « Comment elle va ? » L'interrogeai-je une minute plus tard, il m'envoie un regard confus.

« Je croyais que je ne dois pas être distrait ? » Il rétorque avec provocation.

« Réponds juste à ma question. » Il pousse un petit rire.

« Qui donc ? » Il décide de jouer les imbéciles.

« Tu sais de qui je parle. » Mes yeux se perdent sur les carreaux de la vitre.

« Adriana ? » Il devine, observant ma réaction à travers mon reflet, j'acquiesce. « Et comment je peux savoir ça ? » Je lève les yeux au ciel, pinçant l'arrêt de mon nez.

« Ne teste pas ma patience. » Il stoppe ses frottements.

« Elle va bien. » Mes iris glacés se verrouillent dans les siens, qu'il soutient, je ne dis rien durant de longues secondes.

« D'accord. » Lâchai-je finalement, j'émets deux pas à reculons et lui tourne le dos.

Est-ce qu'elle révise bien ?

Est-ce qu'elle mange bien ?

Est-ce qu'elle dort bien ?

Est-elle toujours aussi distraite ?

Il faut qu'elle reste concentrée.

Est-ce qu'elle m'en veut toujours pour mon honnêteté ?

Est-ce que je lui manque ?

Est-ce qu'elle est prête à revenir à mes côtés ?

Voilà les questions que j'aurais voulu lui poser.

Sauf que je n'ai pas osé.

« Et toi ? » Cria-t-il à mon dos. « Tu vas bien ? » 

« Je vais bien. » Je fais valser ma main droite, nonchalant.

« Hé ! Et sinon ? Tout va bien dans ma vie à moi aussi ! » Je peux clairement reconnaître le sarcasme au ton de sa voix. « Ne nous aident surtout pas, hein ! »

« Crois-moi, c'était pas mon but. » Je re-glisse ma main dans ma poche.

« Ma phrase été IRONIQUE ! » Le brun hurle de nouveau, insistant sur le mot 'ironique'.

Je descends les escaliers du patio, une fois que les nuages de poussières disparaissent de mon champ de vision. Je traverse le sentier de goudron, pour rejoindre le reste des membres de ma fraternité, qui sont en train de désinfecter les poubelles. Je grimace à la vue des sacs qui se trouvent étendus près de la boîte aux lettres.

L'odeur infecte qu'ils dégagent commence à me donner la nausée. J'oriente instinctivement ma tête à l'opposé. Je peux voir que des étudiants des autres fraternités jettent des oeils indiscrets vers notre maison. Leurs bouches sont grands ouverts, commentant - certainement - le moindre de nos faits et gestes : leurs réactions ne m'affecte pas.

Pourquoi ça devrait ?

Le fait qu'on nettoie entièrement la maison prouve que nous sommes pas sales justement, non ?

En faisant le compte du groupe de trois, qui doivent désinfecter les deux grandes poubelles, je vois qu'une seule personne sur trois qui nettoie. Un manque à l'appel et le second est parterre, adossé contre un barrage à l'ombre. Je ne tarde pas à remarquer le chiffon tâché de sang qu'il a plaqué à la jambe.

« Qu'est-ce qu'il lui ai arrivé ? » Questionnai-je Justin, en désignant d'un mouvement de la tête son colocataire de chambre parterre.

« Une bouteille de verre lui ai tombé dessus. » Rétorque-t-il.

« Comment ? » 

« Un sac a craqué quand il a vidé la poubelle. » J'observe la zone tâchée en plein milieu du trottoir qu'il me désigne du doigt. « J'ai tous nettoyés, par contre il reste encore quelques tâches. » Lâchant un maigre soupire, je désigne à son collègue la maison de mon pouce.

« Reste pas assis là sans rien faire, crétin ! Et va te désinfecter. » Il hoche la tête, se redressant maladroitement en s'aidant du barrage. « Et l'autre où est-ce qu'il est passé ? »

« Au travail. » Je lui lance un regard suspicieux. « Le fast food dans lequel il travaille l'a appelé à la dernière minute. » Il répond dans une toute petite voix.

« Qu'est-ce qu'il te reste à faire ? » Demandais-je curieusement.

« Désinfecter avec du vinaigre blanc. »

Le mélange de café, de cristaux de soude et de savon noir liquide, que je leur ai conseillé, semble avoir bien marché. Le résultat est visible au premier coup d'oeil. Lorsque mon attention se reporte sur Justin, instinctivement, mes pensées dérivent vers Adriana.

En fait, dans ces moments-là, ils se tournent toujours vers elle.

Qu'aurait-elle fait à ma place ?

Si elle avait été là, elle m'aurait vivement encouragé à lui venir en aide. Forcément. Sauf que, si ce n'est pas moi, tel que je la connais, elle aurait fait d'elle-même. Soupirant pour la énième fois, je remonte à tour de rôle mes manches.

« Passe-moi une éponge. » Lâchai-je finalement, gagnant une expression faciale ébahie de ce dernier.

« Qu-quoi ? » Je récupère des gants au sol que j'enfile.

« Tu m'as très bien entendu. » Je m'accroupis à ces côtés, lui arrachant des mains une éponge. « Finissons-en et vite. »

« Oh mon dieu ! » Sa joie est étouffée par ces marmonnements. « Dieu existe ! » S'exclame-t-il sous le choc.

Je roule des yeux.

Mais quel idiot celui-là !



**

18h08.

Douché, séché et habillé, après trente minutes de running et presque une heure de musculation, je récupère mon sac de sport dans mon casier. Je vérifie dans le vestiaire vide que je n'ai rien oublié, enfile mon gilet et ma capuche. Je me dirige jusqu'à la sortie, où je rencontre huit de mes camarades d'Omega, qui attendent patiemment que je sorte.

« C'est bon, j'ai terminé. Vous pouvez y aller. » Annonçais-je aux garçons, claquant la porte derrière moi. 

« Enfin ! J'allais me pisser dessus ! » S'écria Landon, s'empressant de se redresser sur ses jambes.

Il attend que je m'écarte de l'entrée, pour me contourner et rentrer en trombe dans les vestiaires. Je suis sûr qu'il crevait d'envie de me pousser. Deux autres garçons déjà debout le suit, tandis que les six autres attendent leur tour. En passant à côté de Tony, je récupère une bouteille d'eau à température ambiante entre ses doigts. 

Comme à chaque séance de sport, je suis exténué. Je bois plusieurs gorgées jusqu'à la moitié de la bouteille. Je ne prends pas le temps de la fermer, plaquant l'objet en plastique contre la poitrine de mon garde du corps, pour qu'il comprenne que c'est à lui de le faire. En marchant dans les couloirs éclairés, je croise mon ennemi de toujours : Avery.

Je décide d'agir pour le mieux.

Je fais comme si je ne le connais pas.

Je le contourne sur ma droite, mais il me bloque le passage. Je ne dis rien et essaie cette fois de m'échapper sur ma gauche, mais il réagit plus vite que prévu, valsant son corps à l'opposé pour me bloquer de nouveau. Je stoppe brusquement mes pas, un sourcil levé. J'ai maintenant la conviction que c'est volontaire. 

« Quand est-ce que tu vas comprendre que tu n'est pas le centre du monde ? » Commence-t-il dans un soupir las.

« Huh ? » Il lève les yeux au plafond.

Dans un raclement de gorge, il me désigne du doigt l'emplacement, où mes confrères étaient précédemment assis. Tony s'écarte de ma gauche, pour que je puisse pivoter mon corps, pour voir ce que l'autre imbécile me désigne : il s'agit du mur près des vestiaires. 

« T'es pas un prince. » Il passe à côté de moi, la tête légèrement penché à la hauteur de mon oreille. « Et tu ne le seras jamais. » Il poursuit son chemin, marchant cette fois à reculons.

Mes iris dérivent derrière lui, sur Justin, qui se tient à l'encadrement de la porte des vestiaires. Il semble avoir entendu toute la conversation. Il passe vivement ses doigts contre sa nuque, glissant innocemment en plein milieu du couloir son pied, prenant Avery au dépourvu par un croche-pied. Il tombe brutalement sur ses fesses, gagnant les éclats de rires de mes frères d'Omega, que j'entends bruyamment résonner depuis les vestiaires.

« Mets-toi bien ça dans le crâ... AHH ! » S'écrit-il, lorsque son sac de sport lui tombe en pleine poire.

« Tu peux considérer ce geste comme un remerciement de ma part pour tout à l'heure, capitaine ! » Chantonne-t-il dans un clin d'oeil. 

Avery se redresse rapidement sur ses jambes, balançant son sac de sport sur le côté. Mais au moment, où il s'apprête à passer la porte des vestiaires, Justin lui claque la porte au nez. Surpris, il émet un grand bond en arrière, cognant son crâne contre le mur d'en face.  

« Toi ! » Il me pointe sévèrement du doigt.

C'est quoi son problème encore ?

Je lève les yeux au ciel.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive encore ? » Soupirai-je sur un ton las.

« Comment se fait-il qu-que... » Je ne prends pas la peine de l'écouter. « Tu es odieux avec tout le monde ! » Il faudrait vraiment qu'il apprenne à changer de disque. « Pourquoi est-ce qu'il prend quand même le temps de t'aider ??! » Je lui tourne le dos pour poursuivre mon chemin en sens inverse.

« Au compte fait... » Marmonnai-je sous ma barbe, en glissant mes mains dans les poches de mon gilet.

« Hé ! Je te parle, Tomlinson ! » Cria-t-il désespérément à mon dos.

« C'est pas si mal que ça la solidarité. » Tony esquisse doucement un sourire.

« La solidarité dans une maison de fraternité, c'est primordiale. Tu as de la chance que ces garçons ne t'ont jamais tournés le dos. » Affirme-t-il.

« Je sais. » Répondis-je doucement.

« Au fait ? J'ai vu que : 'A small case for inspector ghote ?' d'Henry Reymond Fitzwalter Keating est de nouveau disponible. » M'informe-t-il, en faisant allusion à un de mes auteurs britanniques de roman policier favori. « Je l'ai tout de suite commandé. Tu le recevras normalement dans trois jours. »

Il trottine jusqu'à l'entrée du bâtiment, m'ouvre la porte, m'indiquant d'un geste de la main de sortir en premier. Je m'exécute et arrivé devant lui, je plaque mon sac de sport contre sa poitrine, qu'il rattrape maladroitement dans ses bras. Je camoufle un bâillement, puis me dirige jusqu'à mon véhicule garé quelques mètres plus loin.

Tony déverrouille les portes, en exerçant une pression sur la clé. Il accourt jusqu'à la porte, côté passager pour me l'ouvrir, avant de se diriger jusqu'au coffre pour ranger mon sac. Je grimpe à l'intérieur, ferme la porte et règle mon siège. Mon garde du corps me rejoins, patiente jusqu'à ce que je mette ma ceinture de sécurité avant de démarrer.

Je sors mon cellulaire de la poche de ma veste et constate sur l'écran tactile que ma mère m'a appelé à quatre reprises. Je déverrouille l'écran pour supprimer mes notifications. Je le range, ignore les brefs coups d'oeil que mon interlocuteur me lance. Je me penche sur mon siège pour allumer la radio, déviant ensuite mes yeux à ma fenêtre.

- à l'écoute - Kyd the band - American dreamer.

La musique remplis rapidement l'atmosphère et couvre - surtout - le blanc qui s'est installé. Je n'ai pas eu besoin d'indiquer à Tony notre direction, il a deviné tout seul, que nous devons retourner à la fraternité. Mes yeux se posent sur le bâtiment de la bibliothèque, situé entre deux facultés, lorsque ce dernier s'arrête à un feu rouge.

Je contemple distraitement les aller et venus des étudiants, calant mon coude contre l'accoudoir. Je m'arrête sur une petite silhouette féminine aux ondulations blondes, qu'est en train de franchir les grandes marches de la bibliothèque, les bras chargés de livres. Je me redresse sur mon siège dans un battement de cils.

Je reconnaitrais cette carrure entre mille.

C'est Adriana.

Sa démarche, ses ondulations blonds qui valsent au gré du vent, son style vestimentaire, ainsi que son sac à dos : tous correspond. Je sais que je devrais lui laisser de l'espace, mais l'envie d'être proche d'elle et de savoir en temps réel, comment elle va est plus forte. Je lève la tête, vérifiant si le feu est toujours au rouge.

« Où tu vas ? » S'empresse de me questionner Tony, je détache ma ceinture.

« Lire un livre. » Dis-je simplement, ouvrant la porte du véhicule.

Je ne réponds pas, lorsqu'il m'appelle une seconde fois, claquant la porte derrière moi. Je cours jusqu'au passage piéton et traverse rapidement avant que le feu ne change de couleur. Je trottine jusqu'à la bibliothèque, montant deux par deux les marches. En poussant la porte d'entrée, je reçois un accueil de la bibliothécaire.

« Bonsoir, jeune homme. » Je ne fais pas attention à elle, bien trop occupé à balayer des yeux les tables des étudiants.

Certains sont pleins, tout comme d'autres peuvent être vides. J'avance, en prenant le temps de scruter entre chaque rayon, à la recherche de ma belle blonde italienne. Jusque-là : rien. Je m'enfonce dans la salle, lorsque le souvenir qu'Adriana est le genre d'étudiante discrète, qui préfère être effacée pour mieux travailler me traverse l'esprit.

Un sourire se forme au coin de ma bouche, en apercevant sa silhouette. Harry n'a pas menti : elle va bien. Effectivement. Elle est concentrée ces révisions, prenant enfin ces études au sérieux, au lieu de penser à des futilités : Tyler a tenu parole. Adriana a pris soin de s'assoir dans une table, près des étagères des sciences de l'antiquité et de l'astronomie.

Là, où jamais personne ne met les pieds.

Je me glisse derrière l'étagère des langues vivantes pour éviter qu'elle me repère. J'ignore pourquoi je me cache, mais ce fut mon premier réflexe. J'attends plusieurs secondes, avant de me pencher à ma droite pour être sûr qu'elle ne regarde pas vers moi. Je la contemple, songeant, hésitant sur le fait de la rejoindre ou pas. Elle porte un foulard à motifs autour du cou, cachant mon suçon.

Un frisson d'horreur me traverse l'échine, lorsque mes pensés dérivent vers ce fameux soir, où j'ai décidé de la marquer contre son gré. Elle replace une mèche rebelle derrière son oreille, calant son coude sur la table. Elle croise ses jambes, les sourcils froncés, essayant - probablement - de déchiffrer mon écriture. Pensive, elle tapote distraitement le bouchon de son stylo au creux de sa bouche.

Non.

Au compte fait, c'est une mauvaise idée de vouloir la rejoindre.

« Et merde ! » Jurai-je discrètement sous ma barbe. « Merde, merde, merde ! » Je me tourne dos à l'étagère, pianotant mes doigts contre les bordures des livres.

Louis, reprends-toi.

Je tape à deux reprises mon front, masse brièvement ma tempe, puis écarquille mes paupières. C'est la première fois que je me tiens aussi proche d'elle, depuis que j'ai 'promis' de lui laisser un peu d'espace. 

Je ne sais pas comment réagir.

Je ne sais même pas pourquoi je suis ici.

Vérifier si elle va bien n'est qu'une piètre excuse.

Je ne sais pas si c'est mal ou pas ce que je suis en train de faire.

En l'espionnant de cette façon, je passe clairement pour un voyeur.

« Non. » Me murmurai-je tout bas en me décollant de l'étagère. « Laisse-là tranquille, Louis. » J'émets deux pas en avant, sursautant quand je redresse ma tête.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » L'agressai-je presque.

Bon sang !

J'ai bien cru que mon coeur allait sortir de ma poitrine.

Mes sourcils se froncent devant la silhouette masculine au cheveux ébène et aux prunelles émeraude : Harry. Ce dernier stoppe ces pas, repositionnant correctement la bretelle de son sac sur son épaule. Il m'examine en silence, attendant - probablement - que je dise quelque chose. Je ne dis rien. Qu'est-ce que je pourrais dire de toute manière ? En m'entendant racler exagérément la gorge et loucher parfois sur les côtés, il se penche sur sa droite.

Il ne lui a pas fallu plus d'indices pour comprendre.

« Je suis venu emprunter un livre. » Sa voix sonne presque comme une question. « C'est ce que tous les étudiants font, quand ils ne possèdent pas cent milliards de dollars dans leur compte en banque, tu sais ? » Exagère-t-il avec sarcasme, je lève les yeux au ciel, désespéré par son attitude. « Tu t'ai fais jeté ? » Questionne-t-il curieusement, désignant d'un mouvement de la tête, la table où Adriana est assise.

« J-je... » J'éclaircis ma voix. « Je ne suis pas allé la voir. » Marmonnai-je d'une traite.

Merde !

Pourquoi je lui raconte ça ?

« Oh ? » Quelques secondes passent. « Donc, tu 'joues' les traqueurs maintenant ? » Le son de ma voix monte en crescendo.

« QUOI !!? NON ! JE NE JOUE PAS LES... »

« Chuuuuuut ! » Gagnai-je de la part des étudiants, je grimace.

« Je ne joue pas les traqueurs. » Répétai-je en descendant de plusieurs décibels, il pouffe.

« T'appelle ça comment alors ? » Mes doigts se serrent doucement en poing.

« Je voulais juste voir si elle allait bien ! » Je le contourne, sans attendre une réponse de sa part.

« Hé, Louis ? » Il m'agrippe le bras, penchant sa bouche à la hauteur de mon oreille. « Si tu ne vas pas la voir, j'y vais. » 

_________________

J'hésite à revenir sur le point de vue d'Adriana le chapitre prochain, qu'en pensez-vous ? Je reste sur Louis ou vous préférez savoir ce qui se passe dans la tête de notre italienne ?

J'espère que le chapitre vous a plu (malgré l'attente) !

Désolée encore...

Passez une bonne semaine :D

Pleins de bisous, Alexia.

Ps : Mon propre gif m'a assassinée...

Et ça aussi.

https://youtu.be/ljXSjIph5ZM

https://youtu.be/PbW14E2eHJ0

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