ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ³² : ᴄᴏɴɴᴏʀ

09 Mars 2022, Bristol, 06h22


Je me tourne et passe mon bras autour de sa taille en posant ma main sur son ventre. Je niche ma tête dans son cou et l'embrasse tendrement. Depuis Dimanche, je revis, en restant sur la réserve, mais je revis.

Nous n'avons toujours pas eu la fameuse discussion, mais on s'est dit qu'on l'aurait ici, à Bristol pour profiter de nos derniers jours à Londres sans se prendre la tête.

Elle se tourne pour être face à moi et m'embrasse en posant une main sur ma joue alors, je l'attire plus proche de moi pour intensifier notre baiser, mais elle se recule.

—    On ne peut pas y échapper Con', il faut que je te dise tout, c'était le marché, c'était la logique des choses.

—    Alors, je t'écoute, dis-je.

Elle se lève et marche dans la chambre avant de s'asseoir sur la chaise de « bureau » et de commencer à me raconter.

—    Je... j'ai perdu mes parents quand je n'avais que trois mois apparemment. J'ai immédiatement été confié à mon oncle et ma tante qui sont en fait mes parents et qui pour moi, jusqu'à il y a trois ans ont toujours été mes parents...

Elle se triture les doigts en cherchant la suite.

—    J'ai donc trois « familles », la famille de ma maman biologique Yolanda Érin, celle de ma maman adoptive que tu connais et celle de mon père adoptif qui sont ceux de mon père biologique puisqu'ils étaient frère. Mais avec mes grands-parents paternel, j'ai des mauvaises relations, ils ont toujours mal pris le fait que ce soit leur deuxième fils qui ait ma garde et pas eux de ce que l'on m'a expliqué.

Cette partie de l'histoire est déjà difficile à suivre, heureusement que j'avais lu la lettre pour comprendre !

Ok, blague de merde.

Je m'abstiens la prochaine fois.

—    Et tes parents ils sont...

—    J'allais y venir, en t'inquiète pas, continue-t-elle. Mes parents, Yolanda Érin et Alexander Smith...

—    Alexander Smith ? Attends, c'était ton père ?

Alexander Smith, un des plus grands joueurs universitaire de hockey de McGill. Il y a tellement de Smith au Canada que je ne pouvais pas faire le rapprochement entre eux.

—    Oui, c'était mon père, le grand joueur de McGill et ma mère, sa petite amie depuis la fin du secondaire, une patineuse acharnée qui, si elle n'était pas décédée... aurait participer au championnat national.

Son envie de faire du patin, c'est pour sa mère, elle y met tout son cœur pour lui rendre hommage, pour finir ce qu'elle a commencé.

—    Ils sont décédés dans un banal accident de voiture, un chauffard qui avait trop bu a tapé dans la voiture de mes parents qui est tombé d'une falaise... ils sont mort sur le coup.

Elle pleure à chaudes larmes alors, je me lève et vais la prendre dans mes bras. Elle me serre fort et continue son récit.

—    Quand mes « parents » me l'ont expliqué il y a trois ans, j'ai compris, j'ai compris pourquoi j'aimais le patin, pourquoi quand je voyais une photo d'Alexander, je pensais le connaître, pourquoi j'idolâtrais leur couple sur la glace alors que je n'étais pas censé les connaître. Ils sont tellement plus que des parents, des géniteurs, ce sont mes modèles. J'ai envie de leur faire plaisir, je veux réussir là où ils n'ont pas eu le temps de le faire.

—    Tu veux leur rendre hommage...

—    C'est ça... mais je me suis ratée, je n'y arriverais jamais.

Je dépose un baiser sur son front et lui dit :

—    Tu es une femme forte et ce n'est pas un petit con comme Owen qui t'empêchera de réussir, tu as toutes les qualités et si les gens ne sont pas capables de les voir, ils passent à côté de quelque-chose. Je sors de mon rôle de petit-ami quand je dis ça, mais, tu rayonnes sur la glace, tu es en symbiose avec ce sport, tu l'aimes et tu incarnes ça d'une manière à tous nous transporter. Tu es spectaculaire et ne doute jamais de ça.

Elle m'embrasse tendrement et se blottis dans mes bras en jouant avec les manches de mon sweat.

Je ne la pensais pas comme ça, elle a toujours montré son côté fort, tout va bien dans ma vie, j'ai une famille soudé, je vais aider mon prochain tant qu'il ne cherche pas à faire de même. Elle s'était renfermée dans une coquille et quand on la perce, la surprise est forte en émotion, mais elle en vaut la chandelle, on rencontre la vraie Hope, celle qui a de la peine, qui a le cœur brisé, qui ne demande qu'à être aimé, celle qui déteste échouer et qui se donne tous les moyens de réussir. Celle qui a peur d'être elle-même tout simplement et j'aime ça.

J'aime la personne qu'elle est sans fioritures.





09 Mars 2022, Bristol, 12h22


—    Et comment vont Ellie et tes parents ? me demande-t-elle en piquant un morceau de viande dans son assiette.

—    Je n'ai pas beaucoup de nouvelles d'Ellie, mais je suppose qu'elle va bien. Elle me manque vraiment... et mes parents vont bien, comme d'habitude j'ai envie de te dire.

Ce midi, nous mangeons au restaurant en tête à tête, nous passons encore plusieurs jours à Bristol et nous comptons bien en profiter avant de partir une petite semaine à Bath.

Ce soir, avant de rentrer à l'hôtel, je compte l'emmener au pont suspendu de Clifton.

C'est une petite surprise que je nous réserve. J'espère que l'on aura un ciel dégagé nous permettant de voir les étoiles.

Je deviens un grand romantique... Ça ne m'arrange pas vraiment de devenir fleur-bleu.

—    Connor, tu es avec moi ?

—    Oui, oui, désolé, réponds-je en reportant mon attention sur elle. Tu disais ?

—    Je te demandais si tu avais réfléchi à la lettre pour Ellie.

—    Je l'ai écrite et je l'ai confié à mes parents pour qu'il la lui donne quand elle sera en âge de comprendre.

Je prends un peu de ma salade et elle me regarde les yeux écarquillés.

—    Je suis tellement contente ! Ça a dû te libérer d'un poids énorme non ?

Elle me demande ça des étoiles plein les yeux et je réalise que c'est sûrement son rêve d'avoir une lettre explicative de ses parents.

—    Je suis sûr que s'ils avaient eu le temps, ils l'auraient fait pour toi.

Elle baisse les yeux et réponds un petit « J'en suis certaine. » avant de continuer à manger.

Nous reprenons notre repas et parlons de sujet un peu plus joyeux tel que les prochaines visites que nous ferons.

Mais aucun de nous n'aborde la suite de ce voyage. Qu'adviendra-t-il de nous dans deux mois et demi ?

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