09 Février 2022, Saint John's, 20h34

Nous arrivons enfin devant la maison de ses parents, elle est simple, comme toutes les autres du quartier et la lumière est allumé dans le salon où un homme et une femme font les cent pas attendant certainement leur fille.

—    Allez viens ! s'exclame-t-elle en me prenant le bras. Tu dois rencontrer tes beaux-parents !

Cette fille déborde de joie, c'est fou, c'est incroyable même.

Elle s'approche de la porte d'entrée et sonne en souriant.

On entend du bruit derrière la porte et une femme d'une quarantaine d'années s'avance vers Hope et la prend dans ses bras.

—    Ma chérie ! Tu m'as tellement manqué ! Si tu savais comme je suis fière de toi.

Elle se recule un peu, me vois et m'adresse un grand sourire avant de me prendre également dans ses bras.

—    Connor ! Quelle joie je me fais de te recevoir à la maison ! Nous n'avons entendu que du bien de toi, j'avais hâte de tenir une vraie discussion tout comme mon mari qui a hâte de te voir.

Mais la bonne humeur, c'est de famille on dirait !

Cette femme est aussi rayonnante que sa fille et j'ai hâte de voir le père.

Elle nous fait entrer dans la maison à la décoration très chaleureuse. Et un homme vient vers nous en embrassant Hope sur le front.

—    Sweetheart, I'm glad you're here with Connor, I was looking forward to you paying us a little visit. The house seems empty without you. (Mon ange, ça me fait plaisir que tu sois ici avec Connor, j'avais hâte que tu nous rende une petite visite. La maison semble vide sans toi.)

Oh dieu, comment je suis censé avoir une discussion avec lui vu la vitesse à laquelle il parle !

—    Thanks dad, I'm glad to be here, by the way, this is Connor, my fabulous boyfriend ! (Merci papa, ça me fait plaisir d'être ici, d'ailleurs, voici Connor, mon fabuleux petit-ami !)

Il s'approche de moi souriant et me tend la main alors que je lui répond de mon mieux en anglaise :

—    Pleased to meet you sir. What a pleasure to meet you, Hope told me a lot about you. (Enchanté monsieur. Quel plaisir de faire votre connaissance, Hope m'a beaucoup parlé de vous.)

Il me sourit un peu plus et s'adresse à sa fille en français :

—    Ce... garçon... is... génial.

Ça se voit qu'il ne parle pas français, mais le fait qu'il fasse un effort pour que je comprenne ses paroles, c'est super gentil de sa part et ça me touche.

—    Allons ! s'exclame madame Smith. Passons à table, vous devez mourir de faim !

Elle nous emmène dans une belle salle à manger et ramène le repas : un plat de lasagne et un bol de salade composé.

—    Je ne sais pas ce que tu as l'habitude de manger Connor, mais nous n'avons pas les moyens de te payer des langoustines, du homard et ce qui va avec...

Elle a l'air sincèrement désolé alors je réponds :

—    Ne vous inquiétez pas madame Smith, je n'ai pas l'habitude de manger ce genre de chose. Par contre, les lasagnes et la salade, je connais plutôt bien.

Je rigole légèrement et tout le monde me suit. Même le père d'Hope, puisqu'elle lui a rapidement traduit ce que j'ai pu dire.

10 Février 2022, Ville de Saint John's, 07h07

—    Il fait super froid dans ta ville, soupiré-je.

—    Mais non ! C'est le meilleur moment pour sortir !

Ce matin, elle s'est mise dans la tête de me montrer son lieu préféré ici et j'ai bien envie de savoir où il se trouve et pourquoi lui.

On s'éloigne peu à peu de son quartier pour atterrir dans le centre-ville.

—    Tu me kidnappes en fait ?

—    Totalement, je veux que tu ne sois qu'à moi, murmure-t-elle avant de m'embrasser tendrement.

—    Pas besoin de me kidnapper, je suis entièrement à toi.

Elle fait un drôle de tête et s'éloigne légèrement de moi et dit :

—    C'est vrai qu'il fait froid, on devrait peut-être rentrer.

—    Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je en me rapprochant d'elle.

—    Rien du tout, en fait je viens de me souvenir que c'est fermé le jeudi, donc on fait demi-tour et on va déjeuner !

Elle n'est pas normale, est-ce que c'est ma déclaration qui a choqué ou est-ce que c'est autre chose ?

On fait donc le chemin inverse et on rentre chez elle, ses parents sont encore dans leur chambre et nous rejoignons la sienne dans un grand silence pour ne pas les réveiller.

Je ferme la porte derrière moi alors qu'elle fonce dans la salle de bain accolée pour se doucher.

Je m'assoit à son bureau et entrevoit une lettre dépasser du tiroir. Il n'y a que son nom et son adresse. Elle a déjà été ouverte on dirait.

Je déteste fouiller, mais si cette lettre était la clé à la compréhension de son comportement ?

J'ai l'impression d'être face à un dilemme impossible : l'ouvrir et risquer de tomber sur des choses ultra personnelles ou la laisser là et ne pas comprendre ce revirement d'émotions...

Je la sort du tiroir et voit l'expéditeur : ses grands-parents de Floride.

Je l'ouvre et...

—    Connor ! Je peux savoir ce que tu fais !

Elle s'approche de moi et m'enlève la lettre des mains :

—    Ne touche pas à ça, je t'en prie.

—    Qu'est-ce qu'il y a de si important à l'intérieur ?

Elle me regarde attristée et range la lettre sans me répondre.

—    Hope...

—    Ça ne te regarde pas, répond-elle froidement.

—    Tu ne me fais pas confiance.

Elle fait immédiatement demi-tour sur place, se plante devant moi, son index sur mon torse et crache :

—    Je t'ai dit que ça ne te regardais pas !

Je prends peur quand je vois son regard triste, ses mains tremblantes et qu'elle s'effondre en larmes.

Je m'approche d'elle, mais elle s'éloigne en mettant un blouson noir, son bonnet et récupérant son téléphone et la lettre :

—    J'ai un truc à faire.

—    Je peux venir ?

—    Non, c'est quelque-chose de personnel.

Elle insiste bien sur le dernier mot et me laisse seule dans sa chambre.