5 janvier 2022, Campus Universitaire, 11h00

Je me dirige vers la cafétéria avec Austin, et, en entrant, je repère Hope assise seule dans son coin. Un livre ouvert repose devant elle, à côté d'une pomme et d'une brique de lait. Austin la voit aussi et me fait signe que nous allons la rejoindre. Je décline poliment. Je ne suis pas encore assez proche de cette fille pour la considérer comme une amie, et je n'ai aucune envie de la draguer. C'est simple comme bonjour.

Je ne peux m'empêcher de penser que cela pourrait passer pour une attitude de connard, typique des films, mais je n'y peux rien.

Austin, sans hésiter, s'approche d'elle et s'assoit à sa table. Quand elle le voit, elle lui adresse un grand sourire et désigne la place libre à côté d'Austin, juste en face d'elle. Je crois que je n'ai pas d'autre choix que d'accepter sa proposition. Je m'avance donc vers eux et prends place, me mêlant à leur conversation.

— Tu es donc en cursus de... ? demande Austin, curieux.

— Je suis en deuxième année de kinésithérapie, et vous ? répond Hope, un brin de fierté dans la voix.

Kinésithérapie, hein ? Voilà une fille ambitieuse.

— On est tous les deux en deuxième année de droit, dit Austin avec un sourire complice.

— De futurs avocats ? questionne-t-elle, les yeux pétillants d'intérêt.

— Pour ma part, ça sera juge d'instruction, répond Austin.

Ils me fixent tous les deux, attendant visiblement une réponse de ma part. Je me sens un peu à l'écart.

— Euh... je ne sais pas encore. Avocat pour les enfants, peut-être, même si je préférerais vivre du hockey, comme toi avec le patinage.

Elle acquiesce, l'air compréhensif.

— Je vois, mais vivre du patinage, ça relève du rêve pour moi. Il n'y a pas d'équipe de haut niveau comme vous qui peuvent recruter à part l'équipe nationale.

— Pourtant, tu es super douée ! rétorque Austin, enthousiaste.

— Merci, c'est gentil, mais je préfère aider les gens que de vivre de ma passion. C'est un peu la manière dont j'ai grandi, avoue-t-elle en baissant les yeux.

Je les observe échanger des sourires complices, tandis que je jette un coup d'œil au livre qu'elle tient entre les mains : un roman à l'eau de rose. Je me demande ce que toutes les filles trouvent à ce genre de lecture...

— Dis, Hope, tu veux venir à notre match de hockey samedi ? lui demande Austin, avec une sincérité palpable.

Elle le regarde interloquée, visiblement surprise que je ne lui en ai pas parlé. Pour ma part, je prévois d'y aller en spectateur, dans les loges VIP.

— Je pense que ça me ferait plaisir de vous voir tous les deux sur la glace, répond-elle avec un sourire.

— Je ne joue pas, déclaré-je froidement. J'ai été interdit de jeu pendant deux matchs, mais je peux obtenir des places VIP et tu viendras regarder Austin avec moi ?

Elle accepte avec plaisir, et dans un élan, Austin se déplace pour l'enlacer, lui faisant des dizaines de compliments, un éclat de bonheur dans ses yeux.

Ils sont mignons ensemble, il n'y a pas à dire. Même celui qui déteste l'amour pourrait voir qu'ils se plaisent. Je souris en voyant Austin si heureux. Ce n'est pas un secret qu'il n'a pas toujours été gâté par la nature, surtout en amour, mais je crois en lui, dur comme fer.

7 janvier 2022, Appartement de Connor et Austin, 8h00

— Connor ! Connor ! Tu es en retard !

Je me retourne, les yeux encore mi-clos, et fixe mon réveil. Il est huit heures. Je ne vois pas en quoi je suis... oh merde ! J'ai complètement oublié l'entraînement avec Hope !

D'un bond, je sors du lit, le cœur battant, et attrape mon téléphone. J'ai besoin de la prévenir... sauf que... je n'ai même pas son numéro. Un instant de panique me traverse, mais je me ressaisis rapidement. Direction Instagram. Je tape son nom dans la barre de recherche, et heureusement, son profil apparaît : @smithhope15.

Je prends une profonde inspiration et lui envoie un message :

tremblay_connor.ca : Hope, je suis tellement désolé d'avoir raté l'entraînement, je me suis couché tard hier soir et j'ai oublié de mettre mon réveil. On peut se voir dans la journée ?

Je pose mon téléphone sur le lit et, sans vraiment attendre de réponse, je me précipite sous la douche. Elle doit être en colère, et c'est compréhensible. On vient juste de commencer à travailler ensemble, et je me plante déjà. Franchement, quelle image ça donne...

Alors que l'eau chaude ruisselle sur moi, j'entends mon téléphone vibrer sur le carrelage. Une notification ?

Je sors la tête, curieux, et attrape mon téléphone :

smithhope15 : Salut, je n'ai pas réussi à me lever non plus. Je suis sortie avec des amis hier soir. On se voit de 11h à 13h ou tu as cours ?

Je souffle de soulagement. Elle n'est pas fâchée. En fait, on dirait qu'elle est dans la même galère que moi ! Mais... je vérifie rapidement mon emploi du temps, et évidemment, j'ai cours toute la matinée.

tremblay_connor.ca : J'ai cours jusqu'à 13h... Tu pourrais décaler ton entraînement de solo ce soir ? Sinon, on peut se voir demain matin très tôt, avant d'assister aux entraînements de pré-match ?

Même si je ne joue pas, en tant que capitaine, je me dois d'être présent pour aider l'équipe à finaliser nos stratégies. C'est crucial pour le match à venir.

Quelques secondes plus tard, une nouvelle vibration :

smithhope15 : Je préférerais demain matin. Ce soir, j'ai déjà des plans... Austin vient me chercher pour qu'on mange ensemble, donc j'annule mon entraînement.

Je souris en voyant son message. Ah, donc tout va bien entre elle et Austin. Ça promet d'être intéressant. Il va falloir que je parle à Austin à ce sujet, je suis bien trop accro aux potins qui concernent mes proches.

Entre le hockey, les filles, et les ragots, il faut croire que j'ai beaucoup de centres d'intérêt !

7 janvier 2022, Cafétéria, 13h10

Austin est assis à une table quand j'arrive, absorbé par quelque chose sur son téléphone. Un large sourire éclaire son visage, et ça m'intrigue.

— Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça, du con ? demandé-je en riant tout en m'asseyant en face de lui.

Il lève enfin les yeux, toujours avec ce sourire qui semble indestructible.

— Elle est géniale, répond-il simplement, sans détourner les yeux de son écran.

Je me mets à sourire à mon tour. Je sais bien de qui il parle, et ça m'amuse de le voir aussi impliqué.

— Alors, tu veux tenter quelque chose avec elle ? dis-je, le taquinant un peu.

Austin lève un sourcil avant de me tendre son téléphone.

— Attends, regarde ça. Dis-moi si, à ma place, tu ferais autrement.

Curieux, je prends son téléphone et commence à lire la conversation avec Hope. Très vite, un échange particulier capte mon attention :

smithhope15 : Mais dis-moi, mon cher Austin, tout ceci relève du domaine de la drague, non ?

austinroy : Je ne vois pas de quoi tu parles ;) !

smithhope15 : Évidemment !

austinroy : Ça te déplairait que l'on considère ça comme de la drague ?

smithhope15 : Absolument pas, mais tu viens de me dire que tu ne voyais pas de quoi je parlais, je me trompe ?

austinroy : Il se peut que ma mémoire soit revenue subitement et au bon moment.

smithhope15 : Je vois ça.

austinroy : Un restaurant demain soir, ça te tente ?

smithhope15 : Avec plaisir.

austinroy : Je serai à 20 heures à ta résidence.

smithhope15 : Je serai à l'heure !

Je m'arrête là, me sentant légèrement comme un intrus, bien qu'Austin m'ait donné la permission de lire. Je repose le téléphone sur la table et le regarde.

— Alors ? dit-il, avec une lueur d'expectative dans les yeux.

Je hoche la tête, amusé.

— Tu as raison, elle te kiffe bien, je pense. Et apparemment, elle apprécie ton humour, ce qui me dépasse, franchement, lui dis-je en plaisantant.

Nous éclatons de rire, et pendant quelques minutes, tout semble léger et simple. Austin me donne une petite tape amicale sur l'épaule avant de se lever pour partir en cours.

Quant à moi, je reste là, à finir ma pause déjeuner avant de les rejoindre à la patinoire pour les entraînements quotidiens. J'adore les regarder patiner, ça me donne toujours un coup de boost, mais en même temps, c'est difficile de ne pas être sur la glace avec eux. Quand je ne peux pas m'entraîner moi-même, je me sens inutile, comme si je ne servais à rien.

Mais bon, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. J'ai frappé ce type après le match, et je récolte les conséquences de mes actes. Pas de glace pour moi pendant deux matchs. Ça me ronge, mais je n'ai pas le choix.