ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ² : ᴄᴏɴɴᴏʀ 🏒
2 janvier 2022, Prince Georges, 3h40
Je sors sur ma terrasse, le vent frais de la nuit m'enveloppant, et observe la ville plongée dans l'obscurité. Les lumières des bâtiments vacillent à distance, les rues sont presque désertes, et seules quelques voitures passent au loin. Un silence paisible règne, interrompu par le bruissement des arbres dans le jardin en contrebas. C'est étrange, mais je ne pensais pas que cette vue, ce silence, cet endroit me manqueraient autant. Être ici, chez moi, me fait réaliser à quel point j'en avais besoin.
— Con' ?
Je me retourne, surprise, et aperçois ma petite sœur Ellie, son doudou fermement coincé dans sa bouche. Elle avance lentement vers moi, dans son pyjama trop grand qui traîne légèrement par terre. Son visage est adorablement froissé par le sommeil interrompu.
— Oui, ma puce ?
— J'arrive plus à dormir... murmure-t-elle, la voix toute douce.
Je souris tendrement. Elle a cette petite voix suppliante qui me fait toujours craquer. Je me penche pour la prendre délicatement dans mes bras, sentant sa chaleur contre moi.
— Allez, je vais te raconter une belle histoire, d'accord ?
Elle hoche la tête en enfouissant son visage dans mon cou. Je prends soin de bien fermer la porte fenêtre derrière nous pour ne pas laisser entrer le froid, puis nous nous dirigeons vers sa chambre. En entrant, je respire l'odeur familière de ses jouets et de ses livres. Tout ici est à son image, lumineux, coloré, rempli d'imagination.
Je la dépose doucement dans son lit, la bordant soigneusement sous ses draps avant de m'asseoir sur la petite chaise à côté, prête à improviser une histoire.
— C'est l'histoire d'une petite fille qui, un jour, en jouant dans son jardin, trouve un petit caillou brillant, commence-je, ma voix adoptant un ton mystérieux.
Ellie me regarde avec de grands yeux, captivée.
— Et quand elle appuie sur ce petit caillou, elle se retrouve transportée dans un autre univers, où elle devient une très jolie princesse.
— Elle ressemble à quoi, en princesse ? demande Ellie, la curiosité débordant de ses yeux fatigués.
Je réfléchis un instant, puis je souris.
— Elle ressemble à maman, lui répondis-je doucement.
Ellie sourit à son tour, ses paupières se faisant lourdes.
— C'est une jolie princesse alors.
— Oh oui, la plus jolie, dis-je en caressant doucement ses cheveux. D'ailleurs, quand elle devient princesse, elle peut parler aux chevaux, et elle fait même du patinage artistique sur un lac gelé, au milieu de la forêt enchantée.
— Elle est forte ? chuchote Ellie, luttant pour rester éveillée.
— C'est la plus forte et la plus belle patineuse du royaume, lui assuré-je.
Je la regarde sombrer doucement dans un sommeil profond, son petit visage enfin apaisé. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Je me lève discrètement, éteins la lumière, puis quitte la pièce en silence, refermant la porte derrière moi.
Ellie n'a que cinq ans, mais elle est déjà une petite fille pleine de ressources, dotée d'une imagination débordante. Nous avons un grand écart d'âge, et je le ressens parfois, mais cela ne m'empêche pas de vouloir être aussi proche d'elle que possible. Elle a bouleversé ma vie dès sa naissance, et je ne peux m'empêcher de l'aimer d'une manière que je n'aurais jamais cru possible. Chaque jour, je m'efforce de combler cet écart, de prendre soin d'elle comme si elle était la septième merveille du monde, parce que pour moi, elle l'est vraiment.
Ma petite sœur a apporté une lumière dans ma vie que rien ni personne ne pourra jamais éteindre. Elle est ma priorité, et même si je suis loin d'elle la plupart du temps, à des milliers de kilomètres d'ici, je m'arrange toujours pour revenir aussi souvent que possible. Sept heures d'avion, ce n'est rien comparé au bonheur de la retrouver. En général, je rentre un week-end tous les deux mois, et je ne manque jamais une occasion de faire des FaceTime avec elle et mes parents. J'ai besoin de cet équilibre qu'ils m'apportent. C'est eux qui me maintiennent ancré, qui me donnent la force de continuer, même dans les moments difficiles.
Ma mère, bien qu'elle soit souvent surprotectrice, surtout à propos du hockey, est toujours là pour moi. Elle trouve ce sport brutal, et elle n'a pas tort. Chaque match est un combat, mais pour moi, cette brutalité est une échappatoire, un moyen de libérer mes frustrations. Et, bien sûr, il y a mon père. Toujours fier, il ne rate jamais un de mes matchs, que ce soit à la télévision ou en personne. Lui, ma mère, et Ellie, ils sont tout pour moi. Rien n'est plus important que ces trois personnes qui forment ma raison de vivre.
Je retourne dans ma chambre, m'asseyant un instant sur mon lit, le regard perdu dans l'obscurité au-delà de la fenêtre. Parfois, la distance est difficile à gérer, mais savoir qu'ils sont là, que je peux toujours revenir ici, me donne la force d'avancer. Sans eux, je ne serais certainement pas capable de continuer.
Je m'allonge dans mon lit, le confort du matelas me permettant enfin de relâcher toute la tension accumulée au cours de la journée. La lumière de mon téléphone éclaire doucement la pièce tandis que je compose un message rapide à Austin.
Connor - 4h00
Alors, tu as survécu à la soirée du nouvel-an de tes parents et de ta famille ?
Austin, c'est plus qu'un simple ami, c'est pratiquement mon frère. On se connaît depuis ce fameux camp de hockey quand on était enfants, et depuis, on ne s'est jamais vraiment quittés. Nos parents, eux aussi, sont devenus proches, renforçant encore plus notre lien. On habite à quelques pâtés de maisons l'un de l'autre, avec seulement le centre-ville qui nous sépare. L'université, le hockey, la vie en général : on partage tout, excepté les filles évidemment.
Il a un an de plus que moi, mais cette différence d'âge n'a jamais eu d'importance. Austin a toujours été là, grandissant à mes côtés comme un frère, une présence constante et rassurante. On a passé tellement de temps ensemble que certaines personnes nous appellent "les inséparables". Le hockey, bien sûr, est notre passion commune, le fil rouge de notre amitié. Quand on est sur la glace, on ne forme qu'une seule équipe, une seule unité.
Je pose mon téléphone sur la table de chevet, prêt à fermer les yeux et à plonger dans un sommeil bien mérité. La fatigue commence à peser sur mes paupières, mais à peine ai-je éteint la lumière que mon téléphone vibre de nouveau. Je soupire, un sourire aux lèvres, en voyant le nom d'Austin apparaître sur l'écran.
Austin - 4h07
C'était affreux... mais vas-y, demain on vient chez toi à midi, ça rattrapera la chose et tu ferais mieux de te coucher !
Je ris doucement en imaginant son air exaspéré. Il déteste les grandes réceptions familiales, surtout celles qui impliquent des discussions sans fin et des tentatives maladroites de ses oncles pour lui parler de ses études ou de ses projets d'avenir. Il préférerait mille fois passer du temps à patiner ou à jouer à des jeux vidéo chez moi plutôt que d'être coincé dans une pièce remplie de parents et de cousins qu'il ne voit qu'une fois par an.
Je tapote rapidement une réponse, mes doigts glissant sur l'écran avec habitude.
Connor - 4h08
J'y fonce, bonne nuit !
Je pose enfin mon téléphone, un sourire apaisé sur le visage. Austin est cette personne avec qui je peux être moi-même, sans filtre, sans avoir à me cacher ou à prétendre. Il sait tout de moi, de mes ambitions à mes doutes, et il est toujours là, quoi qu'il arrive. Demain, il sera chez moi, et comme toujours, ce sera simple, naturel, facile. C'est ce que j'apprécie le plus dans notre amitié : cette simplicité, cette constance. Rien ne change, peu importe les événements ou les obstacles. Je ferme les yeux, mon esprit maintenant calme, prêt à plonger dans le sommeil avec l'assurance que, demain, une nouvelle journée m'attend, et elle commencera avec mon meilleur ami à mes côtés.
2 janvier 2022, Prince Georges, 12h15
J'aide Ellie à terminer de s'habiller lorsque la sonnette retentit, interrompant notre routine du matin.
— C'est qui ? demande-t-elle, la tête légèrement penchée sur le côté, une étincelle de curiosité dans ses grands yeux.
Je souris en la voyant si impatiente. Je lui enfile son tee-shirt alors qu'elle lève les bras avec un geste enjoué.
— C'est les Roy, ils viennent manger avec nous, dis-je en souriant.
— Y'aura Austin ?
Bien sûr, Ellie et Austin s'entendent à merveille. Pour elle, c'est comme avoir un deuxième grand frère, et cette complicité me réchauffe le cœur. Je préfère largement ça plutôt que de devoir gérer une relation tendue entre eux.
— Oui, il sera là, confirmé-je en ajustant le col de son tee-shirt.
— Je peux aller le voir ?
— Pas tant que je n'ai pas fini de te coiffer, jeune fille, dis-je avec une touche de malice, avant de commencer à lui faire des guilis. Elle se tord de rire, ses petits pieds tapotant frénétiquement le sol.
Je lui brosse les cheveux, savourant ce moment de calme partagé entre nous deux. Je prends un élastique et décide de lui faire une queue de cheval avec une petite tresse au bout, ce qui lui donne l'air d'une vraie petite princesse.
Elle se tourne vers le miroir pour admirer le résultat, ses yeux brillant d'admiration pour son propre reflet.
— C'est trop beau ! Ton amoureuse, elle doit être contente que tu la coiffes comme ça, dit-elle avec une innocence adorable.
Je rigole doucement et secoue la tête.
— Je n'ai pas d'amoureuse, je suis bien tout seul pour l'instant. Et puis, je prends soin de toi, c'est ce qui compte.
Un sourire tendre apparaît sur mon visage alors que je la regarde à travers le miroir. Elle répond en me déposant un bisou affectueux sur la joue avant de courir rejoindre nos parents, ses petits pas résonnant dans la maison.
Je m'attarde un moment devant le miroir, me recoiffant distraitement, puis je descends pour rejoindre tout le monde en bas.
À peine arrivé en bas des escaliers, Madame Roy m'attrape dans ses bras avec une affection qui me rappelle combien de temps a passé depuis notre dernière rencontre.
— Connor, mon dieu, que tu as grandi ! s'exclame-t-elle avec son énergie habituelle.
Je rigole doucement.
— Non, je crois que j'ai terminé de grandir depuis la dernière fois que vous m'avez vu. C'est sûrement une illusion, dis-je en plaisantant.
— Mais quel menteur ! Ça me rappelle mon fils qui essaie toujours de me faire croire qu'il a de bons résultats à l'école, réplique-t-elle en riant.
Nous rions ensemble, et pendant un instant, je cherche Ellie et Austin du regard. Mes yeux les repèrent rapidement dans le jardin, plongés dans une conversation animée. Je m'excuse auprès de Madame Roy et les rejoins dehors.
— Austin, tu as une amoureuse toi ? demande Ellie, toujours aussi curieuse.
— Si tu savais, j'en ai plein ! répond Austin, un sourire malicieux sur le visage.
Ellie fronce les sourcils, perplexe, avant de demander avec l'innocence d'une enfant de cinq ans :
— Mais c'est pas interdit ?
Je m'approche rapidement avant qu'Austin ne rentre dans des détails trop explicites pour ma petite sœur.
— Si, c'est interdit, dis-je en rigolant, mais il plaisante, il n'a pas d'amoureuse. Il est comme moi, bien trop occupé avec le hockey.
Je fusille Austin du regard, mais il éclate de rire, amusé par la situation. Ellie, quant à elle, semble satisfaite de la réponse, bien qu'elle reste songeuse.
— Et toi, tu as un amoureux ? demande Austin à Ellie, d'un ton taquin.
Elle secoue la tête avec assurance.
— Non, j'ai déjà deux grands frères, ça suffit ! réplique-t-elle, un sourire espiègle sur le visage.
Nous éclatons tous les trois de rire, et Ellie, dans un élan d'enthousiasme, nous oblige à prendre des photos avec elle. Elle veut absolument que ces photos deviennent les fonds d'écran de nos téléphones, et évidemment, nous cédons.
Je prends ensuite une photo seul avec elle, la tenant dans mes bras alors qu'elle met sa tête à l'envers, riant à pleins poumons pendant que je lui dépose un bisou sur la joue. Cette photo, c'est plus qu'une image. C'est un instant figé de bonheur pur, d'amour inconditionnel. Elle devient immédiatement mon fond d'écran, un rappel quotidien de ce lien inestimable que nous partageons.
La journée avec les Roy est remplie de rires, de discussions animées et de bons moments, mais comme toujours, les bonnes choses ont une fin. Je dois partir ce soir, très tard dans la nuit, pour arriver juste à temps pour mes cours demain matin. Le poids du départ se fait sentir, mais Austin et moi avons déjà planifié notre retour ici dans deux semaines. Nous passerons tout le week-end, du vendredi soir au dimanche soir, et même si l'idée de quitter ma famille me serre le cœur, je sais que je les retrouverai bientôt.
En attendant, il est temps de passer à table, et je compte bien profiter de chaque seconde restante avec ceux qui comptent le plus pour moi.
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