13 Février 2022, Appartement d'Hope et Roxane, 09h12

Deux jours.

Deux jours qu'il est parti, deux jours qu'il a lu la lettre.

Je ne regrette pas ce que j'ai fait, je pense que ça ne pouvait pas marcher, ça ne marche jamais quand je m'ouvre trop aux personnes. C'est pour ça que je privilégiais une relation sans attache avec Owen et c'était sûrement le mieux.

De toute façon, mon année est bientôt finie puisque je vais partir en trimestre linguistique du mois de Mars à la fin du mois de Mai.

En début d'année, on avait dû faire un choix sur la destination où l'on voulait partir et j'ai choisi l'Angleterre, de quoi m'éloigner sans trop me sentir loin.

Je n'avais pas eu le temps d'en parler à Connor quand nous étions encore ensemble. Je ne voulais pas qu'il prenne la décision de partir avec moi alors qu'il aurait pu partir n'importe où ailleurs.

Roxane et Austin ont tous les deux choisis la Grèce.

Pour tout ce qui concerne Connor, je m'en fous !

Ça, c'est ce que tu essaies de te dire louloutte, me souffle mon cœur.

Je repousse cette pensée et me concentre sur mes devoirs.

Quelques heures plus tard, Roxane entre dans ma chambre sans me prévenir.

—    Hope, tu n'as pas oublié de me dire quelque-chose ?

—    Je ne vois pas de quoi tu parles, dis-je la tête dans mes cahiers.

Elle referme mon livre sur ma main et me force à la regarder dans les yeux.

—    Pourquoi tu as dégagé Connor de ta vie ? Je ne t'avais jamais vu aussi heureuse et épanouie.

—    Toutes les bonnes choses ont une fin, réponds-je froidement.

—    Je ne sais pas ce que tu as Hope, mais tu fais vraiment n'importe quoi.

—    J'aurais dû dire pareil quand j'ai appris pour Austin et toi. Mais, a contrario, j'ai fermé ma gueule et tu devrais faire de même. Je pardonne mais n'oublie pas, dis-je en me levant pour sortir de ma chambre.

24 Février 2022, Campus universitaire, 07h02

J'entre dans la patinoire et me dirige dans les vestiaires, je me change et monte immédiatement sur la glace.

Je commence à danser, mais comme tous les autres jours depuis mon retour à Montréal, je ne fournis aucun travail digne de ce nom.

—    Tu vas y arriver, dit une voix que je connais très bien.

Je me tourne et me retrouve face à Tanner, un joueur de l'équipe de hockey que je côtoie depuis mon retour, il y a quelques jours.

—    Tu as beaucoup d'espoir en moi.

Il part également à Londres et c'est lors d'une de ses maudites réunions d'informations que nous nous sommes rencontrés et le feeling est plutôt bien passé.

Très bien passé même...

—    Tu es l'espoir, dit-il me rappelant les propos de Connor.

« Eh bien en français Hope signifie espoir, je trouve ça mignon. »

—    Très drôle Tanner.

Alors que je suis devant lui, il dépose un baiser sur ma joue et murmure à mon oreille.

—    Quand est-ce qu'on va bien pouvoir remettre ça ?

—    On verra à Londres petit. Je te signale que c'était une erreur.

—    Je sais, mais j'ai adoré.

Ce jour-là, la nuit où je n'ai pas pu fermer l'œil avec lui, je ne cessais de penser à Connor, j'étais consciente de ce que je faisais, du mal que ça pourrais lui faire, mais j'ai décidé de soigner le mal par le bien et pour le coup, c'était super.

Mais je m'en veux d'avoir fait ça, même si de son côté, il ne doit pas se gêner.

Tanner commence m'embrasser dans le cou, ce qui me ramène à la réalité et me fait gémir.

—    Tanner, pas maintenant s'il te plaît.

—    Vos désir sont des ordres et sans mauvais jeu de mot.

Je rigole et lui donne une pichenette sur le front avant de retourner patiner.

24 Février 2022, Campus universitaire, 12h03

Je m'assois à une table reculé quand quelqu'un vient s'asseoir devant moi. Je reconnais immédiatement la personne.

—    Austin, en quoi puis-je t'aider ? demandé-je en relevant la tête.

—    C'est vrai ce que l'on raconte dans les vestiaires ?

—    On raconte quoi dans les vestiaires ?

—    Que tu t'aies faite sauter par Tanner, dit-il froidement.

—    Ah ! Ça, c'est vrai.

Je rebaisse la tête dans mon livre, mais il me l'arrache des mains.

—    Réveille-toi Hope putain !

—    Quoi ?

—    Tu l'aimes et il t'aime !

—    Qui ? Tanner ?

Il s'aggace et ça m'amuse.

Je sais très bien de qui il parle.

Bien sûr que je l'aime, mais l'amour ne résout pas tout et je n'arrive pas à digérer, je préfère souffrir et commencer une relation sans attache que de lui refaire confiance.

MENTEUSE ! hurlent mon cerveau et mon cœur en même temps.

—    Arrête, je ne joue pas avec toi, il va mal, très mal, tu en as conscience ?

—    Oui, évidemment et je suis dans le même état que lui d'accord. Ce n'est pas parce que j'agis comme ça que je pense autrement, j'ai le cœur complètement brisé. Et pourtant je fais avec.

—    Arrête tout avec Tanner, me dit-il.

—    Pourquoi ? Tu n'es pas mon père.

Je pose la question alors que je comptais de moi-même arrêter, j'ai besoin d'un ami pour l'instant, pas d'un plan cul, c'était une erreur.

—    Parce que... Connor part en Angleterre lui aussi, il veut partir là-bas depuis que je le connais.

Je ne dis rien, mais mon cœur s'affole.

Je vais le revoir pour la première fois depuis notre rupture.

—    Et que s'il te voit avec Tanner, il risque de s'en prendre à lui. Son amour pour son ex petite-amie a été fort, mais pas aussi fort que celui qu'il ressent pour toi, tu l'as aidé à se relever quand il était au plus bas, tu l'as accompagné et poussé vers le haut. Tu lui as rendu son sourire, sa joie de vivre et tu as rempli son petit cœur qui ne demandait qu'à être aimé.

Je me contient et essaie de retenir du mieux que je peux toutes les larmes qui veulent sortir de mes yeux.

—    La nouvelle vie que tu lui as offerte, tu l'as repris en un clin d'œil. Et ne me fais pas croire qu'il n'a rien changé chez toi. Parce que c'est faux. Vous êtes fait l'un pour l'autre.

Je reprends mon livre de ses mains et je fuis. Comme à chaque fois que quelque-chose ne va pas, je fuis le problème.