ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ⁵ : ʜᴏᴘᴇ ⛸️
4 janvier 2022, Appartement d'Hope et Roxane, 6h55
Je me lève sans faire de bruit pour laisser Roxane dormir. Elle ne commence qu'à neuf heures et ne m'accompagne pas à l'entraînement aujourd'hui, puisque je vais travailler avec Mister Tremblay. Alias le gars qui m'a empêchée d'avoir des traumatismes crâniens multiples pendant la soirée du Nouvel An.
Roxane a passé toute la soirée à me rabâcher combien c'était incroyable, à quel point toutes les filles seraient jalouses de moi, et que je ne réalise pas la chance que j'ai de bosser avec ce "dieu".
Je tiens à préciser que ce sont ses mots, pas les miens.
Oui, bien sûr que Connor n'est pas désagréable à regarder, mais franchement, je n'ai pas la tête à ça. Et pour être honnête, ce n'est pas vraiment mon style de mec. Les gars connus, avec des centaines de groupies ? Non merci, ça ne m'attire pas du tout.
Cela dit, il pourrait très bien devenir un bon ami ! Je ne désespère pas à ce sujet. Tant que nous sommes sur la même longueur d'onde, que nous nous impliquons sérieusement dans notre travail tout en trouvant le moyen de rigoler de temps en temps, il ne devrait pas y avoir de problèmes.
J'ai toujours cru en l'amitié fille/garçon. Vraiment, j'y crois encore... sauf avec Owen. Nous étions beaucoup trop attirés l'un par l'autre pour n'être que des amis.
Bon, bouge-toi, Hope. Tu as un coaching débutant à donner dans un peu plus d'une demi-heure !
4 janvier 2022, Patinoire, 7h20
J'arrive enfin à la patinoire, l'air frais du matin m'engourdit légèrement les joues alors que je marche d'un pas rapide. Les lumières blanches inondent la glace, et l'atmosphère paisible de cet endroit désert à cette heure me rassure un peu. Pourtant, une silhouette se détache dans l'ombre, appuyée nonchalamment contre les barrières, comme un rappel constant d'une ancienne histoire non résolue. Owen. Rien que de le voir ici me fait grimacer intérieurement.
Il se retourne lentement, ses yeux sombres se plantant dans les miens, et je ressens immédiatement cette tension familière qui me prend à chaque fois qu'on est dans la même pièce. Son regard est lourd, presque accusateur, comme s'il me reprochait quelque chose. Comme s'il me reprochait de l'avoir laissé derrière.
— Owen, que puis-je faire pour toi ? demandé-je, ma voix se voulant plus froide pour masquer mon inconfort.
Il hausse un sourcil, un sourire sarcastique s'étire sur ses lèvres.
— J'ai entendu dire que mon remplaçant était un hockeyeur.
Il laisse le mot traîner, le rendant presque insultant.
— Je voulais voir comment il se débrouille, mais apparemment, il n'est pas encore là.
Je sens mes doigts se crisper sur mon sac. Toujours cette rivalité inutile, cette manière qu'il a de me rappeler que personne ne pourra jamais le remplacer à mes côtés. Mais je me force à rester calme.
— On s'est donné rendez-vous à sept heures trente, il n'est donc pas en retard. Tu n'as rien à faire là, dégage, dis-je, mon ton devient sec, tranchant.
C'est alors qu'une voix s'élève derrière moi.
— Salut, dit quelqu'un.
Je me retourne, mon cœur rate un battement. Connor. Il est là, droit comme un i, son sac en bandoulière et ce sourire tranquille qui illumine son visage. Il se tient si près que je sens sa chaleur contrastant avec le froid ambiant. Mon souffle se coupe un instant avant que je ne recule légèrement, mettant une distance qui me semble nécessaire.
— Salut, j'espère que tu vas bien parce qu'on va beaucoup travailler aujourd'hui, dis-je en essayant de retrouver contenance, mon sourire plus assuré.
Connor me rend mon sourire, sans dire un mot. Ensemble, nous nous dirigeons vers la patinoire, sans un regard pour Owen, que je sens fulminer derrière nous. Cette petite victoire silencieuse me procure un étrange sentiment de satisfaction.
Une fois dans les vestiaires, je me change rapidement, enfilant mon legging et mon débardeur, ajustant mes patins avec des gestes automatisés par des années de pratique. Quand je ressors, Connor est déjà assis sur un banc, l'air décontracté dans son jogging épais et son pull. Ses patins sont enfilés, mais il ne semble pas avoir la moindre intention de se changer. Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant, cet athlète de hockey complètement hors de son élément ici, dans ce monde plus délicat du patinage artistique.
— Tu comptes vraiment faire l'entraînement comme ça ? demandé-je, mes yeux pétillants d'amusement.
Il baisse les yeux sur sa tenue, puis relève un regard interrogateur vers moi, une moue moqueuse sur le visage.
— Tu veux que je mette un tutu et un justaucorps ? demande-t-il, imperturbable.
Un éclat de rire m'échappe, et je secoue la tête.
— Non, mais un legging et un débardeur te permettraient de bouger plus facilement. Il va falloir que tu t'habitues à avoir plus de liberté dans tes mouvements, dis-je en pointant sa tenue encombrante.
Il soupire, comme si l'idée de s'alléger de son épais équipement de hockey était presque un sacrilège.
— Honnêtement, je n'ai pas l'habitude de patiner aussi... vide, si tu vois ce que je veux dire, dit-il en haussant les épaules.
Je souris. Bien sûr que je vois. Il parle de sa crosse, de ses protections, de cette armure qui lui sert de barrière entre lui et le monde extérieur sur la glace.
— Il va falloir apprendre à faire sans, je réplique doucement, un peu plus sérieusement cette fois. Ici, c'est toi et la glace. Rien d'autre.
Nous finissons de lacer nos patins en silence, et je glisse la première sur la piste. La sensation de la glace sous mes pieds m'apaise, m'ancre dans l'instant présent. Je me sens légère, comme si tout ce qui m'entourait disparaissait. Connor me rejoint, plus lentement, encore hésitant dans ses mouvements.
— Alors, c'est quoi le programme ? demande-t-il.
Je me retourne vers lui, amusée.
— Qu'est-ce que tu sais faire ? demandé-je, sachant qu'il va sûrement me sortir une réponse pleine d'autosuffisance.
Il prend un air faussement réfléchi.
— Beaucoup de choses, je suis plutôt doué dans certains domaines, si tu vois ce que je veux dire, répond-il avec un sourire en coin.
Je soupire, levant les yeux au ciel. Toujours cette arrogance, ce besoin de montrer qu'il maîtrise tout. Mais derrière ses plaisanteries, je sens une certaine nervosité, comme s'il avait besoin de cette façade pour se rassurer.
— Patiner en vitesse, ça je sais faire. Esquiver les attaques des adversaires, facile. Mais si tu parles des pirouettes, des portés et tout le reste... Disons que je suis un peu novice, avoue-t-il finalement, son ton devenant plus humble.
Je hoche la tête, appréciant son honnêteté.
— Très bien, alors on va commencer par t'apprendre la base de mes pirouettes et de mes sauts, dis-je en me plaçant au centre de la piste.
Il me rejoint, plus attentif cette fois.
— Tu vas voir, je vais te transformer en vrai patineur artistique.
Il ricane doucement.
— Je ne pense pas.
— On parie ? demandé-je en lui tendant la main, un défi dans mes yeux.
Il me regarde un instant, son sourire se transformant en quelque chose de plus sérieux, presque déterminé.
— Pari tenu, dit-il en attrapant ma main fermement.
— Dans un mois, pour ta première compétition en duo, tu seras le meilleur, je déclare, plus sûre de moi que jamais.
Je choisis de croire en Connor. Plus je le pousserai, plus il prendra ce pari au sérieux. Et ensemble, on réussira. Parce que je ne peux pas risquer de perdre tout ce que j'ai construit à cause du passé.
5 janvier 2022, Patinoire, 8h32
— Je pense que si tu accentuais un peu plus le moment où tu sautes, tu y arriverais mieux, dis-je à Connor, observant attentivement ses mouvements sur la glace.
C'est notre deuxième séance d'entraînement ensemble, et je dois admettre que c'est un véritable plaisir de travailler à ses côtés. Il est si gentil et bienveillant, et surtout, il n'a pas cette colère sourde qui s'invite parfois dans le regard des autres patineurs. Notre complicité rend chaque entraînement agréable, loin d'être une torture.
Il donne le meilleur de lui-même, même si je vois bien que certaines choses sont difficiles pour lui. Nos styles de patinage sont différents, chacun ancré dans sa propre discipline, mais je suis convaincue qu'il va s'en sortir. Néanmoins, j'ai une petite appréhension concernant notre prochaine session d'entraînement... Hier et aujourd'hui, il a utilisé ses patins de hockey, mais demain, je prévois de lui apporter ses patins pour le patinage artistique. Ce ne sera pas du tout la même chose. Mais ça, je ne lui ai pas encore dit. C'est une surprise que j'ai hâte de lui faire découvrir.
— Je vais y arriver, dit-il avec une détermination palpable. Je peux le faire, tu vas voir, on va gagner cette compétition !
J'adore son énergie contagieuse. Sa motivation inébranlable me redonne du peps, surtout dans ces moments où je commence à me décourager.
Alors que nous remontons vers le campus, un garçon de notre âge s'approche de nous, l'air confiant.
— Alors, le patineur, lance-t-il avec un sourire. Ça avance ?
Il dirige son regard vers moi, et je croise le sien. Ses yeux bleus sont d'une beauté saisissante, contrastant magnifiquement avec ses cheveux noirs. Un chic type, en effet !
— Hope Smith, quel plaisir de te rencontrer, dit-il, le regard toujours rivé sur moi. Ma cousine est fan de toi.
Un léger rouge monte à mes joues à ses mots, et je cherche une réponse adéquate.
— Oh, merci, c'est... gentil, réussis-je à articuler, un sourire gêné sur les lèvres.
— Désolé, je vois que Connor ne nous présente pas, je suis Austin Roy, le numéro 16 de l'équipe.
C'est donc lui, ce fameux Austin dont Roxane m'avait parlé avec tant d'enthousiasme.
— Eh bien, enchantée, Austin, dis-je, en lui tendant la main.
Je me tourne vers Connor, qui sourit en regardant son pote. Je me demande ce qui se passe entre eux, un secret d'amis que je ne connais pas encore.
— J'y vais, dit Austin en se tournant vers Connor. On se voit demain matin ? Enfin, si tu n'as pas trop bu.
— Avec plaisir, et je serais à l'heure, en plus d'être sobre. Je sais boire sans excès, dit-il, en me lançant un regard entendu au sujet de la soirée du nouvel an.
Nous échangeons une bise amicale, et je remonte l'allée, mon cœur battant un peu plus vite. Je sors mon téléphone pour envoyer un message à Roxane :
Hope - 08h35
Le numéro 16, Austin Roy, c'est une beauté !
Il est vraiment magnifique.
Comme dirait Roxane : « Je veux bien me perdre dans ses yeux et lui dans moi. » Une phrase pleine de ressources, ça ne fait aucun doute.
Roxane - 08h36
Je te l'avais dit, poulette ! Mais tu l'as vu ?
Hope - 08h40
Oui, il est venu rejoindre Connor à la fin de ma séance avec lui.
Ce qui m'a d'ailleurs surprise, je ne pensais pas que ses amis étaient au courant de mes entraînements. Je n'aurais jamais imaginé qu'il serait du genre à se vanter de ses actions de bénévolat.
Roxane - 08h41
La chance ! Je suis totalement jalouse... On se rejoint ou tu as cours ?
Hope - 08h43
J'ai cours de 9h à 11h, à 11h à la cafétéria ?
Pour ce semestre, mes horaires sont complètement tordus, mais je suppose que c'est pareil pour tout le monde.
Roxane - 08h45
Désolée, mais j'ai cours de 11h à 13h, on ne mange pas ensemble du coup...
C'est bien vrai. Les horaires de ce semestre sont plus que désastreux.
Hope - 08h47
Ce n'est pas grave, on se voit ce soir !
Roxane - 08h48
Yes !
Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je range mon téléphone. La journée n'a pas été parfaite, mais elle m'a apporté un souffle d'espoir, et je suis impatiente de voir où cette nouvelle dynamique avec Connor et Austin nous mènera.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top