ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ³ : ʜᴏᴘᴇ ⛸️

3 janvier 2022, Campus universitaire, 10h54

— Il t'a vraiment larguée comme ça ? demande ma meilleure amie, les sourcils froncés, incrédule.

— Oui, il a fait tout le trajet de Montréal à Saint John's juste pour me larguer. Il avait l'air pressé de s'en débarrasser, je suppose, dis-je en haussant les épaules, mais la colère dans ma voix est indéniable.

Depuis ce jour, je n'ai toujours pas digéré ce qu'il m'a fait. Ce qui me semble normal, après tout. J'avais vraiment commencé à m'attacher à lui, à croire que c'était plus sérieux que les autres fois. Et puis, le timing... Me larguer en pleine période des fêtes, c'est presque cruel.

— Laisse tomber, il n'était pas fait pour toi. Si c'était le bon, jamais il ne t'aurait laissée comme ça, dit-elle en posant une main réconfortante sur mon épaule.

Je lâche un soupir et fixe mon regard sur la table, jouant nerveusement avec la bordure de mon pull.

— Je m'en fiche de mes histoires d'amour, ce qui m'embête vraiment, c'est pour le patin. Comment je fais maintenant ? dis-je en tapotant la table du bout des doigts, ma frustration palpable.

C'est en partie vrai. Les histoires d'amour, ça vient et ça repart, je finirai bien par trouver quelqu'un un jour. Mais le patin... ça, c'est toute ma vie. Et maintenant, je me retrouve sans partenaire, alors que tout commençait à devenir sérieux. Le comble dans tout ça ? Mes parents commençaient enfin à comprendre que c'était plus qu'un simple passe-temps, que c'était mon avenir, et maintenant, je suis toute seule à ce moment crucial.

Vie de merde.

— Poste une annonce pour trouver un nouveau partenaire. On ne sait jamais, tu pourrais tomber sur une pépite, et qui sait, peut-être sur un mec avec un sex-appeal à tomber par terre, dit-elle en levant un sourcil, un sourire taquin aux lèvres.

Je lève les yeux au ciel, incapable de réprimer un sourire en coin malgré moi.

— Tu n'as pas déjà un copain, toi ?

— Oh, c'est juste pour le plaisir des yeux, nunuche ! plaisante-t-elle en secouant la tête, faussement indignée.

Nous éclatons de rire ensemble, cette complicité me réchauffant le cœur. Parfois, il suffit de quelques blagues légères pour alléger le poids de la réalité.

Nous finissons par quitter la salle pour nous diriger vers la cafétéria. Le brouhaha ambiant nous enveloppe immédiatement, mais c'est réconfortant à sa manière. On aime s'installer ici pour se détendre, et vu qu'on ne reprend les cours qu'à quatorze heures, il n'y a pas d'urgence.

— C'est quand même loin l'appart, on n'a pas trop le choix que de rester ici jusqu'à la reprise, dis-je en m'affalant sur une chaise.

— Yep, mais au moins, on a le temps de se plaindre de nos vies lamentables encore un peu ! répond-elle en me rejoignant, un sourire complice sur les lèvres.

Je ne peux m'empêcher de sourire à nouveau, malgré tout. Parce qu'au fond, c'est ça l'amitié : se soutenir dans les moments les plus merdiques, rire des absurdités de la vie, et avancer ensemble, peu importe la situation.


**


Alors que je griffonne maladroitement une annonce sur un bout de papier, mon stylo glissant sous la nervosité, Roxane, jusque-là plongée dans ses pensées, semble soudain se réveiller. Elle me lance, un sourire en coin :

— Et si tu demandais au coach de hockey de te filer un de ses joueurs ?

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive, mon stylo s'arrêtant net. Un joueur de hockey... pour du patinage artistique ? C'est tellement absurde que j'éclate presque de rire.

— Un joueur de hockey ? Franchement, t'es sérieuse ? Ces mecs-là sont juste bons à se battre sur la glace, rien de plus, dis-je en secouant la tête, encore incrédule.

Roxane ne se laisse pas démonter et, avec une expression malicieuse, ajoute :

— Ils baisent comme des dieux aussi..., glisse-t-elle, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

Je penche la tête sur le côté, choquée par sa remarque. Elle me regarde avec ce petit sourire en coin, avant de hausser les épaules comme pour se justifier :

— On m'a dit. Honnêtement, je n'ai jamais essayé.

Je roule des yeux, exaspérée.

— Là n'est pas la question, Rox', soupiré-je, frustrée. Il me faut un partenaire de patinage, pas tes idées de merde.

Elle me fixe, son regard pétillant d'une lueur de défi. Elle sait très bien que je suis sur les nerfs, et elle en joue.

— Mais tente le coup ! On ne sait jamais, peut-être que le coach a une pépite, un as de la glace qui attend juste de devenir ton partenaire idéal.

Je laisse échapper un autre soupir, plus résigné cette fois. L'idée de demander à un joueur de hockey me paraît toujours aussi absurde, mais quelque part, peut-être qu'elle a raison. Après tout, je suis à court d'options, et qui sait, on pourrait peut-être tomber sur quelqu'un de surprenant.

— Ok, fine, on va le voir, concédé-je, en glissant le bout de papier froissé dans ma poche.

Je me lève, déterminée à affronter ce qui pourrait bien être l'une des conversations les plus étranges de ma vie. Roxane me suit, un sourire victorieux aux lèvres. Elle adore avoir raison, et même si je ne veux pas l'admettre, elle a réussi à semer un doute en moi. Peut-être que l'un de ces brutes de la glace pourrait être plus qu'un simple cogneur.

Alors que nous sortons de la cafétéria, je ne peux m'empêcher de me demander à quoi ça pourrait ressembler : un joueur de hockey en patins artistiques. Rien que l'image mentale me fait sourire.



3 janvier 2022, Patinoire, 12h10

Nous arrivons devant la patinoire juste au moment où l'équipe de hockey descend de leur bus, traînant leurs lourds sacs d'équipement sur l'épaule. Ils nous lancent un regard en biais, de haut en bas, tandis que nous passons devant eux. Je me sens immédiatement jugée, et un frisson d'anxiété parcourt mon dos.

— Je pense sincèrement que ce n'est pas une bonne idée, dis-je en insistant une fois de plus à Roxane, le cœur battant.

— Fais-moi confiance, poulette. On va simplement observer leur entraînement, et si l'un d'eux attire ton attention, on parlera au coach, ok ?

Je la regarde, sceptique, mais je finis par céder avec un soupir.

— Vendu.

Nous entrons dans la patinoire et montons dans les gradins. L'air est glacé et vivifiant, comme chaque fois que je viens ici. Alors que nous nous installons, le bruit des vestiaires résonne autour de nous. Des rires masculins, des bruits sourds de patins qui frappent le sol... tout annonce leur arrivée imminente.

Je souffle bruyamment, et Roxane, toujours perspicace, me jette un regard amusé.

— Écoute, même si tu ne choisis aucun d'eux à la fin, tu auras passé une heure à regarder de la testostérone en mouvement sur la glace, plaisante-t-elle, un sourire espiègle aux lèvres.

— Si tu le dis...

— Tes yeux vont adorer, fais-moi confiance.

Le coach arrive enfin, grand et imposant, il se tient au bord de la glace, nous jetant un coup d'œil sans un mot. Je le reconnais vaguement, il était déjà venu plusieurs fois pour essayer de recruter Owen dans son équipe. Sans prêter plus attention à nous, il retourne à ses affaires, et juste après, nous entendons le grincement distinctif des patins sur la glace.

L'équipe de hockey débarque enfin, et je dois admettre qu'ils ont un certain charme sans leurs casques. J'ai beau mépriser les groupies, à cet instant précis, j'en deviens presque une. Tous les joueurs sont impressionnants. C'est à se demander si être beau fait partie des critères pour entrer dans l'équipe.

— Allez les gars, du nerf ! Tremblay ! Viens ici !

Un des joueurs, Tremblay apparemment, s'avance, ses patins filant avec grâce alors qu'il slalome avec aisance. Mon regard reste accroché à sa silhouette. Il n'est pas juste une brute sur patins, il a un vrai talent. Roxane, observant ma réaction, me lance un regard complice.

— Eh bien ma chérie, tu as choisi le numéro 1, le capitaine de l'équipe, plaisante-t-elle.

Je secoue la tête en riant.

— Je n'ai encore rien choisi. Et lui, là-bas ? demandé-je en désignant un autre joueur qui porte le numéro 16.

— Austin Roy, le second du capitaine, et aussi son meilleur ami. Ils forment un duo inséparable, tant sur la glace qu'en dehors.

Je la regarde, les yeux écarquillés.

— Comment tu sais tout ça ? dis-je, réellement intriguée.

Roxane hausse les épaules, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

— Ce sont les gars les plus populaires de l'équipe. Ils font sensation à chaque soirée, donc forcément, on finit par tout savoir sur eux. Tremblay, c'est le numéro 4 et Roy le 16, facile à retenir, non ?

Je reste bouche bée, avant de reporter mon attention sur les deux joueurs. Ils patinent avec une telle aisance que je ne peux m'empêcher de les comparer à des patineurs artistiques. Leur maîtrise de la glace est impressionnante. Ils se déplacent avec une grâce qui me fascine. Je suis complètement conquise.


À treize heures, alors que nous descendons des gradins, je décide de retenir leurs noms. Tremblay et Roy pourraient être exactement ce que je cherche. Je me tourne vers Roxane.

— Attends-moi ici, je vais voir le coach.

Je traverse la patinoire pour rejoindre le coach, qui m'accueille avec un sourire bienveillant.

— Miss Smith, que puis-je faire pour toi ?

— Mon coéquipier m'a lâchée, et je cherche quelqu'un pour le remplacer, dis-je, le regard décidé.

Il arque un sourcil.

— Et ton choix se porte sur un de mes joueurs ?

— Deux d'entre eux ont une manière de patiner qui m'a impressionnée. Je pense qu'avec un peu de travail, ils pourraient être de très bons partenaires, répondis-je, sûre de moi.

— Lesquels ? demande-t-il en jetant un coup d'œil vers ses joueurs.

— Le numéro 4 et le numéro 16.

Il acquiesce, pensif.

— Tremblay et Roy... intéressant. Je leur en parlerai et te tiendrai au courant.

Je le remercie, avant de quitter la patinoire. En m'éloignant, je croise le regard intrigué de Tremblay et Roy. Je leur adresse un clin d'œil, ce qui les fait sourire. Le visage de Tremblay me semble familier, mais je n'arrive pas à me souvenir où je l'ai déjà vu. Peut-être une simple impression.

En rejoignant Roxane, je lui raconte tout. Elle laisse échapper un cri de surprise avant de tomber théâtralement dans la pelouse.

— Tu te rends compte ? Tu vas être la première patineuse universitaire à faire équipe avec un hockeyeur ! C'est comme les dieux du stade en France !

— Les dieux du stade ? dis-je en haussant un sourcil.

— Les rugbymans !

— Tu compares les hockeyeurs à des rugbymans ?

— Oui, les hockeyeurs sont comme des rugbymans canadiens.

Je secoue la tête en souriant.

— Aux dernières nouvelles, on a aussi une équipe de rugby au Canada...

Roxane me lance un regard exaspéré avant de déclarer, faussement dramatique :

— C'était juste pour l'image, mais tu as tout gâché... bravo.

Je pars d'un grand éclat de rire, et elle finit par me suivre. Nous rentrons sur le campus, impatientes d'avoir la réponse du coach.

Alors que nous marchons, mon téléphone vibre. Je jette un coup d'œil et vois un message d'Owen.


Owen - 13h15

Pardonne-moi, je ne voulais pas être blessant ce week-end, mais je dois me concentrer sur mes études. J'ai fini avec le patin... et avec les filles.


Je serre les dents en lisant son message. Les émotions contradictoires bouillonnent en moi, mais je prends une grande inspiration avant de répondre.


Hope - 13h17

Tu as raison. Je vais aussi me concentrer sur mes priorités : le patinage artistique. Désolée de te l'annoncer, mais je pense avoir déjà trouvé quelqu'un. Bonne continuation, Owen.


Je verrouille mon téléphone, une étrange sensation de liberté m'envahissant.

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