ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ ³³ : ʜᴏᴘᴇ
20 Mars 2022, Bath, 04h21
Je n'arrive plus à dormir, mes yeux fixent le ciel à travers la fenêtre.
Depuis notre arrivée à Bath, le dix-sept Mars, je suis perdue. Nous entamons notre troisième semaine de voyage sur douze, Connor est un amour avec moi, il nous avait organisé une petite soirée au pont suspendu de Clifton et nous avons regardé ensemble les étoiles, en s'embrassant, en rigolant, en se serrant dans les bras bref, en profitant pleinement de tout ça !
Mais, toutes cette joie s'est vite estompée pour ma part. Toutes les nuits depuis celle-ci, je me triture l'esprit sur mon futur départ pour la France. J'ai besoin de partir, de m'éloigner de tout ça, besoin de changer d'air et de retrouver une partie de ma famille pour finir sereinement mes études avant de peut-être retourner au Canada.
Et oui, je ne sais pas encore si je veux retourner ici ou faire ma vie ailleurs dans le monde, je ne sais pas si je vais continuer à faire du patinage, si je vais rester la même personne à cent pour cent.
Je ne sais pas qui je serais dans six ans, où je serais, avec qui je serais, ce que je ferais de ma vie et ça me perturbe de ne pas savoir si Connor sera là ou non...
Toutes les nuits je calcule donc s'il est possible d'avoir plusieurs solutions comme couper les ponts, la relation à distance, annuler mon départ, se retrouver dans plusieurs années, complètement s'oublier. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire alors, j'essaie de faire les choses normalement avec lui, de faire comme si de rien était, mais ce n'est pas le cas, ce n'est pas possible de ne pas se poser ce genre de question, ce n'est pas possible d'être autant paumée et de se conduire comme si sa vie était parfaitement normale !
20 Mars 2022, Dans les rues de Bath, 19h17
— Tu vas bien ? me questionne Connor.
— Oui, ne t'inquiète pas, tu m'emmènes où là ?
— Ahah ! Surprise !
Il dépose un baiser sur ma joue et nous continuons d'avancer main dans la main et plus on avance, plus je vois de la lumière et j'entends de la musique.
— Un bal ? le questionné-je.
— Non, ne t'inquiète pas, je sais qu'en dehors du patinage, tu ne danses pas.
— Si, je danse, réponds-je sur la défensive.
— Eh, c'était une blague, tu as l'air à cran.
Je ne réponds pas et détourne mon visage pour admirer le décor de dessin animé dans lequel nous nous trouvons.
Mais, mon téléphone vibre dans ma poche.
Une notification Instagram s'affiche.
théo_12 : Hey la canadienne ! Alors, comment se passe la suite de ton périple en Angleterre avec ton prince charmant ?
smithope15 : Hello Théo ! Le périple se passe plutôt bien si on omet quelques détails, hâte de te revoir en Juillet ! Comment se passe ton retour en France ?
théo_12 : Tout se passe bien pour moi aussi, j'ai rejoint ma copine chez ses parents et elle a hâte de te rencontrer, je suis sûr que vous allez bien vous entendre ! Et oui, le mois de Juillet c'est dans pas très longtemps ! En attendant, profite bien et passe le bonjour à Connor.
smithope15 : Ça sera fait ! J'ai hâte de pouvoir la rencontrer aussi, on se revoit vite, je te laisse, Connor m'a préparé une surprise.
Il m'envoie rapidement un émoji qui sourit et Connor ne me regarde plus.
— Con ?
Il ne me répond pas.
— Connor ?
Il ne réponds toujours pas et je m'arrête en plein milieu de la rue, lui lâchant la main et il daigne alors se retourner.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il.
— J'attends que tu daignes voir que j'existe.
— Alors là, c'est clairement du culot sachant que tu envoyais des messages alors que je t'emmenais à une surprise !
— Désolé ! Désolé ok ? Je répondais seulement à Théo qui m'a demandé comment on allait.
Il ne dit rien, se renfrogne alors je fais demi-tour et commence à rentrer vers l'hôtel. Je me retourne vers lui et remarque qu'il avance pour rejoindre ses collègues du hockey sans même me jeter un regard.
Je décide alors d'appeler Roxane pour prendre de ses nouvelles, il doit être presque vingt-et-une heure trente.
Je clique sur son contact et entends la première sonnerie retentir.
Puis la deuxième.
Puis une voix :
— Hope, que se passe-t-il, tu vas bien ?
Et là, c'est trop pour moi et je fonds en larmes en lui racontant tout pour la France et ma relation avec Connor en omettant l'histoire de mes parents qu'elle connaît déjà.
— Écoute, tu fais de ton mieux, tu prends ton temps avec lui, ne précipite absolument rien et quant à votre relation après ce voyage, il faut voir déjà comment ça se passe pendant le voyage, si c'est dans un but d'autodestruction autant pour lui que pour toi, il vaudra mieux arrêter.
Je l'écoute et boit ses paroles. Elle a été très compréhensive même à des milliers de kilomètres de moi.
— Allez, bonne soirée ma louloutte.
— Toi aussi Rox', ne fais pas de connerie.
— Comme toujours ! s'exclame-t-elle avant de raccrocher.
J'éteins mon téléphone et entre dans le hall de l'hôtel. Je monte quelques marche et tombe nez à nez avec Tanner.
J'ai encore les yeux rougis par les larmes alors, je baisse la tête et passe à côté de lui en le bousculant mais, il me retient par le poignet.
— Je n'ai pas toujours été très correct avec toi et certainement très pressant, mais sache que personne ne mérite de faire pleurer une fille, même pas Connor Tremblay.
Je souris faiblement et il part tandis que je monte les quelques marches qu'il me reste avant d'atteindre ma chambre.
21 Mars 2022, Chambre d'hôtel, 06h12
Je me glisse hors du lit et remarque que Connor n'est pas là.
Je commence à m'inquiéter parce que je n'ai aucune nouvelle de lui, même pas un message, rien.
Ça pourrait paraître normal après la fin de notre soirée, mais ça ne lui ressemble pas et c'est ça qui m'inquiète.
Je sors dans le couloir après m'être rapidement habillé et vois quelques joueurs de hockey qui étaient avec lui hier soir, mais pas lui. Quand ils me remarquent, leurs regards sont dirigés vers le sol, ce qui est une fois de plus, anormal.
D'habitude, ils sont du genre à soutenir mon regard quitte à ce que ce soit moi qui me détourne.
Tanner me fais rapidement signe et me désigne la dernière porte au bout du couloir avec un air désolé.
Je m'avance, la boule au ventre et des bruits me parviennent, des bruits que je n'apprécie pas vraiment.
Une fois devant la porte, un cri m'arrache le cœur avant de le piétiner :
— Connor ! Oh mon dieu Connor ! gémit une fille qui prend son pied avec lui.
Les larmes menacent de sortir, mais je les retiens, je me doit d'être plus forte que ça, beaucoup plus forte.
Alors que je tente de m'éloigner, j'entends leur cri synchronisé en un seul souffle qui finit de désintégrer mon cœur.
À ce moment précis, je prends une décision que je ne risque pas de regretter, parce que je ne peux plus endurer la toxicité de cette relation.
Nous sommes néfastes l'un pour l'autre.
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