Chapitre vingt-cinq
« Tu sais, je ne serais pas contre l’idée de rentrer à la maison et, hm, faire des choses avec toi. », Me souffla Vic alors que nous nous tenions contre sa voiture. Nous nous étions tous les deux rhabillés, mais nous étions encore fébriles, à cause de ce qui venait de se passer.
« J’adorerais, mais on doit rendre notre devoir de musique aujourd’hui, tu te souviens ? », Questionnai-je. Il soupira, plaquant son front contre le miens. Il frotta doucement ses lèvres contre les miennes, avant de les embrasser. Il ne me donnait pas vraiment envie de retourner en classe. « Vic, arrête. », Lui murmurai-je en le repoussant, avec un petit sourire.
« C’est plus fort que moi. T’es trop mignon. » Il sourit, et se mordilla la lèvre inférieur. Mais bien sûr, c’était moi qui était mignon ? Est-ce qu’il s’était déjà regardé dans un miroir ?
Je soupirai, glissant mes bras autours de son cou pour l’embrasser une dernière fois avant de me détacher de lui.
« Allez, Casanova. Retour à la réalité. »
On se sépara pour rejoindre le bâtiment scolaire, vu que la pause déjeuner venait de se terminer, et que les couloirs étaient remplis d’élèves. Cela aurait paru suspect aux yeux des autres que l’on rentre ensembles. Vic disparut près de la porte principale. Je compris rapidement qu’il était certainement passé par l’une des entrées sur le côté ou à l’arrière de l’école. Peu importait, où qu’il soit, sa présence me manquait déjà. Je me dirigeai rapidement et seul vers mon casier, pour récupérer mon carnet et la clef USB contenant notre chanson, puis je me rendis en classe. Vic était déjà là, et je m’installai à ma place habituelle, dans le fond de la classe, juste à côté de lui. Il ne m’adressa pas un regard, ce qui ne me surprit pas. A chaque fois que nous étions en musique, il redevenait le Vic de ma première semaine de cours ici : il m’ignorait ou me taquinait. Le reste de la classe arriva, suivit par Mme. Ascot.
« Bonjour. J’espère que vous avez tous votre chanson prête à être écoutée. On va les écouter une à une aujourd’hui, et je vous indiquerais vos notes après. Qui commence ? Oh, Matty ? », Demanda Mme. Ascot. Matty, qui était assis au premier rang, tendit sa clef USB au professeur et lui indiqua le nom de la chanson. J’étais trop distrait par Vic pour y prêter attention, pour être honnête.
« Tu as ta clef, hein ? », Me murmura-t-il. Je pouvais sentir son souffle tiède contre ma peau. Je dû m’écarter un peu pour ne pas qu’il fasse son effet habituel pour moi. Je hochai simplement la tête, et on se reconcentra sur les chansons des autres. La plupart d’entre elles était bien. Il y avait beaucoup de guitare, soit électrique, soit acoustique. Il y avait aussi quelques chansons vraiment mauvaises, totalement ratées : leur créateur se contentait de faire beaucoup de bruit avec un instrument non identifiable. Il y en avait même une particulièrement horrible, avec de la trompette.
Puis ce fut notre tour. Je tendis ma clef USB à Vic, pour qu’il la donne à Mme. Ascot, car je n’osais pas me lever devant toute la classe. J’étais plus nerveux que jamais lorsque la professeure brancha la clef dans son ordinateur. Je n’avais jamais partagé à quiconque mes textes, à part à Vic et aux idiots de sa soirée qui les avait lu, alors c’était assez stressant. La chanson débuta, et je me figeai sur ma chaise, fermant les yeux et me crispant. Tous les élèves se turent pendant la chanson. Au moins, pendant les autres chansons, les élèves ricanaient quand c’était affreux, ou commentaient les bonnes parties, mais là non, pas un bruit. Quand la chanson toucha à sa fin, les élèves me surprirent en se mettant à applaudir. Je regardai Vic, sans comprendre. Un petit sourire se dessina sur son visage. On reporta notre regard sur Mme. Ascot, pour connaître notre note.
« Bon, je vais devoir vous noter individuellement, alors vos notes seront un peu différentes. », Nous indiqua-t-elle tout en écrivant sur une feuille de papier. Elle se leva et nous tendit à chacun une feuille. Je portai mon regard sur ma note, et fut heureux de cette dernière.
« Combien tu as eu ? », Me questionna Vic une fois que les autres élèves se mirent à discuter entre eux, ne prêtant pas attention à nous.
« ‘A –‘ », Répondis-je avec un sourire fier. « Et toi ? »
« Hm, et bien.. », Il m’adressa un regard hésitant avant de me tendre sa feuille. Je la regardai, pour voir qu’un ‘A +’ y était inscrit. Je reportai mon regard sur Vic, souriant.
« Tu l’as mérité. »
« Non, toi tu l’as mérité. Je ne vois pas pourquoi tu n’as pas eu une meilleure note. », Répliqua-t-il en fronçant les sourcils.
« Hé, ma note me convient parfaitement. C’est sûrement parce que je n’ai pas joué d’un instrument, alors que c’était dans les indications. », Le rassurai-je. Il s’emportait trop pour cela, mais c’était assez mignon.
« Peut-être. », Répondit-il, avant de changer rapidement de sujet. « Au fait, j’ai quelque chose à te dire. », Reprit-il.
« Qu’est-ce que c’est ? », Le questionnai-je.
« Tu te souviens que je t’ai demandé de me rejoindre dans mon groupes, avec les mecs ? », Demanda-t-il. Je hochai la tête.
« Et bien, je leur ai demandé de jouer une version instrumental de notre chanson, et j’ai rajouté l’enregistrement de ta voix dessus, et je l’ai envoyé à une maison de disque. », M’expliqua-t-il rapidement, comme si ce n’était pas important.
« Quoi ? Pourquoi est-ce que tu ne m’a rien dit ? », Demandai-je, sous le choc.
« Nous étions en froid à ce moment, et j’avais besoin de m’occuper l’esprit, alors je l’ai fait. Cela sonne vraiment bien avec une guitare électrique, de la batterie et une bonne ligne de basse. », M’indiqua-t-il.
« Et pourquoi est-ce que tu me dis cela que maintenant ? » Il haussa les épaules et sembla réfléchir à la question un instant.
« Je sais pas. Je suppose que quand on s’est remis ensembles, j’étais un peu préoccupé par d’autres choses. », Répondit-il avec un clin d’œil. Je regardai rapidement autours de nous, pour vérifier que personne n’ait remarqué cela.
« Bien sûr. Alors, hm, est-ce que la maison de disque a aimé cela ? », Questionnai-je. J’espérai qu’ils avaient aimé le morceau, parce que pour être sincère, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire après le lycée. Chanter était la seule chose que je savais faire. Si la maison de disque n’aimait pas notre chanson, j’étais foutu. J’aurais pu mieux chanter, ou chanter plus fort, puisque ce n’était plus une chanson acoustique, au final.
« J’sais pas. Ils ne l’ont sûrement pas encore reçu. Et puis, même si c’est arrivé, cela prend certainement du temps avant qu’ils ne l’écoutent. », Répondit-il. On arrêta de parler après cela. J’étais perdu dans mes propres pensées, songeant à quel point cela serait cool si on obtenait un contrat. Je pourrais enfin me casser de cet endroit, et m’éloigner de mon père.
Après les cours, je rejoignis mon casier avec Vic, en gardant tout de même une certaine distance entre nous. Vous n’avez pas idée d’à quel point il est difficile de de se retenir de lui prendre la main. Mais arrivés dans le couloir principal, on remarqua une certaine agitation. Il y avait une petite foule d’élèves s’entassant dans le couloir, mais on ne pouvait pas voir au travers.
« Qu’est-ce qu’il se passe, à ton avis ? », Demandai-je à Vic.
« Oh, je pense que je sais. », Répondit-il avec un sourire diabolique.
Je reportais mon regard sur la foule. Les élèves commencèrent à s’écarter, et l’instant d’après, je fis Craig se faire escorter par des agents de police et le principal.
« Oh mon dieu. », Murmurai-je, en retenant un sourire. C’était évidemment l’œuvre de Vic, Jaime, Tony et Mike. Craig fusilla Vic et moi du regard, mais ne dit rien. Je relevais le regard vers Vic. Ses yeux pétillaient d’amusement.
« Les flics ? C’était nécessaire ? », Questionnai-je.
« Il l’a cherché. », Répliqua-t-il avec un haussement d’épaules.
Je devais bien l’avouer, voir Craig se faire trainer par des officiers de police était la cerise sur le gâteau, ne faisant qu’embellir cette journée parfaite.
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Vic et moi étions dans sa voiture, seuls, roulant dans la rue de ma maison. Notre plan ? Rentrer chez moi et passer deux heures et quelques ensembles, avant que mon père ne rentre du travail. Sauf que lorsqu’on arriva, la voiture de mon père était garée dans l’allée.
« Qu’est-ce qu’il fait là ? », Demanda Vic. Sa voix était amère et acerbe. Il n’aimait vraiment pas mon père, même si ce dernier n’avait pas levé la main sur moi depuis quelques temps.
« Je n’en ai pas la moindre idée. », Répondis-je. Je soupirai, et relevais le regard vers Vic. « On remet notre moment à deux à une autre fois ? »
« Ou alors on va chez moi. », Suggéra-t-il. Je secouais la tête négativement.
« Je n’en ai pas la permission. », Répondis-je, et il leva les yeux au ciel. On s’observa mutuellement pendant un moment, sans qu’aucun de nous ne veulent quitter l’autre, mais nous n’avions pas le choix. Maintenant que mon père était là, et quelle qu’en soit la raison, il s’attendait à ce que je rentre directement à la maison après les cours. Et si ce n’était pas le cas, il me le ferait payer durement.
Finalement, Vic s’approcha pour m’embrasser. Je sentais encore la sensation de ses lèvres contre les miennes quand il s’écarta.
« Je suppose qu’on se verra demain, alors. », Soupira-t-il tristement, faisant la moue d’une manière adorable.
« Ouais, à plus. », Répondis-je en l’embrassant furtivement, avant de saisir mon sac et sortir de sa confortable voiture, qui était en train de devenir l’endroit où je me sentais le mieux. Je me dirigeai vers ma maison, sans jeter un seul regard en arrière, puisque je savais que si je le faisais, j’abandonnerais et je rejoindrais Vic, m’attirant ainsi des ennuis. La première chose que je fis en rentrant, ce fut tendre l’oreille. Je vérifiais qu’il n’y ait aucuns bruits sexuels encore une fois, car je n’avais pas envie de répéter ce qui s’était passé l’autre soir. Il n’y avait rien, cette fois. Rien d’autre que le vrombissement régulier de la télévision. Je me glissai dans le salon, où mon père avait déjà commencé à boire. Il portait toujours ses vêtements de travail. C’était marrant, je n’avais jamais songé à lui demander en quoi consistait son travail. Tout ce que je savais, c’était qu’il travaillait dans une société. Avant qu’il ne commence à boire, il était sur le point de devenir le PDG d’une compagnie agricole, la seule vraie entreprise dans notre petite ville, et je savais donc qu’il avait des compétences dans le monde des affaires.
« Hm, Papa ? », Appelai-je, pour attirer son attention. Ses yeux se portèrent aussitôt sur moi, m’adressant un regard sombre. « Hm, désolé. Je vais te laisser tranquille. », Soufflai-je avant de prendre le chemin de ma chambre, mais mon père m’arrêta avec sa voix ferme.
« Arrête-toi. », M’ordonna-t-il. Je me retournai vers lui, pour le toiser nerveusement. Je me doutais de ce qui allait suivre. Je connaissais ce regard. Pourquoi est-ce que je n’étais pas allé directement dans ma chambre ? « J’ai été viré, aujourd’hui. Ils voulaient d’un homme avec une famille. Tu sais, une femme, deux adorables gosses. Ils m’ont dit que cela était mieux, pour les affaires. Mais non. Tout ce que j’ai dans ma vie, c’est toi. », Cracha-t-il.
« Ce… Ce n’est pas ma faute. », Balbutiai-je. C’était si différent, de le voir en colère, et cela me rappela la raison pour laquelle il me faisait si peur. Il avait été si agréable avec moi ces derniers temps, et si heureux. Mais maintenant il était comme avant : il s’énervait contre moi pour quelque chose sur laquelle je n’avais aucun contrôle.
« Oh, mais si, c’est bien ta faute. », Répliqua-t-il. Il posa sa bouteille de bière sur la table basse, et se leva. Il s’approcha de moi, les yeux brillants de colère. Je fermai les yeux, attendant la suite. Et elle vint. Il m’asséna un coup dans le ventre, me faisant plier en deux de douleur, et je retombai à genoux au sol. Il était sur le point de me donner un coup de pied, même avec les yeux fermés, je pouvais le deviner. C’était comme si je pouvais le sentir… Ou j’y étais simplement habitué. Le coup ne vint pourtant pas. Il était distrait par la sonnerie du téléphone. Je restai dans ma position, au sol, trop terrifié pour bouger. Je n’avais pas envie de le provoquer encore plus. Je l’entendis s’éloigner pour répondre au téléphone.
« Joanne, bébé, hey. » Mon estomac se retourna quand je l’entendis l’appeler ‘bébé’. Cependant, il semblait heureux de lui parler, alors je pris cette occasion pour m’enfuir. Je me relevais, portant ma main contre mon ventre douloureux et j’atteignis ainsi la porte d’entrée. Je ne regardais même pas en arrière avant de sortir. Je laissai retomber mon bras quand je vis que la voiture de Vic était encore là. Il m’observait depuis la fenêtre baissée de sa voiture.
« Pourquoi est-ce que tu es encore là ? », Demandai-je en m’approchant de lui.
« J’avais un mauvais pressentiment. », Répondit-il. « Est-ce qu’il t’a fait mal ? »
Je secouai la tête. « Non. » Mensonge. Il me fit un geste pour m’encourager à le rejoindre dans la voiture, et je n’hésitai pas une seule seconde avant de grimper dans le véhicule. Il démarra, et prit la direction de chez lui.
« Est-ce qu’il t’a fait mal ? », Demanda-t-il de nouveau, quittant la route du regard un instant, pour m’observer.
« Non, Vic, je vais bien, vraiment. Il m’a juste crié dessus, c’est tout. », Répondis-je. Je mentais encore, mais je savais que si je lui disais qu’il m’avait frappé, il retournerait là-bas et s’attirerait des ennuis.
« Qu’est-ce qu’il t’a dit ? », Questionna-t-il.
« Rien. Oublie. », Répliquai-je rapidement avant de porter mon regard sur la fenêtre. Mon ventre me faisait encore mal, mais ce n’était pas si terrible que ça. J’étais plus bouleversé par le fait qu’il se remettait à me frapper. Je pensais que les choses allaient bien se passer pendant quelques temps, ou même qu’il allait mettre de côté la rage qu’il avait contre moi. Je commençais juste à me sentir bien chez moi ici, sachant qu’il n’était plus d’humeur à lever la main sur moi. Il m’avait à peine envoyé des remarques cinglantes ces derniers temps. Mais il m’avait prouvé à l’instant qu’il continuait de me haïr. ‘Tout ce que j’ai dans ma vie, c’est toi.’. Il avait dit cela sur un ton tellement amer et rancunier. Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas simplement m’accepter ?
Sans que je ne m’en rende compte, Vic était déjà en train de garer sa voiture dans son allée. J’étais encore concentré sur le paysage derrière la vitre, immobile.
« Est-ce que ça va ? », Me demanda-t-il. Je songeais à cela un instant. Est-ce que ça allait ? J’avais un petit ami génial, et des amis. Je devrais être heureux. Tout devrait être parfait, mais même quand tout était parfait, un seul commentaire négatif pouvait me faire oublier tout ça. Une seule chose négative était capable de faire voler en éclat toutes les bonnes choses. C’était franchement nul de savoir qu’aucun de vos parents ne voulaient de vous dans sa vie. Je secouais lentement la tête, tandis qu’une larme roula le long de ma joue. Comment est-ce que je pouvais passer de la joie à la dépression si rapidement ?
« Pas vraiment. », Murmurai-je. J’essuyais ma larme avant de me retourner vers Vic. « Désolé. » Je n’étais pas vraiment sûr de pourquoi j’étais désolé. Peut-être parce que j’étais en train de pleurer devant lui alors que j’étais sensé être heureux d’être avec lui… Je ne savais pas trop.
Il me détacha pour passer ses bras autours de sa taille et m’attirer contre lui avec faciliter, me plaçant sur ses genoux, m’enlaçant affectueusement. Je laissai retomber ma tête contre son épaule, glissant mes bras autours de lui, appréciant le réconfort que m’apportait chacune de ses étreintes. Mais je me mis à pleurer malgré tout. Souvent, jamais envie de pleurer, pour rien, des trucs stupides. Et je le faisais assez souvent, même si je n’avais pas de vraie raison de le faire. La saule différence qu’il y avait aujourd’hui, c’était que cette fois, j’avais quelqu’un pour me serrer contre lui et me murmurer que les choses allaient s’arranger.
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NB : J'ai l'impression de me répéter à chaque fois que je poste ces derniers temps mais... Désolée du retard :o Et merci de vos votes et commentaires, j'ai pas vraiment eus le temps d'y répondre cette fois-ci, j'essayerai de me rattraper ^^' Bonne soirée <3
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