Chapitre trente

« Salut Kellin, je pense qu’on a besoin d’avoir une petite conversation à propos de ton petit-ami. », M’annonça Jenna avec un sourire innocent collé au visage. Mon cœur flancha. Elle était au courant ? Comment avait-elle découvert notre relation ? Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Oh merde. Oh putain.

« Je vis juste en face de chez toi Kellin. Peut-être que si tu n’étais pas trop occupé à rouler des pelles à Vic dans sa voiture tous les matins et après-midis, tu m’aurais peut-être remarqué. », Expliqua-t-elle.

« Baisse un peu la voix. », Lui conseillai-je froidement. Je la poussai à l’extérieur et fermai la porte derrière nous. Je relevais le regard vers elle, et elle remarqua très certainement la peur dans mes yeux.

« Je ne vois pas de quoi tu parles. », Mentis-je.

« Oh, chéri, s’il-te-plaît, ne me prend pas pour une idiote. » Elle avait toujours son petit air innocent, alors j’ai pensé un bref instant que peut-être elle garderait notre secret.

« Tu… Tu ne vas pas le dire à qui que ce soit, n’est-ce pas ? », Demandai-je.

« Et bien, c’était mon plan initial. », S’exclama-t-elle d’une voix pétillante… et effrayante. « Mais j’ai autre chose à te proposer. »

Je tremblais, je le savais. J’avais un mauvais pressentiment. Je me doutais que derrière cette façade de fille énergique et enjouée se cachait un véritable démon, et j’allais découvrir comment elle prévoyait de gâcher ma vie.

« Qu’est-ce que tu proposes ? », Questionnai-je.

« Romps avec lui. », Annonça-t-elle rapidement, comme si de rien n’était. Elle voulait que je rompe avec lui ? Non, ce n’était pas possible !

« Non. », Répondis-je froidement, lui adressant un regard noir. Je savais que j’allais la détester depuis le moment où je l’avais rencontrée. Elle se contenta de m’adresser un autre sourire.

« Alors je vais dire ton petit secret à tout le lycée. », Annonça-t-elle. J’en avais vraiment marre d’elle à présent.

« Vas y, fais-le, je m’en fous. », Répliquai-je. Elle ne perdit pas son petit sourire narquois, visiblement pas perturbée par mon manque de coopération.

« Mais Vic lui, ne s’en fout pas. Comment tu penses que Vic réagiras quand il découvrira que s’il a perdu son influence sur l’école et qu’il est devenu le nouveau bouc émissaire, c’était de ta faute ? Comment est-ce qu’il réagira en apprenant que tu aurais pu éviter cela ? On sait tous les deux comment est Vic. Sa réputation compte plus que tout pour lui. », Affirma-t-elle. Elle avait raison à cent pour cent. La réputation de Vic était tout pour lui. Il était un peu un genre de ‘boss’ au lycée, et il n’était pas prêt à abandonner ce statut.

« Pourquoi est-ce que tu fais ça ? », La questionnai-je, en grinçant des dents.

« Parce que je suis amoureuse de lui. Je l’étais avant que tu ne débarques dans cette école. Ce n’est pas juste que tu puisses l’avoir, alors qu’il devrait être à moi. », Expliqua-t-elle.

« T’es folle. Il est gay Jenna, il ne t’aime pas. Il ne t’aimera jamais. », Répliquai-je d’un ton glacial.

« Tu fais erreur. Je me souviens de cette salope aux cheveux rouges. Je sais qu’il est sorti avec elle pendant un moment. Je les voyais traîner en ville tout le temps, alors n’essaye pas de me faire croire qu’il n’aime que les garçons. »

« C’était il y a longtemps. », Signalai-je.

« Peut-être, mais ça ne change rien. Tu vas mettre fin à ta relation avec lui, comme ça il sera tellement bouleversé qu’il aura besoin d’une épaule sur laquelle pleurer. Et qui sera là pour lui offrir ? Moi bien sûr. », Affirma-t-elle. Tarée. Elle était totalement tarée.

« Je ne peux pas faire ça. S’il-te-plaît Jenna, oublie tout ça. Si tu aimes vraiment Vic, alors tu devrais être contente qu’il soit heureux. », La suppliai-je, mais je devinais à son regard qu’elle s’en moquait.

« Mes conditions restent les mêmes. Tu as plutôt intérêt à ce que ce soit fait avant demain après-midi, sinon je m’en chargerai moi-même. Et ne songe même pas à courir lui raconter toute notre conversation, parce que je le découvrirai, et crois-moi, si ça arrive j’irais raconter à toute l’école ton secret et cela va ruiner sa vie, et tu seras celui qu’il blâmera. A quel point est-ce que tu tiens à ton petit amoureux ? », Questionna-t-il.

Je ne lui répondis pas. Je tremblais de rage, et si elle ne déguerpissait pas bientôt, je savais que j’allais me jeter sur elle et lui faire mal. Après un bref silence, elle m’adressa un énième sourire et haussa les épaules.

« Bon, à plus. » Sur ces mots elle s’en alla et traversa la rue pour rentrer chez elle. Vic et moi aurions dû être plus prudents. J’aurais au moins dû me renseigner sur mes voisins ! Je rentrai en furie chez moi, rempli de rage. J’ignorai les questions de mon père et me rendis directement dans ma chambre. Par chance, il ne me suivit pas.

Je sortis mon téléphone de ma poche, et ma première réflexion fut d’appeler Vic. Je savais qu’il était plus doué que moi pour gérer ce genre de situation, mais je me retins quand même de l’appeler. Qu’est-ce qu’il se passerait si je lui racontais ce qui venait de se passer et qu’il allait voir Jenna, et qu’ensuite elle raconte à tout le lycée notre secret ? Cela anéantirait Vic, et tout ce qu’il avait fait pour en arriver là. Je soupirai, me laissant retomber sur mon lit. Je n’arrivais pas à croire ce que cette saleté de sorcière venait de faire ! Qu’est-ce que j’étais supposé faire ? Je ne voulais pas nous faire du mal en me séparant d’avec Vic, mais c’était peut-être la seule chose que je pouvais faire. Je ne pouvais pas le mettre dans une sale situation en la laissant dévoiler notre secret. Je ne pouvais pas lui faire ça. Si seulement je pouvais tout lui expliquer, mais non, Jenna le saurait. Ugh, c’était un sacré bordel !

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Je m’installai à la cafétéria le lendemain matin, à côté de Vic, ne mangeant presque rien. Pour être honnête, je ne bougeais qu’à peine. Je me contentais de fixer la table, légèrement dans les vapes.

« Qu’est-ce qui ne va pas, aujourd’hui ? », Me demanda Vic, me donnant un léger coup de coude. Je relevais la tête, mon regard se portant aussitôt sur Jenna. Elle nous fixait depuis sa table. Elle secoua lentement la tête, tapotant sa montre du bout des doigts, un sourire malsain collé au visage. Je n’avais plus beaucoup de temps devant moi, je le savais.

« Rien. », Murmurai-je. Je sentais le regard de Vic rivé sur moi, mais il ne me posa pas d’autres questions. Mon cœur se brisait un peu plus chaque seconde que je passais en sa compagnie. Je ne savais pas ce que j’allais faire, ni quand est-ce que j’allais le faire, je savais juste que je devais le faire. J’essayais de ne pas penser aux conséquences que cela allait avoir. J’essayais de ne pas penser à quel point Vic serait blessé ou en colère. J’allais lui faire tellement mal… Mais sur le long-terme, ce serait certainement mieux pour lui. Notre relation n’aurait certainement pas duré de toutes manières.

Une larme s’échappa et roula sur ma joue, mais je l’essuyai avec ma manche avant que quiconque ne le remarque. Vic plaça sa main sur ma cuisse et me la frotta affectueusement, dans un geste réconfortant. Habituellement, ce geste m’aurait calmé, mais cette fois-ci, cela ne fonctionna pas. Je m’écartai de lui, et ne relevais même pas la pour voir le regard blessé qui devait être apparue sur son visage. J’étais certain qu’il m’adresserait ce même regard cette après-midi.

La sonnerie retentit finalement. Il ne me restait plus que mon cours de musique, ce qui me permettrait d’avoir encore deux heures de répit avant la fin des cours… Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire ? Hier nous étions tellement heureux ensembles… Et puis, j’étais un mauvais menteur ! Il ne me croira jamais si je lui dis que je veux rompre avec lui. Comment je pouvais faire ça ? Je ne pouvais pas, mais j’étais obligé, pour lui.

Je marmonnai une excuse bidon à Vic, expliquant que je devais aller aux toilettes pour pouvoir m’éloigner de lui un moment. Je courus m’enfermer dans l’un des toilettes juste avant que les larmes ne se mettent à couler sur mes joues. Je détestais tellement Jenna ! Quel genre de personnes voulait gâcher la vie des autres à ce point ? On avait eu une semaine calme, sans dispute, c’était tout. Une semaine où tout allait bien, et maintenant, notre bonheur nous était arraché des mains. Je sentais mon cœur se déchirer, être piétiné, comme si une Jenna miniature sautait dessus encore et encore.

« Kels ? » La voix de Vic résonna de derrière la porte de la cabine de toilette. Bon sang, pourquoi est-ce qu’il utilisait toujours ce ton calme avec moi ? Je restais silencieux, me plaquant le plus possible contre le mur.

« Kellin, je sais que tu es là-dedans. Je suis là si tu as besoin de parler. », M’appela-t-il. Je retins un sanglot. Il était tellement attentionné… Alors que moi j’étais en train de songer à la meilleure façon possible de le larguer.

« Je vais bien. Re... Retourne en classe. », Lui lançai-je, ma voix flanchant au milieu de ma phrase. 

« Non, tu ne vas pas bien. Qu’est-ce qui ne va pas ? », Demanda-t-il. Je ne répondis pas. « S’il-te-plaît bébé, je veux juste m’assurer que tu vas bien. »

J’essuyai avec hâte mes larmes et pris une profonde inspiration pour tenter de me calmer, avant d’ouvrir la porte.

« Je vais bien, vraiment. Allons en cours. », Affirmai-je. Je m’apprêtai à le contourner pour sortir des toilettes mais il m’attrapa la main au passage.

« Dis moi ce qui ne va pas. », Me supplia-t-il. Je sentis une nouvelle vague de larmes venir.

« Non. Pas maintenant. Plus tard. », Répondis-je d’une voix faible. Je secouai ma main pour me défaire de sa prise et je sortis des toilettes sans un mot, avec Vic sur les talons.

Le cours de musique fut silencieux. Aucun mot ne fut échangé entre Vic et moi. Pourquoi est-ce que je n’avais pas mis fin à tout ça dans les toilettes ? Je rendais les choses pires en ne disant rien. C’était une tortue, une vraie torture qui allait nous blesser tous les deux. C’était tellement stupide ! J’avais passé la nuit à réfléchir à une autre solution que celle-ci, mais je n’en avais pas trouvé. Si je voulais protéger Vic, je devais le faire.

Après les cours, je me rendis à la voiture de Vic, comme d’habitude. Et comme d’habitude on salua Jaime et Tony avant que je ne me place du côté passager et que Mike se mette à l’arrière. Puis on démarra, tandis que Mike discutait tout seul à l’arrière, même si ni Vic ni moi n’écoutions ce qu’il pouvait bien raconter.

« Tu veux que je te dépose chez toi ? », Me demanda Vic doucement, même si Mike était encore en train de parler, non pas qu’il le remarque de toutes manières.

Je secouais la tête lentement avant de relever le regard vers lui. « Je dois te parler de quelque chose. », Soufflai-je. Il avait un regard tellement inquiet… Je détournais le regard, et une fois de plus mes yeux s’emplirent de larmes, mais je ne les laissai pas couler. Bon sang, pourquoi est-ce que j’étais si faible ?

On arriva à la voiture de Vic plus rapidement que je l’aurais voulu. A contre cœur, je sortis de sa voiture. Avec la lenteur d’un zombie, je suivis Mike et Vic dans leur maison. Mike se dirigea tout droit dans la cuisine, tandis que Vic et moi allions dans sa chambre. Une fois arrivé dans cette dernière il ferma la porte et se tourna vers moi.

« Je déteste te voir dans cet état Kellin. Qu’est-ce qui ne va pas ? », M’interrogea-t-il. Mes lèvres tremblotèrent et je savais que je devais déballer mon sac, alors je le fis.

« Je veux qu’on se sépare, qu’on mette fin à notre relation. », Annonçai-je.

Un silence total suivit mon annonce. On se fixa l’un et l’autre pendant un moment, à quelques centimètres l’un de l’autre. Il avait l’air totalement bouleversé.

« Tu veux qu’on se sépare ? », Demanda-t-il, confus.

« Non. Je ne veux pas. Je veux dire… Je ne peux pas m’investir dans une relation amoureuse pour le moment. », Expliquai-je. C’était une excuse pathétique. Il s’approcha de moi, mais je reculai aussitôt, me plaquant contre le mur à côté de son lit.

« Mais tu étais tellement heureux hier. Tu ne penses pas ce que tu dis, hein ? Tu as juste une perte de confiance en toi, une connerie comme ça, c’est ça ? », Questionna-t-il. Son ton était paniqué, et cela ne lui ressemblait pas de se comporter comme ça.

« S’il-te-plaît, ne remet pas en question mes raisons. », Répliquai-je. J’avais préparé tout un discours dans la journée, mais j’avais tout oublié. Je me souvenais juste de certaines parties. « Je suis totalement à la ramasse au niveau scolaire. C’est ma dernière année de lycée, et je devrais vraiment me concentrer là-dessus.

« Alors on va calmer le jeu un peu. On va arrêter de sécher les cours. On a pas à se séparer pour ça. », Proposa-t-il. Il se rapprocha encore de moi et prit mon visage entre ses mains.

« S’il-te-plaît, ne complique pas les choses. », Suppliai-je. Les larmes commencèrent à couler, et il les essuya avec ses pouces.

« S’il-te-plaît, ne pleure pas. On peut arranger tout ça. Est-ce que tu as besoin d’espace ? Parce que je peux te laisser tranquille quelques jours si c’est ce que tu veux. », Suggéra-t-il. Je secouais la tête négativement et laissais échapper un sanglot, avant d’écarter ses mains de moi.

« Non, tu ne comprends pas. », Repris-je. Je détournais le regard, incapable de le regarder dans les yeux. Il ne comprenait pas le message. Il ne voulait aucune de mes excuses, alors il n’y avait qu’une seule chose que je pouvais dire. « Je ne t’apprécie plus, enfin, pas comme je le devrais. »

« Tu ne penses pas ce que tu viens de dire. », Réfuta-t-il rapidement.

« Je le pense. Je suis désolé Vic, je ne voulais pas te blesser. », Murmurai-je. Une fois de plus, il prit mon visage entre ses mains, pour me forcer à le regarder. Il avait l’air tellement peiné.

« Tu ne le penses pas… », Murmura-t-il dans un genre de gémissement, me brisant le cœur pour la centième fois de la journée. Il avait l’air tellement vulnérable. Il porta ses lèvres aux miennes, m’embrassant doucement. Cela serait notre dernier baiser. Cette pensée suffit à me faire fondre en larmes. J’avais essayé de retenir mes larmes auparavant, mais maintenant je les laissais couler librement.

« Arrête. », Criai-je en le repoussant.

« Non, non ce n’est pas ce que tu veux… », Répliqua-t-il agressivement. Il revint vers moi, mais je levais les mains pour l’arrêter.

« Si. On ne peut plus être ensembles. Je suis désolé. » Je n’arrivais plus à parler correctement. Je pris l’initiative de le contourner, mais il m’attrapa par le bras et me plaqua contre le mur avec force.

« Pourquoi est-ce que tu me mens ? » Il était en colère. Je pouvais le voir dans son regard. Un bref instant, la peine remplaça la colère.

« Je… Je ne te mens pas. », Répondis-je.

« Si, tu me mens ! », Cria-t-il. « Dis-moi la vérité ! » Pour être honnête, il commençait à me faire peur.

« Je te dis la vérité ! Je ne t’apprécie plus ! », Criai-je en retour, mais je n’étais pas en colère. Je criais pour qu’il puisse m’entendre malgré mes sanglots. 

« Menteur ! », Hurla-t-il. Dans sa rage soudaine il frappa le mur à côté de ma tête, et je l’entendis se briser. En relevant la tête, je remarquais qu’il y avait laissé un trou.

« Arrête ça Vic, s’il-te-plaît ! Tu me fais peur ! », Répliquai-je à travers mes larmes, et je le repoussais. Je courrais en direction de la porte mais il s’agrippa à mon poignet et me ramena à lui.

« Dis-moi ce qui se passe. Dis-moi la vérité. », Grogna-t-il. Je n’arrivais plus à me contrôler.

« C’est à cause de ça ! Parce que tu es un connard agressif qui n’écoute rien de ce que j’ai à lui dire ! », Criai-je. C’était un mensonge, mais je commençais à être en colère moi aussi. Je secouai mon bras pour me libérer une nouvelle fois pour aller à la porte, mais sa main emprisonnait mon poignet, il me ramena à lui.

« Ne pars pas, s’il-te-plaît. », Me supplia-t-il, me tournant face à lui.

« Laisse-moi partir ! », Paniquai-je. J’entendis vaguement la porte de la chambre s’ouvrir, mais je n’y prêtais pas attention. J’essayai de le repousser, mais il ne bougeait pas d’un pouce. Il ne me faisait pas mal, mais j’avais besoin de partir. Je ne pouvais pas rester là. « Laisse-moi partir ! », Répétai-je, les larmes dévastant mon visage.

« Vic, laisse-le partir ! », Retentit la voix de Mike derrière nous. La seconde d’après, Mike se mettait entre Vic et moi pour nous séparer.

« Sors d’ici Mike ! », Ordonna Vic à son cadet.

« Non ! Qu’est-ce qui se passe ici ? », Demanda-t-il.

Je ne restais pas plus longtemps pour voir ce qui se passait ensuite. Je courus hors de sa chambre, en larmes.

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NB : Chapitre posté en vitesse pour votre plaisir :) Pas relu mais je ne voulais pas vous faire attendre plus longtemps ^3^ Merci pour les commentaires et votes et bon courage pour ceux qui ont leur rentrée sous peu <3 

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