Chapitre six
Il était à peu près neuf heures du soir, ce Lundi, et j’étais installé sur un des bancs du parc, tout seul, en essayant de reprendre une respiration régulière. J’étais rentré après mon heure de colle plus tôt, et j’avais trouvé mon père totalement furieux à la maison. Il m’avait coincé dans un coin de ma chambre, et m’avait dit de retirer mon T-shirt. Je l’avais fait, parce que je ne voulais pas le fâcher encore plus. Ensuite, j’avais senti le fouet violent de sa ceinture dans mon dos, me faisant crier de douleur. Il m’a frappé seulement 6 fois, mais cela faisait terriblement mal. Je ne pensais pas qu’avoir une heure de colle me vaudrait une raclée pareille, mais plus je pensais à cela, plus je réalisais qu’on se rapprochait du 4 février, date anniversaire de mariage de mes parents. C’était pour cela, qu’il était tant en colère, et qu’il se défoulait sur moi. Alors je me suis enfui en courant, jusqu’à que j’arrive à ce parc désert, et depuis j’étais assis là.
J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne vis pas la voiture arrêtée sur la route à côté de moi, jusqu’à que j’entende des voix. Je relevai le regard et vis Craig et Josh sortant de la voiture et se rapprochant du parc. J’étais assis sous un lampadaire, alors ils me virent.
« Et bien et bien, ne serait-ce pas là ma tapette préférée ? », Me lança Craig. Je regardai autours de moi rapidement, espérant qu’il y aurait quelqu’un d’autre dans le parc, mais ce n’était pas le cas, et je fis donc la deuxième chose qui me traversa l’esprit. Je sautai du banc et me mis à courir dans la direction opposée. A l’école, il y avait des restrictions, mais là, dans un parc désert, qui savait ce qu’ils pouvaient bien me faire ?
« Oh, allez Kellin, on veut juste être amis ! », Railla Josh, avec son accent anglais. Bien sûr, comme si j’allais croire ça. Je courrais, mais mon corps me faisait mal après ce que mon père m’avait fait, et il ne fallut pas longtemps avant que je ralentisse pour reprendre ma respiration. Craig et Josh me rattrapèrent rapidement. Ils se placèrent chacun d’un côté de moi, posant leur bras sur mes épaules et me retourner. Ils me poussèrent jusqu’à la rue où leur voiture était.
« Non, laissez-moi tranquille ! », Hurlai-je. Je me baissai pour me glisser hors de leur portée, et me remis à courir, mais Craig m’attrapa avant que je puisse faire un pas de plus. J’allais crier à l’aide, mais Craig plaça sa main sur ma bouche, étouffant mes cris. Lui et Josh s’allièrent pour me tirer jusqu'à leur voiture. L’anxiété grimpait en moi. Je paniquais, et luttais contre eux. Je tentais de mordre la main de Craig, mais sa poigne était trop forte.
Ils rigolaient tous les deux, en me traînant à leur voiture, et ils me poussèrent sur la banquette arrière. Josh grimpa à l’arrière avec moi, pour pouvoir me maintenir, et Craig grimpa à l’avant, puis démarra.
« Où est-ce que vous m’emmenez, putain ? », Criai-je en poussant Josh loin de moi.
« On va juste faire un tour en voiture. C’est ce que font les potes. », Répondit innocemment Craig. Je lui jetai un regard noir dans le rétroviseur.
« Tu as ton téléphone ? », Me demanda Josh.
« Non. » J’avais mentis rapidement, trop rapidement. Josh ne me crut pas. Il attrapa une poignée de mes cheveux, et tira ma tête en arrière, pour me fixer.
« Donne-le moi. », grogna-t-il. Je ne lui répondis pas. Il tira mes cheveux plus fort, avant de me fouiller les poches.
« Fait gaffe, Josh, il aime sûrement être tripoté comme ça ! », Lança Craig.
« Va te faire foutre ! », Lui crachai-je. J’étais peut-être attiré par les mecs, mais il n’avait pas besoin de le savoir, ce connard ! Josh trouva finalement mon téléphone, et me poussa plus loin. Il se glissa à l’avant de la voiture. Une fois qu’il était parti, je tentais d’ouvrir les portières, mais elles ne bougèrent pas d'un pousse. Il devait y avoir un genre de protection pour enfant. Pourtant, j’étais totalement prêt à sauter d’un véhicule en route.
« Okay, vous vous êtes bien amusés avec moi, vous m’avez fait peur. Bien joué, maintenant laissez-moi sortir et on pourra tous en rire à l’école demain. » J’essayais de les raisonner.
« Où est le fun, là-dedans ? », Demanda Craig.
« C’est illégal ! », Soulignai-je. J’essayais de contrôler mes tremblements de peur. Je n’avais aucune idée de ce dont ces deux-là étaient capables. Ils pouvaient me faire n’importe quoi, et il n’y aurait personne se préoccupant assez de moi pour venir me chercher. Ils ne me répondirent pas. Il n’y avait rien d’autre que je puisse faire à part rester assis et attendre de voir ce qu’ils m’avaient préparé. On quitta la ville en suivant une route déserte pendant environ deux heures. Plus on s’éloignait de la civilisation, au milieu de nulle part, plus j'avais peur, si c’était encore possible. Le fait qu’il n’y avait aucune autre voiture sur la route me mettait mal à l’aise. Comment j’allais rentrer chez moi, à supposer qu’ils ne me tuent pas ?
Ils arrêtèrent finalement la voiture. Ils en sortirent, ouvrirent la portière arrière et me tirèrent à l’extérieur. Ils me poussèrent au sol sur le rebord de la route. Je relevai le regard vers eux, depuis le sol, avec un regard noir. Josh sortit mon téléphone de sa poche, pour me le jeter. Il me montra alors qu’il avait la batterie. Il la jeta dans des buissons à quelques mètres de là.
« Bonne chance pour rentrer. », Me lança Craig pendant que les deux rigolaient encore, puis ils se tapèrent dans la main. Ils remontèrent dans la voiture et démarrèrent dans un crissement de pneus, reprenant la route en direction de la ville. Je me relevais du sol, enlevant la saleté de sur mes vêtements. Mon soulagement initial, dû au fait qu’ils étaient partis, disparut dès que je réalisais que j’étais à deux heures de voiture de la maison, avec personne pour venir me chercher. J’étais déjà épuisé, et je ne rentrerais sûrement même pas avant le lendemain matin.
Je poussai un grognement, puis entrepris les recherches dans les buissons où Josh avait jeté ma batterie. Cela me prit presque une demi-heure avant de la trouver, et de rallumer mon téléphone. Je ne savais même pas pourquoi je m’embêtais avec mon téléphone. Les seuls numéros que j’avais dans mon répertoire étaient celui de mon père, mais il ne viendrait pas me chercher, j’avais aussi celui de ma mère mais il n’était plus attribué depuis des mois. Mike m’avait donné son numéro la semaine dernière, mais je n’allais sûrement pas l’appeler. Vic était probablement derrière tout ça, de toutes manières. Non pas que je puisse appeler quiconque de toutes manières, vu que je n’avais pas de réseau.
« Parfait », Marmonnai-je et je rangeai mon téléphone dans ma poche. Je soupirai et commençai mon trajet retour jusqu’en enfer. Je marchais depuis une heure, lorsque je vis la première voiture. Je levais la main pour l’arrêter, mais elle ne le fit pas. J’aurais sûrement du m’en douter. J’avais la pire des poisses.
C’était juste une autre de mes raisons que j’avais de détester la vie. Il y avait tellement d’émotions en moi à cet instant. D’un côté, j’avais envie de m’écrouler au sol et de pleurer toutes les larmes de mon corps puisque les choses n’allaient jamais s’arranger. De l’autre, j’avais envie de crier et de frapper dans quelque chose. Puis, il y avait cette petite part en moi qui avait abandonné, et qui n’en avait plus rien à faire. Pendant mes heures de solitude à marcher jusqu’à la ville, mon esprit était totalement sauvage. Tout ce que j’arrivai à faire, c’était penser à comment, depuis que ma mère était partie, ma vie n’avait fait qu’empirer, en quelques mois. J’avais toujours eu des problèmes à l’école, mais rentrer à la maison pour voir ma mère aimante me permettait de tenir le coup. En plus, j’avais toujours su que je quitterai cette petite ville pour aller à la fac, où je me ferais de nouveaux amis. Mais maintenant, j’étais dans ce nouveau lycée, et j’avais découvert que c’était possible pour des centaines de personnes de me détester sans raisons. Qu’est-ce que ce serait, après mes études, quand j’aurais un travail ? Si cela ne s’arrangeait jamais ? Pourquoi ? Pourquoi ce genre de choses ne faisait que m’arriver ? Putain, c’était si compliqué que ça de rencontrer quelqu’un de gentil ? Tout ce que je voulais, c’était qu’au moins une personne dans ma triste et pathétique vie, se soucie de moi et me fasse sourire, mais j’avais perdu espoir. Une larme s’échappa de mon œil pour tomber sur ma joue.
Je vis finalement une autre voiture se rapprocher de moi, et je relevais la main en l’air, comme un auto-stoppeur l’aurait fait. J’étais fatigué, et tout en moi me faisait mal, tant physiquement que mentalement. Je voulais juste rentrer à la maison rapidement. Lorsque la voiture se rapprocha, je la reconnus et baissai immédiatement la main. Je connaissais cette voiture. C’était celle de Vic. Il arrêta la voiture près de moi, mais je continuai de marcher, accélérant mon rythme.
« Hey ! », M’interpella-t-il. Je me retournai vers lui, mais je ne me mettais pas en colère. J’avais envie de laisser échapper ma rage, mais j’étais tellement fatigué que je n’en avais pas l’énergie.
« Tu es venu pour m’achever, pour eux ? », L’interrogeai-je. Il marcha près de moi, doucement, comme si j’étais un animal blessé ou un truc du genre.
« Non. J’ai… Mike a vu que Craig s'est vanté de ce qu'il t'a fait sur Facebook, et il m’a pratiquement supplié de venir te chercher. », Me répondit-il.
« Où est-ce qu’il est, alors ? »
« Contente-toi de grimper dans la voiture. », Ordonna-t-il sèchement.
« Je préfère encore marcher. », Répondis-je en me retournant.
« Tu sais que tu en as pour encore trois heures, hein ? », M’informa Vic. C’était si long que ça ? J’étais pourtant sûr d’être presque à la maison. Je soupirai, et me tournai une nouvelle fois vers lui, abandonnant.
« D’accord. », Cédai-je.
On marcha tous les deux jusqu’à sa voiture, et je me glissai à la place du passager. Je m’attendais presque à ce qu’il me conduise et m’abandonne de nouveau au milieu de nulle part, mais il ne le fit pas. On rentra en ville, en silence pendant tout le trajet. J’étais silencieux, car je n’avais pas envie qu’il entende à quelle point ma voix tremblait. Je ne voulais pas laisser échapper accidentellement un sanglot. J'appréciais l’obscurité de la voiture, puisque je ne pus retenir quelques larmes.
« Est-ce qu’ils t’ont fait quoi que ce soit ? Je veux dire, autre chose que de t’abandonner là ? », Demanda-t-il finalement. Je ne lui répondis pas.
« Kellin. », Insista-t-il.
« Ne me… parle pas... » Ma voix s’était brisée dans un sanglot sur mon dernier mot.
« Merde. », Soufflai-je, et je cachai mon visage entre mes mains. J’essayai d’arrêter mes larmes, mais une fois qu’elles avaient commencées à couler c’était impossible d’y mettre fin. Au moins, je ne faisais jamais de bruit, quand je pleurais. Je n’allais jamais voir le bout de cette histoire. Demain, Vic irait sûrement à l’école pour tout raconter à tout le monde, mais je m’en foutais. Je ne prévoyais pas d’aller à l’école, demain. Je prévoyais d’aller nulle part, demain.
Lorsqu’on arriva finalement chez moi, je sautai de la voiture sans un mot, et courrai jusque dans la maison. La voiture de mon père n’était pas garée dans l’allée, ce qui voulait dire qu’il était sûrement dans un bar quelque part, et il ne serait pas de retour avant d’avoir assez décuvé pour conduire. Je claquai la porte d’entrée derrière moi, et courus jusqu’au placard à l’alcool. J’en extirpai une bouteille de vodka, et en bus une gorgée. Cela me brula la gorge, et l’arrière-goût était affreux, mais j’en avais besoin. Je n’avais pas à essayer d’arrêter de pleurer, maintenant que j’étais dans l’intimité de ma maison vide. Mais quand est-ce que ça allait s’arrêter ? Je voulais juste que ça s’arrête !
Me déplaçant à la manière d’un zombie, j’atteins ma salle de bain et ouvris l’un des placards. J’avais pris ma décision lorsque j’étais dans la voiture, et j’étais tellement bouleversé que mes pensées n’étaient pas claires. J’attrapai une des boites d’antidouleurs qui appartenaient à ma mère, et en avalai tout le contenu.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top