Chapitre dix-sept

On marcha en direction de chez moi, main dans la main, n’ayant pas à se soucier de l’éventualité que quelqu’un nous voit, parce qu’il faisait déjà assez sombre, et il n’y avait pas d’éclairage dans cette partie du quartier. Nous ne parlions pas vraiment, car il n’y avait pas grand-chose à dire. J’étais encore en train de me remettre de notre séance d’embrassades. J’essayai de calmer mes hormones mais avec Vic jouant avec mes doigts ou s’amusant à me rentrer dedans légèrement, ce n’était pas facile. C’était presque impossible de ne pas être excité dès qu’il était dans les parages. Néanmoins, j’avais réussi à me débarrasser de mes pensées de tout à l’heure, et j’arrivai à apprécier ce retour silencieux jusqu’à chez moi.

Je commençais à penser à ce qui s’était passé quand on était arrivé chez lui cet après-midi ; l’incident de la photo. Il m’avait menti sur le fait de n’avoir qu’un seul ex : il en avait en fait deux, peut-être même plus. Je voulais désespérément connaître l’histoire derrière ces deux-là. Cela devait avoir été assez mauvais si Vic refusait de m’en parler. Je n’étais même pas sûr de vraiment vouloir savoir, pour être honnête. J’avais le pressentiment que cela ne ferait que causer des problèmes, et c’était mieux de vivre dans une innocence heureuse pour le moment. En plus, j’étais tellement content d’être avec lui à cet instant, que je ne voulais pas le mettre en colère une nouvelle fois. Je fus ramené à la réalité par une question posée par Vic.

« Alors, qu’est-ce qui s’est passé avec ta mère ? On est pas obligé d’en parler. Je suis juste curieux. », Demanda-t-il. J’étais peut-être un peu agacé qu’il ne veuille pas s’ouvrir à moi, mais s’attendait à ce que moi, je le fasse, mais je suppose que c’était juste le genre de personne qu’il était. J’étais certain qu’il me parlerait quand il serait prêt.

« Non, c’est bon, hm… Mon père avait l’habitude de la frapper, encore plus qu’il ne me le fait à moi. Alors un jour, il y a deux mois environ, j’ai préparé ses valises et l’ai supplié de partir, et elle l’a fait. Je n’ai plus entendu parler d’elle depuis. », Expliquai-je. C’était la première fois que je racontais vraiment tout à quelqu’un. Les gamins du Michigan s’en fichaient, tout comme le reste des gens là-bas.

« Ca a dut être vraiment difficile, pour toi. », Dit Vic. Je me contentai de hausser les épaules, ne souhaitant plus parler de ça.

« Et toi, ta famille ? Quelle est leur histoire ? », Le questionnai-je, pour recentrer la conversation sur autre chose que moi. Je regardai Vic, à la lueur de la lune, pour voir qu’il regardait devant lui.

« Il n’y a pas d’histoire. Nous sommes juste une famille normale et dans la moyenne. », Répondit-il. Il s’arrêta et se plaça devant moi, me faisant m’arrêter moi aussi. Il prit mes deux mains, entrelaçant ses doigts aux miens. Nous étions en face de chez moi, à présent. Il n’y avait pas de lumières allumées, mais la voiture de mon père était garée dans l’allée, alors je savais qu’il était là.

« Et nous arrivons au moment de la journée que j’aime le moins : celui de te dire au revoir. », Annonça-t-il. Je fis tout pour éviter de rougir ou laisser échapper un gloussement efféminé. Il était tellement doué pour les mots doux. Je détestais cela parfois, mais cela me faisait toujours me sentir bien, peu importait à quel point c’était nul.

« Arrête ça », Lui ordonnai-je avec un sourire que je n’étais pas parvenu à retenir.

« Tu devrais vraiment sourire plus souvent. », M’indiqua Vic, me rendant mon sourire.

« Pourquoi ? »

« Parce que t’as tout le temps l’air déprimé. J’aime bien quand tu es heureux. », Me murmura-t-il. Cela me fit sourire encore plus, et je détournais le regard de lui en rougissant. Je n’avais pas réalisé que j’avais l’air déprimé tout le temps, mais le fait qu’il aime me voir heureux me faisait sentir… Je sais pas, spécial ? Personne d’autre dans ma vie ne voulait me voir heureux, mais lui il le voulait. En plus, ça écrasait toutes mes anciennes pensées, quand je croyais qu’il aimait me faire sentir malheureux.

« Je dois partir, maintenant. », Annonçai-je tristement. Je savais qu’il était juste un peu plus de huit heures, et si j’étais en retard, je le paierais. Vic porta sur moi un regard soucieux.

« Je suis toujours inquiet, quand j’ai à te quitter. », Soupira-t-il. Je lui adressais un petit sourire, qui n’était pas en accord avec mon regard.

« C’est bon. Ca va aller. Je n’ai rien fait de mal dernièrement, alors il n’a aucune raison de me faire quelque chose. En plus, je te l’ai dit, il n’est pas si violent. Il est juste un peu autoritaire de temps en temps. », Répondis-je, même si c’était un mensonge. Il savait que cette dernière partie était un mensonge. Il avait vu mes hématomes après l’une des attaques les plus violentes de mon père, mais je ne voulais pas en faire trop, et je pense que Vic le savait.

« Ce n’est pas la seule raison pour laquelle je suis inquiet. », Ajouta-t-il doucement.

« Qu’est-ce qu’il y a d’autre, qui ne va pas ? », Demandai-je.

Il me regarda un instant, avant de m’attirer contre lui pour un câlin. « C’est rien. », Me répondit-il en me serrant plus fort. Je plaçai mes bras autours de lui, appréciant le sentiment de sécurité que cela m’apportait. Je n’arrivais pas à croire qu’il y avait encore deux semaines, je croyais que Vic était la pire personne au monde, et maintenant je me sentais en sécurité dans ses bras. Peut-être que je faisais confiance en les gens trop rapidement ? En tout cas, c’était un sentiment agréable, alors j’ignorais mes pensées négatives.

« Contente toi d’éviter les ennuis, et appelle moi s’il t’arrive quelque chose. », M’ordonna-t-il. Son étreinte ne faiblit pas, donc je ne pensais pas qu’il allait me laisser partir de sitôt. Je hochai simplement la tête, avant de l'enfouir dans le creux de son cou. Il n’avait aucune idée de combien de temps j’avais attendu pour avoir quelqu’un qui prenne soin de moi comme ça. J’espérais simplement ne pas être trop naïf, comme d’habitude. Je pensais qu’il était sincère, mais je ne le connaissais pas vraiment, n’est-ce pas ? Mais quand même, j’avais l’impression que si. S’il continuait de dévoiler son côté doux, cela n’allait pas prendre de temps avant que je ne commence à en pincer sérieusement pour lui, non pas que je sache ce que cela faisait, d’en pincer pour quelqu’un.

Finalement, on se détacha l’un de l’autre, en restant tout de même proches. Il prit mon visage entre ses mains et m’embrassa, unissant nos lèvres dans un doux baiser innocent. « Fait attention. », Murmura-t-il entre mes lèvres, m’embrassant une dernière fois avant de s’écarter.

« On se voit Lundi. », Lui lançai-je. Il hocha simplement la tête et m’envoya un baiser avant de tourner et s’éloigner. Bon sang, il pouvait être sacrément doux et attentionné quand il voulait. Je n’avais aucune idée de ce qui avait provoqué tout ça, cependant.

Je me dirigeai vers ma maison infernale, pensant toujours à Vic. J’étais resté dans ma propre bulle avec Vic toute cette après-midi, et je n’avais pas réalisé où est-ce que je retournais jusqu’à que j’entende des gémissements venir de l’intérieur de la maison. Les bruits d’autres personnes me rappelait que Vic et moi n’étions pas les deux seules personnes au monde, peu importait à quel point je le voulais.

Je traversai le couloir pour aller à ma chambre, passant par le salon, et ce que j’y vis me donna envie de m’arracher les yeux. Mon père était avec une femme que je n’avais jamais vu avant. Et quand je disais « avec elle », je ne voulais pas dire qu’ils étaient en train de parler tranquillement, ni qu’ils s’embrassaient, et bon sang, je ne pouvais même pas dire qu’ils en étaient encore aux préliminaires. Non, je veux dire qu’ils étaient sur le canapé, totalement nu, et la femme le chevauchait comme jamais. La femme cria quand elle me vit, mais ne prit pas la peine de se couvrir.

« Bon sang, Kellin ! », Cria mon père quand il se tourna et me vit.

« Désolé, je m’en vais. », Dis-je rapidement. Je courus le long du couloir jusqu’à ma chambre, fermant la porte derrière moi. J’avais envie de vomir. Ce n’était pas ce que je venais de voir qui me rendait malade, même si c’était franchement dégoûtant, non, c’était le fait qu’il soit avec une femme, une femme qui ne soit pas ma mère. Je savais qu’il n’y avait aucune chance que mes parents se remettent ensembles, mais je n’aurais jamais pensé qu’il passe à autre chose un jour. Pourquoi ne le ferait-il pas, après tout ?

Je m’assis sur mon lit et prit mon iPod sur ma table de chevet. Je glissai mes écouteurs dans mes oreilles et mis la musique à fond, même si je pouvais encore entendre les cris et les gémissements venant de l’autre côté de la porte. Berk berk berk, juste berk. Je considérais brièvement l’idée d’envoyer un texto à Vic pour lui dire de venir me chercher, mais je n’avais pas envie de paraître trop dépendant. Quelques minutes plus tard, la porte de ma chambre s’ouvrit sur mon père, qui portait à mon grand soulagement un pantalon. Je ne le regardai pas, cependant. Je n’y arrivais pas, après ça. Je ne pouvais pas croire que ce porc avait continué comme si je n’étais pas là. J’éteignis mon iPod et attendis la punition qu’il avait dû me préparer, mais elle ne vint pas.

« C’était Joanne. Ne sois pas à la maison Vendredi prochain, ni le Samedi matin. », Ordonna-t-il.

« Mais où est-ce que je pourrais aller ? », Questionnai-je, le regardant. Il haussa les épaules avec un air indifférent, et sortit de ma chambre en claquant la porte derrière lui. Quel connard.

/ ! \ Point de vue Vic (jusqu'à la fin du chapitre) / ! \ : 

C’était difficile de se séparer de Kellin, sachant qu’il serait dans cette maison avec son père pendant tout le week-end. Kellin avait essayé de s’en tirer en me racontant que son père n’était pas si violent que ça, mais je pensais différemment. Cependant, je ne pouvais pas faire grand-chose à ce propos pour le moment, parce que Kellin semblait catégorique sur le fait que ce n’était pas si grave. Mais à la seconde où je verrais un autre bleu sur la peau pâle et parfaite de ce garçon, alors son père le paierait. C’était déjà assez difficile de voir ses bleus légèrement effacés aujourd’hui et de ne pas aller me la jouer Chuck Norris contre son père. Pour le moment, je devais me contenter d’oublier tout ça. Son père n’était même pas le gros problème. Je détestais m’éloigner de Kellin car je savais à quel point il était fragile, et franchement, il l’avait probablement toujours été. Il abordait un visage courageux de temps en temps, mais qu’arriverait-il s’il se faisait de nouveau du mal ?

Alors que je marchai jusqu’à chez moi, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à quel point l’attitude de Kellin semblait changer au fil des jours. Il était si méfiant avec moi avant, mais rien que ce soir il avait juste l’air d’un gamin craquant sur moi, et c’était franchement adorable. J’espérais qu’il n’était pas trop accroché à moi, cependant, parce que je finirais sûrement par lui faire du mal, comme je l’avais fait à d’autres personnes par le passé. C’était ce que je faisais le mieux : je faisais du mal aux gens, que je le veuille ou non. Une part de moi pensait que je devrais arrêter de jouer avec lui, mais une autre part ne voulait pas le laisser partir aussi facilement. Parfois, je devais me rappeler qu’il était plus jeune que moi, et beaucoup plus innocent. J’étais son premier petit-ami, et cela devenait vraiment difficile de ne pas le corrompre.

Il ne savait pas quelle personne horrible j’étais en réalité. Il ne savait pas les choses que j’avais faites, les personnes que j’avais blessées. Il pensait savoir, mais ce n’était pas le cas. Mais pour le moment, il était ce garçon avec un regard plein d’étoiles, qui me regardait comme une vraie personne, et pas comme quelqu’un dont on devait avoir peur. Cependant, s’il découvrait ce que j’avais fait, il prendrait ses jambes à son cou.

Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche, et je l’en sortis rapidement, pensant que ça pouvait être Kellin qui avait besoin d’aide, mais ce n’était pas le cas, c’était un sms de Beau. Je laissai échapper un soupir de soulagement parce que ce n’était pas Kellin, puis je souris parce que c’était Beau. J’ouvris le message, et le lis.

‘Je suis chez toi. J’ai besoin de toi.’

Le message suffit à me pousser à courir, alors que je me rapprochai de chez moi. Quand j’arrivai là, la voiture de Beau était garée à l’extérieur, mais il n’y avait aucune trace de lui, alors je devinais de Mike ou mes parents l’avaient laissé entrer, ce qui voulait dire qu’il était probablement écroulé sur mon lit, faisant comme chez lui comme d’habitude.

J’ouvris la porte d’entrée, et grimpai dans les escaliers. Avant que je n’ai le temps d’ouvrir la porte de ma chambre, la voix de Mike dans le couloir m’arrêta.

« Tu sais que Kellin va finir par le découvrir, hein ? », Demanda-t-il.

Je me retournais vers lui pour le regarder vers mon expression vide d’émotion que j’avais appris à maîtriser au fil des années.

« Non, il ne le découvrira pas. », Répliquai-je sur un ton ferme, qui indiquait la fin de cette conversation. 

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NB : Voilà, on a enfin le droit à un pdv de Vic au bout de 17 chapitres x) Bref, merci encore pour les votes et commentaires ! :)

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