Chapitre dix

Je retournais totalement ma chambre pour la dixième fois de la semaine. Je n’arrivais pas à retrouver mon carnet de note avec mes paroles, et cela commençait à me rendre dingue. Je m’en fichais de perdre mes paroles, mais je ne voulais pas que le carnet se retrouve entre les mains de quelqu'un. N’importe qui qui le lirait découvrirait tout de mes pensées personnelles. C’était comme si quelqu’un lisait votre journal intime. Heureusement, mon prénom n’était pas inscrit dessus, donc ils ne sauraient pas qu’il est le mien, à moins qu’ils ne l’aient pris dans mon casier. Je ne savais même pas si je l’avais perdu à l’école ou à la maison. Je me souvenais l’avoir Lundi, mais des tas de choses s’étaient passé ce jour-là, donc c’était totalement flou. Maintenant, nous étions samedi soir, et il n’y avait toujours aucune trace de mon carnet. Ce soir, Vic faisait sa soirée, et j’étais en train d’essayer de m’occuper pour ne pas être tenté d’y aller. La seule raison pour laquelle je voulais m’y rendre, c’était pour voir si Vic était sérieux à propos de ses remarques suggestives lors du cours de musique, mercredi.

J’avais ce sentiment étrange dans l’estomac, le même que j’avais à chaque fois que je pensais à un certain garçon mexicain. Je m’affalai sur mon lit, fixant le plafond comme je le faisais toujours quand je réfléchissais. Pourquoi est-ce qu’il m’avait embrassé puis dit toutes ces choses Mercredi ? Le reste de la semaine, il ne m’avait pas parlé. Il ne m’avait même pas regardé ! J’aurais dû m’en satisfaire, pourtant, puisque c’était ce que j’avais désiré depuis mon premier jour d’école. Pourtant, le Jeudi et le Vendredi, je m’étais surpris en train de lui jeter des regards pendant les repas et pendant les cours de musique. Je pense que Mike m’avait remarqué lui aussi. Il avait pris l’habitude de s’asseoir avec moi pendant le déjeuner, et même s’il m’avait proposé de venir manger avec lui, Vic, et les autres, j’avais refusé. C’était agréable, d’avoir quelqu’un à qui parler pendant le repas, mais il avait remarqué que je fixais Vic, et me taquinait à ce propos, de la manière dont les amis se taquinaient à propos de n’importe quoi, et il n’était pas sérieux. Il plaisantait en affirmant que je craquais sur Vic, ce qui était bien sûr ridicule. Il était toujours un crétin ! Bien sûr, il ne me faisait plus rien à présent, mais je continuais de le voir tourmenter d’autres élèves, lorsqu’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Vendredi, je l’avais vu forcer deux élèves de secondes à rentrer dans le casier étroit, ensembles. J’avais vite compris que c’était la spécialité de Vic, bien que très cliché.

Mon téléphone se mit à vibrer sur ma table de chevet. Je me penchais pour l’attraper et regarder l’écran. Cela ne pouvait être qu’une personne. Je venais de recevoir un sms de Mike. Je grognai, devinant aussitôt ce que serait le sujet de ce message. Ces derniers jours, il n’avait fait que me harceler pour que je vienne à sa fichue fête. J’ouvris le sms.

'Viens, maintenant. Je t’ai gardé une bière… ou 5 ;)’ – Mike.

Je grognai une nouvelle fois, jetant mon téléphone à côté de moi, sur le lit. Je n’avais jamais été à une fête de lycéen auparavant. L’idée de se bourrer la gueule était tentante. L’idée que quelque chose pourrait mal tourner ne l’était pas. J’étais peut-être paranoïaque, mais il y avait toujours de mauvaises choses qui m’arrivaient. Mais encore une fois, je pourrais quand même m’amuser... Ugh, pourquoi est-ce que c’était si compliqué ?

« Dieu, fait moi signe. », Demandai-je au plafond. Je jetai un coup d’œil dans ma chambre. Rien ne se produisit. « Satan alors ? »

A ce moment, ma porte s’ouvrit. Dans mon esprit un peu perturbé, je m’attendais presque à ce que Satan passe ma porte en tenant un panneau lumineux indiquant la maison de Vic, mais à la place, je vis mon père. C’était presque la même chose.

« Je veux que tu sortes de là, pour ce soir. Y a un match de football, et j’ai invité des amis. », Annonça-t-il. « Et ce n’est pas une demande, c’est un ordre. », Ajouta-t-il. Il claqua ma porte derrière lui, me laissant seul.

Je jetai un regard autours, prudemment. La coïncidence de mon père entrant dans ma chambre à ce moment était super bizarre.

« C’était flippant. Ne fais plus jamais ça. », Dis-je à la divinité, quelque qu’elle soit, qui m’écoutait.

Je soupirai, et sautai de mon lit. Je suppose que je n’avais plus qu’à me rendre à cette fête. J’étais quand même assez content de cette décision, bien qu’un peu anxieux. Je m’approchai de mon armoire, fixant la pile de vêtements et me demandant ce que je devrais porter. Un jean ? Oui. Bleu ? Noir ? Une couleur au hasard ? Et quoi comme haut ? Col roulé ? Chemise ? Quelle couleur ? Et les chaussures ? Mes Toms. Je continuais de chercher à travers mes vêtements ce qui m’irait bien. Je ne faisais jamais attention à être présentable avant, et maintenant je le faisais, soudainement. Qu’est-ce que les gens portaient à une soirée de lycéens ?

« Oh, puis qu’est-ce qu’on s’en fiche ! », Marmonnai-je à moi-même, rigolant presque à ma propre stupidité. J’optai finalement pour mon slim noir et une chemise rouge sombre à manches courtes. J'enfilai mon sweat zippé noir par-dessus le tout, ne le fermant pas. J’enfilai mes Toms et quelques secondes plus tard, j’avais passé la porte d’entrée, et je me dirigeais vers la maison de Vic. Il faisait assez froid cette nuit-là, et j’étais content d’avoir pris mon sweat.

Chaque pas en direction de la maison de Vic me rendait toujours plus nerveux. Je ne savais même pas comment me comporter, à ce genre d’évènements. J’avais vu beaucoup de soirées comme ça dans les films : il y avait de l’alcool, de la drogue, et du sexe, et je ne voulais avoir à faire à aucun de ceux-là ce soir, à part l’alcool. Je finirais sûrement par me tenir dans un coin pendant que Vic fera l’imbécile avec ses amis, ou alors je suivrais Mike de partout.

J’arrivai finalement à la maison des Fuentes. Je pouvais entendre la musique depuis le bout de la rue. C’était un miracle que personne n’ait appelé la police pour faire taire la fête. En regardant la maison, je vis de la lumière venant de l’intérieur, et quelques personnes étaient devant la maison, soit en train de s’embrasser ou s’écrouler par terre. Quelques personnes bourrées essayaient de rejoindre leurs voitures, tandis que leurs amis étaient en train de les arrêter. C’était peut-être une mauvaise idée, finalement. Je me retournai, et recommençais à marcher.

« Yo, Kellin ! Où est-ce que tu vas ? » La voix familière de Mike venait de depuis le devant de la maison. Je me retournai, pour le voir courir vers moi.

« Oh, j’étais juste… euh… Tu vois… »

« En train de te barrer ? », Demanda-t-il avec un sourire complice.

« Ouais. », Soupirai-je, vaincu. Il rigola, et secoua la tête, avant de tirer une latte sur une cigarette que je n’avais pas remarqué jusqu’à maintenant. J’aurais dû m’en douter, qu’il fumait. Je tentai de cacher mon dégoût pour cela.

« Tu ne vas pas t’en tirer aussi facilement. Allez. », Dit-il en indiquant la maison d’un signe de tête.

Je me sentais mieux à l’idée de rentrer dans la maison cette fois, en sachant que j’avais quelqu’un avec moi et que je n’étais juste pas en train de me promener tout seul. Je suivis Mike dans la maison bruyante, qui fourmillait de gens. On passa devant l’escalier, pour arriver au salon. Les meubles avaient été poussés sur les côtés, et des gens étaient installés dessus, se tripotant, bien évidemment. Quelques personnes dansaient, se frottant les unes aux autres sur du hip-hop, sous une lumière clignotant rapidement. Ouais, je n’allais certainement rien faire de tout ça.

En me retournant vers Mike, je vis qu’il était avec une fille. Il lui parlait, la draguant ouvertement. Je ne voulais pas l’interrompre, alors je continuai de marcher, sortant du salon pour me retrouver au milieu de… Et bien, je ne sais même pas exactement quoi. J’étais dans la cuisine, et c’était beaucoup plus silencieux qu’à l’extérieur. Vic et Tony étaient placé à un côté du comptoir au milieu de la pièce, et il y avait deux autres garçons à l’autre bout. Il y avait un sac de pilules blanches au milieu du comptoir. Ils relevèrent tous le regard vers moi. Génial, maintenant j’étais impliqué dans un trafic de drogue !

« Dé…Désolé. Je vais juste aller, euh... Ailleurs. », Annonçai-je en me retournant.

« Non, attend. »  La voix exigeante de Vic m’arrêta dans mon élan. « Reste. On en a fini, ici. »

Je me retournai, m’adossai au mur et les regardai de nouveau. Vic jetait des regards sombres aux deux autres garçons.

« Si je revois l’un de vous à une de mes fêtes, alors vous savez ce qui vous arrivera… », Les menaça Vic. Et moi j’étais là, pensant que je l’avais déjà vu à son maximum au niveau de l’intimidation, mais la manière dont il venait de parler à ces deux types était la plus terrifiante que j’ai jamais vu.

« Tony, débarrasse-toi d’eux. », Ajouta Vic. Tony fit ce qui lui était demandé, et quelques secondes plus tard, ils étaient tous les trois partis, me laissant seul avec Vic. Son comportement intimidant avait disparu, et il me regardais avec un petit sourire.

« Alors tu as décidé de venir. », Fit-il remarquer.

« Mon père m’a demandé de partir de chez moi, alors je l’ai fait. », Expliquai-je avec un haussement d’épaules. Je le contournai, et attrapai le sachet de drogue.

« De la drogue, hein ? Sympa. », Dis-je avec sarcasme. Je n’avais pas pu m’empêcher d’avoir un ton de jugement. Vic m’adressa un sourire narquois, et me prit le sachet des mains. Il se tourna vers l’évier, et y vida le contenu. Je le regardai, confus.

 « Oh, Kellin, tu t’imagines toujours le pire, venant de moi. » Il se retourna lorsqu’il eut fini. « C’était de la drogue du violeur. Tony a vu ces types essayer d’en refiler à une fille. Je ne vais pas tolérer ça à ma fête. »

« Oh. » C’était tout ce que je trouvais à dire. Je me sentais stupide, à présent. 

« Tu veux quelque chose à boire ? », Demanda-t-il. Je jetai un coup d’œil au reste de la cuisine. Il y avait des bouteilles de toutes les sortes d’alcool auquel on pouvait penser.

« Hum, bien sûr. », Lui répondis-je en m’appuyant contre le comptoir, essayant de paraître décontracté, même si être dans une pièce, seul avec Vic, me rendait nerveux. Il me sourit, avant de se tourner vers le plan de travail, attrapant deux gobelets en plastique, et les remplissant avec le contenu d’un bol de ponch. Il revint vers moi pour m’en tendre un.

« C’est un mélange de Vodka, Malibu et jus de fruit. Ma spécialité. », Annonça-t-il.

« Merci. », Lui dis-je avant d’en goûter une gorgée. C’était vraiment bon. Je ne sentais pas vraiment le goût de l’alcool, mais à l’odeur, je savais qu’il y en avait.

« Alors, euh... Pour quelle occasion est cette fête ? » J’essayai de faire la conversation.

« Demain, c’est le 10 février, mon 18ème anniversaire. », Répondit-il.

« Oh, joyeux anniversaire alors. », Lui souhaitai-je maladroitement, avant de prendre une grosse gorgée de ma boisson.

« Tu es pas mal, ce soir. » Il changea de sujet. Je manquai de m’étouffer avec la boisson. Je ne lui répondis pas, et il me regarda avec un sourire satisfait. Il avait un regard séducteur, alors que moi en retour, je me tenais juste là nerveusement, rougissant. Il se plaça en face de moi, plaçant sa main libre sur le comptoir, près de ma hanche. Son corps était tellement proche du mien que je dû détourner le regard. Je fixai la porte, me demandant ce qui se passerait si quelqu’un entrait et nous voyait nous tenant si proches l’un de l’autre. Ma tête me criait de pousser ce connard loin de moi, mais mon corps ne bougeait pas. Pourquoi est-ce que personne ne venait nous interrompre ?  La cuisine était un terrain interdit ou quoi ?

« Je vois que ta lèvre a cicatrisé. » Il attira de nouveau mon attention. Je retins ma respiration, en attendant ce qui allait se passer, quelque ce soit. Un sourire se dessina sur le coin de ses lèvres, et il se rapprocha. A l’aide ! Satan, aide-moi encore une fois, mon pote !

La musique se fit soudain plus forte, indiquant que quelqu’un venait d’ouvrir la porte de la cuisine. Vic soupira, frustré, et regarda vers la porte. Il ne s’éloigna pourtant pas de moi.

« Ca a intérêt à être important. », Dit-il à la personne qui venait d’entrer. Je repris ma respiration, et me retournai, pour voir Jaime.

« Beau est là. », Annonça Jaime, ne remarquant apparemment pas qu’il nous avait interrompus. Je reportai mon regard sur Vic. Son regard agacé et frustré avait disparu et avait été remplacé par un sourire. Son visage c’était pratiquement illuminé à la mention du prénom de ce Beau. Vic s’éloigna de moi d’un pas, et Jaime s’en alla.

« J’ai des trucs à faire. Hm, va boire un peu, mêle toi aux autres, peu importe. » Il me dit ces choses rapidement, avant de quitter la pièce en courant. Okay, si je n’étais pas déjà confus auparavant, maintenant je l’étais totalement. Tout d’abord, c’était quoi ce bordel avec mes sollicitations du diable ? Ces coïncidences commençaient à devenir flippantes. Ensuite, Vic, ce crétin, m’avait presque embrassé une nouvelle fois, puis s’était cassé. Pourquoi est-ce que je le laissais me faire cet effet ? Je le détestais tellement, pourtant, à chaque fois que je me retrouvais seul avec lui, c’était comme si mon cerveau ne fonctionnait plus et je devenais une personne totalement différente. 

Je sortis de la cuisine pour revenir au salon. Je cherchais Mike du regard dans la pièce, et je vis qu’il avait migré à l’autre bout de la pièce, sur un sofa avec une fille installée sur lui. En regardant à travers la salle une nouvelle fois, je finis par jeter un coup d’œil vers le hall, où se trouvaient les escaliers. Je vis Vic passer avec un type. La curiosité me gagna, et je me frayai un chemin parmi la masse de personnes, pour arriver dans le hall. Je regardai les deux garçons grimper les escaliers en courant et aller s’enfermer directement dans la chambre de Vic. C’était quoi, ce sentiment bizarre qui s’emparait de moi, à l’instant ? Celui qui me faisait me sentir vide, et où mon cœur se serrait. Ah oui. C’était de la jalousie.

« Vie de merde. », Marmonnai-je. Je m’étais mis à craquer pour ce crétin, et maintenant il était là-haut, faisant possiblement en train de faire ce qu’il s’apprêtait à me faire à moi, quelques instants auparavant. Je suppose que c’était mieux ainsi, de toutes manières. Il n’était pas bon pour moi, puis, je ne l’appréciais même pas ! Il avait juste eu son instant de séduction, et avait été gentil avec moi une seconde, et c’était tout. En dehors de ça, je détestais profondément sa personne.

Je restai là où j’étais, au pied des escaliers. Ce n’était pas parce que j’attendais que Vic sorte, ce n’était pas ce que j’étais en train de faire. C’était juste que je n’avais pas envie de bouger. Mais quelques minutes plus tard, Vic et l’autre garçon émergèrent de sa chambre. Je m’empressai de retourner au salon, terminant cul sec le reste de ma boisson, avant de retrouver mon chemin jusqu’à la cuisine. Je me resservis un verre, que j’avalais dans la minute, avant d’en reprendre un nouveau et quitter la cuisine. Je me dirigeai vers la salle à manger, ou j’avais diné avec es Fuentes la semaine dernière. Les personnes ici jouaient au beer-pong. Et par ‘les personnes’, je voulais dire Craig. Il était en train de défier une fille, dont le prénom était, je crois, Jenna. Elle était dans notre classe et je l’avais déjà vu traîner avec Vic, Jaime et Tony pendant les repas. Elle ne se débrouillait pas très bien dans la partie, puisqu’après avoir pris une gorgée dans le gobelet qu’elle venait de perdre, elle se mit à courir à travers la pièce en annonçant qu’elle allait vomir. Craig tapa dans la main de ses potes, dont Josh. A en croire leurs commentaires, Craig était le grand champion du jeu. Je n’avais jamais joué au  beer-pong lors d’une fête auparavant, mais avant que ma mère ne disparaisse, mon père et moi y jouions ensembles presque tous les week-ends, et détestant la bière, j’avais appris à très bien jouer, pour éviter de boire.

« Tiens donc, regardez qui le bon vent nous ramène. », Dit Craig lorsqu’il me remarqua. J’allais m’éloigner, mais il m’en empêcha.

« T’as envie de te faire une partie ? », Demanda Josh. « Je suis sûre que ça ferait plaisir à Craig, de gagner facilement. »

« Je sais pas Josh. Je pense que ce serait trop facile. J’ai envie de jouer contre quelqu’un qui m’apporte un vrai challenge. Pas cet imbécile. », Répliqua Craig. Je me retournai vers lui. C’était sûrement l’alcool qui me donnait autant de confiance en moi, mais je me rapprochai d’eux et posai ma boisson sur le rebord de la table.

« C’est parti. », Annonçai-je. Craig et les autres me rirent au nez.

« D’accord, ça devrait être rapide. Allez, je vais même te laisser commencer. » Il me lança la balle de ping-pong, et je l’attrapai. Je jetai un coup d’œil à la table. Il avait six gobelets en face de lui, en formation pyramide. Tous étaient remplis de bière. Le but était de faire atterrir la balle dans l’un de ses verres, pour qu’il doive boire ce dernier. Celui qui n’avait plus de boisson en premier perdait.

Je fis rebondir la balle sur la table, et elle alla directement dans son premier gobelet.

« Hm, la chance du débutant. », Affirma Craig, puis il but son premier verre. J’avais envie de le ridiculiser, mais plus particulièrement, je voulais juste le battre pour pouvoir virer ce sourire suffisant de son visage. C’était son tour à présent. Il lança la balle, et rata mes gobelets.

« Pas de bol. », Le taquinai-je. Je lançai la balle, et la fit atterrir sans effort dans un de ses verres. Il avait l’air choqué, mais but la boisson quand même. J’avais probablement un avantage sur lui, cependant. Je pouvais voir qu’il était déjà saoul. Moi, de mon côté, je ne l’étais pas, mais il n’avait pas besoin de le savoir. C’était son tour, mais cette fois il eut un de mes verres. Je bus la bière au goût affreux rapidement.

« Qui est-ce qui gagne ? » La voix de Vic venait de ma gauche. Il se tenait là, sans le mystérieux garçon.

« C’est pas tes affaires. », Répliquai-je sans réfléchir. Les autres me regardèrent, choqués. J’ignorai les regards et pris la balle, l’envoyant directement dans l’une des bières de Craig. Je regardai Vic, qui avait l’air impressionné, non pas par mes capacités, mais plutôt par le fait que je me joignais aux autres. J’étais moi-même surpris par ça. Je croyais que je passerais la soirée adossé à un mur en regrettant d’être là, mais ce n’était pas le cas.

« Je vous laisse continuer alors. », Lança Vic avant de quitter la pièce. 

Je continuai de jouer la partie avec Craig, ralentissant un peu lorsque le goût de la bière devenait trop insupportable, et que cela nous prenait plus de temps pour boire tout le gobelet. Finalement, on arriva au point où il me restait deux verres, et un seul à Craig, et c’était mon tour. Je jetai la balle, qui rebondit sur la table pour atterrir dans son gobelet. Cette fois, c’était à moi d’aborder un sourire suffisant. Je venais juste de le ridiculiser devant ses amis, et ça faisait du bien.

Je quittai la pièce avant qu’il n’ait le temps de demander sa revanche. Je retournai là où tout le monde dansais, et repris mon poste d’exclu. Je restais ainsi pendant un moment, ayant un peu peur de marcher. Jusqu’à présent, j’avais déjà bu quatre bières, et trois verres de la ‘spécialité’ de Vic. Comme d’habitude, mes yeux finirent par tomber sur Vic. Il était assis sur l’accoudoir d’un canapé, et discutait avec quelqu’un. Il releva le regard vers moi, et je levai les yeux au ciel. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais envie de lui faire savoir qu’il m’agaçait, à me faire sentir tout bizarre. Ou peut-être que c’était l’alcool, qui me faisait me sentir bizarre, je savais pas. Je décidai que le mieux, c’était d’aller prendre l’air. Je me poussai du mur, rentrant accidentellement dans quelqu’un, puis me dirigeai vers la salle à manger où les gens jouaient encore au beer-pong, et j’arrivai dehors, dans la nuit froide. Il y avait quelques autres personnes ici, soit couchés et dans les vapes tous seuls, soit avec un partenaire, en faisant des trucs.

Je pouvais sentir les effets de l’alcool à travers mon corps, mais ma tête pensait encore correctement. Il était environ 23 heures, ce qui voulait dire que les amis de mon père seraient sûrement déjà partis. Je ne savais même pas comment il s’était fait des amis si rapidement. Il les avait probablement rencontrés dans un bar.

« Hey, beauté. » Une voix suave et douce était venue me murmurer dans l’oreille, me faisant sursauter. Je me retournai rapidement et fit un pas en arrière, en trébuchant presque sur mon propre pied.

« Bois un peu d’eau. », Me conseilla Vic, me tendant une bouteille d’eau.

« Toi, bois de l’eau. », Répliquai-je, me montrant têtu.

« Okay, je note : Kellin est un peu fougueux, quand il est saoul. »

« Je ne suis pas saoul, c’est toi qui l’es. », Lui lançai-je, comme un enfant, lui tournant le dos.

« Peut-être bien, mais j’y suis habitué. Je sais tenir l’alcool. Tu vas tomber malade, si tu ne t’hydrates pas. », Dit-il en me tendant de nouveau la bouteille. Je la pris cette fois-ci, parce que soyons honnêtes : j’en avais besoin.

« Pourquoi est-ce que tu te soucies de si je tombe malade ou non ? Et pourquoi tu m’as appelé ‘beauté’ ? Ne fais plus ça, plus jamais.  » Lui ordonnai-je dans un murmure agacé, après avoir bu à la bouteille. Je lui jetai la bouteille lorsque j’estimais avoir assez bu. Il la plaça au sol, même si je savais qu’il voulait que j’en boive plus.

« Pourquoi pas ? C’est la vérité. », Dit-il avec un clin d’œil.

« Et ne fais pas ça. », Ajoutai-je, frustré.

« Faire quoi ? » Demanda-t-il, en me regardant de la même manière que tout à l’heure, quand il était sur le point de m’embrasser. Il ne pouvait pas m’embrasser, cependant. Il y avait d’autres gens autours.

« Ca. Ne fais pas ça. Arrête de me regarder comme ça, en disant toutes ces choses, okay ? Je te déteste et je… Ugh. Tu es juste tellement agaçant. » Mes mots ne semblaient pas avoir d’effet sur lui.

« Viens avec moi. », Me dit-il avant de s’éloigner de moi. Il se tourna et marcha vers le côté de la maison. Ma tête me disait de rester là où j’étais, dehors avec les autres idiots bourrés, mais une fois de plus mon corps me trahit, et je me retrouvais à marcher dans sa direction. Il faisait plus sombre là où nous étions, mais je pouvais encore le voir. Il n’y avait personne de ce côté de la maison, ce que je trouvais bizarre puisque c’était l’endroit parfait pour se câliner, et je découvrirai plus tard que c’était la raison exact pour laquelle m’avait emmené ici. Je me tendais en face de lui, mais à quelques pas de lui.

« Tu t’es bien amusé ce soir ? », Demanda-t-il, et je l’ignorai.

« Pourquoi est-ce que tu m’as embrassé l’autre jour ? », Lâchai-je brutalement. La question le prit au dépourvu, mais il s’en remit rapidement, avec une réponse.

« Parce que je le pouvais. », Répondit-il.

« Il y a des tas de choses que je pourrais te faire, mais je le ne fais pas. » Je n’avais pas voulu avoir ce ton plein de sous-entendus, mais je l’avais eu. Je me maudis mentalement.

« Tu devrais. », Murmura-t-il. Il vit un pas vers moi, et attrapa les extrémités de mon sweat, près de mes hanches. Ma respiration s’accéléra aussitôt alors qu’il me rapprocha de lui, pour me faire pivoter et me pousser doucement contre le mur. Ses mains quittèrent mon sweat avant que j’ai le temps de les enlever moi-même.

« Est-ce que tu as une idée d’à quel point tu es mignon quand tu as peur ? », Demanda-t-il. Je rougis et détournai le regard.

« Je n’ai pas peur. », Murmurai-je.

Il se rapprocha de moi, et écarta doucement les cheveux qui me retombaient devant mes yeux, et fit glisser ses doigts sur le côté de mon visage, le long de ma mâchoire et jusqu’à mon cou. Je fermai les yeux, et me raidis à son contact, ma respiration se faisant plus irrégulière.

« Relax. », Murmura-t-il.

J’ouvris les yeux et le regardai. Il mordilla sa lèvre avant de se rapprocher de moi, et poser ses lèvres sur les miennes avec douceur. Mes yeux se fermèrent aussitôt, et je laissai mes sens s’imprégner totalement des Vic ; son contact, son odeur, son goût. Ses lèvres douces commencèrent à se mouvoir contre les miennes, capturant ma lèvre inférieure. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui rendre son baiser, jouant avec ses lèvres parfaites. Il plaça ses mains sur mes hanches, et par reflexe, je les pris et les retirai. Il grogna de frustration, et mordilla tendrement ma lèvre inférieure en protestation. J’avais envie qu’il se rapproche de moi, alors je replaçai ses mains sur mes hanches, gardant les miennes dessus. Mon anxiété se réveillait, mais ce n’était rien par rapport à ce que je ressentais à cause de ce baiser. Vic entrouvrit ses lèvres et je l’imitais, sachant ce qui allait se passer après. Sa langue se glissa doucement conte la mienne, et cela m’emplit de désire. Il se pressa contre moi, envoyant une vague de chaleur à travers tout mon corps. Je laissais échapper un léger gémissement. Le bruit le fit s’arrêter, et l’instant d’après, ses lèvres s’éloignèrent des miennes. Il plaqua son front contre le mien, nos nez se frottant légèrement et nos respirations se faisant irrégulières. J’avais terriblement envie de l’embrasser de nouveau. C'était si agréable.

« On devrait, euh… Aller dans ma chambre. » Il parlait doucement contre mes lèvres,  puis les embrassa légèrement une nouvelle fois, avant de me regarder en attendant ma réponse. Je me contentai de hocher la tête. Il sourit, et déposa brièvement ses lèvres sur les miennes une dernière fois avant de s’écarter. Il s’avança sur le côté de la maison, et j’attendis une seconde avant de le suivre.

On marcha à travers les groupes de personnes dans le salon, qui s’étaient réduis au fil des heures. Vic était quelques pas devant moi. Je le suivis à l’étage, anticipant un peu. J’étais excité pour quoique ce soit qui allait se produire là-haut, mais aussi extrêmement nerveux. Je voulais l’embrasser encore, terriblement. Tout mon bon sens était déjà parti, à ce point. Il était prêt à rentrer dans sa chambre, lorsqu’il leva sa main pour m’arrêter. Il se tenait en face de sa porte, et j’étais encore dans le hall. Je lui adressais un regard confus.

« Okay, okay, écoutez celle-là. » Je pouvais entendre au loin la voix de Craig, entre deux rires. « I’m tired and I’m lost, I don’t want to be found. I put my heart and soul and strength in this now. » ( = ‘Je suis fatigué, je ne veux pas que l’on me trouve. J’y met à présent mon cœur, mon âme, et ma force.’ Ce sont des paroles de la chanson ‘Who are you now’ de Sleeping With Sirens)

Dans la chambre, les garçons explosèrent de rire, et je… Et bien, je regardai Vic avec incrédulité. C’était mes paroles de chanson. Les paroles que j’avais passé la dernière moitié de la semaine à chercher partout, et elles étaient là, dans la chambre de Vic, en train d’être lue par une des dernières personnes au monde qui aurait dû les lire.

« Oh, hey Vic, on a trouvé ton journal intime, ou une connerie comme ça ? », Annonça Craig en rigolant.

« Ce n’est pas le mien. », Répliqua-t-il, sur la défensive. « C’est juste celui d’un loser de seconde. »

Loser ? Il pense vraiment que ces textes ont été écrits par un loser ? Je suis qu’un putain d’idiot. J’étais sur le point de briser ma coquille pour lui montrer qui j’étais, et lui il était juste… Je ne pouvais même pas décrire ce que je ressentais pour lui à présent. Il avait volé mes foutues paroles de chansons.

« T’es qu’un con. », Lui soufflai-je avant de partir aussi loin possible de lui. 

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NB : Ahlala, plein d'actions dans ce chapitre *___* Encore merci pour les votes et les commentaires, ça m'encourage vraiment à traduire encore et encore :) Par cooontre, je dois vous prévenir qu'il n'y aurait plus d'update avant le week-end prochain, pour la simple et bonne raison que toute la semaine qui arrive là, je serais en semaine d'exams, et je n'aurais sûrement pas le temps de traduire :( Mais après, vu que je serais en vacances pour de bon, ça repartira aussitôt ;) Voilà voilà, bonne journée à vous <3

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