Chapitre 30


○○○

Je rentrai chez moi avec une seule idée en tête : retrouver Léa. Mais avant ça, il fallait que je dise NON à Kate. Ce qui s'annonçait trèèèèèèèèèès compliqué. J'étais presque incapable de lui refuser quelque chose, tellement manipulatrice elle était. Elle trouvait toujours un stratagème pour me garder près d'elle. 

— Chériiii ! Te voilà enfiiiin !!! s'exclama une voix bien familière.

Je soupirai et ne répondis pas à son étreinte. Comme d'habitude, j'ai envie de dire. 

— Tu n'avais pas oublié notre diner, n'est-ce pas ? me demanda-t-elle, en s'écartant de moi.

— Non. D'ailleurs, à ce propos..., commençai-je.

— Par-fait ! Ce soir, au menu, du Fish & Chips. Je sais que tu aimes bien ça..., me coupa-t-elle.

Elle s'en alla dans la cuisine, toute heureuse. Je m'en voulais pour ce que j'allais lui dire... Mais le boulot passait en premier. Et J'avais déjà promis à Léa de venir. 

Elle dressa la table, et, à chaque fois que j'essayai de parler, elle me coupait. Cela commençait sérieusement à m'énerver. Je voulais lui parler, et ce n'est pas elle qui allait m'en empêcher.

— Kate, je..., commençai-je.

— Oui Nick ? demanda-t-elle.

— Donc, je disais..., continuai-je, agacé.

— Oh mince, j'ai oublié d'éteindre le four !!! s'exclama-t-elle, tout en se levant précipitamment.

Elle disparut dans la cuisine, et revint quelques minutes plus tard. Cette fois-ci s'en était trop. C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. 

Je tapai violemment sur la table, et elle se tut immédiatement. Je déteste exprimer ma colère, mais elle me l'obligeait.

— Kate ! Écoute-moi bon sang ! 

— Mais... Mais je t'écoute chéri..., protesta-t-elle, abattue.

— NON, TU NE M'ÉCOUTES PAS !!! À CHAQUE FOIS QUE JE PARLE, TU ME COUPES ! 

Cette fois-ci, elle baissa la tête, l'air coupable. Pourtant, je savais très bien qu'elle l'avait fait exprès. Elle était même très douée pour ça.

— Bien. Je voulais te dire que j'ai déjà accepté un rendez-vous, professionnel, qui plus est. Désolé, je dois partir. 

Kate leva la tête, et m'observa avec tristesse et surprise. Elle se leva, tandis que je me dirigeais vers la porte, et m'agrippa le bras.

— Chéri... Pourquoi ne le reportes-tu pas ? me demanda-t-elle.

— Je suis déjà en retard, lâchai-je froidement.

— Mais..., commença-t-elle.

Je ne lui laissai pas le temps de continuer, car je sortis et claquai la porte. Je devais vraiment mettre un terme à cette relation, cela me pourrissait la vie, et je pèse mes mots. 

○○○


Les jours qui suivirent, je réussis à me réconcilier avec Kate, et Léa et moi avions retrouvé notre complicité d'antan. Nous nous amusions comme des petits fous, comme avant. 

***


Quelques semaines plus tard...

J'avais remarqué une étrange proximité entre Andrew et Léa... J'espérais de tout coeur qu'ils n'étaient pas ensemble...

D'ailleurs la semaine prochaine, j'étais invité à dîner chez les parents de Kate. Il parait que son frère va leur présenter sa nouvelle petite-amie. Kate m'a confié qu'elle avait bien hâte, et qu'elle avait depuis quelques temps essayé de lui tirer les vers du nez, mais il n'avait pas vendu la mèche. 

Il avait dit, et je cite : "Je ne veux rien dire tant que ce ne sera pas un minimum sérieux entre nous". 

Kate et moi étions très proches de son frère, bien qu'il y avait quelques tensions entre lui et moi. 

— Hey Léa ! Ça va ? demandai-je, en la voyant passer.

Elle toqua timidement à ma porte, et entra dans mon bureau.

— Ça va, et toi ? demanda-t-elle.

— Un peu fatigué, mais ce n'est rien de grave... C'est pour moi ? demandai-je, en voyant un dossier dans ses mains.

Elle les posa sur mon bureau, et me lança un : "tu lis dans mes pensées mon cher !" avec un sourire rayonnant. Décidément, je me demande si j'arrêterai un jour de l'aimer... 

— Bon, je dois y aller, m'informa-t-elle.

— Tiens, moi aussi. Tu veux que je te raccompagne ? demandai-je, en enfilant mon manteau.

Elle acquiesça, et nous voilà partis vers ma voiture. Je roulai jusque chez elle, et nous discutâmes de tout et de rien pendant une bonne trentaine de minutes. Elle me remercia et sortit de la voiture.

— On se voit demain, donc ! me dit-elle.

— Ok. À demain, répondis-je.

Nous nous séparâmes, et je m'empressai de rentrer à mon appartement. Là-bas, j'enfilai un smoking, et me parfumai légèrement. Les parents de Kate me connaissaient, mais je préférais être présentable.

— Tu es magnifique mon chéri, me complimenta ma petite-amie.

Nos rapports s'étaient nettement améliorés ces derniers temps. Elle avait fait des efforts, et moi de même. Je voulais vraiment passer à autre chose, oublier Léa, aussi difficile que cela serait.

— Merci, toi aussi, répondis-je, avec un sourire.

Elle m'embrassa furtivement, avant de jeter un coup d'oeil à sa montre.

— On va être juste ! Faut se dépêcher ! s'exclama-t-elle, affolée.

Nous montâmes dans la voiture, et je démarrai en trombe.


#PDV Léa :

Nick me déposa chez moi, et je me dépêchai de me préparer. 

Ce soir, j'avais rendez-vous avez les parents de Andrew. Oui, LE Andrew. Bizarrement, nous nous étions rapprochés au point de nous mettre ensemble. 

Je ne m'étais pas trop attachée, trop blessée par ce qu'avait fait Jake, malgré toutes les promesses de Andrew.

— Ma chérie ! On va être en retard ! m'informa Andrew, depuis le salon.

— Je suis désolée ! Je fais au plus vite ! dis-je.

J'enfilai ma robe, mes chaussures, et me maquillai légèrement. Puis, je pris mon sac à mains, et nous étions prêts.

— Léa, tourne-toi s'il te plait, me demanda mon copain.

Je m'exécutai, confuse. 

Il remonta la fermeture éclair de ma robe, et noua le noeud à l'arrière de ma robe. Ses doigts frôlèrent ma peau nue, ce qui ne fit qu'atténuer les frissons qui me parcouraient déjà.

— Oh, merci... Ça m'était complètement sorti de la tête, dis-je gênée.

— C'est tout toi, ria-t-il.

Je sentis mes joues rougir, mais toute ma gêne disparut quand Andrew posa ses lèvres sur les miennes. Ses lèvres étaient si douces...

Lorsqu'il s'écarta, nous descendîmes ensemble en bas de l'immeuble, main dans la main. 

***

Nous étions arrivés à la grande villa de ses parents. Je sortis de la voiture, et observai la façade. Le bâtiment était tout simplement magnifique, moderne et ancien à la fois. La maison était incroyablement grande, et était un peu à l'écart de la ville, pour un calme assuré. 

Andrew me prit la main et me guida. Nous entrâmes, et ses parents vinrent m'accueillir.

— Bonjour ! s'exclama sa mère.

— Enchantée, répondis-je poliment.

— Ravi de faire ta connaissance, ajouta son père, chaleureux.

Je leur fis la bise, et ils nous invitèrent à entrer. 

— Ta soeur arrive bientôt avec son copain. Ils sont un peu en retard, mais vous pouvez aller dans le salon, nous informa la mère d'Andrew.

J'hochai la tête, et Andrew m'emmena au salon. Là, nous nous assîmes, et un silence s'installa. Andrew ma prit la main, et m'embrassa tendrement. Il savait que j'étais stressée par ce diner, et il me supportait depuis maintenant un mois. 

Cela faisait un mois.
Un mois que nous étions ensemble.
Un mois de bonheur, un mois d'amour, un mois à jalouser Kate, la petite-amie de Nick.
Un mois que j'avais découvert mes sentiments envers mon meilleur ami. 

Je comprends maintenant ce qu'il avait vécu toutes ces années que nous avions passées ensemble.

Les sentiments sont irrépressibles, et j'en ressens maintenant la force. 

Malgré tout, j'avais trouvé le bonheur avec Andrew, ou quelque chose qui y ressemblait. Si je ne pouvais pas avoir Nick, au moins pourrai-je être moins malheureuse dans mon malheur...

Andrew s'écarta doucement, et m'intima de me lever. Il me guida jusqu'à la grande table à manger, et me fit asseoir à côté de lui. 

Des murmures se firent entendre dans l'entrée, signe que la soeur d'Andrew était arrivée. D'ailleurs, celle-ci apparut dans la salle à manger, et je tombai des nues. 

Elle était d'un beauté époustouflante, mais ne m'étais pas inconnue... 

Kate.

Elle semblait tout aussi surprise de me voir. Une pensée surgit dans mon esprit. Si Kate était là, alors...

Un jeune homme aux cheveux noirs, et aux yeux gris glaciaux entra dans la salle. Il était à tomber dans son costume gris, accordé à ses yeux, et avait un charme indéniable. Je baissai de suite les yeux, ne voulant pas qu'il me reconnaisse, mais c'était trop tard. Je sentais son regard posé sur moi, et je sentis la panique monter en moi.

Andrew me prit la main sous la table, et ce geste m'apaisa, bien que faiblement.

— Léa ? laissa échapper une voix, dans un murmure.

Je levai finalement la tête, et mon regard croisa celui de Nick. 

On pouvait y lire de la surprise, de la tristesse... Et de la colère ?


#PDV Nick :

Nous entrâmes dans la salle à manger, et j'admirais l'architecture. Cette maison était digne des plus grands palaces : elle m'étonnait toujours. Puis, mon regard se posa sur une jeune fille, assise sur une chaise à côté d'Andrew.

Ses longues boucles brunes retombaient en cascade dans son dos. Elle était magnifique. Sa robe noire lui arrivait juste au dessus du genou et épousait parfaitement ses formes. De petites perles blanches ornaient ses oreilles. 

Elle tourna la tête ver moi, et je la reconnus tout de suite. Ses yeux bleus habillés de mascara, ses douces lèvres teintes en rouge. 

Léa.

Mais que faisait-elle ici ?! Alors, elle sortait vraiment avec Andrew ? J'avais donc vu juste... Une peine incompréhensible m'assomma. Pourquoi étais-je triste après tout ? Je savais qu'elle trouverait bien l'âme soeur un jour, et que ce ne serait pas moi, non ?  Mon esprit le savait, mais mon coeur ne pouvait pas l'accepter. 

Kate parut tout autant surprise que moi, et alla accueillir celle qui deviendrait sûrement sa demi-soeur.

— Mlle Nivet ! Quelle joie de vous voir ici ! s'exclama-t-elle.

— Je t'en prie, tutoies-moi... Kate ? C'est ça ? demanda Léa, qui feignait la joie.

Je le voyais à son visage, elle était gênée par la situation. Non seulement j'étais son meilleur ami, mais en plus son patron. Et elle savait que j'avais eu des sentiments pour elle. Essayez de trouver plus malaisant...

— Oui c'est ça ! Et toi... Léa ?

La concernée lui sourit comme toute réponse. Je m'approchai d'elle, et lui fis la bise afin d'être poli.

— Bonsoir, lâchai-je froidement.

— Bon... Bonsoir, bredouilla-t-elle.

Puis, je saluai Andrew et j'essayai autant que possible de réprimer ma colère. Il avait osé me la voler... Il m'avait pourtant dit qu'il savait qu'il y avait de l'alchimie entre Léa et moi... Mais il ne s'est pas gêné. Je vois...

Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur Léa et Andrew ce soir-là ?! Je soupire. Tout se passait très bien entre Léa et moi... Je savais que quelque chose allait venir gacher notre réconciliation.

— Vous vous connaissez déjà ? demanda le père de Kate et Andrew.

— Oui, Léa est une employée de Nick ! s'exclama Kate, avec un peu trop d'enthousiasme à mon goût. 

Je n'ajoutai rien. Il aurait été juste que je précise qu'elle était mon amie, mais je n'en avais pas le courage.

Léa baissa la tête, et je vis Andrew lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Mon amie leva la tête vers lui, et sourit. Andrew lui sourit à son tour, et ils s'embrassèrent.

Ils n'en avaient clairement rien à faire de nous... Je me demande ce que je fais encore là. Je n'arrive pas à croire que je n'ai rien remarqué jusqu'à présent. Auraient-ils fait exprès de rester discrets ? La salle, pourtant si grande commençait à devenir étouffante. Il fallait que j'aille prendre l'air.

— Pouvez-vous m'excuser deux minutes ? J'ai... Un coup de fil à passer pour le boulot, c'est très important, mentis-je.

Léa leva la tête et ses yeux bleus me transpercèrent. Elle savait parfaitement que je mentais. M. et Mme Smith acquiescèrent et je les remerciai d'un sourire. 

Puis, je m'éclipsai, et allai me détendre sur le balcon.

Il faisait nuit noire, le ciel sombre était faiblement éclairé par la lumière blanchâtre de la lune et le jardin de la villa semblait dormir paisiblement. Tout le contraire de moi en ce moment. Je bouillonnai intérieurement, et je menaçai de casser la première chose qui me viendrait sous la main.

Soudain, une main se posa sur mon bras.

Je me dégageai aussi vite que je le pus, et frappai quelque chose avec mon bras.

Un gémissement se fit entendre. Je me retournai, inquiet, et fis face à une Léa aux bord des larmes. Je lui avais foutu mon coude dans le menton ! 

— Oh merde ! Je suis vraiment désolé ! m'exclamai-je, en m'approchant d'elle.

Elle se tenait la mâchoire, avec une expression meurtrie sur le visage. Je ne lui ai pas fait aussi mal que ça, si ?

— Je suis désolé. Je t'ai fait mal ? demandai-je, terriblement inquiet.

— Ce n'est... Ce n'est... Rien, bredouilla-t-elle. Je me suis juste mordue la langue par ta faute...

Je soupirai, rassuré, mais à la fois inquiété par sa déclaration.

Après un moment, elle étira ses lèvres dans un sourire. Je fus ébloui, encore une fois, par sa beauté. Elle ne s'était pas énormément maquillée, mais n'en restait pas moins magnifique, comme toujours. Ses lèvres rosées étaient faiblement éclairée par la lune. Je louchai sur celles-ci, et je vis mon amie rougir, gênée.

Alors, je détournai le regard et je me passai la main sur la nuque.

— Pourquoi ? demandai-je malgré moi.

Et merde. Je ne veux pas lui dire que j'ai encore des sentiments pour elle, elle trouverait ça sûrement pitoyable, et ne partage en aucun cas mes sentiments. Je vais encore attirer sa pitié, et je ne veux pas ça...

Elle revint à elle et semblait ne pas comprendre ce que je voulais dire. Je voyais en ça une chance de me rattraper.

— Pourquoi ne m'avoir rien dit ? rectifiai-je, sérieux.

Elle se tourna vers le jardin, et posa ses mains sur la rambarde du balcon. Elle garda les yeux dans le vide, et respira profondément.

— Je... Je redoutais ta réaction, avoua-t-elle, les yeux toujours sur l'horizon.

Le vent soulevai sa chevelure brune, lui donnant un air de légèreté. Sa robe était projetée sur ses jambes, dévoilant ses belles formes. Elle était magnifique, bien que je me répète.

— Comment ça ? demandai-je, agacé.

— Je... Tu... Arrrrg ! s'énerva-t-elle.

Je la vis prendre sa tête entre ses mains, et frissonner. J'enlevai ma veste et la lui passai. Elle la prit, et me remercia dans un souffle. Nous restâmes là, à nous regarder dans le noir de la nuit, et je la surpris à me reluquer. 

Néanmoins, je n'en pris pas compte, et après un instant, elle ôta la veste de ses épaules et me la tendis.

Puis, elle disparut à l'intérieur de la villa, sans un sourire.

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